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EAN : 9782924519523
301 pages
La Peuplade (07/03/2017)
3.94/5   35 notes
Résumé :
Le coup est parti. Alexandre a vu mourir son père, abattu par erreur. Alors il a couru, fonçant à travers les branches, affolé, vers la première maison, chez celui qu'on appelle Tison. La chasse à l'aube, les sandwichs de pain blanc, les bûches qu'il faut corder droit, en un instant tout s'est évanoui dans la paix de la forêt. Alexandre quitte Paris-du-Bois, marche dans la solitude, il a perdu les gens qu'il aime. Des voix ? des choeurs, des airs volatiles ? se joig... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Quand un roman commence par un père qui reçoit une balle dans la tête, on sait tout de suite qu'on est dans la tragédie…

Au hasard d'une fuite éperdue, son fils Alexandre se retrouve chez « Tison », un homme défiguré dans un incendie. Alexandre le connait à peine, mais il découvre chez lui une oasis de lecture. Son défunt père lui répétait que la vie n'était pas comme dans la littérature et qu'il n'y avait rien d'utile à apprendre en lisant. Mais ce n'est que longtemps après, Alexandre découvrira que cette haine des livres n'était peut-être pas si totale.

Alexandre vivra des amours et des deuils avant de revenir au village pour se réfugier dans la cabane de son père, sur sa terre en bois debout.

Les personnages sont forts et l'écriture est belle, même si on est surpris au départ par la forme de certains paragraphes, présentés comme des répliques de théâtre.

Une tragédie qui est aussi celle des mots, ceux qui ne sont jamais dits :
« L'héritage le plus fort du père : son silence. C'est lui qui m'accompagne chaque jour de ma vie, sur lui que je marche, en lui que je lis. C'est une marque profonde : entre guillemets, des points de suspension. »  (p. 109)
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Le moins que l'on puisse dire, c'est que le roman commence très fort, lorsque Alexandre, un adolescent, prend la fuite après avoir assisté à la mort de son père, abattu par un policier en pleine forêt. Comment cela a-t-il pu arriver, qui était vraiment son père, cette homme parlant peu, sauf pour dire au jeune homme que la vraie vie n'était pas dans les livres. Et qui est ce personnage surprenant, défiguré, surnommé Tison, chez qui Alexandre s'est réfugié ? Comment aussi le jeune homme va, à seize ans, prendre sa vie en mains, lui qui n'a plus ni père, ni mère. C'est ce que la suite du roman va dévoiler progressivement.

Impossible de ne pas être intriguée tout d'abord par la narration très originale, une façon très particulière, proche des didascalies théâtrales, de présenter les pensées aussi bien que les paroles des personnages, particularité d'écriture à laquelle on s'habitue rapidement, et même à laquelle on s'attache. le langage aussi est très travaillé, riche en mots et expressions pour nous assez originales, et, avec un peu d'entraînement, j'arrivais presque à entendre les dialogues avec l'accent québecois.

Le début du roman, situé à Paris-du-Bois (d'où le nom des habitants) fait imaginer un roman noir, à l'américaine, avec des abîmes de noirceur dans lesquels pataugera le personnage principal jusqu'au dénouement. Mais ce n'est pas du tout cela. Ce roman est essentiellement une ode à l'amour filial, avec ce qu'on apprend au détour d'une phrase, ce qu'on découvre petit à petit du père, ce qu'il aurait aimé être, et ce qu'il était réellement. Il m'a rappelé en cela Les étoiles s'éteignent à l'aube ou encore Les huit montagnes, romans que j'ai beaucoup aimés.
À cet aspect, s'ajoute un beau parcours de vie et de résilience, où le pouvoir de la littérature prend toute sa place, et c'est l'un des aspects très plaisants du roman. Peut-être beaucoup de drames s'accumulent-ils au fil des pages, mais sans que l'espoir ne soit jamais perdu, il faut vraiment insister là-dessus. J'ai été complètement sous le charme de l'écriture et je me suis demandé pourquoi les auteurs français, à de rares exceptions près, n'osent jamais de telles audaces sur la forme, parce que je peux vous assurer que cela ne fait rien perdre de sa force à l'histoire, bien au contraire.


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« Alexandre, que je m'appelle, et je suis le fils d'André. Il ne faut pas oublier mon nom, celui de mon père. Alexandre, c'est un peu comme si le père avait son nom dans le mien. Alexandre : André. Comme s'il était un peu de moi depuis le début de l'histoire. Et chaque fois qu'on m'appelle Alex, c'est comme si le père disparaissait une fois de plus. Un trou dans ma vie. Une béance dans la tête. »

Dès que j'ai eu terminé de lire ces quelques lignes à la fin de la première page, j'ai su que je commençais la lecture d'un roman qui risquait d'être passionnant et poignant. Où les mots méritent d'être lus et relus lentement. Parfois, un chapitre à la fois, question de laisser descendre les motons pris dans la gorge.

L'auteur, Jean-François Caron, a fait une narration qui ressemble parfois à une pièce de théâtre (d'ailleurs, pourquoi pas en faire une?). Il raconte une relation père-fils où l'amour du paternel était presque muet, rempli du non-dit des mots et du trop dit du silence. Qui n'aimait pas les livres et qui répétait souvent à son fils que la vie, le bois ne s'apprenaient pas dans les livres.

De ce roman emprunté à la bibliothèque de la ville, je ne garde qu'un seul regret : celui de ne pas en avoir (pour le moment) un exemplaire dans ma bibliothèque. Je suis certaine que, lorsque je relirai ce livre, je découvrirai le sens de certains mots ou silences qui m'aura échappé.


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Le récit débute par un drame. Une balle tirée par un policier qui foudroie par accident le père d'Alexandre dans les bois. Hébété, sous le choc, l'adolescent court sans s'arrêter, fuit ce qui vient de se jouer sous ses yeux. Alexandre trouve alors refuge chez Tison, un homme au visage ravagé par les flammes qui vit en ermite avec ses livres dans la forêt. 

Le deuil est au coeur de ce roman tout comme la relation père-fils. Et il y a les livres qui aident à sortir la tête de l'eau. 

Au fil des pages, le passé refait surface peu à peu et s'intercale au présent. Il y a les moments partagés entre Alexandre et son père à la chasse, les petits boulots, les lectures à voix haute au village. Puis, le départ d'Alexandre pour la ville afin d'étudier, ses relations amoureuses.

J'ai été décontenancée au départ par la narration, mais cette sensation s'est très vite dissipée et j'ai été happée par la richesse de la plume de Jean-François Caron. La forme est vraiment surprenante, très habile. A mi-chemin entre roman et théâtre, je me suis laissée bercer par l'atmosphère sombre et envoûtante de ce récit.  Je ne relis pas mes livres en général mais cette lecture me donne très envie de déroger à cette habitude.

J'ai aimé le personnage d'Alexandre mais également les autres qui croisent sa route avec un petit faible pour Tison. Les mots sont d'une grande sensibilité, les personnages profonds, les descriptions fines.

Un roman magnifique, poétique et audacieux. C'est beau, fort et bouleversant. Une belle prouesse de la part du romancier québécois.
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Une merveille de roman sur le deuil et la résilience. Un roman de la tragédie mais surtout de l'espoir porté par les relations humaines et par les livres. Roman gigogne où tous les personnages et les évènements s'emboîtent.
Au début du roman, le père d'Alexandre meurt dans des circonstances terribles, assassiné lors d'une bavure policière. Dans la suite, on pourra reconstituer le fil des évènements et des existences. L'essentiel n'est pas dans l'assouvissement de cette curiosité même si c'est bien agréable, c'est avant tout une ode à la générosité, à l'humanité.
Roman à la forme très originale qui alterne la narration, les répliques (en parler québécois) et les souvenirs d'Alexandre.
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critiques presse (1)
LaPresse
02 mai 2017
C'est beau comme le non-dit de l'amour et le trop dit des silences. Dans les replis de la folie qui guette, dans les livres qui guérissent de tout.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Il se souvient. De toutes les fois où il a été touché. Des caresses intarissables de la mère, de celles plus rares mais tellement émouvantes du père. De celles, plus tard, chargées d'émoi, de Marie-Soleil.
Et, surtout, de la dernière caresse du monde. Celle, friable, de la main mourante de sa mère, à I'hôpital de Montmagny.
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Alexandre, que je m'appelle, et je suis le fils d'André. Il ne faut pas oublier mon nom, celui de mon père. Alexandre, c'est un peu comme si le père avait son nom dans le mien. Alexandre : André. Comme s'il était un peu de moi depuis le début de l'histoire. Et chaque fois qu'on m'appelle Alex, c'est comme si le père disparaissait une fois de plus. Un trou dans ma vie. Une béance dans la tête.
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- LE PÈRE
T'auras jamais rien d'aussi vrai que c'que t'as quand tu travailles avec tes mains, comme quand tu viens couper pis fendre pis corder du bois avec moi. Y a rien de plus vrai que ce qui sent l'essence, la sueur pis la marde. Les livres, ils disent le contraire des fois, mais c'est juste parce qu'ls sentent rien. C'est de la propagande. C'est pour que tu commences un autre livre après. Juste pour ça. Les livres, ils se protègent entre eux autres. Plus que le vrai monde. Cest bin ça le pire.
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Autour de moi, il n'y a plus que des personnages, dorénavant et pour toujours. Et on se raconte, sans cesse, la même histoire, mais en empruntant chaque fois des mots nouveaux.
La mort de tout cela est impossible. Tant qu'est ouvert le livre. La mort n'existe pas. Je m'en retourne dans mon lit. C'est là que je resterai dorénavant. Mon coeur croche, la lumière hésitante, et ces voix, sans fin, qui racontent.
Sans fin. Tant qu'on lira.
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L’héritage le plus fort du père : son silence. C’est lui qui m’accompagne chaque jour de ma vie, sur lui que je marche, en lui que je lis. C’est une marque profonde : entre guillemets, des points de suspension.
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