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sur 1969 notes
J'ai vraiment du mal à m'enthousiasmer pour les écrits d'Albert Camus. Ça me chiffonne toujours un peu car l'homme m'est sympathique, j'admire sa droiture, sa loyauté et même d'une certaine façon son combat mais quand je me prends à le lire directement, il n'émane de moi qu'un morne et peu satisfaisant : « Mmm ouais, sans plus... »

Je ne peux pas dire, par exemple, que cette pièce, Les Justes, soit inintéressante, non, absolument pas. Mais si je veux être honnête avec vous et avec mon ressenti, je ne peux pas dire non plus que je la trouve captivante, ni émouvante, ni motivante, ni toutes ces choses en " vante " qu'on nous vante. Il ne ressort de moi que le triste " décevante " qui souvent m'épouvante quand il vente le soir au crépuscule...

La réflexion centrale de cette pièce est celle de la justification d'un crime pour raison politique. N'est-on pas tout aussi bourreau que le dictateur si notre moyen d'action est le crime ? Peut-on, pour un bien hypothétique et futur, faire présentement un acte vil et pendable ?

Le contexte retenu par Albert Camus et qui s'appuie sur des faits historiques réels (tous les personnages de la pièce ont réellement existé et l'attentat dont il est question fut perpétré le 17 février 1905 contre le grand-duc Serge Alexandrovitch de Russie) est celui de la révolution russe (revendication pour l'installation du communisme en lieu et place d'une autocratie tsariste de type dictatorial) mais il pourrait tout aussi bien s'appliquer à n'importe quelle révolution. le personnage de Stepan rappelle étrangement notre brave Robespierre, droit dans ses bottes et prêt à tout pour aller jusqu'au bout de l'idée, quitte à être plus dictatorial que le dictateur même.

La question du jugement est également soulevée. de tels fanatiques assassins, espèrent-ils autre chose que la mort ? Est-ce les punir que de les faire mourir ? (Je vous conseille à ce propos Les Sept Pendus de Leonid Andreïev qui répond ou qui prolonge admirablement cette pièce.) À l'époque de l'écriture de la pièce, la peine de mort était encore très largement répandue, même dans les démocraties occidentales qui l'ont depuis, peu à peu, abandonnée.

Ici, la question se pose, et les terroristes révolutionnaires russes de Camus n'ont probablement rien de très différent avec les terroristes kamikazes palestiniens d'aujourd'hui. Ils sont convaincus d'être des justiciers et d'oeuvrer pour le bien public en se faisant exploser contre un bus quelconque et en massacrant un maximum d'innocents.

Si l'on renonce à ce levier d'action, quel autre moyen choisir pour qu'il soit efficace et qu'il abrège rapidement la souffrance des peuples ? En ce sens, Albert Camus amène des questionnements intéressants et bien sentis. Par contre, je reste toujours dubitative sur le « style » Camus, qui m'indispose presque, tellement je le trouve plat, morne, sans âme, sans vie, telle une mue de cigale dont le petit corps musicien aurait déserté la scène.

Bref, pas ma tasse de thé stylistiquement parlant, mais comme je l'avais déjà longuement évoqué pour L'Étranger, je vais m'arrêter là car ces menues considérations ne sont que mon avis, pas toujours très juste, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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En Russie un groupe de 5 socialistes révolutionnaires préparent un attentat contre le despote Grand Duc Serge. Kaliayeb un des membres de l'organisation se sacrifie pour lancer la bombe, mais voilà, ce jour là dans la calèche le Grand Duc est accompagné de son neveu et sa nièce, de jeunes enfants. Kaliayeb renonce...
Deux jours plus tard, Kaliayeb passe à l'action et tue le Grand Duc, il sera arrêté.

Chaque membre de cette organisation joue un rôle différent mais est porté par la même cause.
- Kaliayeb est un idéaliste, en tuant le grand duc pense écraser le despotisme et s'identifie à un justicier.
- Stepan est plus radical, il est prêt à tuer même des innocents comme les 2 enfants pour sauver d'autres enfants russes qui meurent de faim. Il n'a aucun état d'âme, pendant 3 ans il a été prisonnier et fouetté, sa femme s'est suicidée pour protester d'où sa détermination.
- Dora joue un rôle important dans le groupe, elle est conciliante et influente, elle oblige les révolutionnaires à réfléchir sur le sens de leur acte. Partagée entre son amour pour Kaliayeb et sa cause, elle est parfois dans la confusion et souffre.
- Annenkov chef du groupe est l'homme de raison et Voinov est vulnérable et hésitant dans son engagement.

Basé sur des faits réels, cette pièce à 5 actes nous amène à plusieurs réflexions sur le terrorisme, le sacrifice, la justice, le despotisme, la peine de mort...

Chaque individu qui défend une cause extrémiste pense toujours qu'elle est juste mais l'est-elle forcément pour les autres !
Se sacrifier pour une idée relève de son propre choix, chacun décide de sa vie ou de sa mort que ce soit pour des raisons personnelles ou idéologiques, mais tuer pour une idée même si la cible est la pire des espèces humaines est-elle justifiée, a-t-on le droit de tuer ou de juger si quelqu'un doit mourir !
Tuer le despotisme par le terrorisme est-ce vraiment un juste aboutissement !
Tuer pour que d'autres vivent donne-t-il raison aux exécutants et pour le coup sont-ils des terroristes ou des résistants contre la tyrannie russe !
Chacun aura sa propre opinion sur le sujet et pourra débattre sur cet attentat à sa guise.
Mais avant tout, tuer pour une cause même juste, n'est-ce pas aussi un meurtre ?

« Les justes » est une oeuvre essentielle qui fait réagir, mais c'est également une tragédie amoureuse celle de Dora et Kaliayeb, une histoire d'amour dramatique puisqu'elle est incompatible avec la cause révolutionnaire qu'ils défendent.
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Belle et grande pièce de théâtre qui aborde des sujets sérieux et fait passer des messages. Pièce dédiée à la lutte contre l'oppression. Pièce qui est un plaidoyer pour la fidélité à la cause, fidélité sans faille puisqu'elle peut être couronnée par la mort sur l'échafaud. Pièce qui met en avant l'amitié et la fraternité dans le combat, qui fait réfléchir aussi aux conséquences d'une action. Pièce qui porte un regard sur la justice, la peur, la trahison, le reniement, le recours à la religion. du grand théâtre, du bel ouvrage, de la grande littérature. Une superbe oeuvre d'Albert Camus.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La relecture d'un livre découvert à l'adolescence est toujours un peu risquée et d'autant plus que cette oeuvre avait eu un fort impact. C'est donc avec la crainte d'être légèrement déçue que j'ai relu « les justes » de Camus dont je gardais un souvenir assez intense. Par bonheur, cette relecture fut aussi bonne, peut-être même meilleure, que la première.

En général, en matière de théâtre, je recherche avant tout la beauté stylistique. C'est pour ça que j'apprécie tout particulièrement le registre de la tragédie d'inspiration antique avec ses situations épurées et ses dialogues finement ciselés. Avec « les justes » on est assez loin de ce registre. Si le texte est bien écrit, il n'est pas flamboyant non plus, il ne subjugue pas le lecteur. La force de cette oeuvre est la réflexion politico-philosophique qu'il porte. Ce questionnement sur l'usage de la violence pour défendre des idées est brillamment posé et donne vraiment à réfléchir. de plus, Camus n'impose jamais à son lecteur un point de vue réducteur, il l'invite à se poser des questions, à réfléchir et à se faire ses propres opinions. Il ne juge pas ses personnages de façon péremptoire, s'il ne loue pas leurs actes, il ne les condamne pas définitivement non plus. La nuance, c'est ce qui manque trop souvent quand des sujets graves sont abordés. Dans une société où tout va trop vite, il faut rapidement se faire une opinion tranchée sur n'importe quel sujet sans prendre le temps d'une véritable réflexion. Même les intellectuels d'aujourd'hui ont tendance à céder à cette injonction à se ranger dans un camp de façon urgente. Pourtant, rien n'est jamais si simple. Selon moi, le rôle de l'intellectuel n'est pas forcément de prendre position à tout prix mais plutôt de poser les pistes de réflexion tout en étant dans une démarche de constante remise en question, ce qui n'empêche pas d'être engagé et d'avoir des idéaux. Voilà pourquoi lire une pièce comme « les justes » est particulièrement important et bénéfique. La relire est une expérience encore plus riche. A la réflexion intellectuelle portée par la pièce, s'ajoute une dimension plus personnelle. Comparer les façons dont on reçoit le texte à deux époques de sa vie met en lumière sa propre évolution de pensée et je trouve ça intéressant.

Cela faisait une éternité que je n'avais pas lu Camus. Cette redécouverte me donne envie de continuer à le lire et relire.
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Les terroristes des uns sont les résistants des autres comme disent certains, tout dépend dans quel camps on se trouve, le terroriste c'est toujours l'autre. Cette pièce traite des thèmes très épineux que sont le terrorisme et de résistance, la limite est bien mince entre les deux. Peut-on tout accepter sous prétexte que c'est pour la bonne cause (ex tuer des enfants) et jusqu'où peut-on aller quand on résiste à un oppresseur. J'ai beaucoup aimé cette pièce qui ne laisse pas indifférent.
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C'est vrai que j'ai toujours eu un peu de mal avec les écrits d'Albert Camus, non pas avec l'écriture en elle-même mais en raison des sujets car cela est m'a toujours un peu dérangée, mise mal à l'aise (je fais notamment allusion ici à L'Etranger que j'ai lu il y a de nombreuses années déjà) mais là, j'avais envie de découvrir ses pièces de théâtre.

Il est ici question d'un sujet qui, bien que véridique mais romancé (enfin adapté en pièce de théâtre) s'est déroulé au début du siècle dernier et qui pourtant demeure toujours d'actualité : peut-on mourir pour une idée ? Dora Doulebov, Ivan Kaliayey (notre héros), Stepan Fedorov, Boris Annenkov (le chef) et Alexis Voinov sont un groupe de révolutionnaires communistes appartenant à "L'Organisation" s'étant fixé pour but d'assassiner le Grand-Duc afin de faire entendre leur voix, celui du peuple russe qui est en grande souffrance.

Seulement, la première opération échoue car si tous sont prêts à donner leur vie pour une idée et à abattre le dit grand-duc, il en est autrement lorsqu'ils le trouvent (enfin, le premier qui se trouvé chargé de mettre en place le dit attentat) face à des enfants, qui, eux, n'ont rien demandé et incarnent, bien qu'ils appartiennent à une haute lignée, encore l'innocence. Si ils se disent donc prêts à mourir pour leur idéal, ils ne sont cependant pas tous prêts à le faire à n'importe quel prix !

Une pièce de théâtre qui m'a permis donc de me réconcilier un tant soit peu avec les écrits de Camus. Un ouvrage très vite lu, mais qui je pense sera long à digérer tant les faits décrits ici restent malgré tout, toujours d'actualité. A découvrir et à faire découvrir !
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Dans sa préface Camus explique « Si extraordinaires que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on verra d'ailleurs, que Les Justes soient une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existé et se sont conduits comme je le dis. J'ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà. »
C' est bien la dramatisation événements historiques qui se sont déroulés en Russie qui sont au coeur de cette tragédie : l'attentat perpétré contre le grand-duc Serge Alexandrovitch, le 17 février 1905 à Moscou par le poète socialiste révolutionnaire Ivan Platonovitch Kaliaïev, membre du parti des Combattants socialistes révolutionnaires.
Plusieurs pistes de réflexion et de recherche après cette lecture.
J'ai voulu, dans un premier temps, retrouver les acteurs historiques, les comparer avec les personnages de la fiction théâtrale et voir, de plus près, les sources nombreuses sur lesquelles s'est appuyé Camus pour composer cette pièce :
- Dostoïevski, bien sûr, mais aussi Rousseau,
- Les souvenirs de l'écrivain révolutionnaire Boris Savinkov, traduits par Nicolas Ivanovich Lazarevitch, ami de Camus, qui lui apporte, sur cette époque, ses connaissances personnelles ,
- Les écrits et témoignages, entre autres, des philosophes Nicolaï Tchernischevski et Mikhaïl Aleksandrovitch Bakounine , de l'activiste Sergueï Guennadievitch Netchaïev , du nihiliste Dimitri Ivanovitch Pissarev, du sociologue Nikolaï Konstantinovitch Mikhaïlovski …

Les Carnets II (1945-1948, notamment pages 222 et suivantes NRF Gallimard Edition 1964) foisonnent d'informations collectées au fur et à mesure de ses investigations, d'idées pour la future rédaction.

Je me suis intéressée, plus particulièrement à Ivan Platonovitch Kaliaïev, qui commit l'attentat mortel contre le grand-duc, et j'ai tenté de faire le parallèle avec le héros de la pièce, qui partage avec Romeo, quelques caractéristiques, il en a la jeunesse, le charme, l'ardeur et l'impatience.
Mais moi, j'ai eu un faible pour le jeune Alexis Voinov, idéaliste, fervent mais il doute, il a peur, il est tellement humain !

Et puis, un des aspects que développe Camus dans cette pièce explique clairement cette phrase qu'il prononcera plus tard à Stockholm et qui fera tant polémique car extraite de son contexte, déformée et raccourcie ! « Je crois à la Justice, mais je défendrai ma mère avant la Justice» et voici la vraie version « En ce moment, on lance des bombes dans les tramways d'Alger. Ma mère peut se trouver dans un de ses tramways. Si c'est cela, la justice, je préfère ma mère ».

Et enfin, j'ai retrouvé Maria Casarès interprétant, plutôt incarnant magistralement Dora avec tant de réalisme et de conviction ! Et j'ai relu avec émotion le courrier qu'elle adressa à Camus le jour de la dernière représentation (j'ai eu le bonheur de lire l'original de cette lettre, reproduite dans la correspondance Camus/Casarès page 641) « Ce soir, ce sera l'heure de la mélancolie. La dernière représentation des Justes. Hier déjà j'en ai senti la nostalgie tout le long du cinquième acte ; aujourd'hui ce sera difficile. Trop de choses ont marqué cette pièce et c'est la première fois que j'aurais à pleurer une « dernière », seule. »
De nombreuses lettres -72 échangées entre Camus et Maria Casarès évoquent Les Justes.
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Après « L'étranger » lu dernièrement avec Nadou, nous continuons notre découverte de l'oeuvre de Camus.
« Les justes » pièce de théâtre est écrite en 1949 par Albert Camus en réponse aux « Mains sales » de Sartre. La pièce inspirée de faits réels interroge sur l'idée de savoir si « La fin justifie les moyens ».
La bande de jeunes terroristes russes qui sont représentés ici, expriment la vision individuelle de leur engagement. La peur, le refus de tuer des innocents ou pas au nom de leur révolution. C'est surtout les points de vue de Stepan et de Yakev qui sont très opposés.
L'oeuvre est scindée en cinq actes. La pièce a été représentée la première fois le 15 décembre 1949 avec dans le rôle de Kaliayev : Serge Regianni et dans celui de Stepan : Michel Bouquet. Deux grands acteurs que j'ai beaucoup aimés.
Qu'est ce qu'un Juste pour Camus ? Normalement selon le dictionnaire un Juste est quelqu'un qui se comporte, agit conformément à la justice, à l'équité. Ici il s'agit de commettre un attentat en réaction aux injustices de la Russie tsariste. Selon les protagonistes c'est leur idéal qui prime. Les différences que l'on peut trouver en eux s'affrontent dans les personnalités de Kaliayev et Stepan qui sont en opposition. Pour Kaliayev La fin ne justifie pas les moyens ; il n'a pu lancer sa bombe car dans la calèche du Grand-duc il y avait deux enfants. Il ne peut justifier tuer des enfants pour un idéal. Contrairement à Stepan qui est plus radical.
Dans le petit groupe on trouve aussi Dora, amoureuse de Kaliayev, qui cherche à lui faire prendre conscience que l'amour peut aussi dépasser la haine. Mais l'idéal prime pour tout. Sacrifice de l'amour pour la cause.
Dans l'acte IV, Kaliayev se retrouve en prison après l'attentat. Tous les moyens sont bons pour lui faire avouer le nom de ses compagnons, même la visite de la Grande-duchesse qui a perdu son mari et cherche à l'infléchir au nom de Dieu et de la justice. Mais pour le héros il n'en est pas question, il revendique son acte en pleine conscience.
J'ai un peu de mal à concevoir ma critique, ma lecture avec Nadou m'a beaucoup aidée, mais je pense que c'est réciproque, nous avons trouvé cette lecture froide, épurée. L'écriture de Camus est belle, il se lit facilement, il nous interroge sur différents sujets. Mais on ne peut pas dire que ce soit une lecture plaisir qui nous emporte. le but de toute façon n'est pas là, Camus interroge et remue son lecteur. Il devait avoir respect et admiration pour les personnages de sa pièce qui ont vraiment existé à l'époque de la révolution russe de 1905 car ils ont agit avec idéal pour le bien des malheureux.
Donc avis mitigé sur la forme, je ne suis pas trop fan du format pièce de théâtre en lecture, je préfère la regarder et l'entendre… Les thématiques interrogent et il faut du temps pour digérer ce genre d'oeuvre très dense même si elle est courte.
Merci Nadou pour l'accompagnement, nous nous sommes données courage ;-)

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Je connais peu Albert Camus, je ne suis pas familiarisée avec son courant de pensée, je n'ai lu jusqu'ici que ses classiques.
Mais j'ai trouvé ce livre, publié dans les années 50, abandonné dans une boîte à livres, un de ces livres pour lesquels il fallait utiliser un coupe-papier -et j'en avais oublié l'existence!! - et dont les dernières pages d'ailleurs sont restées vierges... pourquoi, alors que cette pièce de théâtre se lit si facilement?
J'en ai aimé le look, la texture, l'odeur, et voilà.
Les Justes serait une réponse à Jean-Paul Sartre. Les Justes, ce sont cette bande de révolutionnaires socialistes qui, au nom de la liberté du peuple, prémédite l'assassinat du grand-duc en Russie, en 1905.
L'intérêt de cette pièce tient, selon moi, à la personnalité des différents personnages face à cet acte terroriste qu'ils tentent de justifier selon leurs propres valeurs.
J'y ai retrouvé certaines interrogations évoquées par Alain Damasio dans la Zone du dehors: qu'est-ce qui est légitime ou ne l'est plus?
J'ai été plus touchée par cette pièce que par tout ce que j'ai pu lire jusqu'ici de cet auteur, ce qui m'incite à continuer ma prospection littéraire de cet auteur.
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Une pièce en cinq actes, basée sur des faits réels.

Nous sommes en Russie, au sein d'un groupe révolutionnaire, qui prépare un attentat contre le Grand Duc Serge, un despote.

Ce groupe est composé de membres assez différents : D'abord Annenkov, le chef du groupe, Kaliayeb, opposant qui veut se battre contre le despotisme, Stepan, un radical, Voinov, un membre engagé mais plus hésitant ; puis il y a Dora, la seule femme, amoureuse de Kaliayeb, dont la détermination oscille entre la cause et son amour.

Kaliayeb, se propose pour lancer une bombe dans la calèche du Grand Duc, mais le jour J, deux jeunes enfants sont présents dans le véhicule et Kaliayeb renonce, refusant de tuer deux innocents pour la cause… Il passera à l'action deux jours plus tard et sera arrêté après avoir tué le Grand Duc.

Une pièce assez dure qui oblige les neurones à se mettre en action !

Il y a de nobles causes à défendre, mais justifient-elles la violence, le crime ou de tuer des innocents ? Ceux qui passent à l'action, ont-il le droit de devenir des justiciers qui font autant de mal que le régime auquel ils s'opposent ?

On peut, pour s'opposer à une idée ou la défendre, décider de sacrifier sa vie ; c'est un choix personnel… Mais à t-on le droit au nom d'un idéal, aussi juste soit-il, de sacrifier la vie de personnes innocentes ?

Lorsqu'on se bat pour la liberté, n'est-il pas inconcevable d'en priver les victimes collatérales qui vont se retrouver piégées dans un attentat, tuées ou mutilées ?

Et quid de la peine de mort ?

Si je peux comprendre qu'on défende une cause, qu'on se batte contre des injustices, j'ai toujours du mal avec la violence, quel que soit le camp dans lequel elle se trouve.

Il est également intéressant dans cette pièce, de voir les sentiments de Dora, qui se débat entre ses opinions et son amour pour Kaliayeb ; il est parfois difficile de concilier les deux.

La vie est courte et c'est un don précieux, nul n'a le droit de vous l'ôter quelque soit la cause qu'il défend.

Bref, une excellente pièce de théâtre qui, je le déplore, est toujours d'actualité et que je vous invite à lire ou à relire et à méditer…

À lire en écoutant « On écrit sur les murs » (Demis Roussos) ou « Les bombes » (Michel Pagliaro), bien installé(e) dans un fauteuil, en buvant un chocolat chaud accompagné de quelques biscuits…

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