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Non seulement je ne suis pas bretonne, mais en plus j'ai lu quelques chroniques mitigées, voire franchement négatives sur ce roman avant de commencer ma lecture. Je m'attendais donc, un peu dubitative, à ne pas accrocher et à sauter allègrement des pages. Que nenni! Ce roman m'a captivée de bout en bout et m'a littéralement transportée !

D'un côté, je ne voulais pas le lâcher parce que je voulais absolument savoir ce qu'allaient devenir Dolorès et ses compagnes. Mais inversement, je n'avais pas envie de le finir. Je souhaitais rester plongée dans cette atmosphère tendue, avec ces personnages ambigus et ces intrigues malicieuses. C'est un paradoxe révélateur de l'attraction que j'ai ressentie pour cette histoire.

Nous sommes au début des années 1920 en Bretagne. Pour contribuer aux finances familiales, Dolorès, alors âgée de 16 ans, est envoyée à l'usine pour y trier des sardines, un travail difficile physiquement et très largement sous-payé. Là, elle découvre les bonheurs de l'exploitation ouvrière. Ses camarades ne cessent d'exprimer leur rancoeur à l'égard des patrons qui, malgré les droits acquis lors de la précédente grève, continuent de s'enrichir allègrement sur le dos de ces pauvres travailleuses. Les tensions sont palpables entre les employées et les grands chefs mais aussi entres les ouvrières elles-mêmes qui n'arrêtent pas de s'accuser les unes les autres de trahir la cause ouvrière. Pour Dolorès, l'intégration s'annonce difficile d'autant plus la contremaîtresse et le grand patron ont tout deux exprimés ouvertement leur affection pour la jeune fille. Mais Dolorès est la fille d'un marin, un homme guidé par ses principes moraux. Elle a appris à toujours agir pour le bien de ses pairs et à rester digne en toute circonstance. Seulement, un coup du sort la contraint de quitter l'usine pour entrer au service d'Alcide Guéret, son ancien patron, comme dame de compagnie. Son nouveau statut ne manque pas de faire jaser. Alors, quand les tensions explosent et que les travailleuses entrent en grève, elle doit choisir: soit elle décide de se battre au côté de ses collègues soit elle prend le parti des patrons.

Dolorès, c'es typiquement une jeune fille prise entre deux feux, deux camps qui s'opposent mais qui correspondent aussi chacun à ses origines et ses aspirations. S'il est intéressant de la voir grandir et faire des choix, elle est surtout un personnage clef dans l'histoire pour nous permettre de voir à travers ses yeux (innocents d'abord, farouches par la suite) la montée des tensions dans les relations entre patrons et employés. Elle passe souvent du statut de leader à celui de paria, vivant ainsi l'instabilité de la situation dans laquelle elle évolue. Néanmoins, je dois bien avouer que certains passages la concernant m'ont paru superflus pour l'histoire comme pour l'évolution de son caractère: entre autres, son amourette avec le mousse.
Par ailleurs, le personnage de la contremaîtresse, surnommée "La Murène", est le personnage le plus mémorable de ce roman. Ambiguë et complexe, l'auteur a su construire autour d'elle une aura de mystère. Sa cruauté semble tour à tour gratuite puis motivée. Si pendant une grande partie du roman, on ne doute pas de ses intentions, certains détails finissent par intriguer et mettre la puce à l'oreille. J'ai tout simplement adoré ses tentatives désespérées d'attirer l'attention de Dolorès. La chute finale (sans mauvais jeu de mot) n'en a été que plus émouvante. C'est un personnage qui m'a semblé faire écho à la Clopine, son double miséreux, qui a en quelque sorte connu une trajectoire inverse à celle de "la Murène" jusqu'à la fin. Je les adore!

Néanmoins, mon plus gros regret concernant ce roman reste que ces personnages et ces événements historiques véridiques n'est pas été davantage inscrits dans des descriptions de la Bretagne. Je ne connais pas du tout et j'ai eu du mal à imaginer (mais pas à apprécier) le port, l'usine et les alentours n'ayant pas vraiment d'idée de ce à quoi cela pouvait ressembler en vrai. Les paysages bretons m'ont tout de même l'air très différents de ce que je connais, il est alors un peu dommage que l'auteur n'ait pas mieux planté son décors avant de nous embarquer dans son aventure. Ça ne m'a pas empêchée de dévorer cette histoire comme je l'ai déjà dit, mais j'ai regretté de ne pas trouver plus de descriptions.

> Cette peinture de la Bretagne ouvrière des années 1920, bien qu'elle ne soit pas parfaite, a su me conquérir grâce à une atmosphère pesante et des personnages très bien construits et exploités. Je remercie Babelio et les éditions Presses de la Cité pour cette magnifique découverte. Voilà un roman qui me donne envie d'en lire d'autres de la collection Terres de France !

Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Arrivées récemment dans ma PAL Babelio "Les coiffes rouges" de Daniel CARIO sont la description romancée de la révolte historique des femmes Bigouden de Douarnenez en 1924:les PENN SARDIN.
Rencontré au Festival inter celtique de Lorient 2023 sur la quai du livre au stand Coop Breizh, Daniel Cario m'a dédicacée de façon enjouée , avec humour "Les coiffes rouges"et faire leur entrée physique dans ma PAL!!
Le livre est bien écrit, les personnages principaux bien campés, et se lit plutôt rapidement.
Cette révolte de femmes, les Penn sardin est d'autant plus symbolique de la lutte ouvrière que Dournenez était dotée d'un maire communiste dans une des régions les plus cléricales de Bretagne.Cette revolte reste aussi remarquable par le fait que ces femmes n'ont toujours pas le droit de vote.
Un roman plein de gouaille certes, mais une page d'histoire à découvrir.
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Ce livre aurait du me plaire. le sujet de la révolte des penn-sardin en 1924 est un bon thème de roman. le fait de suivre la montée en puissance de la colère des ouvrières des conserveries de Douarnenez à travers Dolorès, jeune adolescente débarquant dans le monde impitoyable du travail de la sardine était une bonne idée de romancier.
Mais hélas, est-ce la proximité de la mer, le roman fait plouf... Daniel Cario, l'auteur, fait subir à son héroïne Dolorès une succession de malheurs qui plombent le récit. Bien que très documenté, l'auteur a tendance à parsemé son roman de morceaux d'érudition dont la présence alourdit le propos et dessert la vitalité du récit.
On peut éventuellement le lire pour connaître ce haut fait de la lutte bretonne et ouvrière mais on est loin du bon roman.
Merci à Masse Critique pour ce livre (je le donne à qui veut maintenant).
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Dans «Les coiffes rouges», Daniel Cario met en scène la terrible grève que menèrent les ouvrières des conserveries de Douarnenez en 1924. Il présente ces évènements à travers le destin et le regard de Dolorès, une jeune fille fraîchement engagée dans une de ces usines. L'adolescente va être amenée à côtoyer aussi bien le milieu des ouvriers que celui des patrons mais, au moment de la grève, elle devra choisir son camp.
Lorsqu'on m'a proposé ce livre dans le cadre de Masse Critique, j'étais curieuse de découvrir cet épisode de l'histoire ouvrière que je ne connaissais quasiment pas, tout en ayant le plaisir de lire un roman. J'ai surtout regretté, à la lecture, que la grève mette tant de temps à se déclarer. On y arrive que dans le dernier quart du livre ! Pendant les trois premiers quarts, la révolte ne fait que gronder sans que l'on sente vraiment la progression de l'exaspération. Reste l'histoire de Dolorès qui offre quelques éléments plus captivants, comme ses déboires avec la contremaîtresse de l'usine. Mais, dans l'ensemble, j'ai eu un peu de mal à cerner la personnalité de l'héroïne, globalement très naïve et, à d'autres moments, incroyablement finaude et provocante, presque rouée. On ne sait plus trop si le personnage sert de prétexte au récit historique ou si l'arrière-plan historique sert de cadre à l'histoire du personnage.
Le récit est très fréquemment interrompu par des explications historiques qui le ralentissent et l'alourdissent. Tout cela m'a semblé manquer du souffle épique qu'on aurait pu attendre de cette lutte implacable entre les riches et les miséreux. Ce manque de souffle se retrouve dans le style d'écriture, correct et pas franchement mauvais mais sans originalité et un peu scolaire. L'auteur a une bonne maîtrise de la langue et un vocabulaire riche (ou un bon dictionnaire de synonymes) mais son style soutenu m'a souvent paru creux et sans souffle. J'ai remarqué, comme Moan, les dialogues parfois peu crédibles, qui servent à expliquer les évènements mais ne représentent pas le niveau de langue attendu des personnages.
Quoique ma critique pointe plutôt les aspects négatifs, je dois reconnaître que j'ai lu ce livre sans déplaisir (mais sans enthousiasme non plus).
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POUR
Bel effort de reconstitution historique autour de la grève des sardinières. On vit au rythme des mouvements de marée et des soubresauts sociaux. Daniel Cario a très à coeur de coller à la réalité historique pour donner l'ampleur mérité au mouvement ouvrier le plus célèbre de l'avant-guerre breton.
CONTRE
Coiffes ou bonnets, rouges sont aussi les clignotants de la critique. Convenu, poussif, le déroulé des événements de 1924 est emballé dans une romance qui ne vaut pas plus qu'une douzaine de sardines. La crédulité du narrateur sur la pérennité des acquis sociaux n'a d'égal que son emphase qui sent bon la morale (sociale).

ET ALORS ?
Lecture plutôt déconseillée pour les amateurs de romans historiques, les amoureux de la Bretagne.
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jeudi 9 janvier 2014

Les coiffes rouges



Les coiffes rouges de Daniel Cario aux éditions Presses de la Cité collection Terres de France


Douarnenez dans les années 20, l'auteur nous raconte la vie dans les conserveries de sardine et la révolte de ses ouvrières à travers l'histoire de plusieurs personnages dont certains sont réels et d'autres fictifs.

La jeune Dolorès Marques, fille d'un marin espagnol installé à Douarnenez et d'une bretonne, débute à la conserverie Guéret. Elle découvre un travail répétitif et dur sous les yeux sévères de la Murène, Muriel Sizun la contremaîtresse qui lui demande de passer la voir à son bureau après le travail. Elle lui demande de se méfier de ses collègues paresseuses et influencées par les idées communistes en vogue à l'époque, Douarnenez vient d'élire le premier maire de France, et d'espionner pour elle.

"Les ouvrières n'avaient aucun moyen de se défendre, puisque la législation du travail accordait aux patrons des conserveries alimentaires la dérogation de faire travailler jusqu'à quarante-huit heures d'affilée"


Dans un premier temps victime de la méfiance de ses collègues qui voient en elle un agent de la Murène, celles-ci se rendent vite compte que la jeune rouquine est de leur côté. En effet la jeune fille répond de manière de plus en plus insolente à la contremaîtresse. Celle-ci, fâchée par le comportement de Dolorès et attirée par elle la fait espionner et menace de révéler à ses parents sa relation avec le mousse de son père, plus jeune qu'elle. Dolorès finit par tuer accidentellement la Murène.

Repérée par son patron, très sensible à ses charmes, celui-ci, après l'accident de son père qui le conduit à être amputé d'un bras et sombrer dans l'alcoolisme, lui propose le poste de gouvernante dans sa maison "le château" qu'elle finit par accepter après deux refus. Ce poste se transforme en une charge de dame de compagne. Rejetée par ses collègues qui voient en elle une vendue, Dolorès est rongée par le remords. A la conserverie, l'atmosphère est de plus en plus explosives jusqu'au grève de 1924.


Un roman bien écrit même si les personnages sont souvent caricaturaux, on retrouve les thèmes chers à Zola , l'ambiance de Ces Messieurs de Saint Malo de Simiot ou des romans de Hervé Jaouen. Intéressant malgré le côté manichéen du livre qui le rend un peu simpliste.


Sardinières dans les année 20

Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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A première vue, Daniel Cario, l'auteur de "Les Coiffes rouges", sait structurer un récit à partir d'un personnage principal (la jeune Dolorès), installer une situation et créer des rebondissements. Mais, de mon humble point de vue, tout ceci ne suffit pas à faire de ce roman de la littérature. Ce n'est pas parce que l'on sait bien écrire que l'on sait être un auteur.
Le problème de ce livre est qu'il part, comme la grande majorité des oeuvres éditées, de son sujet et non de sa pensée. Un auteur est un penseur. Il cherchera à sublimer son sujet par sa langue, sa poésie, sa vie. Ce n'est pas le cas dans ce roman. Dès les premières lignes, j'ai compris que rien ne saurait susciter chez moi un quelconque plaisir de lecture. Tout est trop lisse, trop évident. Daniel Cario a même le défaut d'annoncer les péripéties !
Une oeuvre littéraire devrait nous donner à penser, à la fois par ce qu'elle nous dit, mais aussi par sa manière de nous le dire. Et dans Les Coiffes rouges j'ai souffert de ne pas pouvoir penser.
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La sardine est à Douarnenez ce que sont les Bêtises à Cambrai, la Bergamote à Nancy et les Tomates à Marmande.

A la différence près que ces petites bêtes se présentent par millions en mer un jour et que le lendemain elles ont disparu comme par enchantement. Peut-être noyées.

Les premiers à ressentir cette défection sont bien sûr les pêcheurs qui comptent sur la manne maritime pour nourrir la famille. Ensuite les ouvrières des conserveries car pas de poisson, pas de travail. Et lorsqu'il y en trop de sardines, jamais assez pour les patrons, comme les ouvrières sont payées à l'heure au lieu du mille de sardines depuis les grèves de 1905, il ne faut pas traînailler, la contremaîtresse est là pour activer le mouvement.

Dolorès Marquez est fille de pêcheur. Son père espagnol d'origine, Diego, s'est échoué sur la côte et s'est pris dans les filets des yeux de la belle Marie. Ils se sont mariés et n'ont eu que Dolorès comme enfant. Mais quelle enfant. Rousse au teint mat, un anachronisme qui n'est pas rédhibitoire pour ses consoeurs. Car Diégo a réussi à faire embaucher sa fille chez Monsieur Guéret où elle est employée au tri lors de la réception des poissons, une place située tout en bas de l'échelle des ouvrières, en compagnie de gamines plus jeunes qu'elle. Sa beauté farouche attire l'attention de la Murène, la contremaîtresse, ce qui ne manque pas de déclencher l'ironie et les sarcasmes chez ses collègues. La Murène est, à tort ou à raison, soupçonnée de préférer les femmes aux hommes.

cario4.pngEn sortant de l'usine, Dolorès remarque la Clopine, surnommée ainsi à cause de son pied-bot. La vieille femme avait eu le tort d'être à la pointe des grèves de 1905, et elle avait été licenciée, son nom écrit à l'encre rouge sur les carnets d'embauche des usiniers. Une amitié bourrue s'établit entre la vieille femme et la jeune fille. Des rumeurs de grève commencent à s'étendre et la Clopine n'est pas la dernière à prôner la révolte. Dolorès a l'esprit vif, la répartie facile, ne se laisse pas monter sur les pieds, et cela parfois joue en sa défaveur. Mais elle est jeune, insouciante et elle remarque que Joseph, surnommé Glazig à cause de ses yeux bleus, la regarde avec justement des yeux énamourés. Elle n'est pas insensible à ce gamin plus jeune qu'elle. Elle va quand même avoir bientôt dix-sept ans.

A l'usine, c'est la course contre la montre, et les pêcheurs cario2.jpgsont tributaires des déplacements de bancs de poissons. Diego rêve de pouvoir aller comme certains de ses compères aller à la pêche à la langouste verte au large de la Mauritanie. Outre le fait qu'il serait parti durant de longues semaines, il lui manque les fonds nécessaires pour s'équiper pour une telle expédition. Et un jour alors qu'il allait aborder au quai avec ses marins, une chaloupe effectue une mauvaise manoeuvre, et il se retrouve la main gauche coincée entre le plat-bord et la bordure de l'appontement. Il est handicapé et cela va dégénéré. Dolorès elle est importunée par la Murène qui l'incite à la voir chez elle, mais là encore de cette rencontre va découler un incident préjudiciable.

Puis elle aura l'opportunité de devenir demoiselle de compagnie de Guéret dont la demeure est un véritable château. Elle pensait surtout pouvoir aider ses parents, mais elle est considérée comme une pestiférée par les autres ouvrières de l'usine, par la majorité même des habitants de la cité portuaire qui considèrent sa décision comme une trahison. Là encore les rumeurs vont bon train (être colporteur de ragots est un métier facile qui ne demande pas de diplôme) et on l'accuse de coucher avec le patron, un quinquagénaire. Ophélie, une vraie petite chipie, ne manque pas de l'asticoter à propos de certains événements douloureux dont Dolorès serait responsable.

cario1.jpgDans ce docu-roman, c'est toute une époque qui nous est restituée sous nos yeux pleins de compassion. le dur labeur des sardinières, jusqu'à seize heures de travail parfois, les pieds chaussés de sabot leur coupant la peau, les glissades sur les viscères des sardines, les doigts coupés en étêtant les poissons, les éclaboussures de la friture défigurant parfois les visages, sous l'oeil vindicatif et les accès de colère de la contremaîtresse toujours à critiquer négativement ses ouvrières qui ne font pas attention. le tri sélectif des poissons par des gamines de douze ans, l'école n'étant pas une priorité, effectués avec virtuosité afin de ne pas meurtrir la chair est une opération délicate, tout autant que l'étêtage ou la friture, mais les grades ne sont pas les mêmes et la paie, lâchée au compte-gouttes, arrive à peine à garnir les assiettes. Pourtant, des instants de joie sont préservés par les ouvrières elles-mêmes qui organisent de temps en temps des danses entre deux vacations, afin de se détendre. Quant au sertissage des boites de conserves, les soudeurs-sertisseurs sont remplacés par des machines qui possèdent l'avantage d'aller plus vite et de ne pas revendiquer.

Entre l'été 1923 et le début de l'année 1925, on assiste à la montée en colère des ouvrières, les Penn-sardin ou Têtes de sardines appelées ainsi à cause de leur coiffe, aux grondements de révolte, et l'on découvre quelle fut la vie quotidienne de ce petit peuple courageux et exploité. Douarnenez est la deuxième ville française à élire un maire communiste, Sébastien Velly, après Saint-Junien, et naturellement, les bourgeois, l'Eglise et le commissaire de police le Gleut qui préfère fricoter aux côtés des puissants que des pauvres, crient haro sur les meneurs. Ils prédisent que tout se terminera comme cela a commencé, une bulle qui éclate au moindre accrochage. le rôle des syndicats prend alors toute sa signification, surtout lorsque la grève fermera les usines. Les patrons sont décrits comme des êtres fiers, dédaigneux de la basse classe, se sentant investis par leur richesse comme les maîtres du monde. Pourtant la grève générale aura bien lieu, tandis que les usiniers se réunissent devant une table abondamment chargée de victuailles. C'étaient eux qui nourrissaient les ouvrières, et non pas celles-ci contribuaient à leurs richesses. Un déni de la réalité, un mépris affiché envers celles qu'ils considéraient sans l'avouer comme leurs esclaves. Et des briseurs de grève seront embauchés auprès des syndicats jaunes et de la droite fascisante, semant le trouble. Des coups de feu seront même tirés sur le nouveau maire Daniel le Flanchec. Quatre-vingt-dix ans ont passé, la leçon n'a pas été retenue et les patrons du CAC 40 continuent de pressurer leurs employés, exerçant le chantage de la délocalisation. le travail est moins dur certes, mais l'esprit est le même.

L'usine était un univers qu'elles exécraient, et rares étaient celles qui éprouvaient un vrai plaisir à s'y rendre. Les ouvrières n'avaient aucun moyen légal de se défendre, puisque la législation du travail accordait aux patrons des conserveries alimentaires la dérogation de faire travailler jusqu'à quarante-huit heures d'affilée. Deux jours sans dormir : on n'imposait pas labeur plus inhumain aux "forçats" de Zola.

Et effectivement, le lecteur est plongé au coeur de la triste réalité et Zola ne pouvait pas ne pas être évoqué. Daniel Cario, au travers d'un roman historico-social mêle fiction, le personnage de Dolorès et ceux qui l'entourent, ses premiers émois et son émancipation, et réalité avec les personnages de Velly, le Flanchec, Charles Tillon, le commissaire le Gleut, des usiniers comme Béziers, le briseur de grève professionnel Léon Raynier et quelques autres. Et le lecteur ne restera pas insensible à cette page d'histoire, bretonne certes, mais dont de nombreuses régions sous des formes et des corporations différentes ont connu les mêmes combats.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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J'ai essayé. J'ai fait de mon mieux. J'ai réessayé, d'autant que le sujet du livre m'intéresse: l'histoire des penn-sardin, ces filles, ces femmes employées des conserveries de Douarnenez, dans la crasse et les odeurs à soulever le coeur. Des femmes qui ont eu le courage d'être parmi les premières à se révolter contre des patrons qui les exploitaient, des bretonnes au caractère bien trempé que leurs coiffes dentelées ne suffisaient pas à dissimuler.

Daniel Cario s'est attelé à écrire leur histoire sans parvenir à me happer. Rien ne retient mon attention, ni l'écriture, ni la manière de traiter le sujet. Son style très "roman du terroir" m'ennuie profondément au point qu'il fait désormais partie de ma quasi-inexistante liste des auteurs dont j'ai abandonné le livre en cours de route.

J'avais choisi de lire ce livre par l'intermédiaire de Babelio et des Presses de la Cité.
Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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Le point fort de ce texte que l'éditeur qualifie de « roman vrai » est assurément l'important travail de documentation mené par Daniel Cario pour coller au plus près des faits. Ainsi, sa « fiction » est fortement ancrée dans le réel et les protagonistes croisent de nombreux personnages qui ont réellement existé, comme Sébastien Velly, l'un des premiers maires communistes de France, le député Charles Tillon ou encore la syndicaliste Lucie Colliard. Pour autant, l'auteur ne nous abreuve pas de données historiques superflues. La ville de Douarnenez et les conditions de travail des « penn-sardin » sont bien décrites.

Les personnages sont globalement intéressants, pour ce qu'ils représentent surtout. La jeune sardinière qui vire pasionaria (tiens, elle se prénomme Dolorès, comme c'est curieux !). L'immigré espagnol devenu patron-pêcheur. Clopine, l'ouvrière boiteuse renvoyée à cause de son infirmité et qui garde depuis une dent contre son ex-employeur. Alcide Guéret, le patron bedonnant qui se prend d'affection pour Dolorès. Mais aussi : les impitoyables contremaîtresses, le commissaire de droite effrayé par la poussée « coco » dans sa ville, le petit mousse, etc. On peut comprendre la volonté de Daniel Cario de grossir les traits pour rendre son propos plus intelligible mais ce faisant, il tombe parfois dans la caricature un peu facile.

Les développements de l'histoire se laissent suivre agréablement bien qu'ils soient dans l'ensemble très prévisibles. Mais pouvait-il en être autrement s'agissant d'un roman historique dont on connaît la « fin » ? On se doute bien que tout cela va se terminer par la grande grève de 1924, qui a pris une ampleur nationale et aura vu défiler dans les rues de Douarnenez plusieurs milliers d'ouvrières réclamant, sabots aux pieds et drapeaux rouges en main, une augmentation significative de leur maigre salaire. Et pour peu qu'on en connaisse un peu les détails, on ne s'étonnera pas de certains rebondissements de l'intrigue, qui sont eux aussi véridiques.
Seule la bluette entre Dolorès et Glazig, particulièrement mièvre, m'a semblé de trop, ou tout du moins prendre une part conséquente part rapport au reste.

Avec Les coiffes rouges, Daniel Cario signe un honnête roman historique, fort intéressant, ainsi qu'un bel hommage à l'une des rares révoltes ouvrières menées par des femmes, les courageuses « penn-sardin » de Douarnenez.
Lien : http://hanniballelecteur.ove..
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