AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707172969
448 pages
La Découverte (23/08/2012)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Tueuses, ogresses, sorcières, pédophiles, hystériques, criminelles, délinquantes, furies, terroristes, kamikazes, cheffes de gang, lécheuses de guillotine, soldates, policières, diablesses, révolutionnaires, harpies, émeutières, pétroleuses, viragos, guerrières, Amazones, boxeuses, génocidaires, maricides… Qu’y a-t-il de commun entre toutes ces figures ? Pour le comprendre, il importe d’exhumer, de dénaturaliser, d’historiciser et de politiser la violence des femmes... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Penser la violence des femmesVoir plus

critiques presse (2)
LaViedesIdees
15 octobre 2013
Le véritable point fort de cet ouvrage est de ne pas se limiter à une collection de travaux divers concernant des espaces et des époques différentes, à partir de perspectives sociologiques, historiques, anthropologiques ou littéraires, mais de les inclure dans un cadre théorique solide et original, créant de fait un objet de recherches inédit.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Liberation
26 novembre 2012
A partir de sources ignorées, les auteurs découvrent les femmes violentes, en des gestes historicisables, et le processus d’occultation qui les a invisibilisées.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lorsque les femmes "révolutionnaires" interviennent dans les "journées" révolutionnaires, elles concurrencent les hommes dans la course à la reconnaissance politique. Les rivalités sont aggravée par les écarts sociaux. Les femmes "révolutionnaires" militantes possèdent, pour une grande partie d'entre elles, un maniement du langage, des relations et des moyens qui incitent les militants sans-culottes à la classer comme des représentantes de groupes suspects. Dans les armées contre-révolutionnaires, le statut des femmes n'est pas considéré de la même façon. la hiérarchie nobiliaire ou notabiliaire n'est pas un obstacle, bien au contraire, à la cohésion des troupes et, dans l'univers contre-révolutionnaire, le rang continue de compter plus que le genre. Être commandé par une femme noble n'entraîne pas les mêmes échos dans le camp contre-révolutionnaire.

Ce jeu compliqué entre inégalités sociales et égalité politique explique pourquoi la Révolution peut apparaître comme régressive par rapport à la situation faite aux femmes sous l'Ancien Régime. La société de la monarchie accordait une certaine autonomie à des groupes précis de femmes, les nobles, les religieuses, les veuves, voire les marchandes et les négociantes. Dans les diverses assemblées, elles possédaient la qualité de chef de famille, qu'elles déléguaient éventuellement à un fils ou un époux, mais qu'elles exerçaient le cas échéant de plein droit. En réaction contre ce système, la Révolution française marque son hostilité aux habitudes d'Ancien Régime fondées sur des statuts fonctionnels et entend instaurer des statuts politiques détachés de toute attache communautaire. Les femmes ne sont pas alors vraiment exclues de la société politique, elle sont surtout "non incluses", réservant ainsi aux hommes français une prééminence qu'ils conserveront plus de cent cinquante ans. Contrairement à ce qui est régulièrement affirmé, la Révolution française institue, en effet, le primat de la famille plus que de l'individu dans la société nouvelle et institue l'homme comme seul représentant de la famille. la femme est crainte dès lors qu'elle peut s'affranchir de cette soumission, que ce soit par l'affirmation de son caractère, de sa force ou de sa séduction. Sur ce point, la peur des hommes est générale.

En fait, une bonne part de l'activité combattant s'effectue en famille, ce qui explique aussi la présence des enfants. Le phénomène est assez classique et on le trouve par les "citoyens-combattants" de 1848. Au sein des milieux populaires, qui fournissent alors la majorité des protagonistes, les hommes vont certes au combat comme défenseurs de l'idée républicaine, mais aussi en tant que pères de famille, la définition de la citoyenneté étant indissociable de la cellule familiale. Les femmes interviennent comme membres de ce groupe essentiel à la vie urbaine du 19e siècle : elles ne sont donc pas "en plus" des hommes sur les lieux du combat, mais elles sont bien là comme part intégrante de la cellule familiale qui monte au combat pour défendre sa barricade, son idée de la Commune, son honneur patriotique ou encore son bout de quartier. Ces femmes ne sont pas forcément militantes, même si elles sont sincèrement impliquées dans leur volonté de défense. La notion de "cellule familiale", selon un phénomène bien étudié de la Révolution française, peut d'ailleurs fonctionner au-delà de la stricte relation familiale. Identifiant une idée domestique de la nation, elle peut aussi rendre compte de la présence de femmes aux côtés des bataillons, alors même qu'elles n'y ont ni mari ni frères. Dans cette perspective, le choc moral éprouvé par les Versaillais devant la présence des femmes sur les lieux du combat (il est du moins présenté comme tel) est aussi un choc social et culturel face à des définition du groupe et de l'individu qui ne sont pas les leurs.
Commenter  J’apprécie          10
Dans le passage de la sphère familiale à la sphère conjugale, s'opère la seconde étape de l'apprentissage de la soumission. Le pouvoir prend une autre forme. Le corps qui, parce qu'il fait peser un risque sur l'ordre social et familial, fait peur, devient un corps à discipliner et finalement un corps qui a peur. "Là-bas, explique Wassila, les familles ont peur que les filles les déshonorent, parce que, chez nous, la virginité, c'est quelque chose qui fait peur." Aussi les moindres sorties, dans l'adolescence, sont-elles minutieusement surveillées. Et certaines de croire que céder à une énième proposition de mariage leur permettra d'échapper à ce contrôle familial. Yamina est mariée une première fois, à vingt-deux ans. Elle a cédé, avec une stratégie en tête : divorcer rapidement, et ne pas avoir à retourner chez ses parents. Elle pourrait alors vivre sa vie. Mais elle se leurre ; elle comprend rapidement qu'il est impossible pour une "mariée-divorcée" de trouver un logement. Après quelques mois de "liberté", elle est de nouveau mariée. Première nuit, "premier viol". Ce sera le dernier, puisqu'elle refusera ensuite tout rapport sexuel. C'est ce qui, selon elle, explique les premiers coups. Dans le face-à-face conjugal, ce n'est plus en tant que femme-en-devenir, mais en tant qu'épouse et mère qu'on est rappelée à l'ordre.
Commenter  J’apprécie          20
La psychologisation routinière des dossiers de femmes jouerait un rôle fort important dans le traitement différentiel dans la justice criminelle. Dans les causes impliquant des femmes, 20% des dossiers présentent une section sur des questions d'ordre psychologique, alors que pour les hommes, cela n'arrive que dans 10% des dossiers. Qui plus est, les dossiers des femmes comprennent des observations sur leur état mental, leur mentalité et leurs états d'âme alors que dans les dossiers d'hommes accusés, on est très bref et on a plutôt recours à un langage froid et décousu. Si les observations relatives aux femmes accusées peuvent permettre de nier le lien entre leur volonté et leurs actions, les propos relatifs aux hommes accusés n'offrent pas cette option. Ce faisant, ce procédé dépouille les femmes de leur statut de sujets capables d'action, responsables de leur vie et les redirige vers des contrôles informels familiaux, médicaux. Qui plus est, en associant étroitement les femmes à la maison et à la famille, en tant que mères et épouses, on a peu tendance à les considérer comme dangereuses. Les attributs féminins et la maison comme contexte de vie font obstacle à l'observation de la violence chez les femmes.
Commenter  J’apprécie          10

Video de Coline Cardi (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Coline Cardi
Conférence de Coline Cardi et Geneviève Pruvost: Penser la violence des femmes (12 janvier 2013) par IEC-MNHN
autres livres classés : GuérillasVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs (43) Voir plus



Quiz Voir plus

Philosophes au cinéma

Ce film réalisé par Derek Jarman en 1993 retrace la vie d'un philosophe autrichien né à Vienne en 1889 et mort à Cambridge en 1951. Quel est son nom?

Ludwig Wittgenstein
Stephen Zweig
Martin Heidegger

8 questions
156 lecteurs ont répondu
Thèmes : philosophie , philosophes , sociologie , culture générale , cinema , adapté au cinéma , adaptation , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}