AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Godefroid


Une histoire de domination, de manipulation. le jeune et charismatique Francesco embarque dans sa dérive un étudiant en droit à qui tout souriait. Giorgio Cipriani est pourtant un garçon intelligent et sensible, mais la fascination que le brillant Francesco exerce sur lui inhibe complètement tous les réflexes vitaux qui pourraient l'extraire de cette emprise malsaine. C'est la descente infernale, marche après marche.

Une autre histoire, une histoire de viols, en série. le salaud prend garde à ne laisser aucune de ses victimes voir son visage. Et les carabiniers sèchent complètement. La haute hiérarchie policière met une pression terrible sur le jeune lieutenant chargé de l'enquête, Giogio Chiti. Il faut très rapidement trouver un coupable...

Ce troisième roman de Gianrico Carofiglio traduit en français chez Rivages, sans le sympathique avocat Guido Guerrieri qui a tenu l'affiche dans les deux premiers, est, cette fois-ci, une réussite presque totale. L'auteur affirme ici les grandes qualités que l'on trouvait déjà dans "Témoin involontaire" et "Les yeux fermés" : un style direct, sans emphase, mais néanmoins empreint d'une grande sensibilité.

Le récit alterne de façon irrégulière des chapitres à la première personne (c'est Giorgio Cipriani qui raconte), et d'autres à la 3e personne consacrés aux progrès de l'enquête policière. Les parties consacrées à Giorgio et Francesco sont les plus remarquables. La faiblesse du caractère de Giorgio le précipite dans des actions de plus en plus mauvaises ; cette vulnérabilité permet au mécanisme d'inhibition de son sens moral, pourtant bien présent, de fonctionner à plein. L'écriture à la première personne donne au lecteur toute l'intensité des émotions contradictoires qui animent le jeune Giorgio à chaque fois qu'il franchit un nouveau cap.

Forcément, la partie "procedural" de l'ouvrage est plus distante. L'auteur nous fait tout de même pénétrer l'intimité du Lieutenant Giorgio Chiti, sorte d'alter ego de l'autre Giorgio, en dévoilant notamment certains aspects très déterminants de son caractère et de sa vie privée. Là réside le seul bémol qui m'empêche de voir dans ce roman le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être : concernant Chiti, Carofiglio en dit trop ou pas assez. le personnage n'est qu'à moitié creusé, et il le laisse ainsi à la fin de l'ouvrage. Un "défaut" tout de même mineur : ce roman splendide et captivant de bout en bout laisse finalement une profonde empreinte.

Et puis, cerise sur le gâteau, ce titre, vraiment superbe. Illustration de la terrible perspective que le court chapitre final construit en réponse aux deux pages énigmatiques du début.

Traduction parfaite d'Odile Rousseau, à peine entachée par les quelques coquilles que Rivages laisse encore traîner dans l'ouvrage.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}