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Denise Laroutis (Traducteur)
EAN : 9782264031167
302 pages
10-18 (17/05/2001)
3.86/5   11 notes
Résumé :
Le Maquilleur d'étoiles ou les tribulations pénitentiaires de Rafaël, jeune prostitué homosexuel à Cuba dans les années soixante-dix…

À la suite d'un mauvais coup, il doit fuir sa province et trouve refuge à La Havane chez Chichi, quinquagénaire distingue, maquilleur des divas cubaines d'avant la Revolution, qui l'initie a son art et au monde de la nuit havanaise.

Mais la justice le rattrape et le condamne à dix années de "privation de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Quand on rentre dans une prison, il faut savoir se faire respecter si tu ne veux pas crouler sous les emmerdes, les immondices et surtout si tu ne veux pas ouvrir ton cul à toutes les pédales pendant le reste de ton incarcération. Une fois que tu as assimilé ce précepte, sers-toi en dès le premier jour. Et là commence le véritable apprentissage de la vie dans les prisons cubaines, enclos réservés aux pédés et aux tantes. La loi du plus fort ou du plus sournois. Rapide présentation à la Reine, perruque de Marylin et grosse dindonne, celle qui semble détenir le pouvoir de l'intérieur. Normal. Elle te demande de le sucer. Normal. Tu t'exécutes, lentement, avec la langue, et clac, avec les dents, tu lui bouffes sa bite de chienne.

Hasta siempre, comandante. le soleil de Cuba et ses folles de nuits. 1978, La Havane. Rafaël, jeune prostitué homosexuel, un peu voyou, un peu bohème, plutôt paumé, et la rencontre avec Chichí qui lui apprendra le métier. Maquiller les vieilles divas cubaines d'avant la révolution. Un maquilleur d'étoiles, le meilleur même. Tout en poésie. Malgré la noirceur du roman, le cachot et ce maton qui lui pisse sur la gueule, il en ressort toujours une note poétique de la plume de l'auteur. Cela passe souvent par des couleurs qui chatoient le regard, ou le bruit du ressac des vagues léchant le rivage des plages cubaines, ou l'enchevêtrement des racines de cette mangrove lorsque le soleil se couche. Il y est question d'apprentissage et de survie, dans un contexte difficile. Et courageux, à moins que cela soit une intrépide inconscience mais si nécessaire pour survivre dans cette prison colorée par le sang et le sperme de ses locataires.

Tant de poésie dans tant de rage et d'inhumanité. Pendant que Fidel fume le cigare, que les pédés se font enculer dans les douches ou jouent de la lame, les cochons meurent et la lame des vagues échouent sur le rivage. D'une beauté saisissante pour cette nuit étoilée à La Havane.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Quelqu’un ouvrit une trappe dans le plafond. Je vis la silhouette découpée sur une poignée d’étoiles, une toile d’araignée barbelée nous séparait. « Alors c’est toi, la pédale cannibale. Je savais que vous les suciez, mais pas que vous les mangiez. » La voix, surgissant de l’ombre immense, laissait résonner, entre la vibration des planètes, de la curiosité. La nuit, là-haut, était épaisse, et l’homme s’ennuyait pendant son service sous ces étoiles froides, qui me semblaient à moi insupportablement vives… Tremblent, bleus, les astres au loin. Nerveux, le cône de lumière de la lampe me chercha et finit par m’éclairer : « Tiens, ta bouffe, ça a peut-être meilleur goût que les bites », dit l’homme, et il me jeta quelque chose d’enveloppé dans du papier qui tomba avec un bruit mou. « Régale-toi, tu as foutu tout le monde dans de sales draps, mais les plus sales sont pour toi. »

Il laissa retomber la trappe violemment, mes oreilles vibrèrent. Je cherchai à tâtons la nourriture. Je n’ai jamais su ce que je me suis forcé à avaler pendant les semaines ou les mois que j’ai passés là en bas. Il arrivait toujours la nuit pour me resservir ses insultes et me jeter le paquet de déchets, ou bien il me descendait un pot d’eau suspendu à une cordelette. Un jour, il pissa, jambes écartées de chaque coté de la trappe, de là-haut, sur moi. Je sentis le choc ammoniaqué et chaud de sa vessie sur mon dos. « Un verre pour la soif. » Je reculai du peu que me permettait le cachot pendant qu’il riait, adossé aux étoiles, son rire sans visage dénonçait son excitation. Il pissa tant qu’il put, dans toutes les directions, en me poursuivant avec son jet. « Je suis Mario. Grave-toi mon nom dans la tête : le Mario. » La trappe retomba avec son claquement habituel. Un étrange tremblement s’empara de moi, mélange d’humiliation et d’impuissance ; peu à peu, il se transforma en rage, en hystérie, en folie. Ma tête tapait contre les murs rugueux et rebondissait encore, et encore. Qu’est-ce que j’avais à foutre de la raison, de la masse encéphalique et de toutes ces connexions qui ne me procuraient que tristesse et souffrances ? Il fallait éclater le caisson aux souvenirs, la boîte à raisonnement, après, les morceaux de cervelle éclabousseraient les murs, le Mario viendrait les récupérer, ferait un paquet et irait nourrir d’autres punis. Il y en avait sûrement des milliers, disséminés dans des trous à rat semblables au mien, sûrement que pendant tout ce temps je n’avais fait que dévorer la folie des autres. Je perdis connaissance, quand je me réveillai je sentis le battement lancinant sous mon front, une obscurité acide envahissait le cachot ; sans doute l’odeur de pisse de Mario. Il faisait froid, un froid de roman romantique où l’on meurt de tuberculose. Je puais de partout ; j’étais tombé sur mes propres excréments qui commençaient à s’accumuler. Le chiotte de fortune, un trou creusé dans le sol de ciment, était bouché et il n’y avait pas d’eau pour le nettoyer ni pour me laver...
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On l’appelait Con du Kilomètre zéro, ce qui était déjà une déclaration de principes. Elle avait les jambes écartées et son bassin basculé vers l’avant donnait l’impression qu’elle s’offrait en marchant. Elle portait une minijupe élastique qui emboîtait à grand-peine la moitié supérieure de ses fesses, entraînées à l’exercice quotidien du plus vieux métier du monde. Mais ce qui remuait l’âme et achevait de tuer de passion l’armée de routiers, troquets, bouchers, santeros et dirigeants qui consommaient les faveurs de sa chair sèche et fibreuse, c’était la toison de poils très noirs, d’une grosseur presque métalliques, qui couvrait la partie supérieure de ses cuisses, laissant imaginer la forêt touffue où se cachait la grande cathédrale des plaisirs obscènes : le grand con du kilomètre zéro, égérie de ce circuit de travailleurs sans femme. Vue de loin, on aurait dit que, sous sa minijupe, elle portait un collant noir jusqu’à mi-cuisse. Connaissant l’effet de cet attribut, elle se rasait soigneusement le gazon brun avec une exactitude mathématique.
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La goulue était la seule à pouvoir encaisser les amours bestiales du Tato, célèbre dans tout le village pour ses proportions démesurées. Il me devait en grande partie sa réputation. C'était moi qui le défiais quand nous nous retrouvions pour boire du rhum-coco infect au café du port. A la nuit tombante, souls, nous dessinions une échelle sur le dessus d'une table pour décider qui avait la queue la plus longue. Parfois, nous étions plus de dix hommes jetant sur la table notre orgueil transformé en centimètres de chair magique, que les yeux éblouis dévoraient avec une admiration ambiguë. C'était l'une de nos distractions favorites, qui établissait souterrainement les hiérarchies entre nous. Le Tato, on le respectait dans le village pour sa virilité qui n'était que le puissant va-et-vient de sa troisième jambe. La goulue avait réussi à s'approprier le poignard de chair convoité, l'arrachant des mains et des orifices multiples des pervers(es) qui tournaient autour de son propriétaire. On ne l'appelait pas la goulue pour rien.
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La ville était un grand roman se ramifiant vers tout et vers rien, pleine de destinations, de commencements, de dénouements, d’inconnus. […] Rien ne m’intéressait plus, mais j’errais sans arrêt en explorant les chapitres de l’infini roman de la ville. Un jour, pendant que nous marchions, Chichí avec un orgueil soudain de pouvoir construire une phrase : « La ville, c’est comme un roman-feuilleton. »
Il s’arrêta, surpris, et me regarda un court instant, après avoir respiré profondément il ajouta : « Cette ville est une putain syphilitique qui se maquille pour tromper le client… Et la meilleure, c’est qu’elle lui passe la maladie. Comment elle vous passe sa maladie, cette pute ! »
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« Tu ne veux pas une petite cigarette pour te remonter le moral ? » « Je ne fume pas », je lui dis en me retournant, et je le découvris qui me regardait les fesses pendant qu’il se pétrissait la queue. Il n’avait sûrement pas de slip, sous son pantalon s’insinuait la forme bossue de sa pine sénile se dressant, durcie à la vue de mon corps qui sentait encore bon la rue, la liberté, la jeunesse.
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