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EAN : 9782070383269
77 pages
Gallimard (24/01/1991)
4.07/5   217 notes
Résumé :
Je ne déteste que les bourreaux. Tout lecteur qui voudra bien lire les "Lettres à un ami allemand" dans cette perspective, c'est à dire comme un document de la lutte contre la violence, admettra que je puisse dire maintenant que je n'en renie pas un seul mot.
Albert Camus (1948)

Les quatre "lettres à un ami allemand", écrites sous l'occupation et destinées à des publications clandestines, expriment déjà la doctrine de "la peste" et de "L'homme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Ce petit livre est composé de quatre lettres qui méritent d'être lues ou relues par les temps difficiles que nous vivons. Camus les a écrites et publiées dans la clandestinité en 1943/44, s'adressant à l'ennemi d'alors, le régime nazi, qu'il combat, mais aujourd'hui ces lettres pourraient aussi bien viser le régime de Poutine.
Elles sont hélas redevenues d'actualité et montrent de manière criante que les horreurs de la guerre ne cesseront jamais.
Camus a attendu 1948 pour rassembler et publier ces lettres en un volume. Dans sa préface, il tient à préciser que ces lettres ne s'adressent pas aux Allemands en général, mais bien aux nazis. de même, il écrit en qualité d'Européen, et pas seulement de Français.
Quelques belles pages écrites par l'un des tous grands auteurs du XXe siècle et l'un des premiers à évoquer une Europe qui serait un jour unie et qui pourrait alors vivre en paix. Entre temps, cette union s'est bien faite, mais sa pérennité est-elle encore assurée ?
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Dans ces jours troublés par cette guerre meurtrière et inhumaine que le criminel Poutine, avec son armée russe, inflige au peuple ukrainien, aux portes de notre Europe qui n'avait pas connu un tel drame depuis 80 ans, je vous invite à lire ces Lettres à un ami allemand qu'Albert Camus écrivit dans la clandestinité durant la seconde guerre mondiale, et re- publiées après la guerre, avec une préface précisant que par « vous », il fallait comprendre nazi et non le peuple allemand, et par « nous », non les français, mais le peuple européen libre.
Remplacez ami allemand par ami russe, français par ukrainien, gardez la notion de peuple européen libre, et vous serez sans doute, comme je l'ai été, saisis de l'actualité de ces quatre lettres admirables, mais aussi réconfortés par elles.

Car vous y découvrirez, même si le contexte n'est pas le même, que le moteur de la domination par la violence pour justifier « l'amour » de son pays, en réalité le fantasme de la puissance de son pays, est à l'oeuvre dans la guerre menée par les responsables russes contre le peuple ukrainien.
Et que le choix de la réponse violente au nom de ces valeurs primordiales que sont la justice, la vérité, la liberté, porte en lui-même sa victoire.
Et que l'absence d'humanité, la volonté de faire de l'ennemi un objet à détruire, portent en elles-même leur défaite.
Et enfin, vous serez sans doute, comme moi, admiratifs du plaidoyer de Camus pour une Europe qui ne soit pas faite de territoires, de valeurs économiques, mais de valeurs humaines à partager, et d'une certaine idée du bonheur. La guerre qui s'invite en Europe a au moins le mérite de nous le rappeler.

Dans ces Lettres, Camus reprend ce genre épistolaire oublié qu'avaient
par exemple pris avant lui Pascal dans ses Provinciales ou Montesquieu dans ses Lettres Persanes, et ce choix donne à son propos une force de conviction extraordinaire.

Nous n'avons plus hélas, parmi nous, un Albert Camus comme conscience exigeante pour notre époque, qui doit se contenter, entre autres, du vibrionnant et superficiel BHL ou de l'ambigu Mr Onfray.
Mais il nous reste ses écrits et ceux-ci sont, je trouve, à lire et relire d'urgence.

Et pour finir, je ne voudrais pas finir mon propos sans citer ces deux phrases, l'une du poète René Char, un grand ami d'Albert Camus:
« Toute l'autorité, la patience et l'ingéniosité ne remplacent une parcelle de conviction au service de la vérité. »
Et l'autre de cet homme qui fut pourtant l'apôtre de la non-violence, Ghandi:
« Si j'ai à choisir entre la lâcheté et la violence, je choisis la violence. »
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Les 4 lettres à un ami allemand de ce court ouvrage, sont parues pour 3 d'entre elles dans la clandestinité entre 1943 et 1944, avant d'être publiées en très peu d'exemplaires à la libération. Pendant longtemps, elles ne furent pas réimprimées, conformément à la volonté d'Albert Camus. Il s'en explique dans la préface de l'édition italienne. Ces lettres "avaient un but qui était d'éclairer un peu le combat aveugle où nous étions et, par là, de rendre plus efficace ce combat." dit-il. Il rajoute : "Lorsque l'auteur de ces lettres dit « vous », il ne veut pas dire « vous autres Allemands », mais « vous autres nazis ». Quand il dit « nous », cela ne signifie pas toujours « nous autres Français » mais « nous autres, Européens libres ». "

Pacifiste dans l'âme, il ne souhaitait sans doute pas qu'il y ait d'amalgames et que ces lettres soient interprétées comme un règlement de compte entre 2 peuples. Il y dénonce au contraire l'absurdité d'un combat, mais aussi le devoir de défendre certaines causes. Il oppose principalement 2 idéologies, celle de la grandeur à celle de la justice, et affiche son amour de la vie. Très beaux textes. Intemporels.
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Ce court recueil contient quatre lettres d'Albert Camus à l'un de ses amis allemands, lettres qu'il a écrites de juillet 1943 à juillet 1944, donc en pleine Seconde Guerre mondiale, donc obligatoirement publiées à l'époque de manière clandestine.
Ici, Camus exprime sa manière de voir son raisonnement quant à l'inévitable dénouement de cette guerre, les erreurs qui ont commises par l'ennemi et leur doctrine à laquelle les résistants ont refusé d'adhérer.

Ce qu'il faut absolument avoir à l'esprit en lisant cet ouvrage (ce qui est d'ailleurs bien précisé dans la préface de l'édition italienne et qui est retranscrit ici), c'est que le "vous" qu'emploie Camus ne s'adresse pas au peuple allemand tout entier mais uniquement aux nazis et que le "nous" ne s'adresse pas nécessairement à tous les français mais uniquement aux européens libres. Ce que veut dire Camus, c'est qu'il n'y avait pas d'un côté les méchants (les allemands) et de l'autre les gentils (les français). C'est en ce sens-là que j'ai beaucoup apprécié la vision que Camus avait déjà à l'époque, à savoir qu'il n'était pas quelqu'un de manichéen et qu'il savait très bien, que, même en temps de guerre, il ne faut pas tout mélanger.

Un très bel ouvrage avec un unique regret, c'est que nous n'ayons que les lettres de Camus et non les réponses, la vision du côté allemand. A découvrir !
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Avec les "Lettres à un ami allemand", Camus montre, encore une fois, qu'il est un humaniste engagé, absolument pas doctrinaire, uniquement soucieux d'humanité, et de justice, profondément empathique, avec tous les autres êtres humains.
Ces reproches aux nationaux-socialistes, révèle un homme d'une grande humanité, jamais simpliste, toujours profondément empathique, humaniste, humain, de façon inaltérable.
Avec les "Lettres à un ami allemand", Albert Camus, force le respect !
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Citations et extraits (64) Voir plus Ajouter une citation
Je revois ici votre sourire. Vous vous êtes toujours défié des mots. Moi aussi, mais je me défiais plus encore de moi. Vous tentiez de me pousser dans cette voie où vous-même étiez engagé et où l'intelligence a honte de l'intelligence. Alors, déjà, je ne vous suivais pas. Mais aujourd'hui, mes réponses seraient plus assurées. Qu'est-ce que la vérité, disiez-vous ? Sans doute, mais nous savons au moins ce qu'est le mensonge : c'est justement ce que vous nous avez appris. Qu'est-ce que l'esprit ? Nous connaissons son contraire qui est le meurtre. Qu'est-ce que l'homme ? Mais là, je vous arrête, car nous le savons. Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les dieux. Il est la force de l'évidence. C'est l'évidence humaine que nous avons à préserver et notre certitude maintenant vient de ce que son destin et celui de notre pays sont liés l'un à l'autre. Si rien n'avait de sens, vous seriez dans le vrai. Mais il y a quelque chose qui garde du sens.
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Notre exploit difficile revenait à vous suivre dans la guerre, sans oublier le bonheur. Et à travers les clameurs et la violence, nous tentions de garder au cœur le souvenir d'une mer heureuse, d'une colline jamais oubliée, le sourire d'un cher visage. Aussi bien, c'était notre meilleure arme, celle que nous n'abaisserons jamais. Car le jour où nous la perdrions, nous serions aussi morts que vous. Simplement, nous savons maintenant que les armes du bonheur demandent pour être forgées beaucoup de temps et trop de sang.
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Nous avions beaucoup à dominer et peut-être pour commencer la perpétuelle tentation où nous sommes de vous ressembler. Car il y a toujours en nous quelque chose qui se laisse aller à l'instinct, au mépris de l'intelligence, au culte de l'efficacité. Nos grandes vertus finissent par nous lasser. L'intelligence nous donne honte et nous imaginons parfois quelque heureuse barbarie où la vérité serait sans effort. Mais sur ce point, la guérison est facile : vous êtes là qui nous montrez ce qu'il en est de l'imagination, et nous nous redressons. Si je croyais à quelque fatalisme de l'histoire, je supposerais que vous vous tenez à nos côtés, ilotes de l'intelligence, pour notre correction. Nous renaissons alors à l'esprit, nous y sommes plus à l'aise.
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"Car c'est peu de chose que de savoir courir au feu quand on s'y prépare depuis toujours et quand la course vous est plus naturelle que la pensée. C'est beaucoup au contraire que d'avancer vers la torture et la mort, quand on sait de science certaine que la haine et la violence sont choses vaines par elles-mêmes. C'est beaucoup que de se battre en méprisant la guerre, d'accepter de tout perdre en gardant le goût du bonheur, de courir à la destruction avec l'idée d'une civilisation supérieure."
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Nous luttons pour cette nuance qui sépare le sacrifice de la mystique, l'énergie de la violence, la force de la cruauté, pour cette faible nuance encore qui sépare le faux du vrai et l'homme que nous espérons des dieux lâches que vous révérez.
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Videos de Albert Camus (159) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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>Histoire générale de l'Europe>Histoire de l'Europe depuis 1918>Seconde guerre mondiale: 1939-1945 (252)
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