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EAN : 9782021059601
180 pages
Seuil (09/02/2012)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Si le lien entre désir de connaître ( libido sciendi ) et désir érotique ( libido sentiendi ) se trouve déjà suggéré dans les Écritures, il devient explicite à partir de la Renaissance et joue un rôle crucial dans la configuration de la science moderne. Il s’agit ici de conter l’histoire de cette relation entre le savant, être désirant, et la femme, image de la Nature ? en suivant son évolution dans la littérature, mais aussi dans l’art et le cinéma.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Ce livre court et vif invite dans une langue savoureuse à la science fantasmée dans l'univers littéraire de fiction du 17ème au 21ème siècle, avec une large part faite au 19ème siècle.
La maîtrise des références savamment disséminées en cours de lecture dispense le livre de notes de bas de page.
Partant de la triade des passions de l'univers catholique reformulée par Saint Augustin, l'auteur montre les évolutions de la libido sciendi tant dans les oeuvres littéraires les mieux connues que dans les romans populaires. Le désir de connaître (libido sciendi) y rencontre le désir érotique (libido sentiendi) lorsque les auteurs habillent la nature ou la science des supposés atours féminins. Si Caroline de Mulder ne fait pas l'impasse sur les femmes décrivant la science ou la nature et les personnages masculins représentant la nature, force est de constater que "la femme" est la plus souvent associée à la nature dans l'imaginaire des ouvrages analysés.
Elle souligne par ailleurs l'évolution au cours du 19ème siècle que non seulement nature et science se mécanisent mais l'humain aussi.
Ce livre est en définitive une belle synthèse du vaste champs des interrelations entre science et imaginaire littéraire. Pour les lecteurs qui seraient intéressés par l'humanité mécanisé et l'émergence du concept de robot dans la littérature, je vous conseille le livre plus spécifique "L'homme-machine et ses avatars" dirigé par Dominique Kunz Westerhoff et Marc Atallah.
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Il est notoire que le christianisme a été très longtemps l'ennemi de la science. Depuis saint Jean qui condamnait le désir de connaître sous la triple forme de : concupiscentia carnis, concupiscentia oculorum et superbia vitae, en passant par saint Augustin qui le reformule dans la triade plus connue de : libido sentiendi, sciendi et dominandi, jusqu'à Bossuet et peut-être au-delà, le savant n'est pas homme recommandable pour la soutane. Mais que se passe-t-il à partir de la Renaissance, de Francis Bacon à Pascal ? le savant est dédouané de son activité de domination, de dévoilement, de violence, de torture de la Nature ; mais celle-ci s'incarne au féminin, par conséquent, dans l'image littéraire relative au savant, son activité prend une forme farouchement misogyne, et c'est la féminité tout entière, voire la femme elle-même qui fait les frais de cette science qui dénude, lacère au scalpel, creuse, fouille, vide et viole : en médecine et en psychiatrie, bien sûr principalement, mais aussi dans la botanique, l'hématologie, l'archéologie, l'ethnologie… Et cela jusqu'au début du XXe siècle, où la femme commence à accéder aussi à la position de savant, souvent par la médecine justement, mais au prix de hautes luttes contre l'imaginaire en vigueur. le savant n'est décidément plus homme recommandable pour la jupe. C'est la thèse de cet essai.

Quant à la méthode : il est question « d'établir une archéologie imaginaire du désir de savoir » par son image littéraire. Des oeuvres littéraires – en majorité d'auteurs mineurs ou oubliés mais aussi quelques classiques et plusieurs oeuvres mineures d'auteurs très connus – s'étendant du XVIIe au début du XXe s. sont utilisées et répertoriées dans une utile « bibliographie primaire ». Parfois leurs données sont croisées avec la littérature grise médicale.

Le plan de l'ouvrage semble répondre aussi bien à une certaine chronologie qu'à une progression du général au spécifique :
1. « de la libido sciendi à la libido » - pose les bases philosophiques (épistémologiques) du débat et illustre une violence misogyne croissante ;
2. « L'amante du savant » - les relations du savant, « eunuque de sa science », avec les femmes dont il peut être le précepteur (femme = disciple), l'observateur-opérateur (femme = cobaye) ou l'amant (femme = muse) ;
3. « La belle et le scalpel » - premier zoom sur le couple médecin-patiente, « sur fond de violence consentie », en particulier en gynécologie et autre chirurgie ;
4. « La Vénus anatomique » - zoom plus resserré sur les femmes de cire utilisées par les descendants d'Hippocrate, les momies, les statues et autres Vénus archéologiques ;
5. « Machines amoureuses » - légère digression sur la littérature libertine et érotique, de Sade à la science-fiction, concernant les objets tels les automates jusqu'aux femmes (et surmâles) recréés, sur fond de pensée eugéniste ;
6. « Trépaner Vénus » - gros plan sur la psychiatrie, en particulier à partir de Charcot ;
7. « Princesses de science » - sur l'image de femme qui accède à la science, immorale et déféminisée, « femme à barbe », inadaptée à la pensée scientifique et compromettant son rôle d'épouse et de mère…
Suit un intéressant chapitre conclusif : « Les héritières de la Vénus anatomique », qui traite en particulier de la chirurgie esthétique contemporaine, comme ultime avatar du même phénomène…

Dès l'introduction, l'essai mentionne la critique émise par le mouvement connu sous le nom « d'écoféminisme » qui remonte à la moitié de la décennie 70 en France : le développement de la science mis en parallèle avec l'oppression des femmes et le saccage environnemental. Mais il a le mérite de ne pas se mouvoir sur ces bases et de rester au contraire très proche de la lettre des textes littéraires (sans oublier une réduite mais très opportune iconographie).
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Voici une lecture qui a relancé mon envie (désir?) de lire l'ouvrage de Mireille Dottin-Orisini, Cette femme qu'ils disent fatale. Cet court essai est passionnant. Il invite à une lecture des romans du dix-neuvième siècle autrement que comme une obligation académique tant il nous assure d'y trouver un exotisme que la littérature globalisée d'aujourd'hui peine à nous montrer. Nos auteurs contemporains n'ont pas le monopole du déjanté et du scabreux; il fourmille depuis des siècles dans nombre de romans oubliés.
L'auteur a passé au crible de ses analyses quelques belles pépites de misogynie dans le discours scientiste et ce travail donne matière à méditer sur les valeurs qui fondent l'institution de la science telle qu'elle se construit depuis ses origines jusqu'à nos jours.
Quel dommage que l'auteur (et cela me perturbe beaucoup) attribue à Jules Renard "le Docteur Lerne, sous-dieu": même dans la bibliographie aucun relecteur n'a su corriger cette malheureuse erreur (Le docteur Lerne est un roman de Maurice Renard).
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critiques presse (1)
Telerama
08 février 2012
Libido sciendi [...] traque la relation misogyne entre désir et désir de savoir, à partir d'un corpus romanesque XIXe siècle, de l'Histoire de Juliette de Sade à La Vénus d'Ille de Mérimée.
Lire la critique sur le site : Telerama

Videos de Caroline de Mulder (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Caroline de Mulder
Caroline de Mulder publie "Manger Bambi", aux éditions Gallimard. Dans cette oeuvre littéraire, l'héroïne est une adolescente de 15 ans, surnommée Bambi, meneuse d'un gang de filles pratiquant le sugardating. Cette activité, pratiquée par des jeunes femmes, consiste à séduire des hommes d'âges mur via des sites web. En échange, elles sont entretenues financièrement par ces derniers.

Dans "Manger Bambi", le vice est poussé à l'extrême puisque la protagoniste pratique son activité avec violence et sang-froid, afin d'extorquer un maximum d'argent. Jusqu'au jour où les rôles s'inversent... Dans ce cinquième roman, à la fois sombre et beau, Caroline de Mulder aborde un sujet tabou : la violence féminine. 


Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/
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