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Critique de Godefroid


Carofilio met en scène pour la deuxième fois Guido Guerrieri, un avocat plutôt sympathique : intelligent, sensible, avenant, intègre, indépendant, au service de bonnes causes (quand il s'agit d'affaires graves), et bien conscient de ses faiblesses. Corrélativement, il n'hésite pas à se remettre en cause dès que les circonstances l'y incitent ; c'est finalement un type très modeste, mais qui n'en est pas moins efficace. le lecteur découvre tout cela en douceur ; dans ce roman à la première personne, les différents traits Guido se construisent à petites touches au fil d'une narration axée sur des faits, des rencontres, et quelques états d'âme.
Soutenue par une jeune religieuse aussi belle que sévère, la jeune femme un peu fragile qui vient se présenter à Guido est vraiment dans une mauvaise passe : après quelques années de vie maritale avec un médecin prestigieux qui l'a salement maltraitée, elle prend la fuite. Et bien sûr, le salaud la harcèle sans relâche. La jeune femme parcourt les cabinets d'avocat en essuyant refus sur refus, et pour cause, le papa de l'ex compagnon étant l'un des juges les plus influents de la cour d'appel.
Ce roman est excellent. le style très direct, sans chichi ni effet de style m'as-tu-vu, et le vocabulaire familier utilisé par Guido crée une proximité immédiate avec le lecteur. Au passage, la traduction de Claude Sophie Mazéas est impeccable. Mais je suis tout de même resté un peu sur ma faim. Dans la lignée de ses compatriotes Carlotto, Di Cara et Lucarelli, Carofiglio adopte un format relativement court. Chez d'autres auteurs, cela ne m'a pas causé d'autre frustration que celle de quitter à regret des personnages et une ambiance magnétiques. Ici, il y a un certain nombre de trous que j'aurais bien aimé voir comblés : Carofiglio focalise son texte sur l'affaire qui constitue son argument principal sans négliger son personnage d'avocat. Pourtant, entre deux renvois, plusieurs semaines se passent sans laisser aucune trace dans le roman. Certes, cela permet à l'auteur de maintenir une ambiance très tendue sans véritable relâche. On pourrait ne pas s'en plaindre. Mais du coup, on n'a pas le plaisir de l'attente, et peu celui de la digression ; l'auteur aurait pu mettre à profit ces longs intermèdes (bien réels dans son histoire) pour évoquer, même brièvement comme au tout début du roman, les autres affaires de Guido (on suppose qu'il ne reste pas inactif), et éclairer davantage son personnage tout en gagnant en réalisme. Voilà, c'est mon petit regret.
J'en ai un autre, plus personnel : Guido est présenté comme un homme relativement cultivé et de bon goût, mais on le voit se pâmer sur des musiques plutôt courues, voire fort peu inspirées. En particulier, lors la scène où la jeune bonne soeur succombe à son charme, elle lui avoue que tourne en boucle dans sa tête "Losing my religion" (c'est original), cette rengaine creuse des REM, ultra rabâchée (certes, ils n'y sont pour rien), que Guido s'empresse de mettre sur sa platine une fois rentré chez lui. Bon, faut pas trop en demander.
En ce qui me concerne, cela fait quand même un italien de plus à suivre de très près. Merci Rivages !
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