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Critique de Iboo


L'Étranger de Camus - que je viens d'attraper au hasard dans ma bibliothèque - est un classique du XXe siècle et je ne l'avais jamais lu. Pourquoi ? Je ne sais pas. Tout comme je ne savais pas, voire même rien, de ce que recelait précisément ce chef-d'oeuvre de la littérature contemporaine.
La découverte a donc été pleine et entière. Et, c'est ce que j'aime quand je m'attaque à une oeuvre véritable... n'en rien savoir, ne m'attendre à rien, n'être guidée que par son auteur, n'éprouver que mon propre ressenti sans qu'il n'ait été préalablement orienté par des avis extérieurs.

Dès les premières pages, j'ai été interloquée par ces phrases courtes, saccadées, froides, ne trahissant aucune émotion. Comme c'était bien vu de la part de Camus ! Car, par sa plume, c'est son Meursault qui s'exprime, qui se raconte, qui nous raconte.

Camus s'étant très adroitement effacé, il me laisse donc en tête-à-tête avec Meursault. Et, rien à faire, je ne parviens pas à éprouver la moindre sympathie, empathie, ni même antipathie pour ce gars-là. Il est impénétrable. Il me laisse à l'extérieur. Le mur qu'il a dressé entre lui et moi - et pire encore, entre lui et lui - est infranchissable.
Au fur et à mesure que Meursault raconte, un terme que j'ai appris il y a fort longtemps dans des circonstances particulières, me revient à l'esprit : Alexithymie.
L'alexithymie est une construction de personnalité caractérisée par l'incapacité d'identifier et décrire les émotions en soi. Les individus souffrant de ce dysfonctionnement ont également du mal à distinguer et à apprécier les émotions des autres. Ce qui conduit à une réponse psychologique sans issue et inefficace.

Voila le drame de Meursault. Il est étranger. Étranger à lui-même. Étranger aux autres. Étranger à la vie. Étranger à tout. Il passe et ne fait passer. Il passe à côté de nous, à côté de lui-même. Comme un souffle... ni chaud ni froid, impalpable, inconsistant et sans plus de conscience.

Génialissime Camus !
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