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sur 3848 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
L'homme qui réalise tardivement que la vie mondaine n'est qu'une imposture peut réagir par le détachement ou par l'aigreur. Comme nous savons que Camus n'est pas un des types les plus marrants qui soit, on ne s'étonnera pas d'apprendre que son personnage gagne en lucidité en même temps qu'en aversion pour la vie.


Albert Camus prend surtout la pose dans ce roman. Il nous nous entraîne pas dans la dégringolade qu'il avait prévue pour nous, mais on retiendra quand même quelques jolies fulgurances de lucidité.
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Je me présente, Jean-Baptiste Clamence. Ancien avocat à Paris, je me suis réfugié dans un rade pour marins à Amsterdam et j'y exerce ma nouvelle profession de juge-pénitent. Oui, vous avez bien lu : juge-pénitent. Et en dehors de ma nouvelle fonction, j'ai un certain goût pour, pêle-mêle, les monologues à visée philosophique, les relations sans lendemain, le subjonctif imparfait et… moi, moi, moi. Je le dis, l'écris noir sur blanc, le clame haut et fort. Je me raconte, me livre à qui veut m'entendre parce qu'après une sombre histoire de non-assistance à personne en danger, rien ne fut plus jamais pareil. La chute. Inexorable. Puis je me suis rendu compte que j'étais jugé. Alors je suis devenu juge à mon tour, moi qui ai toujours méprisé les juges. Mais pour ce faire, je suis aussi devenu pénitent. Quoi de mieux pour se rendre irréprochable ? Ainsi, je peux juger mes semblables autant qu'ils me jugent eux-mêmes. Imparable.

Je me souviens avoir lu La chute en terminale (il était au programme du bac littéraire quand je l'ai passé) mais, étrangement, je ne me souvenais absolument pas de son contenu, ce qui fait que cette relecture est en quelque sorte une première lecture pour moi. Ce texte de Camus est intéressant car il regorge d'observations qui forcent la réflexion et la remise en question du lecteur. de nombreux thèmes y passent : l'amour, l'innocence et la culpabilité, la justice, la solitude, nos relations avec les autres, notre rapport à nous-même, etc. Mais le format monologue ne m'a pas plu et le narrateur m'a parfois agacée avec ses états d'âme. Je l'ai très vite trouvé insupportable de suffisance même si ses questionnements sont légitimes et intéressants. Autant j'avais aimé L'étranger, autant je pense que j'apprécierais La peste (dans ma PAL également), autant La chute m'a parfois ennuyée. Mais un classique reste un classique et je suis quand même contente de l'avoir (re)lu et d'avoir retrouvé la plume magnifique de Camus.
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La chute, c'est un monologue de 150 pages narrant la descente aux enfers, la chute finalement, d'un homme qui avait tout pour plaire, tout pour réussir, et dans lequel chacun d'entre nous peut se reconnaître.

Justement, la description première de cet homme si parfait est teintée d'une ironie par l'auteur que l'on sent très amère et profondément piquante. La générosité du narrateur est permise par un mépris et un égocentrisme sans nom, les amours de celui-ci ne se passent qu'à travers des relations toxiques et malsaines, le soi-disant dévouement qu'il a pour la veuve et l'orphelin n'est mené que pour l'exaltation de son amour-propre. L'image que cet homme a de lui-même m'a profondément écoeurée.

Ce qui est intéressant pour moi dans ce livre, c'est le jugement que celui-ci a de la société, et que cette même société a de lui. Certes, le narrateur a tout à se reprocher, mais finalement le monde qui l'entoure est aussi négatif que lui. Aussi, l'illusion de chacun d'entre nous, de notre "moi social" est à méditer.

Bien que la littérature de Camus soit une de mes préférées, je ne peux nier que certains points restent à discerner pour moi dans son écriture…
Je pense que la difficulté se retrouve dans le cheminement intellectuel du personnage, étant seul, profondément seul. Puis-je dire que j'ai aimé un livre dont j'ai l'impression d'avoir abordé certains aspects et laissé certains autres dans l'incompréhension? Peut-être est-ce ça, justement, que j'aime chez Albert Camus.
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Relation ambivalente avec ce roman que je viens de relire. Exemplaire monologue sur la nature humaine, dans ses lâchetés, ses excuses, son cynisme et parfois sa lucidité, et dessous tout cela, dans sa culpabilité, irréparable, irrécupérable. La ressemblance avec les confessions que l'on peut entendre dans un cabinet de psy est saisissante. le style, bon (avec une tripotée de slogans à faire pâlir un syndicaliste), bien que bavard, mais c'est voulu - l'avalanche de phrases pour enrober, masquer et finalement mettre en valeur cette culpabilité larvée -, le portrait, complet. Reste que le personnage m'apparaît toujours plus antipathique... Un bon livre car suscitant suffisamment le malaise pour se questionner sur nos propres lâchetés, peut-être.
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Mais, bien entendu, vous n'êtes pas policier, ce serait trop simple. Comment ? Ah ! je m'en doutais, voyez-vous. Cette étrange affection que je sentais pour vous avait donc du sens. Vous exercez à Paris la belle profession d'avocat ! Je savais bien que nous étions de la même race. Ne sommes-nous pas tous semblables, parlant sans trêve et à personne, confrontés toujours aux mêmes questions bien que nous connaissions d'avance les réponses ? Alors, racontez-moi, je vous prie, ce qui vous est arrivé un soir sur les quais de la Seine et comment vous avez réussi à ne jamais risquer votre vie. Prononcez vous-même les mots qui, depuis des années, n'ont cessé de retentir dans mes nuits, et que je dirai enfin par votre bouche : « Ô jeune fille, jette-toi encore dans l'eau pour que j'aie une seconde fois la chance de nous sauver tous les deux ! » Une seconde fois, hein, quelle imprudence ! Supposez, cher maître, qu'on nous prenne au mot ? Il faudrait s'exécuter. Brr... ! l'eau est si froide ! Mais rassurons-nous ! Il est trop tard, maintenant, il sera toujours trop tard. Heureusement !
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Le narrateur rencontre un homme dans un bar d'Amsterdam. Il lui fait la confession de sa vie. Ayant quitté Paris et son métier d'avocat, il se présente désormais comme un juge-pénitent. Tout bascule pour lui le jour où il assiste impuissant au suicide d'une femme qui saute d'un pont.


Ce drame l'a obligé à une profonde remise en question. le roman est le récit de ce bouleversement, la confession d'un homme qui a ouvert grand les yeux sur sa vie et sur la nature humaine. S'avouant volontiers égoïste, il reconnaît qu'il multipliait les bonnes actions dans le seul but de se donner de l'importance. de même, dans ses relations avec les femmes, il confesse son unique désir d'être aimé, de recevoir l'amour qui lui est dû.

Lorsqu'il est témoin du drame, il est rongé par la culpabilité de n'avoir rien fait pour sauver cette femme. Il change alors complètement de ligne de conduite. Il décide d'être totalement honnête, de montrer sa vraie nature. Cela passe par l'affirmation de ses intentions réelles mais aussi par une vie de débauche. Dans le rôle qu'il s'est lui-même attribué de juge-pénitent, il se confesse publiquement face à un auditoire, s'accuse de tous les péchés des hommes pour inciter son public à reconnaitre ses propres fautes. le narrateur, par sa confession, se veut le miroir de ses interlocuteurs et donc… des lecteurs. Une fois ce fait établi, le roman prend tout son sens et sa noirceur. Camus n'est pas tendre avec la nature humaine, sa vision est sombre mais profondément lucide. Camus atteint son but car on ressent un certain malaise en fermant le livre, pris par un sentiment de culpabilité dû à notre seule condition humaine.

Avec une écriture incisive, un rythme effréné (les phrases s'enchaînent si vite qu'elles donnent l'impression que le narrateur ne reprend son souffle qu'en fin de chapitre), un style direct, toujours percutant, Camus enchaîne dans ce court roman des aphorismes intemporels :

« Mais trop de gens grimpent maintenant sur la croix seulement pour qu'on les voie de plus loin, même s'il faut pour cela piétiner un peu celui qui s'y trouve depuis si longtemps. Trop de gens ont décidé de se passer de la générosité pour pratiquer la charité. »

« Quand on a beaucoup médité sur l'homme, par métier ou par vocation, il arrive qu'on éprouve de la nostalgie pour les primates. »
Lien : https://cafeantidote.wordpre..
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La chute, par Albert Camus. Monologue touffu, désordonné, discours sur soi sans retenue mêlé à des considérations plus générales de portée morale, philosophique ou politique, analyse étoffée de la complexion d'un homme dont les barrières vont s'effondrer suite à un évènement dramatique.
Cet évènement est le suicide d'une jeune femme qui se jette dans la Seine d'un pont de Paris, scène à laquelle assiste Jean-Baptiste Clamence sans porter secours à la victime, ni alerter alentour. Clamence est un avocat parisien, sa réputation est solide, il appartient au beau monde, ne manque ni d'amis, ni de femmes. Il se vit comme un égocentrique, amoureux de lui-même, se complaisant dans le divertissement, les apparences, l'étalage de son érudition.
Le monologue s'adresse à un interlocuteur non précisé dont on apprend à la fin qu'il est aussi un avocat. La rencontre a lieu dans un bar d'Amsterdam et s'étale sur cinq jours dans différents endroits de la capitale hollandaise. Clamence dit être un ”juge-pénitent” : confessant publiquement sa culpabilité, il fait en sorte de la retourner vers ses interlocuteurs, les entraînant ainsi dans sa chute sociale et morale.
Il est en fait accablé de remords pour n'être pas intervenu sur le pont de Paris. Il vit un drame de la conscience, alors qu'il menait une vie insouciante et comblée, brillait par son éloquence, abusait de son charme auprès des femmes. Il se faisait aussi remarquer pour sa bonté, venait en aide aux handicapés, aux gens démunis, à la veuve et à l'orphelin. Mais il est ambivalent, s'identifiant à Janus, cet être à double face, et s'accuse de duplicité, lui qui aide les vieilles dames à traverser - cela se voit-, mais ne porte pas secours à une désespérée qui se noie, n'éprouve aucune compassion, mais se morfondra dans la honte et la culpabilité. L'homme est-il ainsi fait, avec une part d'ombre et une part de vertu ? Tendre la main à l'aveugle en même temps que méditer de le bousculer réalisant alors à quel point on le déteste.
La Chute projette le lecteur dans la complexité du monde où l'Histoire, la morale, la religion, le social s'entremêlent pour que tout discours ne puisse que s'enliser. Un cheminement se profile tout de même puisque le notable parisien que ses clients, ses amis, les femmes désertent, s'exile à Amsterdam, ville sans relief et au ciel gris, pour vivre sa pénitence. de son vécu ressort un élément capable d'inverser le cours de sa vie, c'est la culpabilité, qu'il ne lui reste qu'à énoncer publiquement pour qu'elle retentisse sur sa conscience, celle d'autrui, et le libère.
Peut-être que la morale de cette histoire est d'accepter sa culpabilité, de l'inscrire dans la duplicité dont on est constitué, et de ne pas en faire mystère en s'exposant au jugement d'autrui.
Lien : http://www.lireecrireediter...
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Camus et moi ne serons jamais amis.
J essaie mais la magie n a pas lieue,j ai trouvé ce récit lent et fatiguant.
Pourtant derrière doit se cacher des vérités que je n arrive pas à saisir.
J en suis désolée car je n aime pas me trouver dans cette situation.
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J'avais le souvenir d'avoir aimé l'écriture de la solitude de L'étranger découverte en lecture scolaire mais je n'ai pas du tout accroché à ce monologue lyrico-philosophique d'un homme tellement désagréable que pourquoi le lire, en fait ? Certes, c'est brillamment écrit mais ça m'a juste fait l'effet d'une plaidoirie lassante... Comme en plus le pauvre Camus est fortement lié dans mon esprit à une ex-amie qui a été très blessante, ce n'était probablement ni le bon moment, ni le bon livre pour apprécier le prix Nobel.
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Difficile de dire ce que je pense de ce livre du grand écrivain. Page après page, je n'ai pu éviter de penser à un autoportrait assez paradoxal. Une vision assez sombre du personnage central qui est n'est probablement que l'auteur lui-même et une fin qui n'en est pas vraiment une. Très à l'opposé du Mythe de Sisyphe par exemple. J'imagine qu'il y a plusieurs niveaux de lecture d'une telle narration et dans doute, le plus profond d'entre eux m'aura échappé !
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