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EAN : 9782213012742
783 pages
Fayard (21/09/1983)
4/5   15 notes
Résumé :
Le port altier, les traits fins, le regard perçant... Le célèbre portrait de Richelieu reflète bien la personnalité de ce grand homme d'État français. Brillant, clairvoyant, mais aussi ambitieux, il possède toutes les qualités de l'homme politique. Promis par sa famille au métier d'armes, il prend finalement l'habit religieux et entreprend la conquête des plus hautes dignités de l'Église et l'État. Devenu à force de calcul et de patience Cardinal et Premier Ministr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce livre de 750 pages couvre la période allant des dernières années du règne de Henri IV (1600-16010) aux quelques années qui suivirent la mort de Richelieu et de Louis XIII (fin 1642 - début 1643). Il couvre donc à peu près un demi-siècle de l'Histoire de la France et de l'Europe, tant il est impossible de distinguer les deux espaces.

Il s'agit d'une biographie extrêmement fouillée de la vie de Richelieu : allant de son enfance passée dans une famille plutôt modeste au regard des codes sociaux de l'époque, de son engagement religieux qui fera de lui un remarquable évêque de province (Luçon, en Vendée), puis de son ascension vers le pouvoir. Dans un premier temps il deviendra ministre pendant la régence de Marie de Médicis, veuve du Béarnais. Puis après une période de disgrâce, reviendra aux affaires comme premier ministre de Louis XIII. C'est là qu'il donnera toute sa dimension d'homme politique de premier plan.

Que penser du livre et de l'homme ?

Le livre est très long mais il est remarquablement écrit. Il se lit donc comme un roman. Il est très détaillé. Trop à certains égards. Les interminables intrigues des grandes familles de la noblesse qui passent le plus clair de leur temps à comploter – contre la Couronne et contre Richelieu lorsqu'il fut aux affaires. Les turpitudes amoureuses de toute cette population d'oisifs nobles supposés servir l'Etat et qui semblent ne se soucier que de leurs seules petites affaires de coeur et d'argent. Les longueurs ne manquent pas. Je me suis demandé : est-il si important de connaître tout cela pour comprendre Richelieu ? Quel lecteur pourra retenir cette somme d'informations ? Et dans quel intérêt si l'on n'est pas historien soi-même ?

Pour l'auteur, ces interminables « détours » aident à mieux comprendre le personnage, la situation politique, les enjeux, la complexité du temps. Évidemment, on ne peut l'exclure.

Et Richelieu dans tout ça ?

Sans aucun doute, un personnage hors norme. Une brute de travail -- et d'ambition -- au service non pas de sa personne – contrairement à la noblesse de son temps -- mais de l'idée qu'il se fait de la grandeur de la France. Il n'a pas de vie personnelle ou sentimentale connue (ce qui peut paraître normal pour un ecclésiastique mais qui ne l'était pas du tout pour un homme d'église à l'époque !). Il travaille tout le temps, est sur tous les fronts et tente de gouverner le pays dont il a la charge avec une détermination qui force le respect.

Le pays est en bute aux risques permanents de sédition armée des grandes familles de France (Monsieur frère du roi, Condé, Rohan, de Chevreuse…), aux conflits inter-religieux (nous ne sommes pas vraiment sortis des Guerres de religions qui ont dévasté le pays et l'Europe au siècle précédent), aux ambitions territoriales incessantes des deux grandes lignées Habsbourg : la branche d'Espagne – pays le plus puissant d'Europe à l'époque – et la branche d'Autriche qui n'en finit pas de briguer la domination de toute l'Europe continentale.

A cette époque, aucune des frontières qui nous paraissent naturelles entre les pays d'Europe aujourd'hui, n'était fixée : L'Autriche visait les terres du Saint Empire romain germanique pour chasser les Protestants, la Lorraine et l'Alsace étaient des régions de marches entre la France et le Saint Empire. Elles feront pendant toute cette période l'objet de campagnes militaires incessantes. Les Provinces unies et la Hollande n'en ont jamais fini de combattre la tutelle espagnole en nouant des alliances en tous sens. La Suède convoite toute l'Allemagne du nord et s'embarque dans une improbable politique de conquête, la Bohème, terre d'empire, est déchirée par les questions religieuses et les allégeances mouvantes… On l'aura compris tout est en place pour que les guerres et leurs cortèges de malheurs n'en finissent jamais d'occuper un dirigeant comme Richelieu et de maltraiter les populations entières du Continent. La seule Guerre de Trente ans (1618-1648), la première guerre pan-européennes des Temps modernes, causera la mort d'environ un tiers de toute la population du Saint Empire !

Que dire du rôle de Richelieu ? Deux choses sans doute très importantes pour l'Histoire de l'Europe et de la France telle que nous les connaissons.

Richelieu sera le premier à introduire la notion d'Etat-Nation qui viendra s'opposer à la notion habituelle pour l'époque de Monarchie universelle. Par là il faut entendre que la conception traditionnelle des royautés chrétiennes de l'époque était d'élargir sans cesse leurs propres territoires pour remplir la mission naturelle de toute royauté : faire entrer, de gré ou de force, le maximum de populations nouvelles dans la foi de l'église catholique dont le mot, on le rappelle, veut dire universelle. Richelieu sera la premier, semble-t-il, à concevoir les choses différemment : pour lui, l'Etat a vocation à s'élargir à l'intérieur de ses frontières naturelles -- et non au-delà -- pour permettre à toutes les populations qui l'habitent d'y vivre en paix, quelle que soient les allégeances religieuses. C'est cette novation qui expliquera que l'épouvantable siège de la Rochelle n'aboutira pas à l'élimination des Protestants mais au contraire à leur laisser le libre exercice de leur religion dans le royaume mais sous l'autorité du roi.

Il dotera la France d'une armée puissante et redoutée et d'une marine de guerre de premier ordre qui permettra de damner le pion définitivement à l'Espagne en Méditerranée et en Atlantique et de préparer ainsi les grandes conquêtes de Louis XIV. Il laissera en revanche les finances du royaume dans un état pitoyable. Contrairement à Henri IV. En fait, il aura préparé la voie à la monarchie absolue.

Ce que ce livre permet de comprendre, c'est ce que sont les conséquences de la confusion des genres : en matière de politique étrangère ou intérieure, lorsque les ambitions religieuses et les visées militaires s'entremêlent, rien de pérenne ne peut être bâti. On le constate tout au long de ce récit sans fard.

Au fond, ce livre permet de comprendre que si nous pensons vivre une période particulièrement sombre tant les conflits actuels y sont nombreux, il n'y a là en fait rien de bien nouveau. Maigre consolation !

Richelieu, toute sa vie, se sera battu avec une énergie surhumaine pour tenter de résoudre les conflits dont les éternelles passions des Hommes n'ont eu cure.

Un livre intéressant pour les amateurs de l'histoire : la Grande et la Petite.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Situation du clergé sous Louis XIII:
Au bas de l'échelle, l'ignorance des simples curés est effrayante.
Les prescriptions édictées par quelques évêques réformateurs sont édifiantes. Dans telle paroisse, l'archiprêtre, débordé par l'afflux des pénitents au moment de Pâques, organise une confession commune et les absout tous ensemble. Ailleurs, il faut rappeler l'interdiction de s'asseoir sur les autels et de danser dans les cimetières. Combien de prêtres tiennent des cabarets et des tripots pour compléter leurs revenus, portent les armes et s'habillent à la mode. Dans tel diocèse, on recommande aux clercs de ne pas prendre leurs enfants bâtards comme auxiliaires pour le service de la messe. En 1615, Madame de Gondi se confesse à son curé; elle s'aperçoit qu'il ignore la formule d'absolution. Un archidiacre de Bourges déclare qu'un grand nombre de prêtres ne connaissent pas un mot de latin, et cite le cas de ce curé qui ne savait pas combien il y avait de natures Jésus-Christ. Camus, évêque de Belley, dans un roman de publié en 1626, Pétronille, évoque " à quelles extrémités sont réduits les pauvres curés...Les curés des champs (car ceux de la ville sont mieux agencés, mais ils sont aussi dans les tracas par-dessus la tête) sont logés en des cabanes semblables à la grotte de Bethléem, exposés en tout temps aux injures de l'air, couchés sur la paille et la terre, nourris comme les paysans, sans conversation, mal vêtus, mal payés, mal; assistés, misérables en leurs églises, en leurs ornements, en leurs demeures, en leurs meubles, en tout.p.88/89
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Lorsque le Roi de Danemark rallume les hostilités, Wallenstein, dans le désarroi qui règne à la Cour impériale, est l'un des seuls à réagir. Il entreprend de lever à ses frais une armée importante qui compte bientôt 30000, puis 50000 hommes. Ses premiers succès attirent à lui les meilleurs soldats.
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À l'intérieur, le programme est simple. Il s'agit avant tout de maintenir la paix. Le Roi doit réprimer sans faiblesse les révoltes de ses sujets, quand bien même elles s'abriteraient derrière des raisons confessionnelles, comme ce fut le cas pour les protestants de la Rochelle, maintenant réduits à l'obéissance, et comme c'est encore le cas de ceux du Languedoc, toujours en rébellion.
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Qu'il est agréable, au contraire, de travailler avec des religieux, et particulièrement ces Capucins que dirige et anime le Père Joseph! Ce dernier s'est modestement installé dans une masure à demi-ruinée, fréquemment inondée par la montée des eaux du marais.
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Exaspéré, le prince de Condé parle de demander le divorce. Henri IV saute sur l'occasion et fait ouvrir aussitôt des négociations ce sens. Charlotte, excédée aussi, mais par le comportement de son mari, se déclare toute disposée à cette séparation. Et soudain un coup de théâtre de produit.
Page 118
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Video de Michel Carmona (1) Voir plusAjouter une vidéo

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Xavier Deniau, pdt de l'AFAL (Association Francophone d'Accueil et le Liaison) commente avec Marie Françoise Mercier (AIPLF, Association internationale des parlementaires de langue française) et Michel Carmona (Comité de la francophonie) les résultats d'un questionnaire sur la place de la langue française adressé aux candidats des élections présidentielles.
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