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EAN : 9782073004994
432 pages
Gallimard (11/05/2023)
4.04/5   178 notes
Résumé :
Paris, 1962. Luc Blanchard enquête sur un groupuscule soupçonné d’être un faux nez des services secrets, impliqué dans l’assassinat à Genève, deux ans plus tôt, d’un leader de l’Union des populations du Cameroun. Une piste conduit le jeune journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l’ombre français.

Avec l’aide de son ami Antoine et d’un ancien barbouze, il va tent... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (43) Voir plus Ajouter une critique
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Nous avons trop vite oublié le rôle de la France en Afrique, même si, de temps à autre, l'actualité rafraîchit quelques souvenirs pas toujours glorieux.
Alors, en lisant Frakas, ce polar signé par l'excellent Thomas Cantaloube, j'ai été plongé au début des années 1960, au moment où notre pays perd peu à peu toutes ses colonies sans renoncer à les exploiter.
Franchement, en lisant Frakas, à de nombreuses reprises, je n'ai pas été fier d'être Français. L'action des services secrets, le SDECE (Service de documentation extérieure et de contre-espionnage), les coups de main du SAC (Service d'action civique), le rôle de ces hommes politiques de premier plan comme Pierre Messmer, François Mitterrand, Gaston Deferre et surtout de celui qui tirait toutes les ficelles, dans l'ombre, Jacques Foccart, secrétaire général de l'Élysée aux affaires africaines et malgaches sous De Gaulle et Pompidou, ont de quoi nous faire rougir de honte.
Au travers de l'histoire qu'il conte avec moult rebondissements, Thomas Cantaloube ne mâche pas ses mots. La plupart de ses personnages sont inventés, leurs aventures aussi mais l'histoire du Cameroun et de ses relations avec la France, bien réelles.
Tout débute le 15 octobre 1960, à Genève, où Félix Moumié, Président de l'UPC (Union des populations du Cameroun), est assassiné. Près de deux ans plus tard, le 17 mai 1962, voici un des principaux personnages de l'histoire : Luc Blanchard, journaliste à France Observateur.
Cet ancien flic, pour ne plus obéir aux ordres de Maurice Papon, a démissionné de la police criminelle. Son domaine concerne les anciennes colonies, Algérie, Maroc, Afrique noire. Son rédac' chef lui demande alors d'enquêter sur une organisation assez obscure : La Main rouge.
Autre personnage important, Antoine Lucchesi, navigue en Méditerranée avec Alphonse Mukenga qui est aussi commis de cuisine dans le restaurant de Maria, la compagne de Lucchesi. Ce dernier gagne bien sa vie en convoyant de la morphine-base pour les labos marseillais qui transforment cela en héroïne à destination du marché étasunien. Marseille, la pègre, Mémé Guérini et Gaston Deferre, ce n'est pas beau du tout ! Antoine que l'auteur appelle souvent « le truand », tient un cahier de comptes pour la mafia locale, cahier qu'il cache dans une valise.
Subitement, Alphonse Mukenga, sympathisant de l'UPC, part pour le Cameroun, son pays d'origine, pour s'occuper d'un oncle bien malade. Alors qu'Antoine est absent, Maria croit bien faire en prêtant une valise à son commis, sans savoir qu'elle contient le fameux cahier.
En quelques semaines, au cours de cet été 1962, l'action s'emballe, m'emmène à Yaoundé sur les traces d'Antoine qui veut récupérer son fameux cahier pour sauver sa petite famille menacée par un caïd de la drogue.
En même temps, pour étoffer son enquête, Luc Blanchard, en bute aux intimidations et agressions d'un membre du SDECE, part là-bas aussi. Alors que le Cameroun est soi-disant indépendant, l'appétit de quelques industriels français pour les richesses du pays ne s'est pas éteint. Ils sont soutenus par des politiciens véreux qui savent bien camoufler leur trafic d'influences sous les dorures de notre ambassade.
Si les dirigeants camerounais collaborent, les maquisards de l'UPC ne désarment pas et luttent pour une véritable indépendance de leur pays. Au cours des aventures de Luc, Antoine, Alphonse mais aussi Lucille, délicieuse métisse qui tient un hôtel-restaurant à Yaoundé, je découvre les arrestations arbitraires, la torture, les massacres de paysans et même un village rasé au napalm !
À tout cela, s'ajoute un racisme puant, un sentiment de supériorité révoltant de tous ces Blancs qui tentent de profiter au maximum du pays et de ses habitants. Heureusement, Thomas Cantaloube fait évoluer Célestin, attachant chauffeur de taxi en 2 CV, efficace et très dévoué.
Luc enquête, découvre une réalité scandaleuse mais court de grands risques. Arrive enfin un certain Sirius Volkstrom, sorte de militaire d'occasion, dont l'efficacité est salutaire. Mais, attention, je n'en dis pas plus… J'ai essayé de survoler l'action de ce thriller mais pas en hélicoptère ; seuls les lecteurs de Frakas comprendront…
Après m'être régalé avec le second polar de Thomas Cantaloube, il me reste à lire Requiem pour une République, paru déjà dans la Série noire de Gallimard et plusieurs fois primé.

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Cet excellent thriller politique plonge le lecteur aux origines de la Françafrique qui s'est installée une fois que la France a accordé l'indépendance à ces dernières colonies d'Afrique subsaharienne en 1960. Ou comment remplacer la manne coloniale par un système tout autant rentable.

Et c'est passionnant de découvrir ainsi la matrice d'un des aspects majeurs de la vie politique contemporaine. D'autant plus que Thomas Cantaloube a choisi de traiter le sujet par l'angle mort de la guerre qui a sévit au Cameroun de 1955 à 1962, une guerre cachée dans le prolongement de la guerre d'Indochine. Grâce à une documentation ultra précise , l'auteur met en lumière les faits saillants de cette guerre cachée, menée par la France contre les rebelles de l'UPC ( Union des populations du Cameroun ), rappelant furieusement les méthodes répressives mises en oeuvre durant la guerre d'Algérie : bombardements de villages, tortures, escadrons de la mort, assassinats ciblés de dirigeants de l'UPC comme Ruben Um Nyobe. Toute la trame historique est parfaitement lisible avec un sens de l'analyse politique assez brillant dans sa capacité à la rendre intelligible et concrète. Sa radiographie géopolitique de bas en haut de l'échelle des responsabilités est passionnante.

Le sujet aurait pu écraser le romanesque. Ce n'est jamais le cas car Thomas Cantaloube a su impulser une intrigue policière classique mais efficace, porté par un casting haut en couleurs qui fonctionne parfaitement : un journaliste ex-flic, un convoyeur de drogue ex-résistant et un mercenaire ex-barbouze.

On suit donc l'enquête d'un journaliste, Luc Blanchard, sur la piste d'une organisation secrète de type OAS, la Main rouge, et de l'assassinat à Genève d'un leader de l'UPC, Félix Mounié ( fait réel ) empoisonné par les services secrets français. Il se rend à Yaoundé et y découvre cette guerre cachée du Cameroun et tous les dessous de la Françafrique naissante. Il devient rapidement une cible à mesure qu'il s'enfonce dans ce bourbier semé d'embûches.

Thomas Cantaloube a le sens des péripéties. Il mène son intrigue pied au plancher, jonglant avec aisance entre fiction et réalité historique, entremêlant personnages fictifs et réels comme Jacques Foccart, secrétaire général aux affaires étrangères, grand manitou de la politique africaine du général De Gaulle. La dernière partie est particulièrement trépidante ( presque un peu trop rocambolesque d'ailleurs ) en mode pieds nickelés dans une course poursuite en hélicoptère, avec des dialogues savoureux souvent truculents.

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À l'instar de Requiem pour une République, son premier roman, que j'avais fort apprécié, Frakas se révèle également un excellent thriller historique et politique.
Si nous ne sommes plus dans les années les plus sombres de la Vème République (années 1959 à 1961), dans les coulisses de la guerre d'Algérie, nous n'en sommes pas si loin. le roman se déroule peu après, sur une période plus courte, du 17 mai 1962 au 8 août 1962.
Sans qu'il soit fait référence au premier livre, donc sans aucune obligation de l'avoir lu, on retrouve avec plaisir les trois personnages centraux, aux opinions et aux caractères différents que sont Luc Blanchard, Antoine Carrega, devenu Antoine Lucchesi et Sirius Volkstrom.
Luc Blanchard a démissionné de le Police criminelle et vient d'être embauché au journal France Observateur, à la rédaction. « On lui avait assigné un domaine dont personne ne voulait : les anciennes colonies françaises qui volaient désormais de leurs propres ailes, Algérie, Maroc, Afrique noire. L'ancien empire n'était plus, mais que devenait-il ? » Il va ainsi s'intéresser à la situation au Cameroun, intrigué par l'assassinat, deux ans plus tôt, d'un chef de l'opposition.
Antoine Lucchesi, ancien résistant corse est devenu convoyeur de drogue à bord de son chalutier, accompagné dans ses sorties par Alphonse Mukenga, par ailleurs commis de cuisine dans le restaurant de Maria, la compagne d'Antoine, dans le Panier, à Marseille.
Quant à Sirius Volkstrom, cet ancien barbouze manchot, grillé en métropole, n'a eu d'autres choix que de se planquer en Afrique.
Une piste va conduire notre journaliste à Yaoundé, mais il met son nez où il ne devrait pas et devient la cible du gouvernement local et de ses conseillers de l'ombre français. Pour tenter de s'extraire de ce bourbier et pour faire éclater la vérité, il aura grandement besoin des deux autres acolytes.
Frakas est un polar politique qui nous plonge au coeur de la guerre du Cameroun qui a fait des dizaines de milliers de morts dans la quasi-indifférence générale. Il nous fait revivre la naissance de la « Françafrique », cette relation spéciale, de type néocolonial, établie entre la France et ses anciennes colonies en Afrique subsaharienne, caractérisée par le rôle des services de renseignement, des entreprises, des barbouzes, des militaires …, l'ingérence directe des autorités françaises dans les affaires intérieures des anciennes colonies et la complicité des élites africaines locales.
L'intérêt de ce bouquin est de nous faire vivre au travers d'une fiction absolument passionnante et haletante la Françafrique et ses hommes politiques aux mains sales.
Thomas Cantaloube, comme dans le premier tome, n'hésite pas à mettre en scène des personnages réels et pas des moindres, tels Gaston Deferre, François Mitterrand, sans oublier Jacques Foccart, cet homme considéré comme un des hommes de l'ombre du gaullisme, et l'un des fondateurs du SAC.
Certains personnages sont inventés, d'autres encore sont inspirés de personnages réels.
Le livre s'appuie sur une solide documentation et Thomas Cantaloube, tient à souligner : « Ce roman est une fiction, mais il s'appuie hélas sur l'histoire bien réelle du Cameroun, de la France, et de la relation entre ces deux pays, qui compose une partie de ce que l'on appelle désormais la Françafrique. » C'est, à mon avis ce qui fait toute la force de ce bouquin, bouquin qui m'a permis de prendre connaissance de cette guerre inconnue pour moi.
Toute la valeur de ce polar réside dans le fait que le lecteur est embarqué dans cette terrible réalité au moyen d'une fiction débordante d'action et de suspense, complètement dépaysante.
La fin du récit, avec une course-poursuite à bord d'un hélico m'a laissée carrément bouche-bée !
Je ne peux que vous encourager à découvrir ce roman policier aussi instructif que divertissant !

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Cette quadruple enquête survole les barbouzeries de « la main rouge », les liens entre les truands corses et le maire de Marseille (époque Gaston Defferre), les luttes d'indépendance du Cameroun et les début de la « Françafrique » puis la naissance du Nouvel Observateur suite à la faillite de France Observateur.

A mon modeste avis, traiter quatre sujets différents en quatre cent pages, condamne à des analyses superficielles pour qui ne se contente pas d'un polar mais espère des études historiques étayées, d'où une certaine déception et le sentiment de rester sur sa faim, avec une intrigue qui repose en partie sur des hasards, des coïncidences et qui enterre sans explication des personnages .

L'indépendance du Cameroun est incontestablement l'aspect le plus intéressant de ces pages mais l'auteur oublie que ce territoire était une ancienne colonie allemande et que certains indépendantistes étaient manipulés par des intérêts étrangers qui sabotaient la tache de notre administration.

Le rappel des liens entre Gaston Defferre et les milieux corses est équilibré par l'évocation du jeu trouble des « compagnons » de M Charles, alias Pasqua qui fit une honorable carrière dans le groupe Pernod Ricard. Les actions de « la main rouge », faux nez du SDECE, sont par nature secrètes et donc difficiles à préciser.

Le roman se conclut en évoquant la crise traversée par France Observateur, journal proche du PSU, quand Roger Stéphane déserta la rédaction pour rejoindre les équipes élyséennes ce qui contribua à la chute des ventes et la quasi cessation de paiement soldée par l'éviction de Claude Bourdet, le fondateur, et l'apparition de Claude Perdriel, employé du groupe Rothschild.

« Mieux valait ne pas réfléchir » confesse Thomas Cantaloube dans sa conclusion qui broie du noir et avoue les limites de ce polar indéniablement addictif et agréablement écrit.
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Après un extraordinaire essai marqué avec " Requiem pour une République " , Thomas Cantaloube vient de superbement ajouter une trés belle transformation avec " Frakas " . Pas toujours facile , pourtant , de confirmer .

L'auteur a choisi de poursuivre sur une route dont il est désormais un des maîtres incontestables- le roman noir politique et sociétal.

Nous sommes en 1962 , nombre d'états africains se libèrent du joug des avides nations colonialistes .L'exercice n'est pas forcément aisé tant les yeux des politiques du vieux continent , notamment , ressemblent en tous points à ceux " de l'oncle Picsou " .Laisser s'échapper la " poule aux oeufs d'or " est pour eux un " créve- coeur " auquel , malgré les accords signés , il n'est pas facile de renoncer . La France dans tout cela ? Ben , tiens , vous allez voir ...Les politiques ( ...bien connus ...) dont les noms sont cités dans le roman connaissent la " musique " . Pas de pitié, il reste tant à faire....Corruption , compromission, malversations ......

Nous allons retrouver deux héros rencontrés dans " Requiem pour une République ": le jeune Luc Blanchard , ancien policier devenu reporter de presse ( ...sorte de Tintin ...au Cameroun ) et Antoine , ancien barbouze et bistrotier à Marseille . Les deux , pour des raisons bien différentes, vont prendre le chemin du Cameroun et finir par s'y retrouver .Le premier prépare un reportage sensible , le second s'est lancé à la recherche d'un ami ....

Leur séjour en Afrique ne sera pas de tout repos , croyez- moi , même s'il faut bien reconnaître qu'ils ont l'un et l'autre , l'art d'attirer les em......où qu'ils se trouvent . Sacrées aventures en perspective .
Thomas Cantaloube a le don de mêler Histoire et fiction et on peut affirmer qu'il a écrit un roman passionnant qui ne manquera pas de séduire un large lectorat .

Je tiens à dire que les scènes de violence sont parfaitement maîtrisées, , le sang ne " dégouline " pas à chaque page , loin de là. Pas d'excès donc , de nature à rebuter les âmes sensibles dont je fais partie en certaines circonstances .

le rythme du récit s'accélère au cours du roman , les dialogues et l'alternance des chapitres partagés par Luc et Antoine contribuent aussi largement à donner du " pep " .
Une grande place est accordée à L Histoire mal connue de cette époque trouble , aux images de la vie quotidienne au Cameroun et aux rapports pleins d'ambiguïté entre " noirs et blancs " et c'est très intéressant, vraiment .

J'ai eu la chance de rencontrer l'auteur lors d'une séance de dédicace en juin ...Intéressante mais , hélas, quelque peu perturbée par le port réciproque du masque ...J'ai toutefois bien noté qu'il lui avait fallu deux ans pour parvenir à ses fins .On peut donc mesurer le travail . Évidemment, le prix de " la qualité " .....dommage pour le lecteur qui devra " ronger son frein " avant le prochain opus . J'en aurais bien pris un autre , là , tout de suite , moi ....

Thomas Cantaloube va très vite faire partie de ces auteurs de qui obtenir une dédicace va demander de faire la queue un bon moment .( Bussi , Norek ....et bien d'autres ).Bon , ceci étant , il sera plus agréable de faire " cette queue - là " que celle " pour le test ou le vaccin Covid " , non ? Et puis , chers amies et amis , je l'ai , moi , là dédicace alors ....Mais non je ne vous nargue pas ....enfin....

J'avais adoré " Requiem pour une République " , j'ai dévoré " Frakas " .Le premier étant paru au " livre de poche " , je vous conseille sa lecture en premier . de toute façon, aussitôt après avoir tourné la dernière page , vous aurez envie de vous précipiter sur " Frakas " , alors ....Heureux veinards !!!

Un grand merci à tous ceux et celles qui m'ont signalé que ma critique avait été largement amputée, un mystère de l'informatique ou ......le manque de compétence du rédacteur.......
Merci les " Lecteurs vigilants" .



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critiques presse (4)
Telerama
24 juillet 2023
Passionnant de bout en bout.
Lire la critique sur le site : Telerama
Culturebox
06 juillet 2021
Frakas, dans la série noire Gallimard, est l'un des meilleurs romans noirs sortis en 2021. Des intrigues passionnantes au service de la mémoire et d'une vision critique de notre histoire récente.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LeMonde
31 mai 2021
Cameroun, 1962. Deux ans après l’indépendance. Vraiment ? Un thriller au cœur des barbouzeries françaises.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
19 avril 2021
Cette fiction basée sur des faits terribles fait revivre la Françafrique et ses hommes politiques aux mains sales. Passionnant de bout en bout.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Luc Blanchard n’avait eu qu'à décrocher son téléphone pour être prié de passer. François Mitterrand se souvenait de lui et n’avait fait aucune difficulté pour le recevoir. Cela faisait un peu plus d'un an qu'il n’avait pas mis les pieds dans l'immeuble de la rue Guynemer, depuis l'époque où il avait sollicité les lumières et l'appui du sénateur de la Nièvre dans une affaire policière.

La fascination qu'il avait un temps éprouvée pour le politicien avait fait place à l'amertume, et il avait coupé les ponts. Mais l'avoir croisé sur un quai de Seine avait ravivé son intérêt. René, son mentor à France Observateur lui répétait assez souvent : « Parle avec tout le monde. Cultive les relations. Même le pire des abrutis peut finir ministre. En politique, c'est même la règle ! »

Tout ministre qu il avait été, Mitterrand était loin d'être un imbécile, mais il demeurait tricard à la suite du faux attentat de l'Observatoire. L'élu s'échinait donc régulièrement à faire parler de lui, avec plus ou moins de succès, afin de ne pas se dissoudre comme l'écume d'une vague qui se retire.
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Pays (le Cameroun) divisé depuis la Première Guerre mondiale entre les puissances française et britannique, quatre cinquièmes pour les premiers, le reste pour Sa Majesté, il avait été décidé au sortir de la Seconde Guerre que les populations autochtones n’étaient pas mûres pour l’indépendance. Un classique de la période. La piétaille coloniale, Algériens, Marocains, Sénégalais, Malgaches et compagnie… s’était avérée précieuse pour libérer l’Europe du joug nazi, mais elle n’allait tout de même pas diriger ses affaires chez elle ! Et ce en dépit de la Charte des Nations unies de 1945 qui reconnaissait « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
Commenter  J’apprécie          240
Si on exploitait le pétrole présent sous leurs pieds, ces pauvres bougres pouvaient faire leur baluchon. Ils seraient bien chanceux si on leur versait une indemnité ou si on les relogeait ailleurs. Plus probablement, ils seraient chassés par des mitraillettes et des bulldozers, avec un doigt d’honneur en guise d’adieu, et quelques heures pour paqueter leur vie entière.
(page 269)
Commenter  J’apprécie          340
La piétaille coloniale, Algériens, Marocains, Sénégalais, Malgaches et compagnie… s’était avérée précieuse pour libérer l’Europe du joug nazi, mais elle n’allait tout de même par diriger ses affaires chez elle ! Et ce en dépit de la Charte des Nations unies de 1945 qui reconnaissait « le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. »
(page 100)
Commenter  J’apprécie          360
Marcel lui faisait occasionnellement cadeau de livres insolites qu’il récupérait pour trois fois rien. Un jour qu’il avait quand même essayé de lui glisser de force une pièce de cinq francs, le bouquiniste lui avait asséné sa philosophie sur la question : «  Seule la bonne littérature vaut quelque chose, le reste ce sont des arbres morts qu’on aurait mieux fait de garder en terre. Je ne vais pas te faire payer pour la déforestation inutile ! »
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