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EAN : 9782221124437
320 pages
Robert Laffont (06/10/2011)
3.98/5   41 notes
Résumé :
C'est bien sûr à une révolution technique et informationnelle que nous assistons avec Internet. Mais c'est surtout à une révolution dans notre cerveau ! Vous aviez l'habitude de lire tranquillement et de façon linéaire un livre sur lequel vous portiez toute votre attention. Cela pouvait durer des heures pendant lesquelles vous, lecteurs, vous immergiez dans le monde singulier d'un auteur, en y mettant toute la concentration que vous désiriez.

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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le titre de cet essai est un brin provocateur, et l'expérience de le lire en version numérique est vite déconcertante, puisqu'on peut ainsi expérimenter en direct les affirmations de l'auteur.

Nicholas Carr ne se cantonne pas à Internet, mais nous offre une vision d'ensemble de la manière dont fonctionne le cerveau, et des différentes découvertes qui ont influencé notre façon de penser, même si l'orgueil nous pousse à ne les considérer que comme des simples outils soumis à notre bon vouloir. Entre autres, l'écriture nous a dispensé de devoir retenir trop de choses et nous a permis de favoriser le raisonnement, la cartographie a aidé à développer les idées abstraites, …

Et Internet dans l'histoire ? D'après les dernières études, il nous a habitué à être bombardé d'informations, bien plus que nous ne pouvons en traiter. En découlent des problèmes de concentration, et une incapacité à étudier un sujet en profondeur. Les hyperliens favorisent aussi la dispersion de la pensée (qui ne s'est jamais connecté pour vérifier ses mails et se surprendre trente minutes plus tard à visionner une démonstration de danse traditionnelle moldave ?), et la capacité de lire en prend un coup : de moins en moins de gens sont capables de consacrer une heure entière de leur temps à la lecture.

Faut-il s'inquiéter pour autant ? Les craintes face aux nouvelles technologies se sont pas neuves. L'auteur cite Socrate qui se désespérait de la propagation des livres, fossoyeurs de la mémoire : ce n'est plus la peine de retenir quoi que ce soit si tout est écrit quelque part. La mort du livre a déjà été annoncée à l'apparition des journaux, de la radio, de la télévision, et il est toujours bien présent dans nos vies. Nul doute qu'Internet jouera le même rôle que ses prédécesseurs : on pourra déplorer la perte de quelques compétences du cerveau, mais les nouvelles qu'il contribue à créer devraient les remplacer avantageusement.
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Il ne faut pas s'arrêter au titre français qui ne fait pas justice au contenu réel de l'essai de Nicholas Carr : il ne s'agit pas ici d'un pamphlet à charge contre le numérique et internet n'y est pas diabolisé. L'auteur fait d'ailleurs partie des connectés au fait des innovations technologiques depuis longtemps et son livre prend racine dans son expérience propre.
Nicholas Carr a en effet constaté sur lui-même les changements opérés par une pratique assidue du web, et en premier lieu une baisse de sa capacité d'attention et de concentration. Il mène une réflexion pour tenter d'identifier les changements cognitifs provoqués par la technologie numérique, sans entrer dans le conflit sans fin entre laudateurs et contempteurs de la révolution numérique, « Philistins » et « Luddites ».

Carr s'interroge sur l'impact des outils dont nous nous servons sur notre façon de penser, rappelant Nietzsche découvrant l'usage d'une des premières machines à écrire, qui affirma : « Notre matériel pour écrire intervient dans l'élaboration de nos pensées ».

L'influence des technologies intellectuelles

Internet est la dernière née des technologies intellectuelles d'importance qui influencèrent l'esprit humain (écriture, codex, imprimerie mais aussi carte et boussole, etc.).
L'étendue de l'influence de ces technologies est matière à un nouveau débat entre déterministes technologistes – l'invention gouverne l'humanité et l'oriente sur des rails – et instrumentalistes – les outils sont neutres et ne sont que ce que les hommes en font…
Mc Luhan eut à ce propos une formule terriblement déterministe, affirmant que les humains étaient « les organes sexuels du monde de la machine »…

Par le passé, les nouvelles technologies intellectuelles ont toujours radicalement changé le monde et suscité les craintes des adeptes de la technologie supplantée – car « un nouveau média n'est jamais un complément d'un ancien » (Mc Luhan).
Le débat entre Socrate et Platon sur l'écriture symbolise cette querelle des anciens et des modernes. Certains arguments frileux contre la technologie émergente se ressemblent étrangement à des siècles de distance : Lope de Vega s'attristait de la prolifération d'ouvrages vulgaires et pornographiques engendrée par le développement de l'imprimerie comme certains déplorent la place occupée sur la toile par les sites à caractère sexuel.

Quels sont les changements engendrés par le Net ?

Il ne s'agit pas d'une baisse de la lecture (on ne cesse de lire sur les écrans) mais d'une baisse de la lecture de l'imprimé et de la façon de lire liée à la technologie de l'imprimé.
Ce qui change est ce que Carr appelle l'éthique intellectuelle d'un média, « le message que celui-ci transmet à l'esprit et à la culture de ceux qui l'utilisent ».
Et nous assistons au crépuscule culturel du codex et de l'éthique intellectuelle qui l'accompagne : lecture profonde, degré d'attention élevé, fermeture aux distractions instinctives…
L'ordinateur, devenu un outil polyvalent par excellence, invite au multitâche ; le web propose lui sans arrêt des « diversions kaléïdoscopiques »… Ce qui s'évanouit est l'éthique du livre – silence, concentration, mémorisation, temps long.
Pour résumer, « le Net n'attire notre attention que pour la disperser ».

Carr déplore sans doute que nous soyons devenus des consommateurs de données, des « chasseurs-cueilleurs d'informations dans la forêt des données numériques » là où nous étions cultivateurs de la connaissance personnelle auparavant.
Cette critique du web n'est cependant pas partiale (l'auteur évoque aussi les avantages des nouvelles technologies qui améliorent la rapidité de l'analyse et de la prise de décision) et ne fait pas l'impasse sur l'aspect irrémédiable du bouleversement numérique : les savoir-faire requis par l'univers numérique sont désormais indispensables pour nos vies professionnelles et même au-delà pour nos vies personnelles.

Savoir qu'on ne peut revenir à la technologie passée du codex n'empêche pas d'avoir un regard critique sur la nouvelle technologie intellectuelle qui domine le monde afin d'essayer de ne pas être un consommateur esclave.
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Attirés et intrigués par ce titre provocant qui nous a interpellé nous avons eu envie d'ouvrir ce livre : nous passons comme beaucoup du temps sur Internet, sommes-nous bête pour autant ?

Le titre peut donner l' impression d'un sujet traité de façon légère mais on comprend très vite que c'est un sujet de société très complexe et qu'il est traité sérieusement.

Très vite happés par le contenu, nous avons été tout de suite intéressée par l'introduction où l'auteur nous parle de sa motivation, de ce qui l'a poussé à réfléchir à ce sujet : il a le sentiment que son esprit change. Depuis que sa vie est connectée à la Toile, il perd sa capacité de concentration, de mémorisation, ne sait plus lire un ouvrage de plusieurs centaines de pages… En en parlant autour de lui il se rend compte qu'il n'est pas seul dans cette situation…

" Internet : bénédiction oui ! mais aussi sacrifice ? de sa pensée… " : sans entrer dans la vision manichéenne, la querelle pro ou anti Internet, il nous explique, en s'appuyant sur des études médicales sur le cerveau, que les nouvelles technologies, les outils que nous utilisons, rien n'est anodin pour notre façon de construire notre pensée.

Ce livre aurait pu être classé en médecine car il aborde assez précisément les mécanismes du cerveau, notamment la plasticité du cerveau : le cerveau est capable de se modifier par l'expérience.

Une réflexion qui n'est pas nouvelle... du passage d'une société de l'oral à l'écrit, à la démocratisation de l'écrit puis maintenant à une société numérique, le cerveau s'adapte à de nouvelles situations depuis toujours et les débats sur la perte ou le gain que représentent ces changements ont traversé les âges.

Nicholas Carr,américain, est un éditorialiste anglo-saxon connu. Il a écrit pour le New York Times, le Wall Street Journal, le Guardian britannique et le magazine culte Wired. Il est aussi membre du comité éditorial de l'Encyclopedia Britannica. Il tient un blog baptisé "Rough type".

Sélectionné dans notre blog "informatique, image et son".
Lien : http://www.cite-sciences.fr/..
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Un livre passionant, très bien documenté, qui aborde des aspects non espérés au vu de son titre. Ou comment découvrir comment fonctionne notre cerveau fasse à la déferlante d'informations numériques à laquelle nous devons faire face chaque jour. de la description de l'évolution des ordinateurs à celle de l'adaptation neuronale, de la comparaison de l'ère des livres à celle, prévue, du tout numérique, l'auteur nous mène dans un monde à limite de la fiction, monde qui est pourtant celui d'aujourd'hui. Une façon également de réflechir sur notre comportement face aux technologies, à notre adaptation (ou non) aux outils numériques, et aux conséquences que notre comportement peut avoir sur notre mémoire et notre savoir. Avec, en fin d'ouvrage, une question pertinente sur la "confiscation" du savoir par les entreprises mondiales de l'informatique. Internet ou le pouvoir du savoir?
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Un peu de répétitions, beaucoup de fausses découvertes mais un livre qui fait le point sur la question. Éclairant à défaut d'être exceptionnel.
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critiques presse (1)
NonFiction
07 décembre 2011
Dans un foisonnant essai consacré aux effets collatéraux d’Internet sur l’intelligence et le cerveau humains, Nicholas Carr pose les questions-clefs de la Société numérique planétaire dans laquelle nous entrons.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
[C]haque technologie intellectuelle incarne une éthique intellectuelle, un ensemble de présupposés sur la façon dont fonctionne, ou devrait fonctionner, l’esprit humain. La carte et l’horloge avaient en commun la même éthique. Toutes deux innovaient en mettant l’accent sur les mesures et l’abstraction, sur le fait de percevoir et de définir des formes et des processus au-delà de ceux auxquels les sens avaient accès. L’éthique intellectuelle d’une technologie est rarement perçue par ses inventeurs. Ils sont en général si absorbés à résoudre un problème particulier ou à démêler un dilemme d’ingénierie épineux qu’ils ne voient pas les implications plus larges de leurs travaux. Les utilisateurs de cette technologie, eux aussi, n’ont souvent pas conscience de son éthique. Ils s’intéressent aux avantages pratiques qu’ils tirent à utiliser cet outil. Nos ancêtres n’ont pas créé ou utilisé les cartes pour renforcer leur capacité de pensée conceptuelle ou pour mettre au jour les structures cachées du monde. Pas plus qu’ils n’ont fabriqué des horloges mécaniques pour stimuler l’adoption d’un mode de pensée plus scientifique. C’étaient là des effets secondaires de ces technologies. Mais quels effets secondaires ! En fin de compte, c’est l’éthique d’une invention intellectuelle qui a sur nous l’impact le plus profond. L’éthique intellectuelle est le message qu’un média ou autre outil transmet à l’esprit et à la culture de ceux qui l’utilisent.
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Il n’y a rien de mal à naviguer et à survoler, même à forte cadence. Depuis toujours, nous survolons plus les journaux que nous ne les lisons, et nous parcourons les livres et les magazines pour en saisir l’essentiel et décider s’ils méritent d’être lus plus avant. Il est tout aussi important d’être capable de lire en diagonale que de lire en profondeur. Mais ce qui est différent, et qui dérange, c’est que le survol est en train de devenir notre principal mode de lecture. C’était naguère un moyen pour arriver à une fin, une façon d’identifier les informations à lire en profondeur ; maintenant, cela devient une fin en soi –, c’est notre méthode préférée pour recueillir et comprendre les informations de toutes sortes.
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[...] L'interactivité, les hyperliens, la possibilité de recherche, le multimédia - toutes ces capacités du Net offrent des avantages séduisants. Avec le volume sans précédent d'informations disponibles en ligne, ce sont les principales raisons qui poussent la plupart d'entre nous à autant utiliser le Net. Nous apprécions de pouvoir alterner lecture, écoute et consultation visuelle, sans avoir à nous lever pour allumer un autre appareil ou fouiller dans une pile de magazines ou de disques. Nous apprécions de pouvoir trouver des données pertinentes et d'être immédiatement transportées jusqu'à elles - sans avoir à faire le tri dans un tas de matériel sans rapport avec notre sujet. Nous apprécions d'être au contact d'amis, de personnes de notre famille et de collègues. [...]
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Bien que j’aie été entouré de dizaines de milliers de livres, je ne me souviens pas d’avoir ressenti l’angoisse qui est le symptôme de ce qu’on appelle la « surcharge d’information ». Il y avait quelque chose d’apaisant dans la retenue de tous ces livres, leur acceptation d’attendre des années, voire des dizaines d’années, que vienne le bon lecteur qui les sorte de la place qui leur était assignée. Prends ton temps, me murmuraient-ils de leur voix poussiéreuse, nous n’allons nulle part.
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L’écran d’ordinateur lamine nos doutes sous le rouleau compresseur de ses cadeaux et de son confort. C’est un si bon serviteur qu’il serait déplacé de remarquer qu’il est aussi notre maître.
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