AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 294 notes
5
36 avis
4
28 avis
3
11 avis
2
6 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La biographie romancée de Madame Tussaud nous révèle le destin extraordinaire de ce petit bout de femme.

Une femme que le destin n'a pas épargné, sans oublier que cette femme vécu a Paris lors de la révolution française.

Un roman qui se lit très bien, malgré quelques passages un peu longues.
J'ai trouvé l'atmosphère du roman assez étrange, un peu atypique également, mais qui correspond parfaitement à l'histoire de Petite.

L'auteur est sans concession avec ses personnages, on a parfois envie d'en frapper certains, les insulter, ou encore de les secouer.. enfin moi c'est ce que j'ai ressenti.

Une très belle découverte que ce roman, qui attire l'oeil déjà grâce a sa couverture. et qui réjouit le lecteur quand a son contenu
Commenter  J’apprécie          910
Après avoir dévoré les 3 tomes des Ferrailleurs, j'ai décidé de partir à la rencontre de Petite, intriguée par ce changement de cap d'Edward CAREY. Les Ferrailleurs sont plutôt dans l'esprit Stream punk et famille Adams. Je voyais mal comment un tel style pouvait s'adapter au récit de la vie de Madame Tussaud, célèbre artiste française qui fonda le musée de cire à Londres.
Et bien c'est étonnant, surprenant, décalé et addictif !

J'ai retrouvé cette ambiance inimitable de conte gothique qui est à la fois terriblement séduisante et pleine de surprises. J'ai retrouvé ce rapport aux lieux qui sont de véritables êtres vivants modelés par leurs habitants et pétris du vécu de générations entières. de vielles bicoques, des grandes baraques, des palais, des bâtisses, grandes, petites, sales, étroites, spacieuses, grinçantes, mordantes, vivantes ! Des personnages à part entière de même que les objets doués d'influence, d'un caractère propre, d'une âme. « J'ai étudié la pièce, située au rez-de-chaussée, pleine d'objets coûteux, précieux et courroucés. Jamais je n'aurais cru inspirer le reproche à une pendulette ; je n'aurai pas imaginé non plus qu'un candélabre répugnât à m'éclairer. Je n'avais jamais foulé un tapis que ma présence gênait, ni essuyé l'animosité d'un manteau de cheminée. Et ce tabouret de pied doré, là… ses grosses pattes semblaient vouloir mordre mes chevilles. »

J'ai retrouvé aussi cette capacité à extraire la beauté de tout ce qui ne semble au premier abord n'être rien d'autre que laideur et désespoir. Partout en toutes circonstances il y a de petits bonheurs que peu de personnes savent trouver. Petite est de celles-là. C'est une battante. Malmenée par la vie depuis sa naissance, affublée d'un physique ingrat, elle n'a pas une once de rancoeur et fait preuve d'une capacité à s'adapter et à aimer qui semble être illimitée.
Petite aime sans réserve et particulièrement les êtres que rien ne prédisposent à être aimés. Elle est entière, loyale, d'une patience et d'une naïveté peu communes. Pourtant elle évolue dans un monde d'apparence, de carcan et de conventions. Elle côtoie Versailles et son roi en sursis mais surtout Elisabeth... Un monde en plein bouleversement. le peuple gronde, la révolution française se profile, éclate, et Paris devient un lieu de terreur où Robespierre et Marat officient.

Pourtant les amoureux de roman historiques risquent d'être décontenancés par les grandes libertés prises par l'auteur. Si les faits historiques sont justes dans les grandes lignes, tout est dans les détails et les zones d'ombres. Par exemple, si Mercier a bien existé et écrit l'An 2440 je doute qu'il ait eu la relation qu'on lui prête avec …ses chaussures. Pourtant c'est tout un symbole et cela dévoile une certaine vérité sur ce personnage, tout est dans l'interprétation. Tout comme je ne pense pas que les barons de Bavière suspendaient réellement leurs domestiques sur des porte-manteaux ou que George III de Bretagne entassait les siens dans une commode. Pourtant la symbolique est là et elle en dit long « … la duchesse De Blois aurait hébergé, pendant quarante ans, sa servante bien-aimée dans un cabinet de toilette. »

Autre chose dont Edward CAREY parle avec justesse de cette passion dévorante pour la cire ; pour cette matière qui ne ment pas, ne triche pas, cette matière vivante. Et quand il n'y a pas de cire que la passion devient frustration, il y a les dessins, les croquis, qui parsèment les pages de Petite.

Evidemment il y a aussi la vie de tous les jours avec Curtius, son maître d'apprentissage, la veuve Picot (bouuuuu elle est méchante !), Edmond, Jacques Beauvisage, et tous les autres. Et puis il y a Versailles, les assassins, les âmes perdues, les révolutionnaires, la guillotine, Napoléon,… une galerie de personnages incroyables dont les plus savoureux sont les illustres inconnus selon moi. Des personnages qui offrent une réflexion sur la nature humaine, l'humanité et ses dérives, l'amour ; oui oui il y a même des histoires d'amour et je n'ai pas fui en courant ! Et tout ça sans se prendre au sérieux ! Quelle aventure.

J'avoue aussi que j'ai craqué pour l'écriture d'Edward CAREY qui a un petit côté vieillot et classe à la fois. C'est une écriture avec un rythme particulier et très poétique qui entraine le lecteur dans un ailleurs dont seul Edward Carey semble détenir les clefs.
Commenter  J’apprécie          6441
"Petite" , la biographie romancée de Madame Tussaud est écrite et illustrée par Edward Carey qui avoue en fin de livre avoir mis 15 ans pour l'écrire tout en prenant quelques libertés car il a manqué de documents écrits, les faits étant assez éloignés. Son imagination, son style d'écriture et ses illustrations ont fait le reste.
"Petite" est née Anne-Marie Grosholtz dans un village d'Alsace.
Marie est orpheline de père, sa mère devient la servante du docteur Curtius à Berne. Celui-ci modèle des pièces d'anatomie du corps humains en cire, d'après des vrais déchets humains.
Bientôt orpheline de mère également, Marie reste au service du docteur. Ruiné, il décide de partir à Paris emmenant Marie avec lui. Très observatrice, pas du tout effrayée par son travail, elle l'aide.
À Paris, ils vont continuer ce qu'ils avaient commencé : sculpter et modeler des têtes. Ils font la connaissance de personnages très célèbres dans le contexte historique très mouvementé de l'avant et après révolution.
Marie, la narratrice du début à la fin raconte les évènements sur un ton noir, surprenant comme si elle survolait ou dépassait les faits tout en les observant à fond.
À travers la plume de l'auteur, l'ambiance de Paris , boueuse, puante est décrite à merveille. le début de la vie de Marie ne manque pas de détails réalistes. Ce n'est pas de l'humour noir mais c'est tellement décrit de manière forte que les mots y font penser. Je prends ces deux moments au hasard car tout le livre est raconté sur ce ton. Très étonnant. du jamais lu pour moi.
Le récit est présenté en sept parties appelées livres s'étalant sur toute la vie de Marie devenue Madame Tussaud par le mariage . Elles portent chacune un titre chargé de mystère. La 8ème partie se passe à Londres où Marie a ouvert son célèbre musée. Elle a 89 ans et s'apprête à quitter ce monde.

Commenter  J’apprécie          600
Tout se bouscule dans ma tête ! J'ai tellement de choses à vous dire au sujet de ce roman que je ne sais par où commencer ni comment m'organiser…

Déjà, je n'ai pas vu le temps passer : dès que j'ouvrais ce livre, le monde autour de moi se figeait et plus rien n'existait ! J'ai embarqué pour un long périple avec comme point de départ Strasbourg et comme destination finale Londres. Je n'ai pas vu les pages filer et lorsque j'ai refermé le livre, je me suis dit « c'est déjà fini ! ». C'est sans nul doute un énorme coup de coeur.

Cette revisite d'une histoire finalement peu connue que nous propose Edward Carey me laisse sans voix. Je suis entièrement d'accord pour dire que ce que l'auteur nous livre ici est un roman que Dickens aurait pu écrire et que Tim Burton aurait pu adapter à l'écran. Peut-être est-ce parce que deux grands noms qui m'impressionnent ressortent suite à cette lecture que ce livre est un coup de coeur ? A méditer !

Quoiqu'il en soit, vous vous demandez peut-être pourquoi la maison d'édition a fait un choix si particulier pour la cover. Pourquoi ce rouge ? Eh bien en fait, cette couleur rouge vif est probablement un clin d'oeil au sang car, dans cette histoire, on a droit à notre lot de cadavres et de morts assez glauques ! Mais le rouge c'est également la couleur de la Révolution et l'histoire de Marie se déroule durant cette sombre période ! Et puis que l'on soit bon ou mauvais, on partage tous une chose, cette couleur rouge qui coule dans nos veines. Oui, je sais, c'est plus le contenu qui vous intéresse mais ici croyez-moi tout est pesé, pensé !

Petite, c'est un tourbillon d'émotion, on balance sans cesse entre espoir et désespoir, entre les moments où l'on respire à plein poumons et ceux où l'on sent que l'on frôle l'asphyxie. C'est un roman qui ne laisse pas indemne, c'est un roman qui parle de la condition féminine et de la rudesse de la vie des petites gens à cette époque.

Mais Petite, c'est également un cours d'art, une mise en avant de la sculpture et de la complexité de cette discipline, autant qu'une belle ouverture sur le monde des artistes. Une partie de l'histoire gravite autour des masques de cire, l'auteur nous décrit un monde inconnu, et qui devrait, comme cela a été le cas pour moi, étonner et fasciner la plupart d'entre vous.

Enfin, Petite, c'est une histoire qui se vit autant qu'elle se lit… C'est une histoire pleine de choses étranges et même un peu magiques. Des personnages atypiques que l'on ne croisera pas dans tous les livres, une écriture un peu noire voire un brin gothique qui ne laisse pas son lectorat indifférent, bref un livre majestueux que je ne peux que vous conseiller.

De la Suisse à la France, de l'ascension vers les plus hautes sphères jusqu'à la descente aux enfers dans une prison crasseuse, c'est une histoire qui nous fait découvrir Madame Tussaud et pas simplement le nom d'un musée… Je suis encore sous le coup de cette lecture, qui m'a valu des moments de rires mais également quelques larmes.
Lien : https://ogrimoire.com/2021/0..
Commenter  J’apprécie          4410
S'instruire en se faisant plaisir, voilà ce qui arrive en lisant ""Petite". J'ai appris un tas de choses même si l'auteur précise à la fin qu'il apris quelques libertés pour combler certains flous dans l'histoire des personnes.
Ce roman est raconté par Marie Grosholz alias Petite et future Madame Tussaud, ce qui nous donne une impression d'être sa confidente mais aussi nous la rend particulièrement sympathique.
Nous traversons avec elle son enfance, son adolescence et sa vie de femme mais nous traversons également la vie parisienne et son Histoire. N'oublions pas que Marie est née en 1761 et décédée en 1850. L'Histoire est donc très riche ! L'auteur Edward Carey nous en fait profiter avec beaucoup d'habileté. Les dessins qui jalonnent le roman agrémentent la lecture qui est déjà passionnante.
C'est un livre prenant sur un petit bout de femme qui a su montrer son talent par sa force, son courage, sa détermination et sa persévérance. Je suis admirative devant tant de force et d'abnégation. Il me reste maintenant à aller voir un de ses musées, celui de Londres me tente particulièrement .
Commenter  J’apprécie          421

Ce livre est carrément génial!
Edward Carey, l'auteur, britannique, est romancier, dramaturge et illustrateur.
Nick Hornby a parfaitement résumé ce livre : «Petite est le roman que Dickens aurait sans doute écrit s'il avait vu les films de Tim Burton ».

Ce passionnant conte gothique retrace la vie de la française Marie Grosholtz (future Mme Tussaud) et nous fait traverser l'histoire, le temps et les pays.
Elle rencontre à Berne son maître, le docteur Philippe Curtius, un sculpteur sur cire, qu'elle suivra jusqu'à Paris, où elle fréquentera la cour de Louis XVI.
Elle traversera la Manche, où elle fondera un musée de cire en 1835, le célèbre musée Tussaud.

L'auteur réussit à nous captiver dès les premières pages, le récit est palpitant.
Les dessins de l'auteur agrémentent magnifiquement le récit.
J'ai adoré cet univers à la Dickens.

Un immense coup de ♥
Commenter  J’apprécie          291
Voici une merveilleuse biographie romancée sur Marie Grosholtz, plus connue sous le nom de Madame Tussaud. Elle ne vous dit rien ? Mais siiii, les célèbres statues de cire ! Je suis sûre que ça vous dit quelque chose, et même si ça ne vous dit rien il vous faut absolument lire ce roman.

On suit l'histoire de cette "Petite", Marie, de son plus jeune âge à ses plus vieilles années entre le XVIIIème et le XIXème siècle. Sa vie, bien que parfois affreusement misérable, est palpitante. Après la perte de ses parents elle devient l'apprentie d'un célèbre sculpteur de cire et va le suivre de nombreuses années, et ce jusqu'à Paris, en pleine période révolutionnaire. Elle va alors sculpter de célèbres têtes et va même passer un temps à la Cour ! Petite fille docile puis petite femme, elle va prendre en caractère et j'ai adoré suivre son évolution. le roman est prenant, la période historique sert bien l'histoire. Les personnages sont hyper attachants et le ton décalé m'a complètement enchantée. J'avais l'impression de lire un conte, ponctué d'illustrations de l'auteur en adéquation parfaite avec l'histoire. Des dessins d'anatomie, des portraits dignes de l'univers de Tim Burton. le tout m'a complètement enchantée même si parfois on y lit l'horreur absolue de la Révolution et de la pauvreté. Je recommande grandement ce roman.
Commenter  J’apprécie          120
Superbe roman de Edward Carey, très bien écrit et très bien traduit par Jean-Luc Piningre.
L'univers de Carey est vraiment particulier, un peu gothique, un peu sombre, et toujours accompagné de dessins faits par lui-même. Petite raconte l'histoire de la future Mme Tussaud, créatrice du musée de cire de Londres. Et quelle histoire! de Suisse à Paris, de Versailles à Londres, Marie Grosholtz a appris à maîtriser la cire et à créer des personnages plus vrais que nature. Prise dans les tourments de la Révolution, elle a survécu grâce à ce talent.
Edward Carey a mis 15 ans à finaliser ce roman, le temps de faire des recherches et de démêler le faux du vrai dans les écrits de Marie qui avait enjolivé les faits.
Très intéressant et très original.
Commenter  J’apprécie          100
J'ai lu ce titre suite à la recommandation d'une personne en qui je place mon entière confiance pour me recommander de belles pépites littéraires et j'ai bien fait de suivre son avis car ce livre est un vrai bijou !

Petite est un roman historique qui présente l'existence extraordinaire de Marie qui deviendra connue sous le nom de Madame Tussaud. Derrière ce nom se cache ainsi un destin fascinant, une figure marquante qui va croiser la route de grands noms historiques et qui va vivre en plein coeur d'une des périodes les plus marquantes de notre Histoire : la Révolution.

Dès les premières pages et même les premières lignes, Edward Carey nous plonge en plein coeur de l'Histoire et de la vie de cette femme. J'ai été happée par ce roman qui fait indéniablement partie de mes meilleures lectures dans ce genre littéraire. L'écriture est vraiment de qualité !

Ce livre aborde tellement de sujets variés, met en exergue tellement de connaissance qu'on ne peut que saluer le travail de recherche et de documentation de l'auteur. Contrairement à ce qu'indique le titre c'est un livre immense qui regorge de détails favorisant avec brio l'immersion du lecteur dans ce cadre spatio-temporel.

Les émotions s'enchaînent et s'alternent dans ce roman où le drame n'est jamais loin mais où l'espoir arrive aussi à trouver sa place, c'est un livre où la mort et la vie s'allient et où l'art rencontre la politique. J'ai été très impressionnée par cette héroïne, j'ai énormément appris de ma lecture et j'ai aussi été bouleversée.

En définitive, Petite est un très beau roman imprégné d'une atmosphère gothique, je le recommande surtout à l'approche de l'été : c'est LE roman historique à lire cette année !
Lien : https://leatouchbook.blogspo..
Commenter  J’apprécie          91
Que voilà un livre magnifique et je remercie NetGalley et les Editions du Cherche Midi de m'avoir permis de découvrir ce texte. La couverture est magnifique : rouge vif, rouge sang peut être pour rappeler que ce roman va être émaillée de cadavres et que le sang est de la même couleur pour tous les humains : victimes ou bourreaux.
"Petite", c'est l'histoire tragique et magique de Petite, Anne-Marie Grosholtz , dite Marie, née en Alsace, de parents pauvres, d'un père soldat Joseph Georg Grosholtz, qui revint défiguré par le recul d'un canon en temps de paix (avec un mandibule métallique qui va accompagner sa fille après sa mort) et d'une mère de 18 ans, Anna-Maria Waltner, élevée à la dure par son père pasteur. Marie ne grandira pas beaucoup, mais elle assumera très vite des tâches d'adulte. Elle apprend à lire la Bible seule. Après la mort de son père, en 1767 alors que sa maman sombre dans la dépression, le couple formé par la mère et la fille devient personnel d'entretien auprès d'un certain docteur Philippe Curtius à Berne : un étrange médecin, à l'allure d'épouvantail, qui a perdu l'habitude de fréquenter ses semblables humains.
Il pratique l'art étonnant de mouler et de créer des fac similés de différents organes du corps humain en cire. Si la mère de Petite ne supporte pas longtemps la maison et ses étranges compositions, Petite, elle apprend vite à manier la cire, à dessiner. La maman de Marie va se pendre et être enterrée avec les indigents. Petite va rester chez Curtius qui l'apprécie tellement qu'il va mouler sa tête en cire et en l'exposant attirer l'attention de son supérieur hiérarchique : c'est ainsi que les commandes vont commencer à affluer et l'argent.
Parce que le chef de l'établissement hospitalier dont dépend Curtius (le docteur Hoffmann) veut lui couper les vivres pour qu'il revienne à ses moulages de parties du corps humain et ne gagne pas plus d'argent avec ses "têtes", Curtius va décider de quitter la Suisse et de gagner Paris sur les conseils de Louis-Sébastien Mercier.après avoir eu l'opportunité de faire un moulage de la tête de Rousseau, écrivain et philosophe. Et c'est grâce à Mercier que le tandem Petite-Curtius va venir vivre contre travail et rémunération chez le veuve d'un tailleur, Charlotte Picot et de son silencieux fils, Edmond Henri que sa mère manipule à sa guise. C'est ainsi qu'entre les mannequins du tailleur et les têtes de Curtius, la fusion se fit.
Petite est confinée dans les tâches ménagères (sans être payée et en logeant dans un placard), pour sa plus grande colère. Les sous rentrent dans la maison au point qu'il faut s'agrandir grâce aux têtes de Curtius et il faut déménager pour s'agrandir, dans ce qui s'appelait alors "l'hôtel des singes", récupéré après la ruine de son propriétaire, Bertrand le Velu. Cette maison va devenir rapidement un lieu de passage obligé pour les célébrités, mais aussi les affreux, les tueurs dont les actions vont être mises en scène dans cette nouvelle maison.
Petite (qui est détestée par la veuve qui ne supporte pas son influence sur son fils et Curtius) va découvrir Paris : un cloaque à l'époque. Nous sommes sous le règne de Louis XVI et l'une de ses soeurs, la petite dernière Mme Elisabeth, va venir visiter l'étrange maison des poupées de cire. Parce qu'elles ont la même allure et des similarités physiques, Petite va être embauchée au Palais (toujours dans un placard mais avec dorures) pour donner des leçons de dessin à Madame Élisabeth Philippe Marie Hélène de France et lui apprendre à manipuler la cire pour créer des ex-votos. Elle apaise cette dernière qui s'épanouit. Petite rencontre le roi sous l'aspect d'un serrurier (elle ne va découvrir sa véritable identité qu'en assistant à un accouchement royal), va composer sa tête en cire et l'envoyer à Curtius. Elle va même réussir à reconstituer un dîner royal avec la reine, ce qui va provoquer son renvoi à l'hôtel des singes : Marie sera devenue alors une jeune femme.
Toujours plus célèbre, la petite entreprise prend ses aises au Palais Royal pour les célébrités et dans l'hôtel des singes pour les voyous. Dans le cadre de son retour, les compétences indiscutables en matière de moulage et de dessin de Marie vont lui permettre de reprendre sa place aux côtés de Curtius.
Et c'est ainsi que s'ajoutent d'autres personnages plus étonnants les uns que les autres au gré des rencontres : un enfant sauvage, vivant dans la rue, avec des chiens, Jacques Beauvisage Martin Millot, le comptable (qui saura rentabiliser son poste), Georges Offroy, assistant de Marie, André Valentin, renvoyé pour avoir volé dans la caisse (et qui se vengera), Edmond Henri est revenu à la maison après avoir été marié sans joie avec Cornélie Adrienne Françoise Ticre, à la belle dot (papa est imprimeur) : il semble totalement perdu au monde et vit enfermé dans le grenier sur l'ordre de sa mère.
La révolution française, les délations, les années révolutionnaires marquées par la guillotine, les morts (Edmond, la veuve qui fait un avc), la prison et la rencontre avec la future Joséphine de Beauharnais, l'arrivée de Napoléon au pouvoir et toujours Petite, aussi résistante qu'une tique (et voyez y un compliment) qui survit à la prison, à l'accouchement de son enfant mort-née, à son mariage avec un panier percé, François Joseph Tussaud, Il y aura la naissance de deux autres enfants, des fils (Petit François en 1798 et Petit Joseph en 1800) et l'immigration de Anne-Marie Grosholtz, devenue Marie Tussaud, avec l'un de ses fils, à Londres où elle va créer le musée qui portera son nom et lui apportera la célébrité et la stabilité financière.
Ce roman est un croisé entre "Les Misérables" de Victor Hugo et un conte gothique où morts et vivants cohabitent par le biais de leur visage de cire. La lecture est d'autant plus agréable que le texte est agrémenté de nombreux dessins des personnages, des organes de cire du début, des lieux de vie. Anne-Marie Grosholtz a été immortalisée par le peintre Jacques Louis David : c'est bien le moins qu'elle méritait. J'ai aussi beaucoup pensé à "L'incroyable et triste histoire de la candide Erendira et de sa grand-mère diabolique" de Garcia Marquez en lisant ce roman : ce n'est pas le même lieu, ni le même temps, mais l'étrange et le magique y cohabitent pareillement.dans un univers hostile et imprévisible.
Commenter  J’apprécie          80




Lecteurs (758) Voir plus




{* *} .._..