Robert Capa est sans aucun doute un des plus grands reporters de guerre que la photographie ait connu. On comprend pourquoi un éditeur, peu après la Seconde guerre mondiale, lui demanda ce récit autobiographique. D'autant plus qu'il fut le seul photographe le jour du débarquement en Normandie et que ses célèbres photographies connurent un destin bien particulier : le développeur à New York a réussi à gâcher les pellicules. Résultat : ne restent que quelques photos floues parmi toutes celles prises. Seul témoignage visuel d'un des plus grands événements du XXe siècle !
L'homme nous décrit ses différents reportages durant la guerre, du débarquement (déjà !) en Sicile, la campagne d'Italie, l'attente en Angleterre, le débarquement du 6 juin, la longue progression en France, puis dans les Ardennes belges… Autant de missions périlleuses racontées avec un certain détachement.
Est-ce par pudeur ou parce qu'il brûlait vraiment la vie par les deux bouts (sans doute un peu des deux), mais
Robert Capa nous raconte son parcours comme si c'était une succession de hasards et de quiproquos, l'homme étant plus intéressé par ses escales londoniennes où il rejoint son amour de l'époque et par des frasques de buveur et joueur, finalement peu concerné par les événements qui l'entourent ! (page 182 “On s'en fichait pas mal d'être les premiers correspondants à Cherbourg, mais on voulait trouver l'entrepôt d'alcool”).
Ce récit m'a donc laissé un peu sur ma faim, étant donné qu'il ne parle que d'un seul conflit couvert par Capa (qui en a fait 5, de la guerre d'Espagne à celle d'Indochine) et de plus avec un point de vue purement subjectif : le sien !
Restent les photos, prenantes, surprenantes, au plus proches des combats et plus souvent encore au plus proches des femmes et hommes qui la vivent. Et c'est bien cela l'essentiel.