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Critique de petitsoleil


J'ai acheté ce livre tout récemment, vendredi soir je crois bien, et je l'ai dévoré en une soirée. Intéressant à plus d'un titre, ce livre !

Un défi et un pari pour l'auteur : prendre au pied de la lettre la consigne gouvernementale donnée aux citoyens de privilégier les produits français, d'acheter français, notamment pour soutenir l'emploi en France et l'économie du pays. L'auteur a tenu son pari, réussi son défi, mais là je ne dévoile pas un scoop, c'est révélé dès le début du livre.
Attention, tout a été fait très sérieusement. Il a fait venir un expert avant le défi, pour évaluer un pourcentage de produits français dans son appart, et au terme du défi, au bout d'un an, l'expert est revenu.
Bilan (impressionnant je dois dire) : il est passé de 4 % à 96 % de produits français (en ne tenant aucun compte des affaires de la copine, qui elle ne participait pas au défi, mais c'était son droit le plus absolu).
L'auteur a aussi fait venir Arnaud Montebourg, dont il dresse au fil des pages un portrait intéressant. Ni hagiographie ni dénigrement, le portrait vient en complément de plusieurs portraits et rencontres, car l'auteur a rencontré pas mal de monde en un an. Lui aussi a visité des usines, rencontré des producteurs, des apiculteurs ... un agenda de ministre !

Le défi a dû être prenant, une véritable aventure pour l'auteur.
Il lui a fallu renoncer à la voiture (peu de voitures méritent vraiment un label "Made in France", même s'il y a parfois un peu de "French touch", merci la pub), mais aussi au frigo, au choix dans les chaussures, aux jeans (depuis peu, on produit de nouveau des jeans en France, information donnée dans le livre), au téléphone portable dernier cri, à l'ordinateur ... J'admire d'autant plus l'auteur que je ne pourrais sans doute pas me lancer dans un défi aussi extrême. J'essaie régulièrement de faire du tri, d'acheter un peu moins, d'acheter mieux, mais je pourrais certes pas me passer aussi longtemps d'autant d'objets à la fois. En plus, parfois acheter mieux ne conduit pas à acheter un produit français : un café ou un chocolat noir équitable, par exemple ...
J'ai déjà bu de la chicorée, mais remplacer mes cafés par ca ... bah au pire je remplacerais par du Cacolac, enfin en espérant qu'on en produise encore longtemps dans ma région ! et si mon chocolat noir équitable favori provient de cacao Criollo du Pérou ... en revanche, mon chocolat noir Lindt, bien que semblant suisse, a probablement été produit à Oloron, pas si loin et en France

Parfois, le produit français n'existe pas (frigo), n'est pas adapté à nos besoins (tablette Qooq pour l'auteur, c'était pas mal mais pas très adapté à ses besoins de navigation Internet et à sa vie numérique, si j'ai bien compris)
Ou on veut du bio, équitable ... et en France on n'a pas ca, ou en petites quantités donc c'est difficile à trouver pour certains produits ...
Ou encore, le produit n'est distribué qu'aux Antilles (café), ou que dans très peu de boutiques ... ou encore l'origine France n'est pas évidente (produits de marques de distributeurs, à 95 % origine France ...)
Les professionnels y travaillent paraît-il, à plus de contrôle mais aussi plus de lisibilité et de visibilité, comme à l'époque pour le bio. Il commencerait à y avoir de la demande, mais l'offre ne suit pas toujours. Après le "French bashing", un peu de "French washing" svp ...

A propos de mots, d'expressions et de langue française, l'auteur a rencontré Alain Rey et a parlé de la culture, des quotas de chanson française à la radio, de la langue française, de la francophonie ...
Il a découvert la chanson française (là je m'interroge un peu, comment un Parisien de 25 ans peut-il en avoir écouté aussi peu, malgré les fameux quotas des radios ? on peut ne pas aimer tout, certes, mais ne pas connaître ? hum)

L'auteur a aussi découvert qu'après avoir supprimé la majorité des emplois agricoles en France, avec de forts rendements d'une agriculture monotone et productiviste, mais aussi en important de plus en plus de nourriture produite ailleurs ... on ne délocalise pas seulement les emplois industriels qui avaient pris le relais, on délocalise aussi beaucoup les emplois de services, qualifiés ou non. Un call-center de Casablanca lui a permis de réaliser la notion de nearshore, terme qui se veut rassurant depuis que le offshore a si mauvaise presse auprès des Français. le travail peut partir du jour au lendemain, en Pologne, en Espagne, au Maroc, en Tunisie ... Mais attention, au cours de son enquête, l'auteur a aussi pointé du doigt les paradoxes ou approximations de nos voisins européens, leur "marque pays" étant parfois bien moins exigeante qu'en France. le fameux "Made in Germany" cache souvent des produits réalisés en Europe de l'Est, République Tchèque, Slovaquie, Autriche, Hongrie ... de même que l'image suédoise de progrès masque mal la réalisation de nombreux meubles et articles IKEA partout sauf en Suède.

Un peu comme l'auteur, j'ai envie de garder "le meilleur des 2 mondes", le meilleur des produits français et dans certains cas, le meilleur de produits étrangers mais performants, agréables, utiles, design ...
Les produits et services français ne sont pas toujours évidents à voir, les Français travaillant de plus en plus pour le secteur tertiaire, et de plus en plus pour vendre des services, logiciels, produits à d'autres entreprises, mais on peut espérer une amélioration, un renouveau ...
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