Étonnant ! Très étonnant de lire ces conseils et recommandations de Camus aux médecins en cette période d'épidémie. Car, si certains nous semblent totalement insensés aujourd'hui, la plupart sonnent finalement très justes : ne pas toucher le malade, ne pas se placer face à lui pour éviter son souffle, porter des vêtements de protection (bon en toile cirée d'accord mais les blouses jetables n'existaient pas, d'ailleurs le jetable en général n'existait pas et ça ce n'était pas plus mal mais c'est un autre sujet). le bon sens ne date pas d'hier, nous l'avions un peu oublié. Avant la protection vaccinale qui a fait fortement reculer la mortalité, notamment infantile, il fallait prendre des précautions et faire preuve de bon sens, sans tomber dans la psychose... c'est bizarre, ça me dit quelque chose ...
Merci
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Ce texte de Camus, repris dans la collection "Tracts de crise" de Gallimard, a été écrit sous le titre "Les archives de la Peste" par Albert Camus en 1941 et constitue un préliminaire au roman combien célèbre "La Peste" publié six ans plus tard. Ce texte méconnu est à découvrir. Il s'agit de recommandations faites aux médecins face à l'épidémie de peste. Outre des protections d'ordre sanitaire, il est préconisé d'observer la mesure face aux excès, de garder la maîtrise de soi et l'âme pacifiée. Un texte de circonstance donc. Une belle découverte.
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Un jour viendra où vous voudrez crier votre dégoût devant la peur et la douleur de tous. Ce jour-là, il n'y aura plus de remède que je puisse vous dire, sinon la compassion qui est la sœur de l'ignorance.
L'âme pacifiée reste la plus ferme. Vous serez fermes, face à cette étrange tyrannie. Vous ne servirez pas cette religion aussi vieille que les cultes les plus anciens. Elle tua Périclès (stratège, orateur, homme d’État athénien), alors qu'il ne voulait d'autre gloire que de n'avoir fait prendre le deuil à aucun citoyen, et elle n'a pas cessé depuis ce meurtre illustre jusqu'au jour où elle vient s'abattre sur notre ville innocente, de décimer les hommes et d'exiger le sacrifice des enfants. Quand même cette religion nous viendrait du ciel, il faudrait dire alors que le ciel est injuste. Si vous en arrivez là, vous n'en tirerez cependant aucun orgueil. Il vous revient au contraire de songer souvent à votre ignorance, pour être assurés d’observer la mesure, seule maîtresse des fléaux.
Un jour viendra où vous voudrez crier votre dégoût devant la peur et la douleur de tous. Ce jour-là, il n'y aura plus de remède que je puisse vous dire, sinon la compassion qui est la sœur de l'ignorance.
Le fléau aime le secret des tanières. Portez-y la lumière de l'intelligence et de l'équité.
D'une façon générale, observez la mesure qui est la première ennemie de la peste et la règle naturelle de l'homme.
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole
Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.
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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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