AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de karmax211


- L'homme traqué - est un roman qui mérite lecture pour l'habileté de l'auteur à nous offrir un décor à la fois réaliste et poétique du Paname du début des années 20, et plus spécifiquement le Paname du quartier des Halles avec son populo, ses corps de métier, ses filles, ses bistros, ses bordels, ses hôtels borgnes, ses halles naturellement, ses flics, sa vie nocturne et diurne, son langage.
Le talent de Francis Carco à la plume inspirée, même si elle peut paraître "datée", est de réussir à faire vivre ce petit peuple d'il y a un siècle, comme on verrait un film de l'époque ; noir et blanc, certes... mais d'une réelle authenticité.
Le second point qui mérite lecture est "l'analyse" psychologique qu'il fait de ses personnages.
Les personnages ne sont pas nombreux.
Il y a Lampieur, ouvrier boulanger qui fait son pain la nuit.
Il y a Léontine, jeune prostituée qui tâche de faire le sien à peu près aux mêmes heures que Lampieur.
Il y a les figurants que sont les " consoeurs " de Léontine, Fouasse le patron du bistro où Lampieur a ses habitudes... et le quartier des Halles.

L'intrigue n'est pas d'une extrême originalité.
Lampieur a tué une vieille femme dans sa loge pour lui voler l'argent du terme.
Crime parfait ?
Non, car Léontine et ses petites camarades ont l'habitude de se ravitailler en pain auprès de Lampieur.
Pour ce faire, elles font descendre dans le soupirail du boulanger une ficelle à laquelle est accrochée une piécette.
Lampieur en échange accroche le panneton à la ficelle que les filles remontent.
Or cette nuit-là, durant l'absence de Lampieur, une ficelle est restée suspendue... sa propriétaire a donc constaté l'absence de l'ouvrier et fait le rapprochement avec le crime... qui a eu lieu tout près de la boulangerie dans laquelle travaille Lampieur.
À qui est la ficelle ?
Qui est la fille qui sait ?
Le criminel n'a aucun remords.
Pourtant cette ficelle et le témoin inconnu vont réveiller une conscience jusque-là indifférente.
D'autant qu'au bar de Fouasse, le tenancier, face à Lampieur accoudé au comptoir, a eu ces mots pour commenter le crime et les chances que la police l'identifie : « Et si jamais on met la patte dessus ( l'assassin ), cherchez pas, ce sera cause à la femme, comme toujours. »
Tourmenté, et avec l'aide de Léontine, Lampieur va vite s'apercevoir que la jeune prostituée et la ficelle ne font qu'une...
Entre ces deux paumés va se nouer une relation amour-haine qui va être le coeur du roman.
Car il n'y a pas d'autre suspens dans ce roman que de savoir jusqu'où pourra aller ce couple improbable dans un crime dont on connaît tout ou presque... très tôt dans sa lecture.

À un degré qu'il faut nuancer, il y a chez Carco et dans son roman un peu de - Nana - de Zola, et un brin du Dostoïevski de - Crime et châtiment -.
Bien sûr Lampieur n'est pas Raskolnikov... comme Léontine n'est pas Sonia Semionovna... mais il y a de possibles similitudes qui font penser... enfin, à chaque lecteur ses associations et ses références.

Un livre que j'ai lu avec plaisir.
Un roman qui a reçu à sa sortie le grand prix de l'Académie française...
Pour les amateurs du genre et de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          341



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}