"Je traîne devant la porte, comme je le faisais il y a un paquet d'années. Sauf que ce n'est pas ta porte, tu n'es pas ici. Tu n'es plus ici depuis longtemps. Je le sais parce que je te suis. Je suis seul ici. Et je ne suis même pas réellement ici. Tu ne me connais pas. Personne ne me connaît. Plus maintenant. Personne ne sais qui je suis."
Ce texte s'adresse à Léo Junker mais il ne le sait pas encore.
Léo Junker, inspecteur mis au rencard suite à une affaire qui a mal tourné. shooté depuis au Serax (oxazépam), va être obligé de sortir de sa torpeur pour affronter la réalité qui va le conduire vers son passé...vers un visage familier, un ami de jeunesse, surnommé Grim autrefois mais devenu à présent l'homme invisible de Salem.
L'élément déclencheur: la découverte d'un collier dans la main d'un cadavre sur la scène du crime... qui a eu lieu deux étages plus bas que chez Léo, dans le foyer pour femmes en détresse.
Etrange, notre inspecteur aux tendances paranoïaques s'interroge, sa sensation d'être suivi se confirme. Et ce collier, tel un talisman le ramène au temps de son adolescence, à la saison de son premier amour partagé avec Julia Grimberg, la soeur de son ami Grim.
Un roman noir, sombre qui se déroule en partie dans un des quartiers défavorisés de Stockholm, Salem, et une autre dans un quartier underground de la capitale.
Un roman d'ambiance où le lecteur traverse des zones embrumées en partageant les doutes et les malaises de Léo grâce à une écriture qui permet le floutage des deux voix narratives et des deux temps du récit.
L'intérêt de ce livre réside, à mes yeux, aux thématiques évoquées.
Pour moi, ce roman est un récit sur les conséquences de la perte, du deuil, de la béance, de la douleur qu'entraîne la disparition d'un être cher qu'elle soit celle d'un enfant à naître, d'une soeur partie trop tôt... sur les blessures, les fêlures, les séquelles qu'elle crée.
Les deux protagonistes,Léo et Grim, les ont subi, traversé chacun à leurs manières avec leurs propres armes.
Un récit sur l'amitié, et le désamour.
Un récit sur l'égalité des chances ou plutôt l'inégalité de celles-ci.
Un récit sur l'identité, notamment sa construction et sa reconnaissance. En quoi sommes nous uniques?
Une empreinte digitale? Un tatouage? Une histoire?
Bref, j'ai bien aimé
le syndrome du pire qui ne tient pas seulement à la résolution de l'intrigue, qui va au delà du suivi de l'enquête (celle-ci paraît presque secondaire) et mets en avant le mal être de l'inspecteur et l'évolution de la psychologie des protagonistes.
Je regrette seulement que la quatrième de couverture nous indique qu'il s'agisse d'une première enquête de Léo
Junker, le dénouement en est moins surprenant. Par contre, nous savons donc que nous retrouverons Léo dans un autre opus (et ça c'est une bonne nouvelle) car si j'ai bien été informée il s'agit d'une trilogie composée par ce jeune auteur suédois
Christoffer Carlsson.