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EAN : 9782070121243
3120 pages
Gallimard (14/11/2008)
4.72/5   18 notes
Résumé :
Tome III - 1949-1956. Ce volume contient :
Les Justes (1949) - L'Homme révolté (1951) - Actuelles II. Chroniques 1948-1953 (1953) - Les Esprits (adapt.) (1953) - La dévotion à la Croix (adapt.) (1953) - L'été (1954) - Un cas intéressant (adapt.) (1955) - La chute (1956) - Requiem pour une nonne (adapt.) (1956) - Articles, préfaces, conférences, interviews (1949-1956) - Écrits posthumes : Textes épars ; Orgueil ; Les silences de Paris (émission radiophonique, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
l'eté.

Publiée en 1954, cette oeuvre regroupe des articles écrits entre 1939 et 1953. Camus célèbre avant tout son pays natal, Oran et Alger, le soleil et la lumière méditerranéenne, la mer, la beauté et l'art si chers aux Grecs. Des textes courts qui amorcent les thèmes récurrents de son oeuvre ( l'exil, le destin, l'absurde) et des souvenirs repris dans le premier Homme. Il s'en explique dans un entretien : "Pour cadre, ces terres sans passé dont je parle dans l'eté, terres d'immigrations, faites d'un apport de races très diverses."
Ces nouvelles sont particulièrement touchantes car Camus parle simplement du bonheur ressenti devant les amandiers en fleurs, la pluie sur Alger, le voyage en mer. Dans Enigme ( 1950) il s'interroge sur la contradiction apparente entre sa philosophie et sa liberté d'auteur, pas facile d'être si célèbre ! " Oui, tout ce bruit...quand la paix serait d'aimer et de créer en silence ! Mais il faut savoir patienter. Encore un moment, le soleil scelle les bouches."
Un Camus à portée de tous à lire et relire....
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
LA LIBERTÉ ABSURDE
Maintenant le principal est fait. Je tiens quelques évidences dont je ne peux me détacher. Ce que je sais, ce qui est sûr, ce que je ne peux nier, ce que je ne peux rejeter, voilà ce qui compte. Je peux tout nier de cette partie de moi qui vit de nostalgies incertaines, sauf ce désir d’unité, cet appétit de résoudre, cette exigence de clarté et de cohésion. Je peux tout réfuter dans ce monde qui m’entoure, me heurte ou me transporte, sauf ce chaos, ce hasard roi et cette divine équivalence qui naît de l’anarchie. Je ne sais pas si ce monde a un sens qui le dépasse. Mais je sais que je ne connais pas ce sens et qu’il m’est impossible pour le moment de le connaître. Que signifie pour moi une signification hors de ma condition? Je ne puis comprendre qu’en termes humains. Ce que je touche, ce qui me résiste, voilà ce que je comprends. Et ces deux certitudes, mon appétit d’absolu et d’unité el l’irréductibilité de ce monde à un principe rationnel et raisonnable, je sais encore que je ne puis les concilier. Quelle autre vérité puis-je reconnaître sans mentir, sans faire intervenir un espoir que je n’ai pas et qui ne signifie rien dans les limites de ma condition ?
Si j’étais arbre parmi les arbres, chat parmi les animaux, cette vie aura il un sens ou plutôt ce problème n’en aurait point car je ferais partie de ce monde. Je serais ce monde auquel je m’oppose maintenant par toute ma conscience et par toute mon exigence de familiarité. Cette raison si dérisoire, c’est elle qui m’oppose à toute la création. Je ne puis la nier d’un trait de plume. Ce que je crois vrai, je dois donc le maintenir. Ce qui m’apparaît si évident, même contre moi, je dois le soutenir. Et qu’est-ce qui fait le fond de ce conflit, de cette fracture entre le monde et mon esprit, sinon la conscience que j’en ai ? Si donc je veux le maintenir, c’est par une conscience perpétuelle, toujours renouvelée, toujours tendue. Voilà ce que, pour le moment, il me faut retenir. À ce moment, l’absurde, à la fois si évident et si difficile à conquérir, rentre dans la vie d’un homme et retrouve sa patrie. À ce moment encore, l’esprit peut quitter la route aride et desséchée de l’effort lucide. Elle débouche maintenant dans la vie quotidienne. Elle retrouve le monde de l’«on» anonyme, mais l’homme y rentre désormais avec sa révolte et sa clairvoyance. Il a désappris d’espérer. Cet enfer du présent, c’est enfin son royaume. Tous les problèmes reprennent leur tranchant. L’évidence abstraite se retire devant le lyrisme des formes et des couleurs. Les conflits spirituels s’incarnent et retrouvent l’abri misérable et magnifique du cœur de l’homme. Aucun n’est résolu. Mais tous sont transfigurés. Va-t-on mourir, échapper par le saut, reconstruire une maison d’idées et de formes à sa mesure? Va-t-on au contraire soutenir le pari déchirant et merveilleux de l’absurde ? Faisons A cet égard un dernier effort et tirons toutes nos conséquences. Le corps, lu tendresse, la création, l’action, la noblesse humaine, reprendront alors leur place dans ce monde insensé. L’homme y retrouvera enfin le vin de l’absurde et le pain de l’indifférence dont il nourrit sa grandeur.
Insistons encore sur la méthode: il s’agit de s’obstiner. À un certain point de son chemin, l’homme absurde est sollicité. L’histoire ne manque ni de religions, ni de prophètes, même sans dieux. On lui demande de sauter. Tout ce qu’il peut répondre, c’est qu’il ne comprend pas bien, que cela n’est pas évident. Il ne veut faire justement que ce qu’il comprend bien. On lui assure i|ue c’est péché d’orgueil, mais il n’entend pas la notion de péché ; que peut- (Mre l’enfer est au bout, mais il n’a pas assez d’imagination pour se représenter cet étrange avenir; qu’il perd la vie immortelle, mais cela lui paraît futile. On voudrait lui faire reconnaître sa culpabilité. Lui se sent innocent. À vrai dire, il ne sent que cela, son innocence irréparable. C’est elle qui lui permet tout. Ainsi ce qu’il exige de lui-même, c’est de vivre seulement avec ce qu’il sait, de s’arranger de ce qui est et ne rien faire intervenir qui ne soit certain. On lui répond que rien ne l’est. Mais ceci du moins est une certitude. C’est avec elle qu’il a affaire : il veut savoir s’il est possible de vivre sans appel.

Le mythe de Sisyphe pp. 284 et 285
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N'être plus écouté ; c'est cela qui est terrible lorsqu'on est vieux.
L'envers et l'endroit
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Pour corriger une indifférence naturelle, je fus placé à mi-distance de la misère et du soleil. L'envers et l'endroit.
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Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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