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EAN : 9782213661537
360 pages
Fayard (16/01/2013)
3.95/5   201 notes
Résumé :
No steak

Bientôt, nous ne mangerons plus de viande. Nous cesserons définitivement de tuer des êtres vivants – 60 milliards d’animaux chaque année – pour nous nourrir.
D’abord parce que notre planète nous l’ordonne : en 2050 nous serons près de 10 milliards, et nos ressources en terres et en eau seront insuffisantes pour que le régime carné continue à progresser.
Mais au-delà des raisons économiques et écologiques, le passage au végétaris... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (39) Voir plus Ajouter une critique
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sur 201 notes
Les bobos parisiens ne mangent certes pas de steak, mais ils ont la dent longue. Merci à Aymeric Caron, Fabrice Nicolino et leur bande de suiveurs en col blanc et aux ongles impeccables de nuire à un secteur qui fait partie de l'identité même et de la culture de la France depuis la nuit des temps.

Les agriculteurs et en particuliers les petits éleveurs de races à viande gagnent au mieux des clopinettes et le plus souvent ne gagnent rien du tout, en faisant l'un des métiers les plus durs qui soient : travail non stop 365 jours par an, en n'oubliant pas, en plus, de se relever toutes les nuits quand il y a des vêlages, dans le froid, sous la fournaise ou sous la pluie battante, parce qu'il y a une magnifique campagne de dénigrement organisée par des lobbies divers (dont les grands groupes agroalimentaires car ils n'ont pas la main sur ce marché) de petits mirlitons parisiens ou d'ailleurs (la bêtise pousse très bien et dans n'importe quel sol, même à la campagne) qui n'y connaissent absolument rien et qui ont perçu au mieux 15 % des enjeux depuis la mince fenêtre de leur bureau en verre.

Je hais ces minables et c'est une fille d'éleveur bovin qui vous parle. Quelqu'un qui sait ce que c'est que d'avoir l'onglée, la fourche à la main, les mois d'hiver, quelqu'un qui sait ce que c'est que le stress d'une naissance difficile, quelqu'un qui sait ce que c'est que d'avoir le dos brisé à soulever un veau pour essayer de le maintenir debout quand il n'arrive pas encore à boire seul à la mamelle de la mère, quelqu'un qui sait ce que c'est que de voir réduit à néant ou à presque rien une à deux années de travail parce que les cours ont perdu 30 % en quinze jours sous l'effet de telle ou telle annonce.

Les ignares agricoles comme Aymeric Caron, qui prônent un végétarisme absolu savent-ils seulement que la production agricole végétale est encore bien plus polluante et dévastatrice pour notre planète que l'élevage ? Savent-ils que ce qui menace le plus actuellement la biodiversité, c'est justement la mise en culture pour des productions végétales d'espaces jusqu'alors sauvages ?

Les ignares agricoles comme Aymeric Caron savent-ils que le mode d'élevage traditionnel du bétail en France (je pense par exemple à la Bourgogne, au Limousin, aux Pays de Loire ou, à ma propre région d'origine, la Normandie), s'appuie (ou plutôt s'appuyait car il tend à disparaître justement sous l'action des gros lourds à la Caron) sur des bocages, c'est-à-dire de petites parcelles en herbe délimitées par des haies, le plus souvent des doubles haies (lisez Flaubert ou Maupassant, par exemple, qui le décrivent très bien dans leurs écrits du XIXème siècle et qui parlent plus spécifiquement de la Normandie).

Ces doubles haies servaient à la fois de chemins balisés pour conduire le bétail d'une pâture à l'autre ou de l'étable à la pâture, servaient au drainage naturel en cas de fortes pluies tout en ralentissant admirablement le ruissellement des eaux et en maintenant une humidité lors des mois les plus chauds. Avec leur effet tampon, elles luttaient donc activement contre l'érosion des sols, la pollution des nappes phréatiques et le besoin d'irrigation qui pille actuellement les ressources en eaux en bon nombres d'endroits en France ou ailleurs. C'était aussi, un abri naturel qui permettait aux vaches de bien supporter à peu près tous les climats en toute saison (ombre l'été, rempart contre la pluie et le vent, etc.), c'était un réservoir incalculable de biodiversité. Je pense notamment à une espèce autrefois très répandue comme la tourterelle des bois (Streptopelia turtur) qu'on ne rencontre quasiment plus dans ma Normandie natale, faute d'environnement adéquat.

C'était un système pérenne et non polluant qui a fait ses preuves pendant plus de mille ans avant que le XXème siècle et sa manie de vouloir tout mécaniser et sa prétention de tout savoir mieux que ceux qui avaient précédé ne vienne tout casser. SI bien qu'on a arraché ces haies (les Bretons savent de quoi je parle avec le traumatisme du remembrement avec les conséquences désastreuses pour les minces sols et les nappes phréatiques bretons, coincés qu'ils sont sur un socle en granit) en disant aux agriculteurs qui avaient toujours fait de la même façon : « Faites différemment, utilisez des engrais chimiques, donnez du maïs aux vaches, faites des ensilages, donnez des tourteaux de soja, mécanisez-vous, faites des grands bâtiments hors-sol, en un mot comme en cent, devenez IN-DUS-TRI-ELS ! »

En fait, Aymeric Caron confond le fait de consommer de la viande et le fait que la production soit devenue industrielle, sous l'effet combiné des banquiers (ces magnifiques banquiers que j'adore), de la grande distribution (ô, grande distribution de mon cœur !) et de l'ouverture des frontières à tous vents pour de la viande venue d'ailleurs et produite dans des conditions qu'il ne vaut mieux pas détailler (Ah ! la magique mondialisation et la somptueuse OMC, comme je vous aime !).

Savez-vous seulement, mon brave Aymeric Caron ce qu'est de la viande ? Le top du top de la viande, la Rolls-Royce de l'entrecôte, c'est de la génisse de 4 ans, si possible d'une race mixte et non d'une race à viande (je ne parle évidemment pas des vaches laitières de réforme puisqu'on ne peut décemment pas appeler ça de la viande), pour la bonne et simple raison que dans les races à viande actuelles, la sélection a été tellement faite sur le muscle et avec une telle volonté de proscrire le gras qu'on en a perdu du même coup toute la saveur, tout l'intérêt gustatif et même sa texture. Une entrecôte, ou, mieux encore, une araignée, ce n'est pas rose, ni rouge, ni uniforme comme ce que l'on vous propose avec une magnifique étiquette " jeune bovin ", appellation qui en terme gastronomique signifie " grosse infamie ".

Non, une entrecôte ou une araignée c'est sombre, de couleur violacée, et c'est constellé de fines inclusions de gras blanchâtres ou jaunâtres : on appelle ça " persillé ". C'est joli à voir tellement c'est irrégulier, tellement cela ne ressemble à aucune autre, cela pourrait se comparer à une belle roche métamorphique, comme un gneiss avec ses inclusions de feldspaths. Cela a pris longtemps à faire : quatre longues années dans les herbages à la belle saison et du foin à volonté l'hiver. Il n'y a besoin de rien d'autre, simplement du temps et de l'herbe et l'œil expert d'un éleveur pour savoir s'en occuper si elle est malade et pour savoir la faire abattre au moment idéal d'engraissement, ni trop, ni trop peu.

Malheureusement, cette qualité, ce travail, cette non pollution, cette activité économique honorable, plus personne ou presque n'est plus prêt à la payer à sa juste valeur. On ouvre les portes de n'importe où et on fait venir n'importe quoi si bien que les prix invariablement baissent. Mon père vend son kilogramme de viande à peu près au même prix qu'en 1983 avec une conversion du franc à l'euro. Vous connaissez un domaine où les prix n'ont pas bougé depuis 1983 ?

SI bien que les petits éleveurs ne vivent plus du fruit de leur travail mais du complément apporté par les primes européennes. Les éleveurs de veulent pas de ces primes, ne veulent pas faire la manche ni cirer les bottes de Bruxelles. Ils veulent juste vivre du prix de vente de leur travail et ce travail, je ne le répèterai jamais assez, sachez qu'il est dur et prenant et qu'on finit à 65 ans avec le dos bousillé, les mains caleuses et tordues dans tous les sens et la démarche trainante et qu'on ne fera visiblement pas un centenaire.

Donc, les petits éleveurs crèvent, les uns après les autres, et ne survivent (mal certes) que ceux qui font de l'industriel, la négation de ce qu'est la bonne viande et la production durable de viande. De sorte que plus l'on boycotte la viande, comme ce que préconise ce sinistre faible penseur de Caron, plus on favorise, plus on sélectionne par un processus quasi darwinien les pires éleveurs, qui font la pire viande et la moins durable. Celle qui est bien rose, sans une once de graisse, celle qui s'intitule " jeune bovin ", c'est-à-dire du taurillon de 2 ans, une hérésie, mi-veau mi-bœuf, qui n'a consommé que des ensilages abjects traités à l'acide propionique et d'origines les plus douteuses (les sojas OGM américains, par exemple, parmi une liste fort longue). [Juste pour info, ceux qui remplacent les protéines animales par des protéines de soja, renseignez-vous un peu sur votre sensationnel soja ; on va rigoler cinq minutes.]

Quand à l'argument saugrenu des tenants de la vie animale. C'est tellement juvénile, c'est tellement non réfléchi, c'est tellement facile à battre en brèche voire à humilier que je n'éprouve aucune satisfaction rhétorique à les contre-dire. Je vais juste souligner un tout petit problème logistique d'approvisionnement car il va bien falloir, lorsque plus personne ne consommera de viande, et donc, n'en produira, qu'ils trouvent, ces amis des bêtes, une solution alternative pour nourrir leurs millions de chiens et de chats, leurs petits amours d'animaux de compagnie qui ne raffolent pas spécialement de la salade ni des pois chiches...

Ouvrez les yeux ! Réfléchissez ! Depuis que l'homme est homme il mange de la viande, c'est ça qui lui a permis de survivre aux grandes glaciations et dans les zones les plus hostiles de la planète (allez dire aux Inuits que manger de la viande, ce n'est pas bon pour la planète, ah ! ah ! ah !, la bonne blague !) et parce que les mièvres Aymeric Caron et consort, avec leurs petits derrières bien propres et parce que du haut de leur infinie science (entendez la contrepèterie qu'on peut faire avec ces deux mots) ils ont trouvé ça tout seuls et qu'ils ont la possibilité d'ouvrir la bouche grand comme des hippopotames devant un micro de bas aloi ou une caméra dénuée de talent, il faudrait que l'humanité entière se convertisse ?

Et quand l'humanité convertie se rendra compte que c'était une grossière erreur et se retournera pour lui mettre son poing, il ne lui restera même plus assez de dents dans sa gueule de végane pour opposer une résistance honorable et digne de ce nom.

Souvenez-vous monsieur Caron, plus de mille ans de pérennité pour le système d'élevage traditionnel, ça fait un paquet de générations qui n'ont pas trouvé mieux, un paquet de générations qui ont su utiliser leur environnement de façon durable et optimale, sans un seul gramme de pesticide ni de produit chimique. Ce que vous voyez, c'est l'élevage industriel, ce à quoi je veux bien me joindre à vous pour dire qu'il est un scandale et un outrage aussi bien aux personnes qui les mangent qu'aux animaux qui le subissent.

L'ennui, c'est que vous jetez le bébé avec l'eau du bain : la production industrielle de viande est un scandale ERGO il ne faut plus manger de viande, quitte à faire crever ceux qui justement luttent avec leurs faibles moyens pour de la qualité et de l'élevage durable et respectueux. Sachez enfin, monsieur Caron, que les quelques fois où j'ai vu mon père pleurer, il y a bien la moitié des fois où c'était suite à la mort d'un animal pour lequel de toute son âme il avait fait, de longs jours ou de longues semaines durant, tout son possible et même un peu plus pour le maintenir en vie ; mais la nature est parfois ingrate et ne paye pas de retour le mal et la peine qu'on se donne.

Si bien que de tout cela, cher monsieur Caron, permettez-moi de vous dire que je vous désavoue totalement et que cet avis, qui n'est que mon avis, je vous le jette à la figure, mais j'aimerai autant qu'il fût un coup de poing et qu'il vous enflât l'œil pour un bon moment. Au moins auriez-vous l'occasion de connaître l'un des autres mérites de l'escalope froide...

P. S. : Je me souviens encore, au début des années 2000, lorsque la Pologne est entrée économiquement dans l'Union européenne, elle qui comptait 60 % de sa population active vivant de près ou de loin de l'agriculture, dans de petites structures de type familial, que des reportages étaient consacrés à la " modernisation " (ça signifie " dégradation drastique " en terme de qualité des produits, je vous branche le décodeur) de l'agriculture polonaise.

On y voyait le commissaire européen dont j'ai oublié le nom, déambulant devant la caméra dans les campagnes, avec son costume, sa chemise blanche et son gros bide en-dessous qui expliquait aux paysans qui avaient fait ça toute leur vie comment il allait falloir travailler à présent. Et cette phrase, qui sonnait beau et fort dans sa grosse tête de technocrate : « Chaque agriculteur polonais doit apprendre à devenir un chef d'entreprise. » L'enjeu, c'était que la Pologne puisse ENFIN toucher les subventions européennes...

Ah ! comme c'est beau l'Europe vu comme ça ! (Hep ! et si, pour s'en sortir, on leur achetait leurs produits à leur vraie valeur ? P't-être ben qu'ils en auraient plus besoin des subventions européennes les Polonais, et les Français non plus, et les Espagnols non plus et plus personne même ? Car les subventions, c'est qui ? C'est tout le monde, enfin, ceux qui payent des impôts, j'entends, c'est-à-dire, ceux qui ont le moins de capital, car ceux qui ont vraiment de l'argent, eux n'en payent pas.

Voyez que la vie est bien faite car ce procédé permet aux intermédiaires qui sont pleins aux as, dont la grande distribution, de continuer à prélever leur petite rente. Donc, vous me suivez, ceux qui achètent payent deux fois l'impôt (une fois à la grande distribution, qui elle n'en paye quasiment pas pour les subventions à l'agriculture) et une fois dans les impôts classiques. Quant à ceux qui sont végétariens, végétaliens, véganes, méganes ou rogatons, ils payent quoi qu'il arrive dans leurs impôts pour que la grande distribution puisse continuer à saigner les éleveurs tranquillement. Lesquels éleveurs on perfuse de menues primes compensatrices juste avant le seuil létal.

Dans l'absolu, les seuls qui devraient payer sont les consommateurs de viande et l'essentiel de ce qu'ils payent devrait revenir aux éleveurs qui ont fait tout le travail et qui ainsi vivraient réellement de leur activité. Donc, non seulement, si vous ne consommez pas de viande (notamment de viande de qualité) vous renforcez ce que dénonce Caron, mais en plus, vous vous faites royalement avoir.

En somme, mon petit Aymeric, cogne-toi un petit steak de temps en temps, mais choisis-le bien, d'une génisse de quatre ans, d'une race mixte, comme la salers ou la normande ou les magnifiques petites races des montagnes, assure-toi qu'elle n'aura mangé que de l'herbe, et si tel est le cas, tu peux être sûr que le paysan ne sera pas un gros exploitant, il aura peut-être un peu tendance à rouler les r et à patoiser, glisse-lui ton petit billet dans sa grosse main tannée aux doigts gonflés et aux ongles noircis.

Il ne te parlera pas beaucoup parce qu'il ne sait pas trop faire ça, mais il aura comme une lueur dans le regard, un brillant qui ne s'appelle pas encore une larme mais qui en est l'embryon. Il ne te dira pas grand-chose mais au fond de son cœur il y aura quelque chose comme de la reconnaissance, parce qu'il aura compris que tu respectes son travail, et son travail à lui, c'est toute sa vie, les vaches c'est toute sa vie et il en a marre de se faire insulter et de se faire montrer du doigt par des gens qui n'y connaissent rien et parce que certains éleveurs sans âme salissent sa profession. Penses-y Aymeric et ferme-la un peu, ça nous fera des vacances.
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En tant que citoyen m'inquiétant pour l'avenir de notre planète, que dis-je, de l'humanité plutôt, la planète n'ayant pas besoin de nous pour survivre, je voulais m'intéresser au débat de l'alimentation et du régime carnivore. Aymeric Caron que je connaissais bien entendu par sa place médiatique au sein de l'émission « On n'est pas couché » s'attaque donc à ce sujet, une raison pour moi de lire son livre.

Cet essai est d'une grande richesse et parcours de nombreux domaines tel que la politique, l'écologie, la sociologie, l'économie, la religion, l'histoire... le tout détaillé en huit raisons d'arrêter de manger de la viande.

- RAISON N° 1 – PARCE QUE LA VIANDE DÉTRUIT LA PLANÈTE
- RAISON N° 2 – PARCE QUE NOUS SOMMES INCOHÉRENTS AVEC LES ANIMAUX
- RAISON N° 3 – PARCE QUE L'ON N'ASSUME PAS LA MORT DE L'ANIMAL QUE L'ON MANGE
- RAISON N° 4 – PARCE QUE L'AMOUR DE LA VIANDE EST CULTUREL, PAS NATUREL
- RAISON N° 5 – PARCE QUE NOUS N'AVONS PAS BESOIN DE VIANDE POUR VIVRE
- RAISON N° 6 – PARCE QUE LES ANIMAUX QUE NOUS MANGEONS NOUS RESSEMBLENT
- RAISON N° 7 – PARCE QUE LA MORALE NOUS COMMANDE D'ARRÊTER LA VIANDE
- RAISON N° 8 – PARCE QUE LE VÉGÉTARISME EST MODERNE DEPUIS DES MILLÉNAIRES

Malgré ce découpage, on ne sent pas vraiment une envie de l'auteur de nous mépriser, nous, mangeurs de viande. Bien au contraire, ce livre se repose sur des constats, sur des pensées, sur des déplacements de l'auteur et de ses rencontres avec d'autres personnages ou visions du monde. C'est bien là la force de ce livre !

Concernant le fond maintenant, la première raison dite écologique est amplement justifiée et rejoint même la quatrième raison. Pourquoi mangeons-nous de la viande ? Parce que cela nous procure du plaisir, ce n'est pas vital loin de là, c'est même contre-productif. Pourtant le plaisir n'est-il pas dans le fait de manger autour d'une table avec une bande d'amis ? Nous sommes tellement ancrés dans une société aveugle que nous en oublions bien souvent d'en prendre du recul. Oui l'élevage pollue (30% des GES) et gâche un potentiel énergétique énorme ! de plus, l'auteur le rappelle bien, mais un végétalien ne manquera pas d'éléments essentiels à conditions d'avoir une alimentation raisonnée.

Un autre aspect détaillé dans ce roman est l'aspect barbare de l'élevage et du devenir des animaux qui en sortent. On ne peut qu'approuver qu'un élevage intensif soit inhumain et que les pratiques de certains abattoirs laissent à désirer. Seulement, je ne suis pas forcément d'accord avec l'aspect évolutionniste du propos de l'auteur. Il justifie le végétarisme de par la complexité des animaux. Par exemple, pour lui, il est plus normal de manger des végétaux plutôt que de manger des insectes. du point de vue évolutif, tout cela laisse à désirer : les premiers insectes datant du Dévonien alors que les angiospermes datent du crétacé. Mais bon c'est aussi parce que de mon point de vue, l'entomophagie et la grande solution aux problèmes alimentaires tant la biomasse disponible est conséquente et le rendement énorme. Surtout qu'on oubliant qu'il s'agit de vers ou de criquets, on ne voit pas la différence avec un bon poulet. le problème ne vient pas tant de l'idée de tuer pour se nourrir mais bien d'adapter notre alimentation à la réalité du monde actuel. Tuer une vache et tout aussi tragique que de tuer un plan de maïs, les deux composant un même agrosystème...

Ce qu'il m'a manqué également, c'est peut-être ce lien qu'on aurait pu faire entre les animaux et les végétaux dans le sens, ok les animaux se nourrissent des végétaux mais sont également une richesse vis-à-vis des cultures. Sans oublier que les cultures intensives OGM roundupisé ne valent pas mieux qu'une culture intensive de poules en cages.

Bref il faut contraster tout cela, c'est un propos très complexe de notre temps, ce livre bien que complet nécessite des lectures latérales. Déjà bien avant de passer au végétarisme, voir au végétalisme, arrêter de manger de la viande matin, midi et soir, arrêter de prendre des oeufs de catégorie 1 2 ou 3, arrêter d'alimenter des multinationales à la con, arrêter de ne pas acheter bio, arrêter de s'empoisonner aux pesticides ou aux nitrates. Devenir un Eco-citoyen responsable qui mange moins mais mieux et qui trouve son plaisir, non pas dans la bouffe, mais dans ces moments partagés autour d'un bon repas sain et équilibré.
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No steak mais aussi no escalope, no tripes, no rognons…échine, poitrine, travers, palette, rouelle, gigot, demi-coffre, lamb & mutton shop et autres affriolants abats, des amourettes au thymus. le livre d'Aymeric Caron revendique le végétarisme le plus complet, duquel il exclut également le poisson (parce qu'il s'agit d'un être sentient) et le lait (parce qu'il résulte de l'exploitation de dames laitières), avec une exception toutefois pour les oeufs, les yaourts et le miel (les abeilles ne souffrent pas de l'exploitation mellifère ? il suffit de voir le film Des abeilles et des hommes pour en douter).


Estimant que nous n'avons plus besoin d'informations objectives pour nous convaincre de la pertinence qui sied au régime végétarien –et en effet, ces dernières années ont permis à n'importe quel quidam de prendre connaissance des conditions d'élevage industrielles des animaux par le biais de multiples documents et vidéos-, Aymeric Caron se propose plutôt de bâtir une petite philosophie du végétarisme. Manque de pot, cette philosophie est plutôt foutraque et tient de guingois, malgré la séparation de ce No Steak en plusieurs pièces argumentatives de choix. On veut bien considérer avec intérêt chacun des chapitres : ils valent ce qu'ils valent, certains étant très instructifs lorsque d'autres sont d'une démagogie qui nivelle le discours par le bas. le bémol principal apparaît lorsque l'enchaînement des chapitres fait ressortir des contradictions violentes qui ne sont pas imputables à la condition du végétarien en général, mais qui sont le résultat de mascarades, révélation des divers costumes que revêt Aymeric Caron pour mieux convaincre (embobiner) son lecteur. No steak donne ainsi la regrettable impression de déambuler à travers les rayons d'un magasin proposant différents packs de « régime sans viande ». Les marques nationales sont le « végétarien », le « végétalien », le « végane », le « flexitarien » et le « pesco-végétarien » ; les marques discount excluent les bébés animaux ou permettent de se racheter de la souffrance infligée aux animaux d'élevage par la vénération louée aux animaux de compagnie ; les marques de luxe excluent tout produit animal alimentaire jusque dans l'huile de palme contenue dans les biscottes, les gâteaux industriels, les céréales mais aussi les produits cosmétiques. A partir de là, la prise de position dégénère vite puisque, comme le disait le Groland : l'homme qui ne pollue pas est un homme mort. Mieux que ça : puisque l'homme mort continue à influencer son environnement en se décomposant et en rejetant des particules néfastes pour l'atmosphère et les sols, l'homme qui ne pollue pas est l'homme qui n'existe pas. Mais l'homme qui n'existe pas ne peut rien faire pour améliorer la vie sur terre.


Le discours d'Aymeric Caron est souvent agaçant car il transforme le végétarisme en compétition. Qui sera le plus cohérent ? le plus intègre ? le plus incorruptible ? Même s'il approuve la moindre tentative visant à diminuer sa consommation de viande, Aymeric Caron ne peut s'empêcher de faire son apparition et de fanfaronner discrètement sur les victoires de son engagement contre ses goûts et instincts alimentaires originels. On comprend qu'il soit fier de lui et qu'il veuille démontrer que ses efforts ne sont pas vains, puisqu'ils lui permettent d'améliorer son estime de lui-même, mais ce comportement risque aussi de laisser dubitatif le lecteur qui n'aurait pas encore atteint son niveau de végétarisme : il faut avoir vraiment souffert d'abnégation pour ne pas pouvoir s'empêcher de réitérer à tout propos la preuve de la pertinence de son engagement.


Mais peut-être No steak ne me convint-il pas car Aymeric Caron et moi ne partageons pas le même point de vue philosophique ? S'il est une partie de son livre que je trouve indispensable, c'est bien celle-ci : « Parce que la morale nous commande d'arrêter la viande ». En évoquant Descartes, Rousseau Peter Singer, Tom Regan, Gary Francione, Jeremy Bentham…, Aymeric Caron nous fait prendre conscience des principes moraux qui peuvent entraîner chaque individu vers le végétarisme (ou loin de lui). Si l'auteur se juge plutôt déontologiste et abolitionniste, je me situe plutôt du côté des welfaristes, conséquentialistes et utilitaristes (on découvrira également l'existence des spécistes et anti-spécistes, des anthropocentristes, des pathocentristes, des biocentristes égalitaristes et des biocentristes hiérarchiques, et enfin des holistes : tout un programme !). Ce qui me sépare d'Aymeric Caron est donc énorme : si lui souhaite voir disparaître toute forme d'exploitation animale aboutissant sur une mort précoce et douloureuse parce que l'animal est un être sentient, je considère que cette position est naïve car elle nie la dimension inéluctable de la mort et le caractère absurde de toute existence. Pour un peu, Aymeric Caron nous ferait presque de la psychanalyse animale : au nombrilisme humainement égoïste succèderait le nombrilisme animalement altruiste. Pauvres bêtes ! elles sont exploitées, souffrent et doivent mourir -oui, et alors ? C'est le sort réservé à tout être vivant. L'argument le moins approprié surgit lorsqu'Aymeric Caron croit bon d'évoquer ces scènes qui ont ému l'opinion publique, dans lesquelles on voit intervenir un animal d'une espèce X pour « sauver » un animal d'une espèce Y comme preuve de la bonté et de la gratuité altruiste du comportement animal. On peut aussi n'y voir qu'une nouvelle démonstration d'anthropomorphisme.


Plus généralement, No steak donne l'impression d'être avant tout un ouvrage en la gloire de l'homme (végétarien, végétalien ou mieux encore végane). L'intérêt porté par Aymeric Caron aux animaux est incontestable mais sa réflexion ne se poursuit pas à long terme. L'énumération intarissable des célébrités végétariennes laisse interrogatif : s'agit-il d'ajouter son nom à ce Panthéon des héros quotidiens ? Devient-on végétarien parce qu'« une étude menée en 2011 par des étudiants de Harvard semble [.. ;] l'attester : après avoir interrogé différents groupes de population sur leurs pratiques sexuelles, ils ont conclu que les végétariens sont plus nombreux que les autres à pratiquer le sexe oral ! » ?


Aymeric Caron est un conséquentialiste qui s'ignore : tous les moyens sont bons pour convaincre le premier lecteur venu à se convertir au végétarisme. C'est la raison pour laquelle son livre fait se côtoyer la fierté la plus puérile et la plus naïve à la portée symbolique, morale et historique de son steak synecdotique.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Lorsqu'il faisait la promo de son livre, je me souviens, Aymeric Caron prenait soin de signaler que son ouvrage n'était en rien un manifeste du style "Arrêtez tous de mangez de la viande, c'est mal !". Ce n'était pas l'objectif qu'il affirmait s'être fixé.

En effet, il s'agissait avant tout d'amorcer une réflexion sur nos modes de consommations alimentaires, et ce à l'échelle de la planète. Et le contrat semble plutôt rempli puisqu'autour de moi, même des non-végétariens l'ont lu (même s'il faut bien l'avouer, ce n'est pas la majorité du public de cet ouvrage) et semblent un peu plus enclin à échanger avec ceux qui ont choisi un régime alimentaire excluant les aliments d'origine animale (à des degrés plus ou moins marqués, de l'ovo-lacto-végétarien (végétarien acceptant de consommer des oeufs et des produits laitiers - ce qui est mon cas) au vegan, qui "ne consomme que végétal", pour le dire très schématiquement).

Ensuite, ce qui fait, ici, la "force" du propos, c'est que le livre fourmille d'anecdotes présentées avec humour et bonne humeur, mais aussi de centaines d'infos concrètes, chacune étayée de références précises, permettant à chacun(e) de retrouver la source de ce qui est avancé par l'auteur. Ces notes, présentées en fin d'ouvrage, sont une véritable mine d'informations !

Enfin, à chacun(e) de prendre quelques instants, le temps de la réflexion, et de repenser à cette question toute "simple" : et maintenant, que fait-on ?


Bonne lecture !!
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No steak est destiné à un large public : le public végétarien, le public végétalien, le public végan... mais aussi, et surtout, celui qui mange de la viande.

S'adresser aux adeptes du régime carné est sans aucun le but premier et délicat de cet ouvrage mais il ne leur dira pas pour autant : "C'est pas bien, ce que vous faites, c'est pas bien de manger de la viande". Aymeric Caron, lui-même végétarien depuis plusieurs années, après avoir visionné un reportage tourné dans un abattoir, énumérera dans un long argumentaire intelligent (mais parfois quelque peu confus) toutes les raisons possibles et imaginables qui peut pousser tout le monde à ne plus manger de steak. Cochons, vaches et poules... Ceux qui ne sont pas encore convaincus par le régime végétarien finiront bien par les regarder d'une nouvelle façon à la lecture de ce livre. Les poissons, quant à eux, sont quelque peu mis sur le banc de touche car beaucoup de "végétariens" n'ont fait que supprimer la viande de leur alimentation.

A travers No steak, le devenir de la viande est inévitablement sur la sellette. Economie, politique, géographie, science, anthropologie, philosophie... Tous les thèmes sont abordés, certains légers d'autres plus profonds, comme pour nous montrer qu'il est inévitable que l'être humain puisse se passer de viande. Parfois logiques, parfois confus, parfois anecdotiques, les arguments ne manquent pas pour faire les éloges du régime végétarien (voire végétalien) sans pour autant punir les carnivores ; tous les arguments sont intelligents et justifiés malgré tout, tombent sous le sens, et l'auteur met alors toutes les chances de son côté pour accueillir de nouveaux adeptes sensibles dans son cercle de végétariens. Ceux-ci sont pour beaucoup montrés du doigt et moqués par les mangeurs de viande pour qui il est tout à fait naturel de se nourrir d'animaux ; voici alors une raison de plus pour les adeptes du régime carné de s'intéresser à No steak : les végétariens ne sont pas ceux que vous croyez...

No steak est un condensé de savoir, d'anecdotes et de volonté pour convaincre de manière douce mais pas moins efficace le lecteur de ne plus manger de viande sans pour autant faire de la propagande. Douce, car contrairement aux fondations qui défendent les animaux aux quatre coins du monde et qui montrent des images sanglantes, Aymeric Caron utilise les mots, son expérience et son coeur pour raisonner le lecteur. Les passages plus durs voire choquants se comptent par ailleurs sur quelques doigts d'une main. Bien que pour réveiller les consciences il faille choquer les gens, le journaliste sait démontrer de façon sensée, calme et habile les avantages d'un régime sans viande.

Il est relativement dur pour moi de ne pas tomber dans la "propagande" végétarienne en rédigeant cette critique ; ayant été sensibilisée à la condition des animaux en abattoir avant la lecture de cet ouvrage, je ne peux plus voir de steak en peinture. J'ai pris énormément de plaisir à lire No steak car l'auteur m'a alors apporté de nouvelles précisions rassurantes, enthousiastes et convaincantes et il a été, au fil des pages, comme un complice ou une épaule. No steak est une nouvelle étape dans mon nouveau régime alimentaire et mon nouveau mode de pensée. Chacun peut sans aucun doute se reconnaître en l'auteur, végétarien ou non.
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critiques presse (1)
LaPresse
26 août 2013
On avale les pages avec appétit. Sauf que voilà, on reste aussi un peu sur sa faim. Le journaliste n'apporte que peu d'éléments nouveaux à un discours de plus en plus entendu.
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Autre bizarrerie dont nous nous accommodons sans trop de peine:dans une famille,un chien reçoit tous les soins de base qui lui permettent de rester en bonne santé.Là encore,la loi l'impose.Pourtant,si ce meme chien,enfui ou abandonné ,se retrouve dans un refuge sans que personne ne le réclame,il sera euthanasié au bout de quelques semains.
Comment une société peut elle décréter d'un coté l'obligation de soins et de bons traitements pour un etre,et de l'autre coté lui oter la vie au simple prétexte qu'il n'a plus de propriétaire?
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Pour tenter de donner un peu de réalité à ces données statistiques abstraites, je vous propose, cher lecteur, chère lectrice, de découvrir le nombre d’animaux qui sont abattus dans le monde pendant le temps qu’il vous faut pour lire cette page, temps que j’estime à une minute :
87 226 poulets
1 268 dindes
4 206 canards
2 387 cochons
545 bovins
946 moutons
1 970 lapins
Et tous les autres… C’est qu’il en faut, des animaux, pour nourrir 7 milliards de personnes ! Sauf que les hommes et les femmes qui peuplent la Terre aujourd’hui sont très inégaux face à la consommation de viande.
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« […] la viande est particulièrement dangereuse pour les femmes enceintes. Différentes infections qui lui sont imputables peuvent causer des fausses couches, des enfants morts-nés ou des prématurés. C’est la raison pour laquelle […] le corps humain a développé des moyens de défense tels que les nausées, les vomissements ou l’aversion à l’égard de certaines nourritures : pour protéger l’embryon des effets négatifs de certains toxiques. L’embryon étant particulièrement sensible à ces effets pendant les trois premiers mois, c’est pendant cette même période que les nausées et les vomissements de la mère sont les plus importants. »

Selon une théorie de Paul Sherman
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Dans le spot réalisé en 2010, Herta continue à exploiter le filon « enfance, nature et sérénité » en narrant les premiers émois amoureux d’un petit garçon et de sa jeune voisine, sous les yeux attendris de la maman de cette dernière. Ça se passe dans un jardin, avec en fond sonore une chanson pop-folk acidulée chantée par une douce voix féminine. Là encore, le jambon n’apparaît que quelques instants et de manière quasi subliminale. Chez Herta, groupe alimentaire allemand aujourd’hui propriété de Nestlé, il n’y a pas d’animaux. Il y a des enfants, de l’émotion à deux balles, des aphorismes à pleurer, mais pas de bétail, et bien évidemment pas d’abattoirs.
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L’être humain est justement celui des animaux qui se définit par sa capacité particulière à s’interroger sur les normes éthiques qui doivent le guider. C’est précisément pour cette raison qu’il va, un jour prochain, cesser de manger des représentants des autres espèces. Car la conscience et la raison dont il est doté lui font porter une responsabilité. La responsabilité liée à tout choix moral. Contrairement aux animaux non humains, nous avons le choix de ce que nous mangeons.
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Vidéo de Aymeric Caron
Nous mourrons de nous être tant haïs, premier roman d'Aymeric Caron, engagé contre le déclin écologique et politique de notre espèce, entremêle l'histoire et la fiction pour, brillamment, mettre en lumière l'urgence de la conversion écologique universelle.

- @new.hope.production
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