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Everything tome 1 sur 2

I.J.N. Culbard (Illustrateur)
EAN : 9781506714929
128 pages
Berger Books (26/05/2020)
5/5   1 notes
Résumé :
EVERYTHING is a gleaming new mega-department store that has everything you want... but it might take away what you need... things like your sanity, or maybe even your life.

From wayward teens to lonely housewives and ambitious city officials, most in this otherwise-sleepy Michigan town are thrilled with the arrival of EVERYTHING and its catalog-perfect manager, Shirley.

But thrill turns to frenzy, and when bouts of mania, random hellish... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome correspond au début d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisode 1 à 5, initialement parus en 2019, écrits par Christopher Cantwell, dessinés, encrés et mis en couleurs par I.N.J. Culbard qui a également réalisé les couvertures. Il commence par une introduction d'une page rédigée par le scénariste qui évoque l'omni-disponibilité des oeuvres culturelles en 2020, le plaisir de ressentir de rien avoir à faire de temps à autre, l'étrangeté des oeuvres de David Lynch en général et de Twin Peaks (avec Mark Frost) en particulier, ainsi que l'acceptation de ne pas aller bien de temps à autre sans plier à l'obligation de se déclarer toujours être dans une forme éclatante.

L'hypermarché Everything affiche une promotion sur ses produits de l'hiver. Lori rêve qu'elle est en uniforme de policière en train d'essayer de refaire respirer un individu blessé à terre. Elle a du sang sur sa chemise Une mélodie retentit : elle se réveille alors que le soleil se lève sur la petite ville de Holland dans le Michigan. le 10 octobre 1980, l'hypermarché Everything est prêt à ouvrir ses portes en périphérie de Holland. Lori se lève, prend un oeuf dans un fond de vodka comme petit-déjeuner et elle se regarde quelques minutes de son film préféré : Call of San Berdoo. Elle prononce les paroles du personnage à l'écran en même temps que l'acteur. À 10 kilomètres de là, Eberhard Friendly termine son petit-déjeuner avec son café dans sa belle maison d'Owl's Perch, à Macatawa, également dans le Michigan. Dans une petite maison, Remo Mundy, jeune adulte, se fait frapper par son père parce qu'il est en train de ne rien faire sur son lit. le fils répond qu'il a un entretien d'embauche le jour même, pour travailler chez Everything. Peu avant 09h00, devant l'hypermarché, Eberhard Friendly, gestionnaire de Holland, commence un discours devant la foule de consommateurs attendant l'ouverture, se félicitant de l'implantation de Everything. Il est interrompu en milieu de phrase par Shirley, la gérante de l'hypermarché qui invitent les clients à pénétrer dans le magasin flambant neuf, ce qu'ils font avec ordre, calme et presque révérence.

À 09h30, la secrétaire Grace indique à Lori que son rendez-vous est arrivé. Elle referme le tiroir avec le verre dans lequel elle vient de se servir une généreuse rasade, et les accueille pour leur prêt. Elle se montre assez caustique en indiquant qu'ils en ont jusqu'à 60 ans pour tout rembourser ce qui les obligent à bien bosser pendant toutes ces années. Rick est le propriétaire de magasin de chaînes hi-fi et autres produit stéréo : ce matin il fait essayer une chaîne à un client, en mettant un disque de Toto à fond. Il se produit un bruit assourdissant bizarre et sa vitrine explose. Remo Mundy se présente à son entretien d'embauche, et Shirley est convaincue : il est embauché. le soir Rick va prendre un verre au bar du coin, et en propose un à Lori qui est à moitié avachie au comptoir : elle l'envoie paître. Elle finit par sortir dehors et éprouve la sensation d'entendre une étrange mélodie. Elle veut caresser un chien dans la rue, mais il lui aboie dessus. Elle prend sa voiture et va se garer sur le parking quasi désert de Everything. La musique lui provoque des réactions bizarres.

Comme c'est le scénariste qui le pointe du doigt, le lecteur prête une attention particulière aux éléments sortant de la réalité banale, ainsi qu'à la satisfaction qu'apporte ce magasin qui propose tout (Everything). Cantwell prend le risque de la comparaison et l'assume. le lecteur retrouve l'ambiance de la petite ville, mais avec une distribution restreinte par rapport à la série télé Twin Peaks : Eberhard Friendly, Shirley, Lori, Rick, Remo Mundy, Sarha (la vieille femme du phare), la peluche Mister Bear, le mystérieux Interlocuteur, et Marshall Gooder, le propriétaire des magasins Everything, qui n'est que mentionné dans ces épisodes. Effectivement, le scénariste s'amuse bien avec les événements décalés, écrivant comme si Twin Peaks était un genre littéraire : la sono qui brise la vitrine, le SDF victime d'une auto-combustion sur son banc, le saignement de nez inopiné, la maison envahie de fourmis, le jet de pétales dans le magasin, la défonce à la peinture de palissade, le spectre de la peluche, les cerveaux dans des bocaux, le sous-sol secret sous le magasin, etc. Cantwell joue avec ces éléments de à la lisière du fantastique, du surnaturel, de l'anticipation, de la théorie du complot global, etc. L'artiste les représente de manière prosaïque, parfaitement intégrés à la banalité de cette ville et de ces habitants, existant sur le même plan de réalité.

INJ Culbard est un artiste qui a commencé à travailler régulièrement dans le monde des comics au début des années 2010, avec des adaptations de nouvelles de HP Lovecraft, mais aussi pour le magazine britannique 2000 AD (par exemple Brass Sun -2012-2014- avec Ian Edginton) et à produire ses propres bandes dessinées comme Celeste (2014). Il dessine dans un registre réaliste et descriptif, avec un petit degré de simplification, ce qui donne l'impression de cases tout public, sans être particulièrement à destination des enfants. le lecteur ressent rapidement la complémentarité des dessins et des couleurs, Culbard s'étant chargé de l'ensemble, au point que dans plusieurs pages, le lecteur ne puisse pas faire la part entre les traits encrés et les couleurs. Son approche un peu simplifiée participe à rendre la ville banale et normale en surface. Les personnages donnent parfois l'impression d'être joués par des acteurs pas toujours assez expressifs, ce qui a pour effet de leur donner plus de crédibilité, en tant qu'individus nature aux expressions normales, et non parfaitement étudiées.

L'artiste joue donc sur le décalage entre une description évidente et la nature de ce qui est montré. le lecteur peut constater par lui-même la banalité de la ville : le bâtiment abritant Everything, tout en parallélépipèdes rectangles très basiques, les grosses voitures américaines fonctionnelles sans modèle sortant de l'ordinaire, les tenues vestimentaires ordinaires, les rayonnages d'Everything bien achalandés mais sans produits extraordinaires, les aménagements intérieurs datés attestant qu'il s'agit des années 1980, etc. du coup, il en faut très peu pour qu'une image sorte de cette normalité et donne une impression bizarre. Par exemple, la dernière case de l'épisode 3 montre juste la peluche bleue de Mister Bear sur le siège passager de la voiture de Shirley. Il suffit aux auteurs d'ajouter un phylactère montrant qu'elle parle pour que la case devienne étrange, sans être forcément inquiétante. Il en va ainsi de la plupart des décalages, ce qui maintient le récit dans le domaine du (presque) plausible : la bouteille de vodka qui atteste du liquide que Lori a versé dans le verre sur l'oeuf, le calme étonnant de la foule qui pénètre pour la première fois dans Everything, une érection involontaire malvenue, Rick qui se promène avec son micro en l'air sur le parking d'Everything, Lori qui a des écailles de peinture dans la paume de sa main, etc.

En entamant cette histoire, le lecteur ne sait pas trop de quoi il s'agit, surtout s'il a sauté la préface du scénariste. Il se demande donc s'il doit prendre les petits décalages au premier degré ou non. Il cherche également à déterminer quels seront les principaux personnages. Il voit se dessiner progressivement un fil narratif principal : il semblerait que l'hypermarché Everything cache un secret et que son influence ne s'arrête pas à doper l'instinct consumériste des clients. Mais il ne peut dire exactement ce que cache Everything à la fin de ce premier tome. Il se projette dans les personnages, accroché par leurs failles : le cynisme de Lori dont il apprend la cause en cours de route, l'entrain inconditionnel faille de Shirley pour Everything, la curiosité de Rick pour savoir ce qui provoque ces phénomènes sonores subliminaux, le calme avec lequel Eberhard Friendly gère un problème après l'autre. Dans le même temps, il n'arrive pas à les prendre complètement en sympathie : Lori manque de volonté, Shirley manque d'esprit critique, Rick manque d'épaisseur psychologique, Eberhard est trop lisse. L'enquête sur la nature exacte de l'influence d'Everything avance cahin-caha à un rythme d'escargot… Pourtant le lecteur se prend au jeu sans avoir à faire d'effort conscient. Il sourit en voyant les fausses pages de publicité pour des produits Everything en début de chaque épisode. Sa curiosité est piquée : quelle situation incongrue va survenir ? Son intérêt pour les personnages est consistant malgré tout : quel comportement sortant de l'ordinaire vont-ils avoir, ces voisins normaux en apparence ?

Ce premier tome déconcerte autant qu'il enchante le lecteur. le scénariste affiche clairement ses influences : il les cite explicitement dans l'introduction et écrit son récit comme si Twin Peaks est un genre littéraire spécifique dont il met en oeuvre les conventions de genre. le dessinateur réalise une narration visuelle autant dépourvue de sensationnel que faire se peut. Mais l'effet cumulatif des différentes composantes produit un effet divertissant et attractif chez le lecteur qui n'est pas bien sûr de pouvoir dire ce qu'il préfère dans ce récit, mais qui est sûr qu'il reviendra pour le deuxième tome. Il ressent que les auteurs ne lui ont pas tout donné, contrairement à ce que promet le titre de la série. En particulier, ils n'ont pas développé la notion de contentement qui pourrait venir d'une expérience consumériste où tout est disponible en magasin, ou peut-être plutôt la frustration et l'insatisfaction qui viendrait de tout avoir à portée de main.
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Vidéo de Christopher Cantwell
En savoir plus : https://www.lisez.com/9791032406731
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