Suicide caustique

Ce livre est le témoignage poignant d'une femme, médecin de son métier, dont la jeunesse a été dévastée par une maladie encore mal connue, l'anorexie boulimie ou boulimie vomitive.
Contrairement à la personne anorexique, l'anorexique-boulimique mange, mange même énormément, se gave, fait des orgies de nourriture, qu'elle vomit ensuite presque intégralement. Ruine pour la santé - et incidemment pour le portefeuille - ce sont souvent les proches qui s'en aperçoivent tout en étant désarmés...La prise en charge médicale est compliquée face à des patients qui ne veulent pas forcément s'en sortir et qui ont pris l'habitude de mentir en permanence - en premier lieu à eux-mêmes.

Anne Carecchio poursuit malgé tout ses études, devient chirurgienne, mène une vie de couple, est soutenue par sa famille, mais ce n'est qu'au bout de 18 ans qu'elle s'en sort, à la naissance de sa première fille.
Et en y ayant laissé sa santé : perte des cheveux et des dents, état de fatigue continuel, tous les organes vitaux touchés, vieillissement prématuré, risque cardiaque.

Elle essaye de trouver quelques explications psychologiques : volonté d'attirer sur elle l'attention de sa famille, peur d'affronter la réalité, retour à un corps d'enfant. Mais cette obscession est effrayante tellement elle peut scinder une personnalité, détruire une famille, allant à l'encontre d'un des mécanismes vitaux les plus fondamentaux : se nourrir pour vivre.

Témoignage courageux, qui donne quelques clés si l'on est confronté à ce problème, sans pour autant donner de recette miracle : la première étape est de reconnaître cette maladie, encore considérée comme honteuse, et de faire prendre conscience de ses risques et de son absurdité...Mais comme pour toute maladie psychique, le chemin est long vers la guérison et l'équilibre reste fragile...
Merci à Babelio et aux éditions Slatkine pour la découverte de cet ouvrage qui m'a éclairée sur ce trouble alimentaire qui semble à première vue incompréhensible lorsqu'on en découvre les symtômes chez un proche.

Je tenais, vivement, à remercier l'opération masse critique et les éditions Slatkine de m'avoir permis de lire ce témoignage. Vivement car, dès les premières lignes, j'ai été emportée.

Ceux qui lisent mes critiques sur Babelio savent que je lis beaucoup de témoignages, des récits d'histoires vécues etc. J'en lis beaucoup mais puisqu'il me chamboule, j'espace toujours ce type de lecture car c'est émotionnellement fort. Mais, cela faisait un petit moment et j'ai donc été ravie d'apprendre que j'allais recevoir cet ouvrage que je pressentais une lecture particulièrement riche. Croyez-moi, ce pressentiment s'est confirmé : je ne me trompais pas, cette lecture a été incroyable (difficile, mais incroyable).

Je pense que @Suicide caustique est ma lecture de l'année. Ce témoignage est écrit avec une justesse éprouvante. La plume est d'une telle fluidité que j'aurais pu lire ce témoignage en moins d'une journée si je n'avais pas dû travailler.

Il est puissant, émouvant, intense, il nous pousse à réfléchir et nous remettre en question. Oui, j'insiste sur l'importance de nous remettons en question, comme l'auteure l'a également fait avant d'écrire tout cela. Elle décrit la vérité telle qu'elle est, sans fard, sans chichi et c'est ce que j'aime. Elle ne cache pas les répercussions physiques et psychiques que la maladie a engendré et je pense que ça mérite d'être souligné.

Ce livre doit être lu et par tous, absolument par tous. Pourquoi ? Pour arrêter de faire de cette maladie un tabou. L'anorexie existe, la boulimie existe et les deux associées aussi. Arrêtons de nous voiler la face, parlons-en librement pour faire évoluer les moeurs.

Je remercie, vraiment, l'auteur pour avoir osé partager cela. Je la remercie d'avoir pris la parole, elle qui fait partie du corps médical et qui comprends l'ensemble des tenants et des aboutissants. Merci d'avoir remis les choses à leur place, d'avoir dit la vérité (bien que vous ayez "gardé le plus sombre").
Je lui dirais également félicitation : de s'en être sortie, de vivre avec cela tous les jours et d'avoir été publié.
Pour finir, j'aurais une pensée pour ses proches qui se sont révélés d'une force exemplaire et je pense que cela, aussi, ça s'applaudie. Mes respects.

Caustique : qui attaque, décape les tissus organiques.

Suicide caustique où le témoignage édifiant d'Anne Carecchio. L'histoire d'une femme bouffée par la maladie. Maladie physique, maladie psychique. J'ai nommé l'anorexie-boulimie.

Elle nous livre ici le récit d'une partie de sa vie, sans pudeur mais avec retenue. Une partie sombre d'elle, avec laquelle elle a vécu, survécu. Anne Carecchio pose sur la table le commencement de cette maladie, son apprivoisement, son côté autodestructeur mais aussi la guérison. Et elle ne sera pas facile à gagner cette bataille, mais elle est obstinée Anne. Ses objectifs elle les atteint.

Elle manie les mots très habilement, parfois ils sont vomis avec horreur mais aussi avec prévenance.

Elle fait preuve de courage malgré une estime de soi touchée. Bravo.