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EAN : 9782234074019
320 pages
Stock (22/01/2014)
3.56/5   18 notes
Résumé :
Adolescent, Rui vit en Angola avec ses parents et sa sœur. En 1975, la guerre civile fait rage et, comme tous les Blancs, ils doivent partir pour la métropole. Mais, soupçonné par l’armée de libération d’être le « boucher de Grafanil », le père de Rui est arrêté devant ses yeux et emprisonné. À Lisbonne, la famille incomplète est accueillie dans un hôtel cinq-étoiles, rempli de rapatriés comme eux. Rui va y découvrir l’automne, les filles, la honte et la peur de dev... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
“Je suis en deuil, aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, à partir d'aujourd'hui je suis un déraciné, on vit en étant convaincu qu'une terre ne meurt pas, on vit en étant convaincu que la terre où l'on a enseveli nos morts sera la nôtre pour toujours et que la terre qui a vu naître nos enfants ne leur manquera pas, on vit avec cette conviction parce qu'il ne nous viendrait pas à l'idée que cette terre puisse mourir, mais aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, aujourd'hui mes morts sont morts et mes enfants ont perdu la terre où je les ai fait naître, mes enfants tout aussi déracinés que moi.”

Dernière journée, dernières heures en Angola avant le retour au Portugal. Car depuis quelques jours l'Angola, en guerre pour son indépendance, est à feu et à sang et il n'y a plus d'autre choix pour les colons que de regagner en hâte la métropole avant qu'il ne soit trop tard. Nous sommes en 1975. Un an plus tôt, la Révolution des Oeillets a libéré le Portugal de quarante ans de dictature. Mais la toute jeune démocratie portugaise a aussitôt mis en oeuvre une politique de décolonisation : pour les familles qui se sont expatriées en Angola pour fuir la misère quelques décennies auparavant, c'est l'heure du grand retour.

La famille de Rui, déboussolée et amère, est parmi les dernières à s'en aller. Tous doivent partir à l'aéroport, Rui, sa mère Gloria, sa soeur Lurdes, tous sauf le père, Mario, qui doit les rejoindre un peu plus tard… mais qui ne les rejoindra pas, accusé par les Angolais d'être un criminel de guerre, accusé, arrêté et emprisonné sous les yeux des siens qui devront prendre l'avion sans lui. Pour cette famille déracinée et soudain privée de père, pour Rui, le narrateur, un adolescent brutalement promu chef de famille, commence alors un long exil au Portugal : cette patrie d'origine oubliée par la mère, que ni lui ni sa soeur n'ont jamais connue, et qui ne fait pas bon accueil à ceux qui, comme eux, reviennent et ne sont plus dès lors que des citoyens de seconde zone, démunis, sans attaches et privés de repères.

Le retour”, de l'écrivain portugais Dulce Maria Cardoso, est un roman historique qui met en lumière le drame personnel et collectif des “pieds noirs” portugais qui - tout comme, en France, les rapatriés d'Algérie - ont eu le plus grand mal à reconstruire leur vie dans un pays qui n'est plus le leur et qui le leur fait sentir. Roman historique, roman de l'exil et du déracinement, “Le retour” est également un roman d'apprentissage et d'initiation - à la vie, à la perte, à la solitude, mais aussi au courage et à l‘amour - pour un adolescent que le destin a revêtu d'un costume trop grand pour lui et qui devra pourtant apprendre, malgré tout, malgré la peur, l'incertitude et la nostalgie, à faire face et à survivre.

J'ai beaucoup aimé ce roman, tout à la fois sensible et puissant, ces personnages profondément émouvants dans leur désarroi et leur courage et pour lesquels l'auteur à une évidente tendresse ; j'ai beaucoup aimé cette exploration, de bout en bout passionnante, de l'histoire encore récente de la décolonisation du Portugal ; et j'ai beaucoup aimé, enfin, cette écriture particulière, en apparence (mais en apparence seulement) déconstruite, ce long monologue intérieur, un peu décousu, du narrateur qui nous restitue au plus juste, dans l'instant, ses émotions et ses pensées les plus intimes.

Une belle lecture et, pour moi, une belle découverte d'un auteur que je n'avais encore jamais lu.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
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Dernier coup de coeur en date !

Rui, jeune adolescent d'origine portugaise mais ayant toujours vécu en Angola est à la veille de l'indépendance de son pays contraint avec sa famille de s'exiler en métropole, donc au Portugal. Nous sommes en 1975 et l'Angola est à feu et à sang, de violents affrontements surviennent, les noirs s'en prennent aux blancs et c'est ainsi que son père est arrêté manu militari devant ses yeux car considéré comme étant le "boucher de Grafanil". Rui prend donc la tête de la famille. Avec sa soeur et sa mère ils embarquent à bord du premier vol vers Lisbonne où ils séjourneront de longs mois dans un hôtel 5 étoiles avec d'autres rapatriés.

Rui est un jeune garçon très mâture qui découvre les joies mais aussi les affres de l'adolescence, ballotté entre deux pays. Son personnage est très attachant car il est le narrateur unique et principal de ce roman. Il se bat pour mener la barque familiale étant l'aîné et ayant une mère absente et dans son monde.
L'écriture à la première personne, presque parlée est très intéressante puis apporte à mon sens une vrai identité et singularité à l'auteure et à cette oeuvre.

Très belle lecture exotique sur un pan méconnu de l'histoire !
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Babelio devrait créer un nouveau statut : "Tentative de lecture" ! :-)
"Le retour" raconte l'histoire de ceux que nous appelons en portugais "os retornados", l'histoire d'hommes et femmes ayant quitté leur terre natale, pour rejoindre l'Angola, à la recherche d'une vie meilleure. Les guerres et révolutions éclatent et les voilà de nouveau de retour au Portugal. Malheureusement, le style d'écriture m'a fortement déplu : peu de ponctuation, des phrases trop longues, des dialogues fondus dans le texte, des étrangetés dans la construction, dans les négations... J'ai donc abandonné cette lecture, malgré l'intérêt de cette histoire qui me touchait particulièrement car certains membres éloignés de ma famille ont vécu cet exil. Dommage... Et vous, l'avez-vous lu ?
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Le roman des «pieds-noirs portugais».


Le 25 avril 1974, la Révolution des Oeillets a mis fin à la dictature salazariste qui dominait le Portugal depuis 1933. S'installe alors un projet démocratique et se met en place la décolonisation.

Quand ce roman commence, on est en 1975 ; Rui, le jeune narrateur, et sa famille prennent leur dernier repas avant que son oncle vienne les chercher pour les conduire à l'aéroport de Luanda. Ils vont quitter l'Angola pour le Portugal, un pays que les parents ont quitté pour fuir la pauvreté et que les enfants n'ont jamais connu. Tout en faisant le récit de cette soirée, l'adolescent évoque l'histoire de sa famille, son enfance et les convulsions de ce nouvel Angola qui se construit.

Mais le lendemain, alors qu'ils sont prêts à partir, l'armée de libération croit reconnaître en son père un criminel de guerre et l'arrête. C'est accompagné seulement de sa mère et de sa soeur que Rui arrive à Estoril, près de Lisbonne ; il découvre un pays dont il ne connaît que ce qu'en racontait les enseignants à l'école -ce qui est bien loin de la réalité- et doit apprendre à (sur)vivre dans l'hôtel cinq étoiles où sont entassés les rapatriés.

Il vit dans la crainte que son père soit mort et ne les rejoigne jamais, l'incertitude du lendemain et le rêve d'emmener sa famille aux Etats-Unis. Ils vont rester un an dans cet hôtel, le temps pour Rui de devenir un homme et pour sa famille d'être prête à commencer une nouvelle vie dans ce Portugal qui ne les attendait pas.

Ce roman initiatique évoque avec subtilité et une vraie tendresse pour le personnage principal la nostalgie du paradis perdu, la douleur du déracinement et de l'exil. Il sonne vrai à travers le prisme du regard de Rui dont les pensées et le récit sont exprimés avec naturel, l'émotion laissant quelquefois place à la drôlerie.


Retrouvez Dulce Maria Cardoso qui par le de son livre sur le site de la librairie Mollat...
Lien : http://www.youtube.com/watch..
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Angola 1975. le pays s'enfonce dans la guerre civile. L'année précédente, la révolution des Oeillets met fin à la dictature du Portugal. C'est dans ce contexte que les Blancs quittent leur terre bénie pour la métropole que beaucoup découvrent pour la première fois. C'est l'histoire d'un exil comme tant d'autre, de la transition brutale de l'adolescence choyée au monde des adultes. C'est le récit de tant de rapatriés qui ont tout laissé et doivent repartir de rien, qui plus est, dans un pays qui se reconstruit lui-même après des années de dictature. Cet exil est raconté à travers le regard d'un adolescent, Rui, qui se retrouve le seul homme de sa famille en exil, loin de ce père qu'il admire. Si l'histoire avait pu être intéressante, si l'émotion affleure, la lecture est rendue difficile par le parti pris de l'auteure d'écrire à la première personne : phrases longues, sans ponctuation parfois, systématiquement avec de nombreuses fautes de syntaxe.
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critiques presse (2)
Telerama
12 février 2014
Le Retour est un beau roman sur une page récente de l'histoire du Portugal et sur le sort des rapatriés qui ont dû tout abandonner derrière eux.
Lire la critique sur le site : Telerama
LesEchos
29 janvier 2014
Ce roman initiatique sur l’exil et la filiation est un grand livre humaniste. Un baume en ces temps de crise et d’aigreur généralisée.
Lire la critique sur le site : LesEchos
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
C'est à cause de ce pays si ma mère est comme ça. Il y a toujours eu deux pays pour ma mère, celui-ci qui l'a rendue malade, et la métropole, où tout est différent et où ma mère aussi était différente;. Mon père parle jamais de la métropole, ma mère a deux pays mais pas mon père. Un homme appartient à la terre qui le nourrit sauf s'il a le coeur ingrat, voilà ce qu'il répondait quand on lui demandait si la métropole lui manquait pas. (p. 14)
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Je suis en deuil, aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, à partir d'aujourd'hui je suis un déraciné, on vit en étant convaincu qu'une terre ne meurt pas, on vit en étant convaincu que la terre où l'on a enseveli nos morts sera la nôtre pour toujours et que la terre qui a vu naître nos enfants ne leur manquera, on vit avec cette conviction parce qu'il ne nous viendrait pas l'idée que cette terre puisse mourir, mais aujourd'hui la terre qui était la mienne est morte, aujourd'hui mes morts sont morts et mes enfants ont perdus la terre où je les ai fait naître, mes enfants tout aussi déracinés que moi.
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Mon père peut pas rester là pour tout faire flamber, c'est trop dangereux, les biens des colons qui s'en vont deviennent automatiquement propriété de la future nation angolaise, aucun colon n'a le droit de détruire les biens qu'il a évidemment amassés, si mon père se fait prendre en train de mettre le feu à la maison et aux camions, ils le tuent, ils nous tuent (...) (p. 26)
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Allumer une cigarette avec le briquet Ronson Varaflame de mon père devrait être que ça. Je devrais pas me mettre à penser que c'est le briquet avec lequel mon père voulait incendier tout ce qui était à nous là-bas. Je devrais pas me mettre à imaginer tout ce qui était à nous en train de flamber. J'ai la nostalgie de l'époque où fumer une cigarette c'était juste fumer une cigarette. Et rien d'autre. Il faut que j'arrive de nouveau à penser et à sentir une chose à la fois. Une chambre peut être une maison et cette chambre avec ce balcon d'où on voit la mer est notre maison tant qu'on par pas pour l'Amérique.
p 200
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A l'hôtel, il n'y a pas une seule personne qui n'ait pas peur. Tout le monde essaie de faire comme si de rien n'était, si bien que dans le grand salon ou la salle télé on a l'impression que c'est la fête. Mais c'est une fête de gens tristes.
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Videos de Dulce Maria Cardoso (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Dulce Maria Cardoso
L'autrice portugaise Dulce Maria Cardoso est l'invitée du Chandeignographe !
Dans cet entretien, elle nous parle de son roman "Eliete, la vie normale". Elle évoque aussi son désir d'écrire des histoires de femmes, son intérêt pour la mémoire, et le choix du prénom "Eliete" pour son héroïne.
Pour en savoir plus sur le roman, c'est par ici : https://editionschandeigne.fr/livre/eliete-la-vie-normale/
Vidéo : Logo : Matthieu Lambert Animation : Jean-François Bertrand Montage et réalisation : Chloé Poirat
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