Les éditions Magic Mirror se sont spécialisées dans la réécriture de contes de fées et dans le merveilleux. le premier titre publié –
Ronces blanches et Roses rouges – m'avait convaincue mais avec cette deuxième proposition, le niveau est monté d'un cran. Si j'avais pu regretter une légère froideur chez
Laetitia Arnould, j'ai en revanche trouvé beaucoup d'émotions et d'empathie dans l'histoire de
Claire Carabas ; quelle belle surprise !
Ce que murmure la mer est une adaptation moderne du célèbre conte de
Hans Christian Andersen,
La petite Sirène. Très librement adaptée – et édulcorée – par les studios Disney, cette histoire continue à fasciner. le choc entre deux mondes qui ne sont pas faits pour cohabiter, une histoire d'amour impossible, la violence des sentiments et la tragédie qui ne manque pas d'arriver. Un Roméo et Juliette sous/sur l'eau, l'affrontement des familles ennemies en moins.
Parce que oui, contrairement à la version proposée par Disney, le dénouement originel n'est pas joyeux, loin de là. Et chez
Claire Carabas, point de crabe chanteur ou de cuisinier fou mais bel et bien un royaume englouti sous les eaux et une terrible sorcière sous-marine qui ne manque pas de proposer son pacte sans retour.
Mais alors, où est donc l'originalité de cette réécriture ? Dans l'écriture justement.
Claire Carabas choisit d'offrir la parole à ses deux héros : la jolie sirène et l'humain duquel elle s'éprend. S'alternent donc des chapitres aux points de vue différents qui font avancer l'histoire, l'un semblant répondre à l'autre, le journal du marin semblant répondre aux questionnements et doutes de l'héroïne… pour le lecteur du moins, la sirène n'ayant jamais accès aux écrits de son « prince charmant ».
Entrer dans les pensés des deux héros – grâce à l'utilisation de la première personne du singulier – apporte une assez grande proximité avec les narrateurs et donc une empathie plus grande. C'est donc tout naturellement que les émotions sont apparues lors de ma lecture, touchée que j'étais par le désarroi de Galathée et par les incompréhensions qui grandissent entre Yvon et elle.
Il ne manquait pourtant pas grand chose pour que tout fonctionne parfaitement, plusieurs fois ils sont à un geste de la félicité mais par pudeur, par peur, par doute et par manque de discernement, le bonheur s'effrite, la distance s'installe. A croire que les deux mondes sont incompatibles, que l'union est définitivement impossible. Quelle tristesse !
L'émotion créée par la relation entre les deux héros est accentuée par l'intervention régulière d'autres personnages secondaires qui font partie du contexte modernisé offert par
Claire Carabas. Dans cette réécriture,
la petite sirène, toujours aussi atemporelle, ne change pas tellement de la version d'origine ; en revanche, Yvon n'est plus prince mais marin. Il navigue en solitaire sur son voilier et c'est lors d'une course que Galathée l'aperçoit. Lorsqu'il rentre au port, ce n'est pas un château et des serviteurs qu'il retrouve mais une modeste maison et un meilleur ami médecin et une amie spécialisée dans l'accueil de nouveaux arrivants sur le territoire.
Sans le savoir ou du moins sans vraiment le vouloir, la présence et les actes de ces deux-là, pourtant plein de bons sentiments, seront décisifs. Alors l'Amour est-il voué à être corrompu par tout ce qui est extérieur au couple ? Si les proches de nos héros n'avaient pas existé, le dénouement aurait-il été similaire ? Ou leur appartenance à deux mondes différents et la fatalité sont-elles derrière tout ça ?
Quelle que soit la réponse à cette question, assister à l'évolution de la relation entre Galathée et Yvon, de leur première rencontre à leur déchirement, en passant par leur apprivoisement mutuel jusqu'à toucher du doigt le bonheur, a été pour moi source d'une belle émotion. J'ai été transportée.
Vous avez chanté avec Ariel lorsque vous étiez enfant ? Vous avez été marquée par la froideur du conte d'Andersen ?
Claire Carabas vous propose ici sa version à elle de l'histoire. Quand deux mondes se rencontrent, quand la parole manque, quand l'extérieur s'immisce dans la relation, qu'advient-il de la passion et de l'Amour pur… sont-ils plus forts que tout ? Un concentré d'émotions, plein de modernité et de crédibilité.
A noter que, comme dans le premier titre publié par Magic Mirror Editions, le conte d'origine est disponible en fin d'ouvrage, l'occasion de comparer les deux versions et d'y trouver plus ou moins de similitudes.
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