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Critique de Chouchane


« Noces suivi de l'Eté » sont une méditation mélancolique, rythmée par le flux et le reflux de la Méditerranée sur les côtes d'Algérie. Camus y célèbre les noces de l'homme avec la nature et ce faisant il témoigne de la supériorité de celle-ci. Elle seule nous survivra et d'une certaine façon nous continuera. Très moderne par son propos écologiste (trop d'hommes, pas assez de nature) et par son caractère universel, ce court essai commence par une ode à Tipasa. Il la décrit avec des mots magnifiques « habitée par les dieux (qui) parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes », « la campagne noire de soleil » s'imprime sur la rétine et l' »odeur volumineuse des plantes aromatiques » nous attaque les narines en même temps que l'on tourne les pages. Sous leur couvert poétique ces pages sont une violente attaque contre nos sociétés coupées de la nature, superficielles et guerrières. Il décrit un monde de simplicité empli de bruissements charmeurs et de vie, une nature minérale plombée par le soleil pour l'opposé aussitôt à la vacuité du monde moderne, à son insignifiance au regard de l'éternité de la nature. En toile de fond de ces lignes, la finitude, celle de l'homme, celle de nos sociétés. Dans cet hommage à la Méditerranée et à l'Algérie Camus pose la question « mais qu'est-ce donc qui peut durer ? » Quand on connait sa fin tragique cet écrit résonne comme un adieu à la vie et c'est poignant. Cet amour pour sa terre, c'est comme une tristesse de la quitter et c'est bouleversant de lire « certaines nuits dont la douceur se prolonge, oui, cela aide à mourir de savoir qu'elles reviendront après nous sur la terre et la mer ». C'est beau et c'est triste. Malgré toute la philosophie antique contenue dans ces pages, même en convoquant les Grecs et les philosophes, Camus nous donne le bourdon car au fond il parle de la terrible nostalgie qui peut nous saisir à l'idée que nous ne verrons jamais la terre telle que les anciens l'ont foulé et que si malgré tout nous avons saisi la beauté qui nous entoure nous devrons un jour la quitter. le livre se termine sur "J'ai toujours eu l'impression de vivre en haute mer, menacé, au coeur d'un bonheur royal". Nous aussi Albert nous vivons en haute mer heureux et menacés.
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