AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 294 notes
5
36 avis
4
28 avis
3
11 avis
2
6 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rien à cirer !
Une formule mal venue pour la petite Marie Grosholz, future madame Tussaud. Et oui, c'est elle qui est à l'origine du musée de cire à Londres, cette attraction touristique que je trouve bien ringarde et qui permet au commun des mortels de se prendre en photo devant des répliques de célébrités, dont le regard est parfois plus vif que celui du modèle.
Edward Carey, passionné par le personnage, a mis près de 15 ans à écrire cette biographie romancée, et il est est vrai que sans être passionné par le monde de la bougie, j'ai trouvé le destin de cette femme aussi exceptionnel que passionnant.
Née en 1761, la petite Marie (m'entends-tu Francis ?) grandit façon Cosette mais profite de l'apprentissage de Curtius, un sculpteur sur cire pas très loquace qui la recueille. Après avoir reproduit dans l'anonymat des organes pour les médecins à court de produits frais (Picard n'existait pas à l'époque), Paris va offrir la célébrité au duo. Il est de bon ton d'avoir son masque de cire parmi les notables, si possible de son vivant. L'équivalent à l'époque du Cayenne, du Chihuahua, de la lampe design Pipistrello (palmier qui pousse de façon endémique dans tous les salons) et des enfants aux prénoms de vieux.
Bien que maltraitée par un clone de la Thénardier, Marie va croiser et tirer le portrait De Voltaire, Rousseau, Franklin sans mesurer l'immensité des personnages, ne voyant en eux que des modèles aux physiques plus ou moins disgracieux.
Comme le public a davantage le goût du sang que de celui l'histoire ou de la philosophie, la reproduction d'assassins dont les visages sont moulés avant ou après exécutions vont faire la fortune de la petite entreprise.
Prise d'affection par une petite soeur du roi qui lui trouve un visage encore plus ingrat que le sien, Marie se retrouve à Versailles pour dormir dans un placard et partager sa science.
Vînt ensuite la Révolution et son lot de têtes à couper et à immortaliser. Marie réalisera les masques mortuaires du Sire dans la cire, alias Louis XVI, de Marat dans son bain sans son canard jaune et celui de Robespierre, incorruptible qui fit de sa mort un dernier salut public.
Malgré les dénégations d'Edward Carey, l'histoire est un peu trop belle pour être vraie, mais la lecture est plaisante et les illustrations de l'auteur qui imagent le récit aère sa noirceur.
Si j'ai un vrai reproche à faire à ce pavé de 565 pages, c'est la fadeur de la prose. A vouloir émouvoir un public de 7 à 77 ans (expression je sais à bannir car jugée discriminante par nos congénères des maternelles et des maisons de retraite, dont les meneurs appellent au boycott des jeux de société, à changer le titre « Jeux Interdits » et à des manifs contre cette inégalité qui les privent de cette liberté fondamentale de tricher au scrabble), le roman a le goût d'un steak à point qui aurait mérité d'être dégusté saignant. Trop gentillet donc à mon goût mais sans être une pépite, « Petite » mérite quand même qu'on lui cire les pompes.
Et Grévin, me direz-vous ? Et bien pas une ligne sur ce pauvre Alfred. Pas davantage sur la poupée de cire poupée de son… Il reste des histoires à raconter.
Je souffle sur la bougie.
Commenter  J’apprécie          1178
Madame Tussaud est née Anne-Marie Grosholz en 1761. Avant de connaître le succès à Londres, elle vécut dans la France pré-révolutionnaire, et c'est cette partie-là de l'histoire qui intéresse Edward Carey. Carey est romancier, scénographe, dramaturge et dessinateur ; Anne-Marie Grosholtz fut orpheline, servante, assistante d'un médecin organolâtre, créatrice de mannequins de cire, amie d'Elisabeth (soeur du roi) et, seul point raisonnablement fixe de son existence mouvementée, petite.
Carey et Grosholtz sont donc deux créateurs multiformes, un pied dans l'art, un autre dans l'artisanat, qui tous deux jouent avec l'apparence, à la recherche d'une vérité insaisissable.
Carey s'inspire des Mémoires de Madame Tussaud en les respectant scrupuleusement tout en imaginant de quoi remplir les interstices de l'histoire. Mais les Mémoires elles-mêmes étaient sans doute largement romancées et la vie de Petite emprunte à l'histoire, à la fiction, au Grand Guignol, au roman picaresque et au conte horrifique.
D'ailleurs, est-il un conte qui ne soit pas horrifique ? Petite a les attributs de Poucette et du petit Poucet: l'intelligence et la débrouillardise, d'autant plus nécessaires que les parents sont défaillants. Petite n'est pas abandonnée dans les bois par ses parents, mais tout comme. Elle ne rencontre pas Pinocchio, mais peu s'en faut. La marâtre est odieuse, le prince charmant peu dégourdi et la bonne fée ne l'emmène dans son palais que pour la cacher dans un placard.
La bonne idée de ce roman, c'est que le conte de fée est percuté par l'Histoire avec sa grande hache. Quand le cabinet du docteur Curtius fabrique des corps pour la plus grande joie des badauds, la Terreur de Robespierre en déconstruit d'autres pour l'immense plaisir des mêmes.
En transformant les corps en objets à contempler, en starifiant des meurtriers devenus pièces de collection, les inventeurs du musée de cire n'ont-ils pas permis à la fureur populaire d'éclater en toute inhumanité ?
L'histoire de Marie Grosholtz me fait terriblement penser aux médias modernes avec leurs vitrines pleines d'individus ripolinés qu'on adore ou qu'on hait, réceptacles de la colère qui vient.
Mais, comme Marie dépassée par ses créatures, Carey est un poil trop petit pour son sujet. le lecteur est amusé, intéressé, parfois inquiet ou désolé, mais rarement empoigné. Marie et ses Mémoires ne resteront pas dans la mienne
Commenter  J’apprécie          420
« La nouvelle s'était répandue que nous avions reproduit les têtes de Flesselles et De Launay. Lorsque, à présent, quelque individu subissait le même sort qu'eux, à savoir qu'on les découpait en proportions inégales, on s'adressait à nous pour en obtenir une réplique valable, afin que, par la suite, une fois les passions apaisées et le soleil levé, l'on pût apprécier les faits d'un oeil plus rationnel. »

Et reproduire en cire diverses parties du corps humain, en privilégiant tout de même les têtes plutôt que les bas morceaux, Petite sait faire. Née Marie Grosholtz, à Strasbourg, en 1761, la future Madame Tussaud part à l'âge de six ans avec sa mère à Berne. Celle-ci a trouvé un emploi de bonne à tout faire qui leur permettra de fuir la misère qui les a toujours accompagnées.

Leur employeur est une figure étrange, un certain Docteur Curtius, qui vit des moulages de diverses pièces et organes du corps humain qu'il réalise pour un hôpital bernois. Il vit seul, est quelque peu maniaque et ne communique guère avec qui que ce soit jusqu'à leur arrivée. Bien vite la mère de Petite disparaît du tableau de ce théâtre de marionnettes qu'est la vie. Curtius prend Petite sous son aile. Elle a alors seulement six ou sept ans. Elle devient son employée et il lui apprend beaucoup de ce qu'il sait de son métier particulier. Curtius décide de partir pour Paris. Il l'emmène avec lui.

Ce sont leurs aventures, souvent cruelles et légèrement horrifiques, que nous conte Edward Carey dans ce roman savoureux, qui a pour scène principale le Paris (et Versailles) de la fin du règne de Louis XVI à la Terreur. Puis du Premier Empire.

Beaucoup de références viennent en mémoire à la lecture de ce roman très réussi : Sterne pour l'humour pince-sans-rire, Dickens pour l'étrangeté de certains de ses personnages. Celui de Marie est évidemment au centre puis qu'elle en est la narratrice. Pour avoir ensuite cherché des éléments biographiques de la vraie Madame Tussaud, je peux dire que, même si on a parfois du mal à le croire, Edward Carey en a presque toujours respecté les grandes lignes. Mais bien sûr, beaucoup de scènes étranges et grandguignolesques sont uniquement le fruit de son imagination !

Je remercie les éditions du Cherche-Midi et NetGalley pour m'avoir donné accès à l'édition numérique de ce livre.
#Petite #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          370
Edward CAREY. Petite.

1er décembre 1761, naît, à Strasbourg, Anna Marie GROSHOLTZ, fille de Joseph Georg, soldat et Anna Maria Waltner. Elle perd son père alors qu'elle a cinq ans. Sa mère va trouver un emploi de domestique, en Suisse, à Berne chez le Dr Philippe Curtius, sculpteur sur cire. Auprès de cet homme, Marie va s'instruire, faire la connaissance du corps humain, apprendre le nom de tout le squelette, découvrir les muscles, les corps mous qui composent l'homme. Elle connaît également le nom de tous les outils nécessaires à la confection des moules d'empreintes afin de créer de toutes pièces un mannequin à l'effigie du personnage. le Dr Curtius est menacé d'incarcération , il décide de quitter sa ville de Berne et Marie, devenue orpheline de mère sera sa domestique. Elle l'accompagnera donc en France.

Ils vont trouver refuge à Paris, un hébergement chez Marie Picot, veuve d'un tailleur, dans la quartier du Faubourg Saint-Marcel, rue du Petit-Moine. Là , Curtius et son élève vont relever les empreintes de visages de nombreuses personnalités vivantes, Jean-Jacques ROUSSEAU, Denis Diderot, Jean le Rond d'ALEMBERT, etc... La petite Marie est une véritable fée du logis ; elle sait parfaitement apprêter les êtres qui se présentent pour être immortalisés. Les préparatifs n'ont aucun secret pour la jeune fille. Elle façonne la cire, implante les cheveux, pigmente la base. La veuve Picot la maltraite et l'exploite à outrance. Mais Marie recevra un jour une proposition : résider à Versailles, auprès de Mademoiselle Elisabeth, la soeur du roi, Louis XVI. Elle lui donne des leçons de sculpture et lui dévoile l'anatomie humaine. Elle quittera son bienfaiteur et s'installera au château. Son appartement sera un placard ! Mais elle aura le plaisir de vivre près de la famille royale, de voir le roi fabriquer ses serrures, observer les étoiles depuis le toit du palais, assister au repas de sa majesté les dimanches, etc..

La révolution grande, Marie est évincée du château. Elle rejoint le brave Dr Curtius. Ce dernier est tombé sous le charme de la veuve du tailleur. Au cours des sombres journées de la chute de la royauté, de la prise de la Bastille, ces jours où le peuple a pris le pouvoir, le travail de nos deux spécialistes va s'intensifier. Les masques mortuaires sont à la mode…

Edward CAREY dresse un beau portrait de Marie, celle qui deviendra Madame TUSSAUD par mariage et qui fondera donc le musée qui porte son nom à Londres. Cette petite a vécu plus de quatre vingt années et lors de son périple, elle a traversé toute la Révolution Française et l'a vécu de plein fouet. Quelle vie et quel chemin parcouru par cette petite gamine, orpheline très jeune ! le Dr Curtius a été son mentor, son éducateur, son mécène. de nombreuses anecdotes historiques émaillent le texte. Il faut noter la précision des dessins , qu'il s'agisse de morceaux de notre corps, os, corps mou, muscles, ou des petits outils utilisés en chirurgie. L'écriture est fluide et les chapitres, la chronologie nous permettent de suivre avec finesse et précision les diverses étapes de cette madame Tussaud, née en France et qui a fini ses jours à Londres ! Quel destin. J'ai lu cette biographie romancée en deux jours. Je vous conseille de lire ce récit et vous aurez une belle leçon d'histoire de la révolution française de 1789. Vous ferez la rencontre de nombreuses célébrités plus ou moins contestées, et contestables FRANKLIN, le peintre DAVID, MARAT, ROBESPIERRE , etc, je ne peux les citer tous. Et même Joséphine de BEAUHARNAIS et Bonaparte, oui, celui qui deviendra NAPOLÉON.
( 07/09/2022).
Lien : https://lucette.dutour@orang..
Commenter  J’apprécie          150
Je ne savais rien de Madame Tussaud qui a donné son nom à un Musée de cire à Londres, « Petite » donne vie à sa fondatrice dans une narration vivante qui plonge le lecteur dans le Paris du 18ème siècle. Il ne s'agit pas d'un livre historique, l'auteur prend un certain nombre de libertés, mais il réussit toutefois à donner aux situations qu'il évoque, un relief assez proche du réel. Marie devient ainsi au fil des pages, un personnage attachant que nous suivons de Strasbourg à Berne puis à Paris, une ville monstrueuse par son tumulte et ses odeurs, décrite avec précision par Sébastien Mercier dans ses Tableaux, lesquels trouvent dans le roman une transposition assez fidèle, leur auteur prenant les traits d'un familier de notre personnage et de son maître et patron le Dt Curtius. le lecteur accompagne Marie du boulevard du Temple à Versailles, où elle découvrira, du fond de son placard, le capharnaüm de la cour, dans des situations et des rencontres improbables. L'auteur fait le portrait d'une orpheline malmenée, dont la force toutefois réside dans sa virtuosité à reproduire les gestes qu'elle a appris du Dt Curtius pour façonner des empreintes en plâtre et donner vie ensuite aux masques, en façonnant la cire. Elle apprend à réaliser ce travail avec un attachement profond à ce que chaque personne a de particulier, plaçant les individus dans une égalité symbolique, qu'il s'agisse de célébrités ou de criminels des boulevards, jusqu'à la famille royale elle-même. Elle traverse la période révolutionnaire, évoquée de façon bien schématique comme une épopée sanguinolente, le récit s'accélère alors vers la fuite à Londres après la prison et la fin de la
maison du Boulevard du Temple. Un récit vivant et coloré qui fait le portrait d'une femme curieuse et artiste qui réussit une ascension sociale hors du commun.
Commenter  J’apprécie          120
C'est l'histoire de quelqu'un qui côtoie, qui suit son chemin et qui a les attributs de la discrétion.
C'est un roman simple et sobre où la durée sur une ligne plate finit par dépasser les rebondissements des frontières de l'Histoire.
C'est l'application d'une technique où l'humain prend corps, quitte à dépasser les apprêts en oscillant entre fragilité durable et certitudes éphémères.
Pas de recherche d'authenticité léchée, pas de vocabulaire amphigourique (pourquoi ne pas utiliser un vocabulaire compliqué, en la circonstance :-) , mais un un récit cuisiné à l'ancienne, avec le charme de modestes gravures qui donnent toute son élégance au papier.
Commenter  J’apprécie          110
Quel destin fantastique que celui de Marie Grosholtz (qui deviendra la célèbre Madame Tussaud). Marie est née en 1761 en Alsace. Après le décès de son père, sa mère l'emmène, à l'âge de six ans, à Berne auprès du Dr Curtius. Cette rencontre avec ce génie de la cire et grand connaisseur de l'anatomie humaine décidera du destin de la "petite" fille. Tous les événements politiques de ce 18ème siècle, Marie les vivra en France. Tout d'abord la toute puissance de la monarchie à Versailles, puis les affres de la révolution française et enfin un peu de tranquillité quand elle épouse Monsieur Tussaud et s'exile à Londres pour mettre au point son grand projet de musée de cire. Elle meurt à quatre-vingt-neuf ans et se rend compte qu'elle a contribué à l'histoire de l'humanité avec ses mises en scène de célébrités statufiées en cire.
Belle lecture pour tous ceux qui aiment les romans historiques et les biographies.
Commenter  J’apprécie          80
Alors bien sûr Edward Caray a inventé des situations. Mais il a construit son histoire sur des éléments véridiques. Il en fallait du courage à cette époque pour vivre. Et j'avoue que ce petit bout de femme m'a conquis.
La description du Paris des années révolutionnaires est très bien faite. Les croquis, de la main de l'auteur, ajoutent du style à l'ouvrage. C'est une très bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          70
Je ne connaissais pas Mme Tussaud et cette lecture fut très agréable et enrichissante. de plus, les magnifiques illustrations de l'auteur ont réellement apporté de la valeur ajoutée au récit. Cette jeune femme a un destin tout à fait extraordinaire comme sculpteur sur cire et nous découvrons sa vie semée d'embûches. Une lecture facile et agréable.
Commenter  J’apprécie          70
Ce roman est l'histoire de la célèbre Mme Tussaud, née Marie Grosholt. Il s' agit ici d'une biographie romancée, dont je n'aurais jamais pu imaginer ce qu'il en était.
Marie, perd ses parents de façon terrible dans une enfance déjà difficile. le Dr Curtius, chez qui sa mère travaillait, va décider de la garder. Il est sculpteur de cire et va l'initier à son art. Mais la vie, va demander à Marie de surmonter d'autres épreuves, leur venue à Paris et le début d'une vie de servitude pour Marie dans la maison de la veuve Picot, puis un court séjour à la cour de Versaille avant de retrouver le Dr Curtius. Nous sommes en pleine révolution et Marie va à la fois modeler d'illustres personnages qui marqueront l'histoire et à la fois être confrontée au sang qui coule . La cire qui sera là pour sublimer un visage ou pour figer sa mort.  Une vie faîte de violences, de terreur pour connaître probablement quelques années plus apaisée à la fin du roman lorsqu'elle arrive à Londres.
J ai beaucoup aimé découvrir la vie de Mme Tussaud. La révolution, une période que je ne pense pas avoir déjà lu à travers mes lectures et qui m' a appris certaines choses que j' ignorais ( comme les placards). Une lecture que je recommande.

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (754) Voir plus




{* *}