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3,67

sur 183 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
♥ALERTE COUP DE COEUR ♥

Suisse 1942.
Seconde Guerre Mondiale.
Un convoi est en approche : des femmes. Un vieillard. Des enfants.
Ils fuient la guerre et ses horreurs.
Tous meurtris.
Surtout les enfants.
Atteints de désordres psychologiques et/ ou physiques.

Leur but : le Val sinestra.
Un château, tenu par Sigmur Guillon et Il Doctor.
Ils semblent y faire des miracles.
Le Val Sinestra ? C'est l'Espoir, la guérison. L' Espoir d'un havre de paix.
Un REFUGE.
Ce qu'ils ignorent ... C'est que le Mal est déjà là. A l'intérieur ...

Lu en quelques heures. Coupée du monde. Les pages se sont tournées. Toutes seules.
Happée par ce huis-clos qu'est SINESTRA.
J'ai eu l'impression d'être dans une boule à neige (sans neige). Un lieu loin des bombardements mais qui va te secouer. Bizarre cette impression.

Niveau imaginaire aussi : J'ai tout vu en Sépia. Comme une vieille photo. Ambiance vintage.

Le Sinestra, personnage à part entière.
Un manoir qui raconte, comme le ferait l'un des protagonistes.
Original.
Cela donne de la profondeur à l'histoire. Ca renforce encore plus le côté malsain.
Vu comme un Refuge d'abord.
Où tout paraît tranquille.
Mais au fur et à mesure l'ambiance se glace.
Les fissures apparaissent.
Le mal rôde ...
Il m'a fait penser à l'Overlook de Shining avec son labyrinthe de couloirs sombres, ornés de tableaux.
Un lieu entouré de brume. Encerclé de montagnes.
Et dont l'ombre (gigantesque) plane sur ses locataires.
j'ai eu la vision d'une nature très verte à l'extérieur et très sombre à l'intérieur.

Tu vas vivre aux côtés d'Ana, Valère, Colette, Arthur. Des mères. Au rythme des ravitaillements.
Des enfants en personnages principaux, qui ne sont pas forcément l'incarnation de l'innocence ...
J'adore !
Je ne veux rien gâcher, donc je te laisserai découvrir par toi-même le Val Sinestra, Minou.
Bon séjour !

Sinon ... je suis amoureuse de ta plume Armelle C.
C'est sombre, glauque, lugubre et tellement poétique en même temps.
Ce livre est une fleur.
Une fleur du mal.

Une couverture MAGNIFIQUE.
Une Histoire Monstrueusement poétique.
La Reine du huis-clos.

Tu entends les chiens hurler ?
Tu entends la petite voix d'Anna qui chante ?
Le petit roi des montagnes ....

* A TANTOT ~ BISOUS LES MINOUS *
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La kronik d'Eppy Fanny
L'histoire :

1942 - Une poignée d'exilés fuit les horreurs de la guerre et la France pour trouver refuge en Suisse, au coeur des Grisons.
A l'arrivée, il restera, du convoi initial, un vieil homme au bout de sa vie, secoué par des quintes de toux, Valère l'orphelin, Ana la jeune aveugle et sa mère Klara.
Extrait page 14 :
« Elle se figura un paradis rempli de rires, de réglisses fondantes et de pommes d'amour, jusqu'à ce que l'haleine démoniaque du Val Sinestra effleurât sa nuque délicate tel un tisonnier labourant les cendres de l'innocence perdue.
Alors, Ana sut que maman s'était trompée.
Le Mal ne connaissait pas la frontière.
Il était la frontière. »

Dix-neuf résidents occupent déjà le Val, ainsi que Guillon, leur hôte, et le docteur.
Valère, au fil du voyage, est devenu les yeux d'Ana.
De Guillon il lui dira : « C'est un drôle de bonhomme. Il a le sourire dans les yeux et la fringale sur l'menton. »
Du Val Sinestra, il indiquera : « On dirait plutôt un vieux château hanté… »
D'Arthur, l'un des résidents, il murmurera, à la question « à quoi il ressemble » : « A un bon garçon qu'a le vice au mauvais endroit. »

- Ana a perdu la vue lorsque son père a été assassiné sous ses yeux par un soldat allemand. le choc sans doute. Klara est surprotectrice avec sa fille. Ana doit garder leur lourd secret. Sinon elles finiront au bûcher. C'est maman qui l'a dit !
- Valère est le seul survivant de sa famille qu'il a retrouvé assassinée car sa mère a refusé de dénoncer des juifs. Sa survie il la doit à un soldat ennemi. Sa haine, profonde, va à tous les juifs qu'il tient pour responsables de son malheur.
- le vieil homme est mutique. Personne ne connaît son nom.

Les voilà eux aussi dans les murs du Val Sinestra. Un lieu qui a une âme, qui se nourrit de la souffrance qui imbibe ses murs depuis si longtemps.
Extrait page 36 :
« Il suffisait de substituer une seule lettre pour me révéler tel que le monde m'avait forgé.
J'étais le Mal Sinestra. »

A peine arrivés, voilà que la violence qu'ils fuyaient les rattrape. La mère de Colette, l'une des fillettes qui vit là, est retrouvée morte. Rose n'est plus. Elle semble s'être suicidée. Mais si Colette, fillette violente et bizarre avait tué sa mère ?

Le Val renferme tant de secrets.
Lui qui avant la guerre servait d'abri aux couples illégitimes dont les relations avaient des conséquences. Des enfants naissaient. Des enfants mourraient. de plus en plus. Et Guillon et ses pinceaux immortalisaient ces enfants morts. Les murs supportaient un nombre important de ces tableaux morbides. le Val Sinestra était fier de ses parures.
Aujourd'hui il y a tous ces enfants avec leurs failles qui vivent dans ses murs.
Ana et sa cécité, Valère qui préfère les garçons, Arthur qui n'arrive pas à dormir, Colette dont l'une de ses mains, en toute autonomie, ne sait délivrer que de la souffrance. Ces quatre-là vont devenir amis. Une amitié improbable. Les autres enfants ont eux aussi des pathologies diverses.
Guillon et le Docteur sont là pour les aider. A leur façon.

Mais la violence est omniprésente au Val. Les quatre ravitailleurs dont ils dépendent pour se nourrir réclament leur dû à chaque visite. Ils sont la terreur des femmes. Une d'elle sert systématiquement de paiement. Elle n'est plus qu'un morceau de viande à leur merci, dont ils usent et abusent avec violence.
L'explication au suicide de Rose ?

Guillon laisse faire. Il n'a pas d'autres choix. Ce qui importe ce sont les expériences tentées sur les enfants avec ce bon Docteur. Tant mieux si elles les soignent. Sinon… ça n'a pas grande importance. Arthur va faire les frais de leurs délires et vivre un calvaire sans nom dans ces sous-sols où les foetus flottent dans des bocaux, leurs organes prélevés au nom de la science, de la folie.
Puis il y a Ana. Si belle, si douce, Guillon ne peut s'empêcher de la toucher…
Le vieil homme, pas si mutique, pas si mourant, tente de veiller au mieux sur les enfants, telle une ombre. Mais que peut-il, seul, face au Mal qui rôde ?
Le Val Sinestra l'exprime mieux que moi.
Extrait page 119 :
« J'aurais dû les dissuader, pauvres petits !
Oui, j'aurais pu. Par quelques courants d'air plus effrayants que les précédents ou les craquements sinistres de ma charpente.
Mais j'aurais vécu dans le déni de ma nature véritable.
Car ma nature n'épargnait pas les âmes innocentes.
Elle les détruisait. »

Les mères vont tenter de fuir ces lieux où on leur a pris leur dignité en menaçant leurs enfants pour qu'elles plient. Quittent à abandonner les orphelins. Leurs priorités ce sont leurs enfants.
Hélas on n'échappe pas à son destin.
On n'abandonne pas le Val Sinestra.
Le bûcher tant redouté va flamboyer dans la nuit.
On n'abandonne pas le fantôme malveillant qui rôde.
Valère se souviendra de ce visage aperçu. Trop tard.
Le monstre les aura rattrapés et avalés…


Une fois encore Armelle nous offre un récit d'une noirceur étouffante.

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Chère Armelle,
Puisque tu t'es adressé à moi de manière si intime, si forte, j'ai décidé de ne pas véritablement faire de chronique mais plutôt de t'écrire ces quelques lignes intimement même si d'autres pourront lire.
J'ai bien entendu été ravie de voir ton récit se dérouler dans mon beau pays, qui plus est dans cet incroyable canton qu'est les Grisons. Un canton empli de mysticisme et plus que propice à une histoire comme celle-là. Well done Armelle ! le choix est excellent !
Tu m'as d'ailleurs bien bluffée de pousser jusqu'à l'utilisation du Romanche alors que la plupart des étrangers ne savent même pas que nous parlons quatre langues dans notre petite Suisse.
Dès le début, tu m'as littéralement transportée dans une autre dimension. Une autre époque forcément, mais aussi et surtout dans un lieu subjuguant qui s'est très vite imposé à moi comme le personnage principal. Je me suis d'ailleurs délectée des chapitres où ce lieu prend, à lui seul, la parole. Ce lieu qui s'exprime avec autant d'émotions m'a subjuguée mais aussi bouleversée.
Une atmosphère absolument incroyable: glauque, sombre, sombre et encore sombre. L'atmosphère est au Val Sinestra ce que le Val Sinestra est à l'atmosphère.
Tu as su, à merveille, créer un lieu perdu, exclu de tout où pourtant les événements, la guerre sont omniprésents. Un lieu où tous sont venus se réfugier, se soigner. Un lieu qui semblait un havre de paix mais qui n'en a que les apparences. Un lieu où les soins revêtent une connotation toute particulière.
Avoir choisi des enfants en personnages quasi principaux s'avère audacieux. Des enfants, c'est toujours un peu dangereux. On a l'habitude de les voir innocents et souvent, les auteurs n'aiment pas y toucher mais tu l'as fait, là, avec brio. Tu as su leur donner la douceur, tu as su les rendre lumineux mais aussi dangereux et subtils. La survie fait évoluer, fait grandir et fait faire des choses que l'on ne ferait pas en temps normal. C'est clairement une évidence dans ton récit qui pointe du doigt une réalité.
Ta plume puissante, complexe, travaillée, obscure et douce à la fois. Ton style direct et pourtant poétique. Tes mots, tes phrases ont résonnés en moi comme un carillon géant laissant derrière lui un écho étourdissant. J'ai eu, par moment l'envie de prendre mes jambes à mon cou et de m'échapper de ce lieu sinistre, alors qu'à l'inverse je me sentais incapable de le quitter. J'avoue même avoir eu une grosse crainte à un certain moment mais qui s'est finalement dissipée. Je pourrai t'expliquer quand et pourquoi mais si d'autres que toi me lisent, ils en sauront trop et ce serait fort dommage.
Tu as su mettre dans ce récit des sentiments puissants, certes parfois, contradictoires mais c'est ce qui en fait toute la force. J'ai été ballotée, remuée, étouffée par cette noirceur qui a semblé vouloir m'avaler goulument. J'ai été plus forte et en suis ressortie...Pas indemne, je dois le reconnaître.
J'ai presque rêvé de ce lieu, au milieu des beautés de la nature, qui enferme pourtant les pires horreurs et je ne peux qu'inviter ceux qui me liraient en dehors de toi, à y séjourner sans tarder.
Je te remercie du fond du coeur, Armelle, pour cette fabuleuse aventure et espère te revoir très bientôt pour pouvoir en parler avec toi de vive voix.
Amicalement
Valérie
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Ca faisait bien longtemps que je n'avais pas été perturbée de la sorte par une lecture … ça fait deux nuits que je rêve de ce Val de Sinestra ! Comment fait donc Armelle Carbonnel, avec son sourire d'ange, pour imaginer de telles horreurs ? du grand art ! J'avais commencé l'année avec Avalanche Hôtel de Niko Tackian où le bâtiment était lui aussi un personnage à part entière … deux lieux anxiogènes suisses du même acabit, néanmoins les monstres des Grisons sont encore plus inquiétants et là s'arrête la comparaison.
Certes le martyre d'enfants pendant la seconde guerre mondiale a déjà été traité maintes fois, ici les lecteurs le vivent de l'intérieur …à noter que le bâtiment est de temps à autre le narrateur. L'antisémitisme n'y est pas le mobile des exactions. On y trouve des personnages parfois caricaturaux, les odieux parfois bienveillants, les mères possessives et exclusives, des enfants pas souvent innocents, chaque catégorie n'étant pas « étanche » aux caractères dominants des autres. Ces 390 pages font de Sinestra un thriller d'horreur bien noir avec son lot de rebondissements inattendus et de manipulations malveillantes à lire assurément en prenant le temps de l'imprégnation de l'ambiance gore et glauque à la fois. L'auteure a usé du rythme et de l'alternance des situations pour donner aux lecteurs les temps de pause nécessaire pour supporter la tension.
Deuxième roman que je lis d'Armelle et la même angoisse, la pudeur en plus. Très bon moment de lecture que je recommande !

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J'attendais ce livre avec énormément d'impatience. Les précédents avaient été des coups de coeur ce qui fait que pour celui ci, la barre était haute.

Avant de parler de l'histoire et des personnages, j'ai envie du point fort d'Armelle : l'écriture.
Elle a une écriture précise et concise. Il ne lui faut pas milles mots pour vous décrire un lieu, un personnage, une ambiance. Avec peu et avec des mots de qualités, elle vous dresse un tableau qui peut vous faire plaisir ou vous glacer le sang. Elle n'a pas non plus besoin de tout dire clairement. Les non dit ou les débuts d'indices suffisent pour que l'on comprenne.
Le style d'Armelle c'est ce qui fait sa force et la démarque de beaucoup d'autres auteurs. C'est avec ça qu'elle vous embarque dans son histoire. Je dirais même que peu importe ce qu'elle vous raconte tant qu'elle le raconte avec cette façon d'écrire.
Son écriture est presque poétique et servie avec un vocabulaire riche.

L'histoire se passe dans un lieu qui existe : Val Sinestra. Dans les précédents romans, Armelle a aussi choisi des lieux qui existent et qui ont une histoire dont elle se sert en partie pour raconter la sienne. C'est une chose que j'apprécie énormément car on peut encore mieux s'immerger dans le récit.
Mais Val Sinestra n'est pas juste un lieu dans le récit, c'est aussi un personnage ! Voilà un point très original qui a été écrit à merveille. Ce lieu chargé d'histoires, comme on le comprend assez vite, a une vie propre et donc des sentiments.

Du côté des personnages, Ana est celle qui m'a le plus marquée. Elle est très attachante dès le départ. Au fur et à mesure du livre elle passe de naïve à combative.
Pour Valère, il est étrange au début. Je ne savais pas quoi pense de lui au début. Son instinct protecteur envers Ana est très touchant.
Les autres personnages nous cachent des choses, il y a des non dits. On les découvre sous leurs vrais jours selon les situations et quand les vérités éclatent. La fin du livre réserve beaucoup de surprise.
Armelle maîtrise à la perfection la psychologie des personnages. Ils sont tous très fouillés et précis. Elle nous les rend à la fois attachants mais aussi terrifiants parfois.

Toute cette histoire est effrayante. J'ai du faire des pauses après certains chapitres. Les violences sur enfants mêmes non dites sont difficiles. Mais la lecture de ce livre est très fluide. Les chapitres sont courts et bien construits.
L'alternance des personnage est un plus car ainsi on ne s'ennuie pas, le lecteur reste captivé et à envie de continuer.
Le dénouement avant l'épilogue est salvateur ! Il ne pouvait pas en être autrement et ça fait du bien. Au final seul le lecteur sait mais justice est faite !

Ce livre est donc un gros coup de coeur. Il n'y a pas un seul défaut dans ce livre. Armelle nous montre qu'elle est une très grande auteure. Elle ne cesse de me surprendre mais ne me déçois jamais.

La "nécromancière" est bien installée dans le milieu du noir et va régner encore très longtemps !
Lien : https://leslecturesdamandine..
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391 pages dé.vo.rées ! je me suis laissée enfermer dans VAL SINESTRA comme et avec les autres. J'ai joué avec Valère, Colette, jean....., j'ai fermé les yeux avec Ana, j'ai pleuré avec Klara, j'ai souffert avec les mères...
Un huis clos détonnant qui ne nous épargne pas, qui ne vous épargnera pas non plus.
La plume d'Armelle est sans concession, elle nous manipule comme elle veut, une vraie psychopathe.
C'est doux, c'est de la folie, c'est de l'horreur, c'est terrifiant, c'est oppressant , je suis passée par énormément de sentiments.
Bravo et merci Armelle pour cet excellent moment de lecture, un coup de coeur pour moi.
Ha oui un dernier truc, le Val Sinestra existe vraiment...jugez par vous même ! c'est beau hein ? mouais !!!!!
Lien : https://psychopathesdupolar...
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Evidemment quand j'ai appris que le dernier Armelle Carbonel était sorti, j'ai foncé en librairie et j'ai tout laissé tomber pour le lire ! J'avais tellement aimé Criminal Loft et Majectic Murder que la question ne se posait même pas !

Celle qu'on surnomme « La Nécromancière » frappe fort une troisième fois ! J'ai retrouvé tout ce que j'avais aimé dans les deux premiers romans : un lieu réel et effrayant qui prend le rôle d'un personnage à part entière, un huis-clos étouffant et angoissant, des personnages sculptés à la serpe et un style du tonnerre !

L'action se déroule en Suisse en 1942, en pleine Seconde Guerre Mondiale. Pour autant, c'est un roman qui se distingue des autres sur le sujet. le récit n'aborde pas le sujets du nazisme ou des camps et se concentre sur un groupe de personnes fuyant la guerre qui se réfugie dans le Val Sinestra. Tous sont atteints d'une maladie physique mais surtout psychique et vont pouvoir être soignés par le médecin qui se trouve sur place.

La Val Sinestra, perdu dans la montagne au coeur du canton des Grisons est un ancien sanatorium devenu aujourd'hui un hôtel. Il m'a beaucoup fait penser à l'Overlook du Shining de Stephen King tout en ayant sa propre personnification. La présence du Val Sinestra augmente l'ambiance d'enfermement et d'angoisse de la lecture.

Côté personnages, tous ont une part sombre. Les enfants comme les adultes. Les « gentils » comme les « méchants ». Ce troisième roman est une oeuvre magistrale qui restera longtemps dans ma mémoire !
Lien : https://www.loeildeluciole.c..
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Dans les vapeurs de brume, au coeur de la Suisse surgit le Val Sinestra. Un château, menaçant, encerclé de montagnes dont il semble impossible de s'échapper. Vingt-neuf août 1942, un chargement humain pénètre dans « l'oeil du cyclone », des femmes, des enfants, un homme, « une cargaison humaine » livrée à travers les Grisons, jetés là pour fuir la guerre mais empreints de l'espoir fou d'être guéris de leurs tares ou de leurs maladies, par un mystérieux médecin qui semble faire des miracles. C'est au milieu de cette forêt, en pleine nature, que la forteresse orchestre ses plus viles intentions, dans ses sombres boyaux qui ne comportent que de mystérieux tableaux qui laissent perplexes, ou terrorisés. C'est bien Val Sinestra le personnage principal de ce roman. C'est bien lui qui nous raconte la vie de ses pensionnaires et les projets inavouables qu'il abrite, et quand il prend la parole, à l'occasion de quelques chapitres, c'est son ombre terrible qui plane sur la providence de ses locataires. Les pensionnaires entrés de leur plein gré y sont captifs, prisonniers des murs, mais aussi de deux hommes qui y oeuvrent : Signur Guillon et Il docter. Je vous laisse faire connaissance avec Ana, Colette, Arthur, Valère et les autres. Découvrir leurs mères, les hommes en minorité numéraire et pourtant tout puissants. Vous verrez, l'attachement des personnages est immédiat.

Et pourtant… Pas de philanthropie chez Armelle Carbonel. Enfance n'est pas synonyme d'innocence. Je crois que c'est ce que j'ai le plus aimé dans sa façon de gérer ses personnages : sa manière très lucide de parler de l'enfance. de placer l'enfance dans un climat de guerre, donc difficile, et d'exploiter cette situation particulière en brossant des êtres humains en accentuant leur inhumanité, et non par leur innocence. D'affirmer qu'à cause de leurs tares, réelles ou non, de leurs maladies qu'ils sont venus soigner, du climat de guerre, ils ne sont pas exemptés de toute noirceur. L'heure n'est pas à la tendresse et à l'amour. L'heure est à la survie. Et en situation de survie, les actes n'ont ni âge, ni sexe, ni milieu social. Tout est traité justement : l'influence des paroles assénées à l'enfant qui naît, le mensonge qui devient partie prenante d'une forme de réalité, l'homosexualité honnie, la haine de l'autre transmise, la responsabilité pointée du doigt d'un peuple tout entier sur les raisons d'une guerre meurtrière. La dureté de la vie et de la situation temporelle change la nature profonde de ces êtres et la démonstration littéraire qui en est faite, est sublime.

Au milieu de ce champ de ruine où la bassesse humaine résonne entre les murs de « Mal Sinestra », l'écriture profondément poétique de l'auteur donne au récit une lueur d'humanité. le choix des mots, des figures de style, des images qu'Armelle Carbonel emploie pour décrire les situations et les sentiments sont de toute beauté, tellement magistrales que je ne les ai parfois pas comprises, m'obligeant à faire machine arrière dans le livre. Parallèlement, elle nous assène, forte d'une écriture ciselée, puissante, toute l'horreur de la vie qui se déroule sous le toit de cette demeure mortifère. Elle nous emporte dans un huit clos insoutenable où l'humanité n'a plus rien que le nom, où les hommes brillent par leur cruauté et leurs idées nauséabondes.

Malgré cette forme de clairvoyance dans l'inhumanité qui n'a ni âge, ni genre, Armelle Carbonel parvient à dégager de son livre une profonde compassion. Nonobstant les actes de certains de ses personnages, j'entends enfants et mères, il est impossible de les détester, impossible de ne pas ressentir cette incroyable urgence de vie qui justifie tout. En cela, je trouve ce roman d'une intensité puissante car le lecteur ressent des émotions totalement contradictoires au fil des différentes voix qui s'enchaînent au gré des chapitres. Il pose la question de ce que nous sommes tous prêts à accomplir quand la situation, dramatique, terrifiante, l'exige.

Ce roman ne peut laisser indifférent sur le fond. Quant à la forme, elle est simplement sublime. Armelle Carbonel acquiert ici ses lettres de noblesse et assied magistralement son surnom de « nécromancière ».

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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« Sinestra » de Armelle Carbonel est désormais disponible en format de poche. J'avais conservé le format original dans une de mes PAL et avais privilégié la lecture de « l'empereur blanc »à sa sortie. le temps a passé très vite, elle vient de publier Enigma.
Une autre histoire d'un groupe de personnages enfermés dans un lieu. Mais avec cette Louve du Polar le lieu est aussi un personnage, et avec Sinestra, c'est une vaste demeure (Val Sinestra), qui recueille les enfants perdus, orphelins pendant la seconde guerre mondiale. Ils sont parfois accompagnés de leur mère. On se dit que cela commence plutôt bien. Les enfants sont traumatisés, souffrent de handicaps, ils font une pause dans ces murs qui les mettent à distance des violences de la guerre ; ils vont pouvoir être soignés et se reconstruire.
Mais Val Sinestra est peut-être un ogre monstrueux, et il a des valets dont un est médecin. Tout peut-il aller si bien ?
Les chapitres se suivent, chacun au nom d'un enfant (Arthur, Ana, Valère, Colette) ou des autres personnages, et on progresse gentiment dans la tension dramatique. On évolue de la griffure à une succession de claques. le style est plus que tranchant. L'auteure a nettoyé chacune des phrases de toute fioriture, on est à l'os. C'est brut, sec, sans ménagement et sans aucun sentimentalisme. le drame se noue sans qu'on ait le temps de réaliser qu'on est déjà en apnée. On plonge avec une gueuse de ressorts toujours plus tordus dans les profondeurs de l'ignoble. Tous les personnages sont abîmés, on se demande si seulement un seul mérite d'être sauvé. La compétition est rude ! On voudrait que la souffrance cesse mais on est obligé d'aller jusqu'au bout. L'abandon n'est pas une option.
Du très grand art dans le thriller.
Les âmes trop sensibles sont prévenues, pister la sortie avant de vous engager dans cette lecture sera inutile, revenir sur vos pas ne sera pas envisageable, vous serez happés, dévorés par un suspens incroyable.
Sinestra est un uppercut magistral.

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Quitter un enfer connu pour aller vers un paradis hypothétique ?

Val Sinestra, refuge perdu dans les montagnes. Sensé être un havre de paix pour des êtres meurtris par la Seconde guerre mondiale, le lieu se révélera être la continuation de leur cauchemar...

Quelle lecture ! Une véritable plongée en enfer terriblement bien menée. Ces êtres qui n'ont plus rien, si ce n'est leurs espoirs, arrivent au Val Sinestra dans l'espoir d'un répit pendant cette terrible guerre. Malheureusement pour eux, le diable les a suivi. J'ai trouvé ce huis-clos terriblement bien mené. Ici pas de rythme effréné, non. Tout se passe lentement pour bien faire monter l'angoisse, l'horreur de manière insidieuse. L'ambiance est lourde, tellement lourde que j'ai eu l'impression de parfois être en apnée totale. La fin reste fidèle à la noirceur du roman. Pas de happy end sorti de nulle part.

Les personnages ne sont pas manichéens et quel plaisir ! Chaque personnage a sa part d'ombre plus ou moins terrible, même les enfants ! La psychologie des personnages est vraiment poussée. On comprend rapidement que leurs pathologies est le fait d'événements antérieurs. Même le vieux château est un personnage à part entière. Il nous narre les événements et on comprend mieux pourquoi le mal l'habite. J'ai pris un grand plaisir à suivre chaque personnage, à les aimer ou à les haïr du plus profond de mon être.

Gros coup de coeur pour le style de l'auteur. Une plume délicate, magnifique dans ses descriptions même dans l'horreur de certaines situations. Les lieux sont tellement bien décrits qu'il était aisé d'évoluer à l'intérieur en même temps que les personnages. Les émotions procurées par les événements et les descriptions des lieux et des horreurs étaient puissantes, décuplées tant le tout semblait palpable. La colère, la tristesse, le dégoût étaient ressentis si forts ! Quel talent !

J'ai déjà terriblement hâte de lire d'autres romans de cette auteure pour retrouver sa plume si bien travaillée et je ne peux que vous inviter à découvrir Sinestra si vous aimez les huis-clos bien sombres !
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