Est-ce qu'une belle citation, fidèle à
Pascal Quignard, "c'est parce qu'il coïtaient que nous existons", est suffisante pour que l'on puisse lire avec plaisir et attention, un premier roman ?
Si l'auteur a cherché à se mettre dans les pas d'
Albert Camus qui lui-même avouait," à un moment difficile de sa vie, "j'ai besoin que quelqu'un me montre la voie, non selon son bon vouloir mais selon l'autorité", " j'ai besoin de mon père", citation qui figure dans
le premier homme.
C'est un livre sur le père, l'auteur a la particularité d'être moitié italien par son père et belge par sa mère, Lorenzo Caro'la est né à Naples. Ayant passé son enfance et son adolescence entre l'Europe et l'Afrique, il a choisi une carrière assez étonnante celle de chanteur d'opéra. C'est un migrant, ou un voyageur, passant son adolescence entre l'Italie et la Belgique, les Pays-Bas et l'Angleterre, il s'est établi finalement Bruxelles, le roman
le dieu des pierres est bien son premier roman
L'écriture est assez fluide, il se lit sans difficulté mais il manque sans doute de cette pointe d'émotion, de cette nécessité de ramasser son texte pour le rendre percutant
On a plus l'impression de réaliser une étude comparative des meilleurs bordels de Naples que de vraiment comprendre pourquoi son père était si attaché à la compagnie des prostituées. Page 144, il s'exprime en bon père de famille, et " aborde enfin un bordel de qualité" où il "croisait parfois des connaissances plus âgées, des maris exemplaires, des pères de famille, qui le toisaient avec un sourire entendu de bienvenue", de "mais regarde un peu comme la jeunesse pousse vite donnant ainsi leur bienveillante bénédiction au succès du rituel de passage". Un bordel convenable en somme.
Mais en bout de course, ce parcours du combattant, pardon, le parcours de ce père de famille soucieux de faire l'éducation sexuelle de son fils, vient trop vite lassant.
Il manque je crois à un tel récit cette pointe d'humour, cette pointe d'ironie qui permet d'échapper à ces visites presque imposées, aux mains sales, à la nausée qu'inspire ces établissements qui avaient peut-être un certain charme dans les années 40. Sans prendre du recul, sans comprendre pourquoi, sans paraître ni en colère ni exaspéré, ces grignotages, me laisse une impression d'inachevé.
Faut-il se retenir pour atteindre le bonheur?
La fin tragique, on la voit venir, le palud de son père navigue sur les 20 dernières pages, sa fin du voyage aurait surement dû constituer le tiers de l'ouvrage.