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EAN : 9782749118574
736 pages
Le Cherche midi (08/03/2012)
3.7/5   49 notes
Résumé :
Gil Castle, homme d'affaires new-yorkais, ne se remet pas de la disparition brutale de sa femme. Après une longue dépression, il décide de tout abandonner pour s'installer seul avec son chien en Arizona, dans une petite bicoque perdue au milieu des terres familiales, près du ranch de son cousin. Là, à quelques encablures de la frontière mexicaine, il commence peu à peu une nouvelle vie, s'enivrant le jour de la beauté des paysages, lisant Sénèque la nuit. Mais en re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Gill Castle a perdu sa femme dans les attentats du 11 septembre. Incapable de surmonter sa peine, ce financier New Yorkais aux revenus très confortables décide de tout plaquer pour partir s'installer sur le ranch de son cousin Blaine, au fin fond de l'Arizona. A quelques kilomètres à peine de la frontière mexicaine, Castle tente de se reconstruire dans la solitude et l'isolement. Mais le jour où il sauve d'une mort certaine un mexicain ayant franchi la frontière clandestinement, il ne se doute pas que cette rencontre va changer sa vie…

Des années que je n'avais pas lu un tel pavé ! Je suis plutôt un adepte des écritures minuscules, des recueils de nouvelles et des courts romans. J'aime les auteurs capables de dire beaucoup en peu de mots, ceux qui vous installent une ambiance avec un minimum de moyens. Là pour le coup, c'est tout le contraire. Clandestin est un roman ambitieux, ample, très construit, où plusieurs histoires s'entremêlent allègrement. le propos de Caputo pousse à la réflexion. Dans cette Amérique violente où la frontière mexicaine ressemble de plus en plus à une ligne de front, il est temps de s'interroger. Sur la condition des migrants, sur la position défendue par les propriétaires terriens américains, sur les motivations purement financières des passeurs et des narcotrafiquants, sur le rôle ambigu joué par la police… Beaucoup de questions qui n'appellent au final aucune prise de position franchement tranchée. « Certains de ces immigrants ont des histoires qui font passer Les raisins de la colère pour une comédie », déclare l'un des personnages. Castle porte également un regard plein d'humanité sur le clandestin qu'il vient de sauver : « Miguel était une victime-née […] Il y avait en lui quelque chose de doux, de triste, de malheureux, qui éveillait des sentiments de tendresse […] en même temps que ça invitait, presque inexorablement, la cruauté aveugle du monde à s'abattre sur lui. » Mais quand ces mêmes clandestins saccagent vos terres, votre perception évolue rapidement : « Je comprends les mexicains. […] Ils n'ont qu'à ramper sous une clôture ou escalader un mur pour gagner dix dollars de l'heure en passant le balai chez Wal-Mart (contre dix dollars par jour chez eux). Y a pas photo. Je ferais pareil. Mais on m'a découpé mes clôtures. Et il y a deux ans Mc Intyre a attrapé un clandestin qui essayait de piquer ma camionnette. Je suis désolée pour ces gens, mais en même temps il me font vraiment chier, et je crois que je ne devrais pas avoir de scrupules. » C'est cette ambivalence des sentiments qui fait à mes yeux tout le sel du récit. Non, ce n'est pas tout blanc ou tout noir, ce n'est pas si simple.

Le point de vue tout en finesse pousse le lecteur à la réflexion mais au final Clandestin reste avant tout un roman plein de souffle, une saga familiale aux nombreux rebondissements qui se lit d'une traite. A recommander sans réserve !
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Excellent roman «choral» au pays des cow-boys. C'est l'histoire d'une famille d'éleveurs sur trois générations en Arizona près de la frontière mexicaine; où les choses se font comme elles se sont toujours faites, et si on ne voyait pas de temps en temps surgir un portable d'une poche, ou un pick-up d'un nuage de poussière, on pourrait bien se croire parmi les pionniers de la conquête de l'ouest.
De la révolution mexicaine à la guerre en Irak en passant par le 11 septembre pour situer les époques, les trafics en tous genres se sont succédés. Qu'il s'agisse d'armes, d'alcool, de drogue ou d'humains, le point commun est que de part et d'autre de cette ligne s'est instaurée une zone de non-droit ou de tous les droits. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'on a la gâchette facile. Vivre près d'une frontière rend parfois border-line.
L'idée sous-jacente de l'auteur, que le flux migratoire mexicain et le trafic de drogue vers les Etats-Unis soit une reconquête du Mexique sur l'Amérique n'a dû plaire de l'autre côté de l'atlantique.
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Un riche homme d'affaires ayant fait fortune à Wall Street décide tout laisser tomber à la suite de la perte de son épouse disparue dans l'un des avions qui percuta l'une des tours du World Trade Center le 11 septembre. Il s'isole avec sa chienne dans une petite maison en Arizona, à proximité de la frontière mexicaine et du ranch familial de son cousin. Sa seule passion : lire Sénèque. Sa tranquillité sera de nouveau bouleversé avec la découverte de deux cadavres d'émigrants et d'un survivant mal en point, Miquel, qu'il va accueillir. Il va se trouver confronté à d'autres formes de violence du fait de la proximité avec la frontière : l'immigration clandestine de ces mexicains, d'une part, qui "n'ont qu'à ramper sous une clôture ou escalader un mur pour gagner dix dollars de l'heure en passant le balai chez Wal-Mart, contre dix dollars par jour chez eux. Y a pas photo...", qui essayent de "piquer les camionnettes" et les narco-trafiquants, d'autre part, qui découpent les clôtures, utilisent les immigrants comme des mulets transportant 20 kg de drogue, sans oublier l'attitude ambiguë de la police.
Se déroulant sur plusieurs générations des années 30 aux années 2000, ce roman est le roman mettant en scène la violence américaine et les armes, le roman de cette Amérique qui malgré ses tares attire toujours l'immigrant et s'en protège, le portrait de cette Amérique arc-boutée sur ses frontières, sur le droit de la propriété... gangrenée par la drogue qui entre illégalement et violemment par centaines de kilos, pour satisfaire la demande.
Un roman reportage sur un aspect assez méconnu de cette Amérique.
Un auteur que j'ai découvert, qui a obtenu le prix Pulitzer avec "Rumeur de guerre",
Quelques longueurs mais malgré tout un grand plaisir et un final à ne pas manquer.

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Gil Castle, riche homme d'affaires new yorkais, a perdu sa femme le 11 septembre 2001 et n'arrive pas à remonter la pente. Il accepte l'invitation de ses cousins Erskine propriétaires d'un ranch en Arizona, près de la frontière mexicaine.

Il lit la consolation à Marcia, de Sénèque, chasse avec son chien et continue son deuil. Un jour, il découvre un immigrant clandestin en piteux état. Et même si au départ "il se considérait comme un spectateur du théâtre de la vie, éloigné de la marche des événements aussi bien grands que petits", il ne peut s'empêcher de se sentir concerné. Il sympathise avec Tessa, une propriétaire du voisinage et petit à petit l'ours plongé dans le chagrin évolue vers une timide guérison."On apprend à vivre avec, comme on apprend à vivre avec un membre en moins. On a toujours conscience de l'absence, mais on continue. Voilà où j'en suis arrivé au cours de ces six derniers mois. J'ai appris qu'il était possible de continuer."

Mais le roman n'est pas que cette histoire de deuil pourtant fort réussie et racontée avec sensibilité et justesse.

La frontière, malgré les efforts des deux états concernés, est poreuse et laisse passer drogue et immigrants clandestins. Fédéraux, police, armée, narcotrafiquants, passeurs, tout se monde se connaît et les agents doubles ou triples sont légion, jouant "à la fois les hors-la-loi et les représentants de l'ordre". Les renseignements s'échangent, les faveurs aussi. Après tout, "fournir de la drogue aux Américains est l'outil de la revanche historique"(sic).

Mais le roman n'est pas que cet aperçu frappant et passionnant de l'illégalité et des destins tragiques des mules et clandestins.

Un siècle en arrière, le grand père de Gil et de son cousin Blaine circulait librement sur ces mêmes terres coupées par une frontière à l'époque invisible, à la poursuite ou recherche de bétail, ou participant à la révolution mexicaine. Ben Erskine, un fichu personnage, violent, a marqué l'histoire du coin et les conséquences en seront tangibles jusqu'à aujourd'hui.

Un bon gros roman intelligent, passionnant, des personnages forts, au milieu d'une nature toujours présente.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Gil Castle, veuf depuis très peu de temps, décide de quitter New York et le milieu des affaires pour s'installer quelques temps dans une petite maison construite en Arizona, sur un ranch frontalier appartenant à sa tante Sally. Il en profite pour lire, réfléchir, chasser, donner un coup de main à son cousin Blaine. Mais sa découverte, un jour au cours d'une promenade avec son chien, d'un clandestin transi et épouvanté, va l'obliger à s'impliquer un peu plus dans la vie du ranch. Observer la gestion d'un territoire aussi étendu, le long de la frontière mexicaine, l'oblige à ouvrir les yeux sur les nombreux passages que s'y frayent clandestins et trafiquants de drogues.

C'est ce qu'il est convenu d'appeler un roman ambitieux, mêlant dimension historique et actualité, côté policier et réflexion sur le deuil, le tout sur plus de 700 pages. La bonne idée est à mon avis de s'être intéressé à la personnalité du grand-père de Gil et Blaine, qui fut tour à tour vaquero et policier, personnage d'un autre âge, dont la violence contribua à créer des haines farouches qui poursuivront ses petits-enfants au-delà des années. D'autres personnages interviennent, que ce soit au Mexique ou en Arizona, une amie des cousins de Gil pour le côté romance, un policier infiltré, une femme à la tête d'un cartel mexicain…
Certes ce roman est long, mais il ne comporte pas de longueurs, je ne vois pas ce qui aurait pu être coupé ou évité. La violence y existe, mais sans gratuité aucune, et l'alternance entre passé et présent, vision mexicaine et point de vue américain, est bien menée, centrant tout de même l'histoire sur le personnage de Gil Castle, intéressant dans son évolution. J'ai beaucoup apprécié cet excellent roman, que je guettais depuis un moment à la bibliothèque !
Lien : http://lettresexpres.wordpre..
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critiques presse (4)
LaLibreBelgique
17 avril 2012
Philip Caputo (...) livre avec "Clandestin" une fresque magistrale sur l’Amérique à travers le prisme de l’immigration clandestine depuis la frontière mexicaine. Ce chevronné de l’écriture y met des idées, du rythme, de la tension. Et s’il se révèle çà et là consensuel (n’oubliant ni l’amour, ni le patriotisme), il n’en interroge pas moins l’Amérique dans ses ambiguïtés, de l’exploitation des clandestins à l’occupation par ces derniers de territoires sciemment délaissés par les autochtones.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
04 avril 2012
Philip Caputo densifie sa méditation sur l'histoire américaine, empreinte tout à la fois d'espoir immense et de violence, en étoffant son récit d'une plongée dans le passé, via le destin d'un aïeul de Gil Castle.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesEchos
20 mars 2012
Si Caputo ne se révèle pas un styliste hors pair, son histoire, parfaitement maîtrisée, au croisement de l'enquête de terrain et des archives de la Société historique d'Arizona, cavale comme un pistolero qui aurait un régiment de tuniques bleues aux trousses.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Liberation
12 mars 2012
Clandestin, de Philip Caputo, se déroule entre le 11 septembre 2001 et l’invasion de l’Irak en mars 2003, mais il raconte cette autre guerre. Les trafiquants mexicains y sont assimilés aux terroristes par des Américains dépassés.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il se rappelait les commentaires qu’il avait lus et entendus après le 11 septembre. Le jour où tout avait changé à jamais. «Nous ne serons plus jamais comme avant». Les gens semblaient vraiment croire à ces foutaises, ils semblaient vraiment vouloir que tout change, comme s’ils avaient espéré qu’un événement colossal et terrible viendrait les arracher à leur soif de possession et d’argent, à leurs amusements triviaux, leur culte creux de la célébrité, leur goût pour les scandales croustillants, Monica Lewinsky taillant une pipe au président dans le bureau ovale. Mais l’agitation qui l’entourait - les jeunes hommes et les jeunes femmes qui avançaient à toute allure avec des écouteurs iPod plantés dans les oreilles, ou jacassant dans des téléphones portables - indiquait que le cataclysme qui était censé avoir tout changé n’avait en fait rien changé, hormis pour les familles de ceux qui s’étaient fait massacrer par cette splendide matinée. Et pour les soldats qui se battaient et mouraient en Afghanistan. Sinon, New York et l’Amérique étaient passées à autre chose, pour éviter de vivre dans le passé.
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Un sacré paysage, l'une des dernières prairies à herbe courte de tout le Sud Ouest, commenta Blaine. Je ne m'en lasse jamais. Même quand tout va mal, je me sens bien rien qu'en la regardant.
- Ca ressemble beaucoup à l'Afrique orientale, déclara Castle. L'herbe jaune, ces arbres bas.
- Une partie de cette herbe provient en effet d'Afrique, expliqua Tessa tout en passant en première pour négocier une descente abrupte et rocailleuse, l'arrière du véhicule chassant sur la fine pellicule de boue qui en recouvrait la surface. Pourquoi ils l'ont importée ici, je n'en sais rien. Elle ne vaut pas notre boutelou natif...
- Ce sont ces esprits brillants avec des diplômes d'agronomie qui ont fait ça, coupa Blaine. Avec le boutelou, tu peux faire brouter jusqu'à trente-deux têtes par section. Avec leur herbe importée, vingt-cinq. Voilà ce qui arrive quand on veut faire mieux que Dieu.
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Ils roulèrent en silence jusqu’à atteindre un croisement en T où les directions étaient gravées sur des panneaux en bois fixés à un poteau. A côté, une pancarte en métal érigée par la police des frontières prévenait : ATTENTION, RISQUE DE CONTREBANDE ET D'IMMIGRATION ILLEGALE DANS CETTE ZONE. SOYEZ CONSCIENT DE VOTRE ENVIRONNEMENT. Castle se demanda à haute voix ce que le fait d'avoir conscience de son environnement pouvait signifier.
"Ca signifie que si vous tombez sur des marijuanitas, vous pouvez soit faire semblant de ne pas les voir, soit soulever votre chapeau et dire :"Bienvenidosa los Estados Unidos, passez une bonne journée", expliqua Tessa, l'initiant un peu plus aux usages de l'Ouest, l'Ouest moderne.
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Dans ces zones frontalières, la beauté cohabitait avec la violence- d’un côté le monde de Blaine et de Gerardo, plein de bétail et de chevaux et de paysages féeriques, de l’autre celui des barons de la drogue, des coyotes et des meurtres
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Celui qui apprend doit souffrir. Et même dans notre sommeil, la douleur qui ne peut oublier tombe goutte à goutte sur notre coeur, et dans notre désespoir, malgré nous, par la grâce terrible de Dieu nous vient la sagesse (P.49)
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