Déjà de fort nombreuses critiques de cet excellent témoignage, qui garde beaucoup d'actualité... quant à l'engagement de toute personne habitée par le désir d'enseigner...
Je retrouve avec stupéfaction le modeste livre de poche, soigneusement protégé de la couverture de papier cristal( papier-fleuriste) dont je l'avais affublé il y a quelques années….j'étais convaincue de l'avoir prêté et de ne plus l'avoir près de moi…
Je retrouve cette belle lecture avec grande émotion, ainsi que les passages soulignés à l'époque, qui correspondent encore à mes convictions et appréciations présentes…. Comme celle-ci, qui fait figure de profession de foi de cette institutrice… aussi exigeante , déterminée, et bienveillante…. Que nous retrouverons de longues années après, dans le documentaire « Etre ou avoir »….
« Et puis, il n'y avait pas que les enfants, il y avait aussi les parents et les grands-parents. C'étaient eux qui retenaient le progrès et empêchaient les idées nouvelles de s'imposer. (…)
Il restait tant de choses à faire, tant de vieilles idées et des habitudes à mettre en l'air. le patriarcat, le droit d'aînesse, la soumission des femmes, l'abrutissement par le travail, l'alcoolisme, les croyances, les superstitions et bien d'autres encore. C'était à moi de leur apprendre tout ça, j'étais décidée à me battre si nécessaire. Déjà, je savais que je ne leur ferais jamais chanter –Flotte petit drapeau- ni même- La Marseillaise-, ce chant de guerre, je savais que je ne leur raconterais jamais des histoires à dormir debout sur les belles batailles, l'héroïsme et la sainteté. Je n'avais qu'une chose à faire, leur ouvrir l'esprit, faire en sorte qu'ils transforment leur vie pour avoir plus de bien-être et qu'ils sortent de l'isolement et de leur aliénation. C'est ça que je voulais leur apprendre… (p.133-134).
Ce à quoi,
Emilie Carles se dévouera pendant quarante ans dans les villages de montagne , où elle exercera avec passion son métier d'institutrice…