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Jean-Bertrand Pontalis (Préfacier, etc.)Bernard Gagnebin (Éditeur scientifique)Marcel Raymond (Éditeur scientifique)Catherine Koenig (Auteur du commentaire)
EAN : 9782070403738
264 pages
Gallimard (01/08/1997)
  Existe en édition audio
3.53/5   139 notes
Résumé :
Je sentis avant de penser : c'est le sort commun de l'humanité. Je l'éprouvai plus qu'un autre. J'ignore ce que je fis jusqu'à cinq ou six ans; je ne sais comment j'appris à lire; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi : c'est le temps d'où je date sans interruption la conscience de moi-même. Ma mère avait laissé des romans. Nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi. Il n'était question d'abord que de m'exercer à la l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Comment lire les « classiques » ? La densité des exégèses qui les entourent peuvent les rendre difficiles à approcher ; difficile d'oser avoir son propre point de vue sur une oeuvre tellement commentée, tellement célébrée…
Je lis Les Confessions dans le cadre de mon cursus universitaire : c'est une oeuvre qui fait partie du canon littéraire établi par un de nos profs, du genre « les livres à avoir lu si on veut devenir prof de français ». J'y suis amenée aussi par la lecture de deux textes critiques : « Le dîner de Turin » de Jean Starobinski, un commentaire d'une beauté et d'une virtuosité étourdissantes sur un épisode du livre III, et la « Lecture d'un aveu de Rousseau » dans le Pacte autobiographique de Philippe Lejeune, moins bien écrit mais cependant passionnant, sur le récit de la fessée reçue par le petit Jean-Jacques. Lejeune suggère, dans l'avant-propos de son livre, que l'activité critique « n'est autre chose qu'un acte littéraire de seconde main », et fait donc partie de la littérature. Les deux textes que je viens de mentionner ouvrent les Confessions, mettant dans la lumière ses replis sombres et sensibles. C'est ce geste amoureux qui me donnent envie de faire à mon tour l'expérience directe et personnelle de l'oeuvre.
J'ai lu ces quatre premiers livres des Confessions en me laissant porter par l'histoire, sans faire très attention au style et à la composition. J'ai eu tendance aussi à les lire autant comme un témoignage historique que comme une oeuvre littéraire, en soignant ma curiosité sur la vie des gens au XVIIIe siècle, sur leurs façons d'agir et de sentir. J'aime bien cette altérité liée au temps, qui nous frappe soit parce que certaines choses nous paraissent inimaginables de nos jours (par exemple quand Rousseau se jette aux pieds d'un ambassadeur, pour lui demander grâce de ses mensonges), soit au contraire parce que nous les pensions purement contemporaines (Madame de Warrens qui surnomme le maître de musique « petit chat »).
Ce qui fonctionne dans le livre ce sont les anecdotes, les histoires objectivement sans grande ampleur, mais dont Rousseau ravive le scintillement émotionnel par l'écriture. Ce sont souvent des histoires de désir, de langueur ; une jouissance qui s'actualise dans le désir de jouir. Compter parmi les meilleurs passages ceux qui racontent ses voyages, ceux d'un adolescent allant à pied, sans argent, entre le pays de Vaud, la Savoie, Paris, Lyon, le royaume de Sardaigne, où il décrit une forme de complétude parfaite, d'osmose entre lui et le monde, entre son imagination et la nature de l'Holocène, toutes deux sources de délices à égalité.
Jean-Bertrand Pontalis commence sa préface en écrivant que Les Confessions sont un « appel à l'autre, appel séducteur et pathétique, qui suscite en alternance chez le lecteur intimité complice et mise à distance irritée ». C'est une formulation parfaite, qui m'évoque marginalement la lecture féministe qu'on peut faire de l'oeuvre. Ainsi quand Rousseau avoue le tort qu'il a fait à certaines femmes (Marion qu'il accuse du vol du ruban, et dans la foulée le récit de l'exhibition de son c** à des passantes), il me semble que c'est à chaque fois une complicité masculine qui le sauve et lui permet de s'en tirer socialement.
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Les livres sont longs mais la lecture est facile. C'est intéressant car ça permet de découvrir le Rousseau jeune et on le voit sous un autre jour. Finalement avant d'être l'écrivain et le philosophe que l'on connaît il a eu une vie tourmentée, ne sachant se fixer et étant bien souvent sans le sou. Mais il finit toujours par s'en sortir, en se plaçant sous la protection de quelques seigneurs et enchaînant les petits boulots. Finalement c'est un message d'espoir car malgré les viscissitudes de la vie, elle nous réserve toujours des surprises quand on sait ce qu'est devenu Rousseau. Avec cette lecture on est loin de se douter de ce qu'il adviendra.
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Personnellement je n'ai pas accroché mais c'est un classique de la littérature française tout de même.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[ Incipit ]

Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.

Moi seul. Je sens mon cœur, et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j’ai vus ; j’ose croire n’être fait comme aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans lequel elle m’a jeté, c’est ce dont on ne peut juger qu’après m’avoir lu.

Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra, je viendrai, ce livre à la main, me présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement : Voilà ce que j’ai fait, ce que j’ai pensé, ce que je fus. J’ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n’ai rien tu de mauvais, rien ajouté de bon ; et s’il m’est arrivé d’employer quelque ornement indifférent, ce n’a jamais été que pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire. J’ai pu supposer vrai ce que je savais avoir pu l’être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus : méprisable et vil quand je l’ai été ; bon, généreux, sublime, quand je l’ai été : j’ai dévoilé mon intérieur tel que tu l’as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l’innombrable foule de mes semblables ; qu’ils écoutent mes confessions, qu’ils gémissent de mes indignités, qu’ils rougissent de mes misères. Que chacun d’eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité, et puis qu’un seul te dise, s’il l’ose, Je fus meilleur que cet homme-là.
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Il fut question de ce que je deviendrais, et pour en causer plus à loisir, elle me retint à dîner. Ce fut le premier repas de ma vie où j'eusse manqué d'appétit, et sa femme de chambre, qui nous servait, dit aussi que j'étais le premier voyageur de mon âge et de mon étoffe qu'elle en eût vu manquer. Cette remarque, qui ne me nuisit pas dans l'esprit de sa maîtresse, tombait un peu à plomb sur un gros manant qui dînait avec nous et qui dévora lui tout seul un repas honnête pour six personnes. Pour moi, j'étais dans un ravissement qui ne me permettait pas de manger. Mon cœur se nourrissait d'un sentiment tout nouveau dont il occupait tout mon être ; il ne me laissait des esprits pour nulle autre fonction.
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Que ceux qui nient la sympathie des âmes expliquent, s'ils peuvent, comment, de la première entrevue, du premier mot, du premier regard, Mme de Warens m'inspira non seulement le plus vif attachement, mais une confiance parfaite et qui ne s'est jamais démentie. Supposons que ce que j'ai senti pour elle fût véritablement de l'amour, ce qui paraîtra tout au moins douteux à qui suivra l'histoire de nos liaisons ; comment cette passion fut-elle accompagnée, dès sa naissance, des sentiments qu'elle inspire le moins : la paix du cœur, le calme, la sérénité, la sécurité, l'assurance ? Comment, en approchant pour la première fois d'une femme aimable, polie, éblouissante, d'une Dame d'un état supérieur au mien, dont je n'avais jamais abordé la pareille, de celle dont dépendait mon sort en quelque sorte par l'intérêt plus ou moins grand qu'elle y prendrait ; comment, dis-je, avec tout cela me trouvai-je à l'instant aussi libre, aussi à mon aise que si j'eusse été parfaitement sûr de lui plaire ?
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L'argent qu'on possède est celui de la liberté, celui qu'on pourchasse est celui de la servitude.
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Pour peu qu'on ait un vrai goût pour les sciences, la première chose qu'on sent en s'y livrant, c'est leur liaison, qui fait qu'elles s'attirent, s'aident, s'éclairent mutuellement, et que l'une ne peut se passer de l'autre. Quoique l'esprit humain ne puisse suffire à toutes, et qu'il faille toujours en préférer une comme la principale, si l'on n'a quelque notion des autres, dans la sienne même on se trouve souvent dans l'obscurité. (Livre VI)
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Vidéo de Jean-Jacques Rousseau
*RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE* : « Neuvième promenade », _in Les confessions de J.-J. Rousseau,_ suivies des _Rêveries du promeneur solitaire,_ tome second, Genève, s. é., 1783, pp. 373-374.
#JeanJacquesRousseau #RêveriesDuPromeneurSolitaire #Pensée
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