C'est peut-être lorsqu'il mentionne directement son plus grand labeur,
Masse et Puissance, que nous pénétrons réellement dans
le Territoire de l'homme, le Journal consignant ses belles réflexions plus que ses tracas quotidiens qu'
Elias Canetti tint des années 1942 à 1972 (1). Précédant le Coeur secret de l'horloge (1973-1985) et suivant les trois premiers volumes que sont
La Langue sauvée (1905-1921),
le Flambeau dans l'oreille (1921-1931) et enfin Jeux de regard (1931-1937) (2),
le Territoire de l'homme surprend par la fragmentation progressive de ce que Canetti nomme ses réflexions, qui peuvent s'étendre sur plusieurs pages, lorsque par exemple il évoque des auteurs qu'il considère comme ses ennemis (tels Hobbes et
Joseph de Maistre) ou ne pas dépasser quelques mots. Cette fragmentation est une réalité pour l'année 1959, où il remarque, sobrement, qu'il a envoyé le manuscrit de
Masse et Puissance à Hambourg pour y être édité, ajoutant, tout aussi sobrement, que l'idée de l'ouvrage remonte à 34 ans, en 1925, précisant encore son souvenir, lequel, puisqu'il évoque Walter Rathenau, ne peut que nous faire songer à
Ernst von Salomon : «Mais la source véritable est plus ancienne : elle date d'une manifestation d'ouvriers qui eut lieu à Francfort à l'occasion de la mort de Rathenau. J'avais alors dix-sept ans» (p. 273).
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