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Céline Zins (Traducteur)Aline Schulman (Traducteur)
EAN : 9782070786558
468 pages
Gallimard (05/03/2009)
2.94/5   31 notes
Résumé :
Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu. mais les familles heureuses ? Tout au long de ces seize récits qui sondent les différentes couches de la société mexicaine, l'exploration des relations familiales dans leur intimité la mieux gardée fait voler en éclats idées reçues et principes. A travers des situations qui mettent en jeu aussi bien le rapport du Président avec son fils que celui d'une femme avec l'assassin de sa fille, un curé cachant son enf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Drôle de bonheur en fait. Fuentes nous fait entrer dans les coulisses des relations familiales et tout y passe: hypocrisie, trahisons, meurtres, abandons, violences conjugales, abus de toutes sortes. Chaque nouvelle est l'occasion d'analyser un aspect de la famille où transparaît en filigrane la corruption d'une société inégalitaire. Et que dire des "choeurs", sortes de bis de chaque nouvelle, de rappels qui prennent un peu la forme de poèmes en prose, mais d'une poésie très grinçante qui nous met mal à l'aise... Ces choeurs se sont imposés à moi tels des éruptions purulentes, symptômes d'une infection générale; tels aussi peut-être les graffitis obscènes qu'on voit malgré soi quelquefois dans les toilettes publiques: on n'est pas là pour ça mais on ne peut les ignorer même si on ne comprend pas toujours l'intention de leur auteur.
En résumé, une lecture difficile mais qui en vaut la peine.
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Au ton optimisme du titre de ce roman, il faut plutôt y voir une assertion ironique car de bonheur, il n'est guère question au fil des nouvelles de ce recueil. Les familles mexicaines passées au crible montrent toutes leurs dysfonctionnements, leurs casseroles et leur violence : mères paumées, enfants sacrifiés, pères violents et autoritaires, le tout sur un fond sociétal mexicain des plus noirs, mélange de drogue, de gangs, de prostitution… Bref, tout sauf le bonheur.
L'image présentée par l'auteur de son pays est consternant. La violence, physique et morale est omniprésente et les enfants condamnés avant même leur naissance. le style de Carlos Fuentes, distancié, est fouillis, noyant le lecteur sous l'énumération de faits grimpant toujours plus sur l'échelle de l'horreur. À quelques exceptions près, les histoires finissent toutes mal.
Une lecture extrêmement pénible, démoralisante et crue, à ne conseiller qu'aux chercheurs en sociologie spécialisés dans le Mexique…
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Au travers de situations variées les relations familiales sont disséquées avec beaucoup de finesse dans ces seize nouvelles. Ma préférée: la première: "une famille comme tant d'autres" ( Una familia de tantas) où l'on voit une mère qui renonce à sa carrière de chanteuse de boléros et se demande si cela en vaut bien la peine, une fille qui renonce au monde pour vivre par procuration sur Internet et le fils qui réintègre le cocon parental après des débuts catastrophiques dans la vie professionnelle..Comme quoi le syndrome de "Tanguy" n'est pas propre à l'Europe...
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roman au titre prometteur pour l'optimiste que je suis … au contenu si inverse … série d'histoires familiales mexicaines plus douloureuses et dures les unes que les autres, et comme elles se succèdent sans lien entre elles, la narration décousue en rend la lecture difficile. Ce roman m'a ennuyée, trop décousu et trop culturellement trop dur et trop réaliste probablement !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Allez mon petit, chante. La Vierge t'a rendu la voix.
Mais Maxi n'ouvrit pas la bouche. Il n'ouvrit que les yeux, mi-absents, mi-effrayés. Pourtant, le regard de la Vierge était posé sur lui. Maxi ne la regardait pas. Sa mère, oui. Sa mère regardait la Vierge comme elle aurait souhaité que son fils la regardât, elle. Dans ce regard, Medea mettait sa vie entière, ses amours tourmentés, la joie de l'accouchement vingt-cinq ans plus tôt, le bien-être que lui procurait les écailles de serpent, ses petites besognes comme faire la lessive des autres, les tâches plus importantes comme ses travaux de poterie, et son rôle essentiel, qui était d'assister les femmes du quartier quand elles accouchaient. Tout se rassembla dans son esprit en cet instant de réunion de la Vierge et du fils, fils de Medea et fils de Marie, le mariachi qui avait perdu la voix à la suite d'un coup de gourdin le jour de la bagarre, le chanteur qui, si la Vierge faisait réellement des miracles, allait recouvrer la voix, là, sur le champ...
Il y eut un énorme silence.
Tout s'illumina.
Chaque ex-voto s'éclaira comme une lampe d'espoir.
Les cierges brillaient.
Maximiliano ne disait rien.
Medea ouvrit la bouche et se mit à chanter.
Beau paon qui sert de messager
Si tu vas au Palais royal
Beau paon on va te demander
Pourquoi je verse tant de larmes
Dis que mon fils me fait pleurer
Des larmes d'amour et de sang.
Medea chantait devant les cierges avec le désir inconscient de les éteindre avec son souffle. Mais les cierges continuaient de brûler. Leur flamme grandissait à mesure que Medea chantait. Elles prenaient vie avec sa voix. Une voix claire, forte, sonore, faite pour animer un combat de coqs. Une voix d'homme, une voix de mariachi. Une voix qui sortait de la mère du mariachi et illuminait les ex-voto, les cierges, les clefs que la Vierge lui avait remises, le manteau avec la représentation de la cène de Jerusalem...
Une voix qui rayonnait sur la ville entière.
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Quelle est la signification d'un regard, madame ? Un regard qui se pose sur une montagne est-il le même qu'un regard qui se pose sur une personne ? Regarde-t-on de la même manière un crépuscule et une femme ? Je ne voulais pas regarder votre fille, madame, mais je voulais, oui, je voulais la regarder regardant la même chose que moi et savoir que je partageais avec elle le sentiment de la beauté de la nature. Peut-être aurais-je dû me retenir . Peut-être aurais-je dû me rappeler la leçon de toute une vie et continuer à être celui qui courbe l'échine. L'Indien qui n'a pas le droit de lever les yeux du sol.
Je me suis révolté, madame. J'ai voulu regarder votre fille. Je l'ai regardée. Non pas servile, mais altier. [...]
Votre fille m'a regardé avec effroi. Son regard me signifiait, ne me touche pas, ne t'approche pas, reste à ta place, surtout reste à ta place. Où est ma place ? En bas, toujours en bas ; j'aurai beau m'élever, je serai toujours en bas. Voilà pourquoi mes mains se sont levées, pourquoi mes bras n'ont pas su se contenir, j'ai senti mes ongles devenir des lames de couteau et tout ce que j'ai pu dire à votre fille pendant que je l'étranglais de caresses, de toutes mes forces, je suis ton Indien, je suis l'Indien que tu ne veux pas voir en toi-même, ce n'est pas toi que je tue, je vois clairement que si je te tue je me tue, si je te condamne je me condamne [..] Alejandra, pardonne-moi, pardonne-moi cette douleur que tu as provoquée en moi lorsque sans ouvrir la bouche tu m'as dit :
" Ne t'approche pas. Tu me fais peur."
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La mère. Elvira Morales était chanteuse de boléros. Pastor Pagán l'avait connue dans un cabaret de deuxième zone de l'avenue Villalongín, près du Monument à la Mère. Toute jeune déjà, Elvira chantait des boléros chez elle, quand elle faisait sa toilette, quand elle aidait au ménage, et avant de s''endormir. Les chansons étaient ses prières. Elles l'aidaient à supporter la triste vie d'une fille sans père, et d'une mère désemparée. Personne ne l'avair soutenue.
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C’est la grande règle romantique. Inacceptable aux yeux du dérèglement moderne. Nous voulons la satisfaction immédiate. Et nous l’obtenons. Sauf que ce qui s’obtient sur-le-champ se consomme rapidement et se jette ensuite à la poubelle. Je ne sais pas comment on peut appeler « conservatrice » une société qui ne conserve rien. Nous vivons un deuil imparfait avec le monde.
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Le mari aimait sa femme. Il se refusait à lui trouver des défauts. Il n’avait aucune raison de s’étonner. Ana Fernanda était profondément catholique, il l’avait toujours su. Il s’était fait à cette idée, mais s’il avait imaginé qu’il réussirait un jour à « rogner » un peu ses convictions, il ne tarda pas à se rendre compte que, dans le cœur de sa femme, l’amour de Dieu primait sur l’amour pour Jesús, si ironique ou cocasse que puisse paraître cette formule, au point que lorsqu’elle acceptait, à jours fixes, les faveurs de l’homme, Ana Fernanda cessa de crier Jesús Jesús pour dire Aníbal Aníbal ou simplement « mon amour ».
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Videos de Carlos Fuentes (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Carlos Fuentes
Mercredi 20 octobre 2011, Carlos Fuentes reçoit les insignes de Docteur Honoris Causa.
Biographie: Né en 1928 à Panamá où son père était alors Ambassadeur du Mexique, Carlos Fuentes est un des plus grands écrivains du XXe et du XXIe siècle. Sa pensée et son œuvre romanesque ont largement influencé les écrivains et les intellectuels espagnols et latino-américains contemporains. Catégorie Éducation Licence Licence de paternité Creative Commons (réutilisation autorisée)
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