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René L. F. Durand (Autre)Jean Blanzat (Autre)
EAN : 9782070369812
463 pages
Gallimard (16/12/1977)
4.15/5   121 notes
Résumé :
Alejo Carpentier donne un goût exotique à la Révolution française. Ou comment les Antilles, Cuba, la Guadeloupe et les Guyanes reçurent les idées et événements français de 1789 à 1808. Sous nos yeux se tisse une histoire singulière car aux troubles français se mêlent des problèmes locaux, tels que l'esclavage ou les déportations massives à Cayenne. Malgré la somme de connaissances r... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Sans doute le plus abouti des romans d'Alejo Carpentier tant la maîtrise en est parfaite et la maturité d'écriture indéniable. Dans ce livre, L Histoire, passion de l'auteur, est au service d'une fiction aussi théâtrale que baroque. Alejo Carpentier choisit pour son roman un temps historique précis : celui des débuts de l'émancipation latino-américaine et de l'influence de la toute jeune Révolution française, dans un lieu propice aux brassages des populations et des idées : les Caraïbes.
Les protagonistes fictifs côtoient des personnages réels, cernés par les paradoxes de l'idéal révolutionnaire : violence, barbarie, intolérance, idéalisme, cynisme, pragmatisme.
Cette fresque historique quasi épique n'a pas uniquement valeur de construction romanesque ou de réflexion méditative sur l'émancipation des peuples latino-américains. Alejo Carpentier y voit une spirale infernale répétée à l'infini dans laquelle les révolutions entraîneront toujours l'humanité, à l'image de la conclusion chaotique de son roman.

Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Nous aimons bien la musique cubaine, par contre sa littérature a été très loin de nous séduire jusqu'à ce jour. Ce "Siècle des Lumières" souffre des mêmes défauts que cette autre monstruosité intitulée "La caverne des idées" commise par un certain Somoza. (cf. notre critique de ce livre sur le même site)
Déjà le titre est une supercherie dans la mesure où le récit ne se situe qu'à l'extrême fin du XVIIIème, période pendant laquelle les idéaux de ce fameux siècle ont été bafoués, piétinés. Il eût donc été plus judicieux et surtout plus honnête de titrer ce roman "Le naufrage du Siècle des Lumières" par ex. de plus nous n'avons pas aimé ce mélange des genres : entre histoire ou roman, prose ou poésie, Alejo n'a pas su choisir, le résultat est hélas un salmigondis fort indigeste ... Carpentier comme Somoza
-frustrés de ne pas trouver de personnages suffisamment charismatiques dans la mémoire de leur île- plaquent donc leurs fictions sur des périodes marquantes du passé occidental. À notre sens, ces lacunes ne les autorisent absolument pas à transformer des personnages historiques en marionnettes de leurs fictions délirantes. Ici les héros fictifs ne sont pas moins caricaturaux : gosses de riches capricieux véritables têtes à claques. La Sofia notamment, qui de pucelle effarouchée passe par les stades d'épouse indigne, d'amante soumise, de quasi nymphomane, pour finir lamentablement en Pasionaria avant la lettre. le lecteur n'est évidemment pas en droit de s'étonner que, sans être scolarisés, ces ados se révèlent être de fins érudits : Aucun livre rare ne leur est inconnu, aucun hameau de la toundra, aucun myriapode du Popocatepetl ne sauraient échapper à leur sagacité. Sans compter tout le matériel scientifique - à faire crever d'envie un Lavoisier- qui encombre le Capharnaüm dans lequel ils s'ébattent. En fait, rien que de très normal dans ce foyer culturel d'exception que devait être La Havane de cette époque !
Ce qui précède pourrait être tenu pour négligeable si, au moins, la lecture restait agréable. Mais il n'en est rien, le style emprunté à Proust (avec le talent en moins) est parfaitement imbuvable. (ce que confirment d'autres commentateurs.) Comment peut-on infliger régulièrement à son lecteur des phrases de 11 lignes (cf:p.16) dont le sens, de par leur complexité, reste forcément obscur. On pourrait encore qualifier cette prose -pleine de clichés, de néologismes, de citations en latin ou autres langues- de prétentieuse, d'ampoulée, quand elle ne sombre pas dans le verbiage insipide.
Que dire encore de ces descriptions à rallonge dont on se lasse rapidement à cause de leur caractère bien trop répétitif qui nuit gravement à la progression de la "narration" à défaut d'intrigue véritable. On se surprend vite à les sauter sournoisement en soupirant : "passons enfin au déluge." L'un des pires exemples s'étale de la p.237 (où l'on apprend qu'une baleine est un poisson !!!) jusqu'à la p.245. Rien ne nous est épargné, du plus infime grain de sable jusqu'à la grosse méduse gélatineuse échouée sur la plage, en passant par tous les éléments intermédiaires dont nous vous ferons grâce par compassion. L'action, par elle même, aurait pu facilement se limiter à 50 pages, mais comme pour chaque page de récit il faut en ajouter au minimum 5 de descriptions, ça fait évidemment beaucoup de papier noirci pour ne pas dire gâché ;-) Vous nous direz qu'on n'arrive ainsi qu'à un total de 300 environ, alors que le bouquin en a plus de 400. Que contiennent donc les pages restantes ? Exact, nous avions oublié de préciser que notre auteur aime tellement ses descriptions qu'il en fait des copier-coller pratiquement mot pour mot. On se farcit ainsi au moins 5 fois la description de l'entrepôt-dépotoir où sévissaient les garnements, vous voyez qu'à ce rythme on arrive rapidement au bout du compte...
Que dire encore ? Ah oui, nous avons aussi été particulièrement énervés par certains noms et mots qui reviennent, hors de propos, à une fréquence obsessionnelle : Lycurgue, Hiram Abi, l'abbé Marchena, ancillaire et surtout cécine (que le traducteur aurait dû orthographier cecina pour éviter la confusion avec le composé chimique.)
Étant donné que Somoza souffre des mêmes tocs, nous nous risquerons d'émettre l'hypothèse selon laquelle un virus spécifique sévissant à Cuba pourrait en être la cause... ;-) Et à propos de ce Lycurgue qui hante visiblement Carpentier pour on ne sait quelle obscure raison, nous avons été consternés par cette scène (p.76) d'une puérilité grotesque où Victor est censé animer des épisodes de la vie de ce personnage. S'il n'était décédé, on aurait aimé que Alejo nous montre comment il s'y prendrait pour mimer ce législateur et à plus forte raison une scène de sa vie dont on ne sait rien !!! Il est également évident que d'autres passages (ex: p.361) ont été écrits en pleine ivresse lysergique, sinon on est légitimement en droit de se poser des questions sur la santé mentale de l'auteur. Dans le même ordre d'idées on ne peut pas passer sous silence l'omniprésence d'un tableau représentant une "explosion dans une cathédrale". Oeuvre qui, soit dit en passant, avait autant de chances de se trouver dans cette demeure qu'un portrait dédicacé de tonton Adolf dans le boudoir d'Anne Sinclair ;-) [ Afin de rassurer nos lecteurs fans d'art pictural, précisons que -contrairement aux élucubrations d'Alejo- cette toile n'est pas l'oeuvre d'un artiste anonyme et qu'elle n'a pas été vandalisée par Esteban (p.398) puisqu'on peut la contempler, intacte, au Fitzwilliam Museum sous le titre de "King Asa of Juda destroying the idols" ] Des esprits bienveillants voudront y voir (ce qui reste à prouver) la volonté de l'auteur d'en faire un symbole de ce mode de civilisation en train de s'écrouler. Mais alors pourquoi ne pas faire allusion à d'autres peintres comme Thomas Cole ou John Martin qui ont illustré ce thème de manière encore plus explicite ? Manque de vraie culture ? On est poussé vers ce soupçon dès le premier chapitre où Carpentier commence à déverser le trop plein de son glossaire : mots rares ou techniques glanés au cours de lectures on ne peut plus éclectiques. Il adore le bric à brac et ne se gêne pas pour nous l'infliger encore et encore. C'est bien connu : La culture c'est comme la confiture...moins on en a plus on l'étale et notre pédant ne s'en prive pas hélas. Que d'anecdotes, de digressions hors sujet, qui débarquent comme un cheveu sur la soupe, c'est éreintant...Curieusement ce reproche est fait à Victor au début de la (p.360)...comme quoi on ne se voit jamais tel qu'on est !
La sensibilité de certains lecteurs sera également mise à rude épreuve par ce goût malsain pour la mort et la cruauté, (typique de la mentalité ibérique) illustré par des descriptions complaisantes et insistantes de diverses atrocités, sans compter la foule des autres outrances. On pourrait encore énumérer les plagiats, toutes les invraisemblances et scènes ridicules, mais nous laisserons cette corvée aux lecteurs masochistes qui voudront se risquer dans ce siècle, qui ne nous aura certes pas éblouis par ses lumières.
Faut-il encore voir dans ce livre une critique des dérives de la Révolution Cubaine ? Nous n'y avons trouvé aucune allusion évidente. Alejo n'avait-il pas le courage qu'il prête à Sofia ? Victime d'un assassinat, il aurait pourtant bénéficié d'une aura de gloire pour sa postérité. Comme Mitterrand il a raté la sortie théâtrale dont tous deux devaient rêver...
CONCLUSION : Certes, on ne peut nier que Carpentier soit un écrivain cubain, mais certainement pas un "grand" écrivain comme on voudrait nous le faire admettre.
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Une idée de départ qui éveille notre curiosité ... comment les évènements de la révolution française ont été vécus dans ces départements de l'autre côté de l'Atlantique ?
Je me retrouve happée par une histoire déjà lue et relue maintes et maintes fois mais cette fois ci, racontée par quelqu'un qui nous montre la vision qu'a donné la Révolution française, avec un grand R s'il vous plaît, de l'autre côté de l'Atlantique, dans ces Caraïbes où on parle de la métropole.
Surprenant, instructif, pleins de petits et grands détails qui ont façonné la vision de la grande Histoire,
Découvrir le degré reaumur, un simple petit détail qui nous plonge dans la découverte du monde des sciences de ces temps là (1),
Suivre la vie d'un drôle de personnage Victor Hugues, loin d'être uniquement un personnage de roman, c'est une figure représentative de ce que furent les politiques de ces temps là (2),
Écouter une complainte venue d'un autre temps qui nous rappelle les croyances de ces temps là (3).

Je suis conquise par cette leçon d'histoire, de notre histoire qui lève un voile sur les événements qui eurent lieu sur le territoire français et sur ce que sont devenus ces territoires d'outre mer.
Je suis conquise par cette leçon d'histoire d'une caraïbe inconnue, laissée aux mains des français, anglais, espagnols et même hollandais pour devenir ce qu'elle est aujourd'hui avec toutes ses différences malgré une histoire globale.

Une leçon d'histoire magistrale qui nous parle de notre patrimoine culturel et montre l'explosion des idées à travers le monde et l'éclat des idées véhiculées par la révolution française pour le meilleur et pour le pire.
Une leçon de psychologie individuelle qui nous montre les capacités d'un individu pour faire ou défaire ce qu'il avait précédemment réalisé après y avoir lui même cru et fait croire aux autres.


(1)
L'échelle Réaumur est une échelle de température conçue en 1731 par le physicien et inventeur français René Antoine Ferchault de Réaumur, qui a défini son thermomètre à partir de la dilatation apparente de l'alcool et en calibrant un intervalle de référence entre le point de congélation de l'eau (valeur : zéro) et le point d'ébullition de l'esprit de vin (valeur 80).
Ainsi, l'unité de cette échelle, nommée faussement le degré Réaumur, vaut 5/4 (soit 1,25) d'un Kelvin (ou d'un degré Celsius) et a le même zéro que le degré Celsius.

(2)
Jean-Baptiste Victor Hugues (1762-1826), est un administrateur colonial français qui gouverna la Guadeloupe de 1794 à 1798, puis la Guyane de 1799 à 1809.
En tant qu'administrateur français dans les colonies, il participe à l'application de l'abolition de l'esclavage à la Guadeloupe, puis à son rétablissement en Guyane.

(3)
À Notre Dame du Bon Secours

1. Je mets ma confiance,
Vierge, en votre secours.
Servez-moi de défense,
Prenez soin de mes jours.
Et quand ma dernière heure,
Viendra fixer mon sort,
Obtenez que je meure,
De la plus sainte mort.
 
2. Sainte Vierge Marie,
Asyle des pécheurs.
Prenez part, je vous prie,
A mes justes frayeurs.
Vous êtes mon refuge,
Votre Fils est mon Roi,
Mais Il sera mon Juge,
Intercédez pour moi.
 
3. Ah ! Soyez-moi propice,
Avant que de mourir.
Apaisez Sa Justice,
Je crains de la subir.
Mère pleine de zèle,
Protégez votre enfant.
Je vous serai (toujours) fidèle,
Jusqu'au dernier moment (instant).
 
4. A dessein de vous plaire,
Ô Reine de mon coeur.
Je promets ne rien faire,
Qui blesse votre honneur.
Je veux que par hommage,
Ceux qui me sont sujets,
En tout lieu, à tout âge,
Prennent vos intérêts.
 
5. Voyez coulez mes larmes,
Mère du Bel Amour.
Finissez mes alarmes,
Dans ce mortel séjour.
Venez rompre mes chaînes,
Pour m'approchez de Vous.
Aimable Souveraine,
Que mon sort seroit doux.
 
6. Vous êtes Vierge-Mère,
Après Dieu mon support.
Je sais qu'Il est mon Père,
Mais vous êtes mon fort.
Faîtes que dans la gloire,
Parmi les Bienheureux,
Je chante la victoire,
Du Monarque des Cieux.
 
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Tout commence dans une mystérieuse maison (plus tard nous saurons que nous sommes à La Havane à la fin du XVIIIe siècle) où le père vient de mourir. Carlos, Sofia et Esteban se retrouvent livrés à eux-mêmes, pour une année en dehors du temps et des règles de la société. Une nuit, des coups retentissent à la porte, un homme entre : il s'appelle Victor Hugues, c'est un négociant de Port-au-Prince. À partir de là nos héros se trouvent pris dans le souffle de la Révolution française.
La censure espagnole empêche bien sûr les terribles écrits français de répandre leur propagande. Mais à La Havane on fait la chasse aux francs-maçons. À Port-au-Prince les noirs se révoltent. Dans les Antilles les colons blancs soutiennent la monarchie anglaise par crainte des idées nouvelles. Bientôt Victor Hugues, terrible commissaire de la Convention, apporte la Révolution en Guadeloupe, la guillotine et le décret de libération des esclaves. Esteban est le témoin des événements : la Terreur, l'hypocrisie des blancs, l'incertitude dans laquelle se situent les îles où les nouvelles de métropole parviennent avec un immense retard, la Guyane utilisée comme bagne de relégation, le rétablissement de l'esclavage par Napoléon... l'émancipation ne gagnera pas les colonies espagnoles, et si peu les colonies françaises.
Dans ce roman historique, peu de dates et de mots d'esprit. Carpentier s'attache davantage à rendre l'atmosphère du temps : le sexisme et le racisme qui imprègnent toutes les relations humaines, la nature luxuriante, la violence, le chaos, l'apparition des passeports et des sauf-conduits qui clouent les individus sur place, le choc des idéaux sur la réalité économique et politique. Victor Hugues apparaît comme un chef de guerre, le gouverneur craint de la Guadeloupe puis celui de la Guyane, révolutionnaire devenu administrateur, planteur et propriétaire d'esclaves.
Mais Carpentier a d'abord écrit un roman. Carlos, musicien et négociant, ouvre et ferme le roman. Esteban connaît un véritable apprentissage, peut-être plus fait pour l'observation des plantes et des animaux que pour l'activisme politique. Sofia, élevée au couvent, se libère de sa famille et de sa société et choisit une vie de femme libre, à la consternation des hommes qui l'entourent. Chacun d'eux évolue dans ce monde révolutionné, tentant de se comprendre mutuellement.
J'ai eu l'impression d'un roman assez triste, plein de désillusion et de mélancolie, alors que le ton est en réalité plus partagé. Les jeunes gens ne restent pas soudés. La Révolution est incomplète. Les noirs sont toujours en esclavage malgré le récit de toutes les fuites et luttes des noirs pour échapper à leurs maîtres, comme un souffle de liberté qui ne s'éteindra jamais. À la fin, un nouveau tyran s'est installé en France. La famille est éclatée et voici que chacun est contraint de vivre loin des siens, loin de chez soi, dans un lieu situé aux confins du monde. Pourtant l'aspiration à la liberté reste intacte et enverra balayer tous les despotes et tous les individus.
Lien : https://chezmarketmarcel.blo..
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Les Antilles au moment de la Révolution Française. Comment ces iles si lointaines vivent-elles ces événements historiques ? Quels en sont les soubresauts ? Comment la Révolution Française s'est-elle incrustée dans l'histoire locale ?
Différentes personnes éclairent cette histoire, certains réels et historiques, d'autres fictifs mais plausibles.
Le personnage de Victor Hugues, négociant, est un des vecteurs de cette histoire, transmettant aux iles aussi bien l'abolition de l'esclavage que son rétablissement. D'autres personnages sont passifs mais apportent leur regard sur l'histoire, Carlos, Sofia, Esteban…
Ce livre n'est pas facile d'accès, l'écriture est dense, ou bien est-ce la traduction, je ne sais pas. J'ai eu du mal à entrer dedans, et à m'accrocher, mais le sujet m'intéressait, j'ai persévéré, pour un nouvel éclairage d'un moment fondateur de l'histoire de France.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Comme un long et terrifiant coup de tonnerre d’été, annonciateur des cyclones qui assombrissent le ciel et abattent des villes, la nouvelle brutale retentit dans toute l’enceinte de la Caraïbe, soulevant des clameurs et allumant les torches de l’incendie : la loi du 30 floréal, an X, était promulguée, d’après laquelle on rétablissait l’esclavage dans les colonies françaises d’Amérique ; elle annulait les effets du décret du 16 pluviôse, an II. Une immense allégresse éclata chez les possédants, planteurs et propriétaires terriens, promptement informés de ce qui les intéressait, si promptement que les messages avaient volé par-dessus les bateaux, car on avait appris en outre qu’on reviendrait au système colonial antérieur à 1789, ce qui permettait d’en finir une bonne fois avec les élucubrations humanitaires de cette sale révolution.
(...)
On fit savoir ensuite aux présents que ceux qui refuseraient de se soumettre à leur ancien esclavage seraient punis avec la plus extrême sévérité. Le lendemain leurs propriétaires viendraient se saisir à nouveau de leurs personnes, et les conduiraient à leurs propriétés, plantations et habitations respectives. Ceux qui ne seraient pas réclamés seraient mis publiquement en vente. Un vaste concert de pleurs, convulsifs, exaspérés, pleurs collectifs pareils à un ululement de bêtes traquées, s’éleva de la négraille, tandis que les autorités se retiraient, escortées par une batterie assourdissante de tambours… Mais déjà, de tous côtés, des ombres s’enfonçaient dans la nuit, recherchant la protection des fourrés et de la forêt vierge. Ceux qui n’étaient pas tombés dans le premier coup de filet gagnaient le maquis, volaient pirogues et barques pour remonter les rivières, presque nus, sans armes, résolus à retourner à la vie de leurs ancêtres, en un endroit où les Blancs ne pussent les rattraper.
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L'humanité est divisée en 2 catégories : les oppresseurs et les opprimés. L'habitude, la nécessité et le manque de loisirs empêchent la plus grande partie des opprimés de se rendre compte de leur condition.
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Parfois Esteban était surpris dans ses voyages à travers le feuillage par quelque averse, et alors le jeune homme comparait, dans sa mémoire auditive, la différence qu’il y avait entre les pluies des Tropiques et les bruines monotones du vieux monde. Ici, une puissante et vaste rumeur, sur un temps maestoso, aussi prolongé qu’un prélude de symphonie, annonçait au loin l’avance d’une tornade, tandis que les vautours teigneux volant bas en cercles de plus en plus serrés abandonnaient le paysage.
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Ce sont les croyants béats, les naïfs, les dévoreurs d'écrits humanitaires, les calvinistes de l'idée, qui élèvent les guillotines.
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Les gens qui n'avaient jamais vu un trône l'imaginaient monumental et sans fissures. Mais ceux qui l'avaient eu devant leurs yeux connaissaient ses souillures et ses failles.
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Un romancier latino-américain Alejo Carpentier
Portrait d'Alejo CARPENTIER, à travers ses interviews, et ceux de Roger CAILLOIS, Wilfredo LAM, Jean-Louis BARRAULT, Jacques PREVERT. L'écrivain cubain, né en 1904, a vécu au Vénézuela, puis à Cuba après la révolution. Il devient en 1966, ambassadeur de Cuba en France, où il résidera jusqu'à sa mort, 1980 . Evocation de son oeuvre, de la création littéraire et artistique en Amérique...
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