La première nouvelle de ce recueil est sombre, très sombre, la chute vous tombe dessus - une violence étonnante. Si vous n'aimez pas, n'abandonnez pas pour autant, car l'auteur possède un autre registre, satirique, léger, concis : chroniques de la vie de tous les jours de petites gens de faubourgs. L'auteur, dont les nouvelles et pièces de
théâtre se situent à la fin du XIXe siècle, fait partie du top 3 des écrivains classiques roumains. Ce recueil inclut également un essai : une critique au vitriol de la classe politique corrompue.
La brève préface signée
Jil Silberstein va à l'essentiel, mention très bien.
Si vous avez aimé
Panaït Istrati, ce recueil est pour vous.
Extrait de la préface :
L'auteur nous « fait rire d'une bourgeoisie naissante, ridicule, ou en parodiant un parlamentarisme jeune mais déjà rongé par l'arrivisme [ ] il y a du Feydeau et du
Courteline dans son
théâtre, [ mais il ] s'y glisse aussi une verve assassine ».
Des extraits :
« L'aubergiste poussa le verrou. le vent, s'engouffrant du dehors, projeta à l'intérieur une enfant toute grelottante. La fillette pouvait à peine parler ; ses mâchoires étaient crispées par le froid. [ ] Par-dessus sa chemisette, elle avait passé la touloupe de son père ; ses pieds nus étaient fourrés dans de vieilles bottines appartenant à sa mère, et sur la tête elle avait un fichu.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Maman m'a envoyé pour que vous lui donniez pour un sou du pétrole et papa, pour deux sous d'eau-de vie.
Et la fillette sortit avec précaution de sous la touloupe deux bouteilles.
- Seulement … elle a dit comme ça que vous ne mettiez plus du pétrole dans la bouteille d'eau-de-vie et de l'eau-de-vie dans celle de pétrole [ ] » p112
« C'est pourquoi, avec un sourire plein d'amertume, le Roumain appelle son pays la patrie des pots-de-vin et des passe-droits ». p255 (… tristement vrai des nous jours également)