Une jolie pépite que cette parenthèse en pleine nature sauvage et rocheuse, sur un bout de falaise à pic d'un canyon de l'Idaho. Pour travailler, bâtir, se poser et, qui sait, repartir ? Pas sûr...
Le temps de la construction d'un projet fou, Darwin, Arthur Key et Ronnie vont se retrouver en quasi huis clos sur un piton montagneux. Trois hommes abîmés qui ont besoin de faire une pause. Darwin hanté par le souvenir de sa femme décédée ; Arthur Key par le remord de la mort de son frère ; quant au jeune Ronnie, dont la vie alterne entre larcins et prison, n'est-il pas le temps de grandir ?
Le chantier, comme la dureté de la nature qu'ils aménagent et l'adversité de quelques jaloux, va les souder et les transformer en frères bâtisseurs, travaillant sans répit du lever au coucher du soleil. Jusqu'au parfait achèvement. Puis que tout bascule.
Cinq ciels est à la fois une ode au travail de ces compagnons - dont les détails techniques lasseront ou emballeront selon le lecteur -, une belle histoire d'hommes, d'amitié et de rédemption, mais aussi un drame que l'on sent lentement, très lentement monter, degré après degré tel le soleil chaque jour dans les
cinq ciels de l'Idaho.
Mais
cinq ciels est surtout une incroyable bouffée de nature, sauvage, aride, sans limite ; et aussi et surtout vivante, exaltante, nourricière : en un mot, salvatrice.
Ron Carlson - ici joliment traduit par
Sophie Aslanides - a un art incomparable de la description paysagère, de la tenue de son faux rythme lent, de l'alternance des dialogues et des digressions, du présent et des flash-backs. du grand art et un must de nature writing noir.