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Critique de beatriceferon


Carlo et Claudia Scarzini sont morts dans un accident d'avion. Anton, leur fils aîné, un brillant avocat et très proche de sa mère, entreprend de ranger le bureau de cette dernière. Lorsqu'il fait ouvrir un antique coffre-fort, il s'étonne. Pas d'argent, de bijoux, de papiers. Seulement un cahier orange. Les pages sont couvertes de l'écriture de Claudia et elle semble avoir commencé là un roman en français. Anton s'y plonge et ce qu'il découvre va bouleverser sa vie.
L'histoire s'ouvre à New York en 1990 par une image triste : les parents bien-aimés d'Anton ont rencontré la mort ensemble et lui, pris par son travail, n'a même pas trouvé le temps d'organiser les funérailles. En discutant avec son frère et le prêtre à propos des dernières volontés exprimées par les défunts, Anton se remémore soudain nettement un échange qu'il a eu avec sa mère. Claudia lui reprochait son attitude envers la fille qu'il quittait. S'est-il rendu compte qu'il l'humiliait publiquement ? Ce n'est qu'à la fin du volume qu'on se rendra compte de l'importance de ce qui semblait n'être qu'un détail.
Le roman de Bernard Caprasse est divisé en six parties qui portent un titre. Dès la deuxième, le lecteur se penche derrière l'épaule d'Anton pour lire avec lui le « cahier orange ». Ainsi, en sa compagnie, on fait un bond dans le temps et dans l'espace. On se retrouve dans les Ardennes belges pendant la guerre de 40.
Comme Anton, on se pose des questions : pourquoi sa mère a-t-elle écrit ces pages ? Fiction ou réalité ? Qui sont les gens dont elle parle ? Ont-ils existé ? Aussi le jeune homme entame-t-il une véritable enquête qui lui fait découvrir des choses auxquelles il ne s'attendait pas du tout.
Immédiatement, je pense que c'est une histoire écrite pour moi : j'adore les secrets de famille. J'ai ressenti un pincement au coeur. Nous aussi, nous avons dû vider la maison de nos parents. Pour moi, pas de cahier, mais des photos dont je ne connaîtrai jamais les modèles.
Ce qui m'a plu, c'était d'abord les personnages : au centre, une figure de femme extraordinaire et qu'on n'oubliera pas. Seul le lecteur connaît tous les points de vue et frémit en comprenant comment on manipule Olga. Nous voilà tantôt dans le maquis, tantôt dans les bureaux de la Wehrmacht. Car le sujet est celui de la Deuxième guerre mondiale, un sujet rebattu s'il en est. Oui, mais l'auteur en donne une vision très originale. Voici une manière surprenante de parler de la Résistance. Ceux qui en font partie ne sont pas tous des héros. Est-ce étonnant ? Ce ne sont que des êtres humains après tout. Soudain, les combats se terminent. C'est la Libération. Chacun est renvoyé à sa conscience et ce n'est pas toujours joli. Quel meilleur moyen de détourner de soi les soupçons que de les faire peser sur quelqu'un d'autre ? J'ai toujours été particulièrement révoltée par des récits où des hommes (mâles) s'attaquent aux femmes, les rendent responsables de toutes les fautes. Un peu facile de s'en prendre à elles alors que les pseudo-justiciers n'ont pas la conscience nette. Et la foule, la stupide foule moutonnière qui suit aveuglément quelques meneurs, les plus forts en gueule.
On se trouvera aussi face à des thèmes nombreux et variés : justice, vengeance, être et paraître, regret, remords, pardon, relations parents-enfants (surtout mère-fils), condition de la femme, amour, jalousie, deuil.
Une part importante est réservée à l'art et présente des artistes belges injustement méconnus comme le peintre Rassenfosse, que j'aime beaucoup et la littérature (il fait, par exemple, allusion au beau texte de Marcel Thiry « Toi qui pâlis au nom de Vancouver »).
Les pièces de l'histoire se mettent doucement en place, car la vision adoptée par l'auteur est celle d'Anton. le lecteur avance avec lui, s'interroge comme lui, enquête et reconstitue patiemment le puzzle.
Outre celui d'Olga, j'aimerais retenir le personnage du docteur Capon, je ne sais pas si l'auteur a voulu faire une antiphrase, mais un « capon », c'est un couard, alors que le médecin qui porte ce nom est le seul à faire preuve d'un vrai courage.
J'ai beaucoup aimé ce roman qui, pour moi, est un immense coup de coeur.
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