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EAN : 9782246394631
223 pages
Grasset (07/09/2006)
3.24/5   47 notes
Résumé :
Prières exaucées, annoncé par Capote plus de vingt ans avant sa mort comme son chef-d'œuvre proustien, est un roman avorté, scandaleux avant même sa parution, et posthume. Son héros, luron dénommé P.B. Jones, est orphelin, amoral, bisexuel : écrivain raté, il vit de ses charmes et de son humour. Au fil de ses tribulations entre New York, Paris et Tanger, on croise des époux dépravés, de jolies désaxées. On tombe aussi sur "ce louchon de Sartre et sa taupe de Beauvoi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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"… il y a deux cas dans lesquels on ne sacrifie pas un talisman : lorsqu'on n'a rien, et lorsqu'on a tout. À chacun son abîme."

P.B. Jones, "un bébé abandonné au balcon d'un théâtre de boulevard de Saint-Louis", a grandi dans un orphelinat tenu par des religieuses.
Il s'en enfuit adolescent, et devient masseur en attendant de rencontrer un succès qui lui échappe durablement comme écrivain.
Beau, attirant, usant de ses charmes pour vivre, plein d'esprit et mauvaise langue de toute première catégorie, il ne tarde pas à fréquenter la jet-set d'après-guerre, écrivains, acteurs, photographes, peintres, millionnaires… et en dit le plus grand mal dans ces pages.

Truman Capote a travaillé sur Prières exaucées du milieu des années 1960 à sa mort en 1984, mais seuls trois chapitres, publiés dans la revue Esquire en 1975 et 1976, semblent avoir survécu à leur auteur.
Ils constituent l'ensemble de cette édition posthume, et ne peuvent donc que laisser à imaginer ce qu'aurait été l'oeuvre ultime de Capote (ou ce qu'elle est, cachée dans un coffre-fort quelconque ou dans une boîte d'archives non encore explorée, croient les plus optimistes).

J'ai attendu longtemps pour affronter ce drôle de bricolage, trois chapitres dont on ne peut même pas dire qu'ils se suivent, ce n'est pas le cas, flingué comme au ball trap par une critique assez unanime à sa sortie en 1986 (1988 pour l'édition française).
Parce que j'aime Truman Capote le conteur, mais aussi Truman Capote le légiste autopsiant des meurtres de sang froid, et bien davantage encore l'ironie légère et fantaisiste manifestée tôt par le jeune Capote, si évidemment doué.

Le parfum de scandale est retombé, les "victimes" de Capote sont mortes depuis longtemps, lui aussi.
Que reste-t-il donc, de ce projet, "proustien" selon ses propres dires ?

À mes yeux, une esquisse de ce qui aurait pu être (qui est ?... dans le coffre-fort ou la boîte d'archives évoqués plus haut) un très grand roman, cannibale et outrancier, le "Revenge !" de celui qui s'est tu si longtemps.

Bien sûr, une esquisse c'est insuffisant, c'est frustrant, et puis cette histoire qui n'aboutira pas, forcément, ça laisse un peu sur le carreau.
Mais, mais, mais…

Mais l'écho de ce que j'aime chez Truman Capote se retrouve tout de même tout entier dans ces pages.
Elles n'auraient pu être écrites par nul autre que lui. Evidemment, il s'en donne à coeur joie, sabre au clair, il a tout vu, tout entendu, et de toute façon personne ne le croira.

Aucune extravagance ne lui échappe, aucun excès.

Ce monde qu'il décrit férocement ne lui pardonnera pas l'enthousiasme qu'il met à le démolir. Depuis des dizaines d'années, il est leur bouffon, leur confident, leur faire-valoir aussi, sûrs qu'ils sont d'être au-dessus de la mêlée.

Mais les égratigne-t-il vraiment ?
Ne les décrit-il pas plutôt sans complaisance, juste tels qu'en eux-mêmes, avec ces préoccupations délirantes et absurdes qui nous échappent totalement ?

Et en a-t-il fallu, des frustrations, des colères rentrées, des blessures intimes, de ces égratignures nonchalantes savamment distribuées pour remettre l'impétrant à "sa place" quand il semblait aller trop loin ?

En a-t-il fallu pour que s'exprime si pleinement, drôlement, crûment, ce que lui voyait, sans fard, sans filtre…

Le sale gosse sensible et doué avait vieilli, il a préféré clouer ses magnifiques papillons à son tableau de chasse, lassé de les voir voler.

À chacun son abîme, oui.
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Environ vingt ans avant sa mort, Capote avait déjà dans l'idée d'écrire ce roman, qu'il considérait comme le chef-d'oeuvre de sa vie. Néanmoins, celui-ci restera à jamais inachevé car la mort l'emporta avant que l'auteur n'ait pu réalisé ce qu'il voulait voir devenir un véritable "chef-d'oeuvre proustien", une oeuvre naturaliste...enfin bref, l'oeuvre de toute une vie ! Certains passages ont d'ores et déjà été publiés comme des petites chroniques dans un journal de l'époque et beaucoup de ses amis se sont d'ailleurs brouillées avec lui suite à la lecture des articles, peu flatteurs pour certains, des portraits que l'auteur a tracés d'eux.
Dans cet ouvrage d'analyse naturaliste, le héros est un prénommé P.B Jones ressemble fortement à l'auteur. Orphelin, il est un écrivain bisexuel, amoral et intéressé, vivant de son charme et de son humour.
Dans cet ouvrage, on y voit défiler de nombreuses figures connues telles que Jean-Paul Sartre, Clift et Elizabeth Taylor, Colette ou encore Jackie Kennedy pour ne citer qu'eux. Quelle était vraiment l'intention de Truman Capote en écrivant ce roman ? Nous n'aurons malheureusement jamais le loisir de lire la fin de cet ouvrage qui reste, à mon humble avis, et ce, bien qu'il soit inachevé, une oeuvre majeure du XXe siècle puisque le lecteur y rencontre les grandes figures qui ont marquées ce siècle et bien que Capote ne les portât pas toutes dans son coeur, il ne mâche pas ses mots et, s'étant toujours cru tout permis (c'est une des choses qui fait que je l'adore), il n'hésite pas à écrire ce qu'il pense (ou pensait, mais le pensait-il réellement ou était-ce du sarcasme à l'état pur?), voir à nous choquer par moments. J'adore !
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Truman Capote annonçait qu'avec ce livre, il deviendrait le Proust du New York des années cinquante. Las ! il n'a même pas pu l'achever. Les trois nouvelles qui en constituent l'essentiel ne sont que ramassis de potins malveillants (mais y a-t-il des potins bienveillants ?), toujours au dessous de la ceinture. Finalement, sauf par intérêt pour l'histoire de la littérature américaine, mieux vaut lire le roman de Mélanie Benjamin, "Les cygnes de la cinquième avenue", qui brode sur la même histoire, mais avec une certaine empathie.
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Je me régalais à l'avance de ce livre de Truman Capote que j'avais trouvé dans une boite à livres, et plus encore lorsque j'appris qu'il s'agissait de ses derniers textes publiés, trois chapitres de ce qu'il avait annoncé comme son oeuvre ultime, sa "Recherche du temps perdu". La publication dans un magazine de ces trois chapitres fit scandale et le brouilla avec un grand nombre de ses ami(e)s dont il étalait les turpitudes au fil des pages. Dès lors Capote cessa d'écrire et son éditeur n'eut jamais d'autres chapitres à publier. Ces trois chapitres qui nous restent sont peut-être une source d'information pour qui veut comprendre la vie et l'oeuvre de ce personnage sulfureux et énigmatique que fut Capote. Pour ma part j'ai cherché en vain quelque chose d'intéressant dans tout ce fatras de ragots ou de scènes plus ou moins salaces, dont ni le style, ni l'inspiration ne me m'ont de près ou de loin évoqué Marcel Proust. Mais je me serais largement contenté de ce qu'ils m'évoquent "Cercueils sur mesure" ou "Breakfast at Tiffany's". J'ai abandonné tout espoir avant la fin.
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Composé de trois parties (nouvelles?) : Des monstres à l'état pur, Kate McCloud, La côte Basque, cet écrit fit l'objet d'un contrat d'édition en 1966 et ne fut publié qu'inachevé en 1987 après la mort de l'auteur.
A mon humble avis, c'est le caractère médiocre de ces pages qui en est responsable.
A part deux ou trois phrases humoristiques, "Prières exaucées" est une sorte de compilation fort peu intéressante de ragots, d'évènements mondains dans le milieu littéraire et bourgeois vécus par l'auteur ou rapportés.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Les paupières peintes de Colette battirent lentement, comme les ailes d'un grand aigle bleu.
"Mais cela, dit-elle c'est la seule chose qu'aucun d'entre nous ne sera jamais : un adulte responsable. Si vous entendez par là un esprit revêtu du sac et de la cendre de la seule sagesse ? Libre de toute malice - envie et malveillance et cupidité et culpabilité ? Impossible. Voltaire, même Voltaire, a vécu avec un enfant en lui, jaloux et hargneux, un gamin mal embouché qui passait son temps à renifler ses doigts ! Et Voltaire a emporté cet enfant avec lui dans la tombe, tout comme nous le ferons avec la nôtre."
p.72-73
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A l'époque le Pont-Royal avait un petit bar en sous-sol aux fauteuils de cuir qui était l'abreuvoir préféré des grands mammifères de la haute bohème.
Un oeil noyé, l'autre à la dérive, ce louchon de Sartre, pipe au bec, teint terreux, et sa taupe de Beauvoir, sentant la jeune fille prolongée, étaient généralement calés dans le coin comme deux poupées de ventriloque abandonnées.
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Peu après notre mariage, je compris que si ses yeux avaient cette merveilleuse sérénité propre aux simples d'esprit, c'est en réalité parce qu'elle en était une.
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Peu après notre mariage, je compris que si ses yeux avaient cette merveilleuse sérénité propre aux simples d'esprit, c'était en réalité parce qu'elle en était une. Ou à peu près; il lui manquait sûrement une case. Brave fille, mais la pauvre vieille était dépourvue de finesse et d'humour, et pourtant si délicate, d'une propreté maniaque : la vraie ménagère, quoi !
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Sans doute voulais-je pour femme la ville elle-même, mon bonheur en son sein, ce sentiment que célébrité et fortune s'ensuivraient à coup sûr. Hélas ! ce fut une fille que j'épousai. Amazone exsangue, pâle comme ventre de poisson, cheveux blonds qui pendouillaient, yeux lilas ovoïdes.
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Videos de Truman Capote (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Truman Capote
En mai, ce qui nous plaît, c'est de lire de bonnes bande dessinées : de celles qui nous emportent, qui nous bouleversent, qui nous renversent. Voici donc venue la fin du Chant des Asturies. le tome 4 signe la conclusion d'une oeuvre majeure de l'histoire de la bande dessinée espagnole. Vous découvrirez aussi le retour de Truman Capote à Garden City, la ville où se sont déroulés les meurtres qu'il a explorés dans de sang-froid. Et parmi les nouvelles éditions : Sophie, oeuvre majeure de Muñoz et Sampayo, sera enfin réédité. Et trois titres rejoignent notre collection de poche : Les Ignorants, Martin Eden et Sang Noir.
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