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Critique de Pois0n


C'est en lisant une critique... négative ici même que j'ai découvert Enchantement. D'emblée, j'ai su que cette histoire allait me plaire, à moi, puisque la romance ayant lourdé Tatooa est tout sauf un frein en ce qui me concerne.

Et la lecture a plutôt bien démarré. Dès le début, Enchantement possède un charme fou, une ambiance onirique qui jamais ne s'estompe, et ce, de l'introduction durant l'enfance d'Ivan en pleine guerre froide, d'abord en ville, puis dans la cambrousse ukrainienne (dont les descriptions donnent juste envie de sauter dans l'avion) ; à la toute fin du récit. Et entretemps, il s'en passe, des trucs...
Presque six-cent pages, ça peut paraître impressionnant, surtout pour un conte de fées moderne, mais en fin de compte, il y a assez peu de longueurs.
Le pavé peut être découpé en deux grosses parties et si les ressorts scénaristiques de celles-ci peuvent au premier abord faire craindre la redondance (), l'auteur a eu la malice de ne pas se focaliser sur les mêmes problèmes. On évite donc la redite. La narration alterne les points de vue entre les différents protagonistes, permettant ainsi d'avoir une appréciation globale de la situation. de comprendre pourquoi untel agit comme il le fait, ce qu'il se passe ailleurs, ou encore pourquoi Ivan et Katerina peuvent se montrer aussi idiots. Ici, contrairement à Tatooa, je n'ai pas eu l'impression de répétition, vu que l'alternance porte sur les ressentis et non sur les évènements en eux-mêmes, qui ne sont donc bien traités qu'une fois. le tout s'enchaîne de façon assez fluide tout en progressant dans le temps, ce qui fait que ces réflexions abondantes ne sont jamais du temps perdu.

… Ou presque. Parce qu'il faut avouer que par moments, on s'éloigne un peu de l'histoire en elle-même pour s'enfoncer dans d'interminables réflexions sur la religion. Et vas-y que je te parle de judaïsme, de christianisme, de féminisme juif, et patati et patata. Alors certes, la religion est totalement intégrée au récit, de sorte que ça ne paraisse pas complètement hors-sujet, et on ne tombe heureusement jamais dans le prosélytisme. D'ailleurs, que les personnages principaux soient de confessions différentes est plutôt une bonne idée. Reste que ces digressions partent parfois très très loin, là où l'on préférerait savoir où ça en est avec Baba Yaga au lieu d'avoir un cours de théologie accéléré. A côté de ça, ça parle aussi beaucoup de langues anciennes et le sujet est nettement mieux traité, moins lourd, parfaitement fondu dans l'histoire. On sent la barrière de la langue à tous les moments et ce, sans être noyés sous les termes obscurs. Bref, c'est vraiment bien fait.
L'autre point négatif, c'est... la romance. Mais là encore, pas pour les mêmes raisons que Tatooa. de mon côté, j'ai juste trouvé cette romance bâclée, mal foutue, pas crédible pour un rond en somme. Certes, Orson Scott Card a pris soin de montrer le développement des sentiments d'Ivan et Katerina... mais seulement au début. Après, c'est un peu le bordel, la politique s'en mêle, et puis ça va être la guerre, (), quelques révélations et la préparation de l'offensive, et pouf ! les voilà amoureux, hein que quoi quand comment, aurais-je loupé un épisode ? Bref, c'est dommage.

Heureusement, réduire Enchantement à son aspect romance serait une grave erreur, car ici, il n'est qu'un moyen de servir le récit et non une fin. On a bel et bien affaire à un conte, avec ce qu'il faut de magie et de dépaysement, les épreuves à surmonter, la princesse en détresse, la méchante sorcière et les personnages attachants (entre Ours et surtout Sergeï (). En tant que telle, cette histoire est une pure réussite, envoûtante du début à la fin et follement maîtrisée. Sans parler des petites pointes d'humour ici et là, la plupart du temps efficaces.

Quel dommage donc que la narration soit plombée par les considérations religieuses beaucoup trop terre-à-terre et ternie par la maladresse de l'histoire d'amour !
Au final, Enchantement est donc un moment de lecture très agréable bien qu'un poil lourdingue par moments, mais porteur d'une atmosphère propre ; l'un de ces livres qui transportent et font rêver. Exactement ce que je venais y chercher.
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