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Critique de Lorelay


Simone est en vacances avec son homme. Jean, au bord de la mer, en Irlande. Elle sent le besoin de faire le point sur leur vie conjugale, après plus de 20 ans de mariage. Ça passe ou ça casse : c'est son état d'esprit. le lendemain de leur arrivée, un inattendu va fairetout basculer. En marchant sur le rivage, l'époux découvre le cadavre d'une femme. Ce cadavre va s'immiscer entre eux, dans leur couple, il va devenir omniprésent. Qui était cette femme? Pourquoiest-elle morte? S'est-elle suicidée? Quelle a été sa vie? Simone et Jean lui inventent une histoire. Mais à travers cette histoire, sur laquelle leur ponit vue diffère, c'est la leur qui se joue. C'est leur vie à eux, comme couple, qui en prend un coup. Simone, surtout, s'interroge. Elle ressasse leur passé. Leur première rencontre, leur mariage. Elle revit son premier accouchement. Sa vie au jour le jour avec ses petits. Ses frustrations tues, balayées sous le tapis, au fil des années. Elle le revoit, lui, son homme artiste. Et multipliant les aventures, s'absentant pour aller rejoindre ses maîtresses. Elle rage, encore aujourd'hui. C'est l'histoire d'une femme d'une autre époque. Celle, pas si lointaine, du siècle précédent. Celle d'une femme née avant le féménisme des années 1970. Mais il y a dans les questions que se pose Simone, quelque chose d'intemporel, d'universel. C'est raconté avec une force d'évocation extraordinaire par Marie Cardinal. Dans Une vie pour deux. Dont on a pu voir, le printemps dernier à Montréal, une adaptation théâtrale signée Evelyne de la Chenelièreet mise en scène par Alice Ronfard, fille de Marie Cardinal et de l'homme de théâtre Jean-Pierre Ronfard. le livre est paru en 1978. Il vient d'être réédité en format poche (bibliothèque Québécoise), plus de 10 ans après la mort de l'écrivaine, dont le nomde reste associé au roman autobiographique Les mots pour le dire, devenu un classique du féminisme. L'ombre de l'auteur plane dans Une vie pour deux. de même que celle de son mari, Jean-Pierre Ronfard, mort deux ans après elle. Les éléments autobiographiques sont légion. Mais l'intérêtvéritable du roman est ailleurs. Dans la façon qu'a Marie Cardinal de fouiller l'intimité du couple. Sans ignorer les contradictions, les fossés, les projections, les enigmes, les trahisons, les crises. Sans nier la part de mauvaise foi, de violence, parfois. Sans oublier l'attachement. Et le désir, malgré tout.

- Danielle Laurin
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