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Critique de Bruno_Cm


Préambule : Je travaille en tant que psychologue dans une unité hospitalière de post-cure pour des patients dépendants, principalement de l'alcool. J'ai donc une certaine expérience du sujet et de ces sujets, j'ai vu et vois la souffrance et la difficulté incroyable de ce problème qui est multiple, complexe, plein de facettes et de surprises permanentes. Je n'ai donc pas une vue simpliste de la chose.
J'avais beaucoup d'a priori concernant la méthode Carr. Un côté américain-magique, des guide-lines un peu bateau, ou des idées complètement banales qu'on peut lire un peu dans n'importe quel article à deux francs six sous de magazines télés ou autres...
Et bien, je suis agréablement surpris.
Ce type est un humaniste, en tout cas les propos de ce livre recèlent de l'humanisme, de la confiance en l'homme, et en la Nature, de la place de l'homme dans la Nature. Et rien qu'en disant ça, on peut se dire que ce livre ne peut faire de mal, et sans doute peut faire un peu de bien par où il passe et pour qui le parcourra.

Carr attaque à pleins tubes les clichés, idées reçues, croyances pseudo-scientifiques qu'on véhicule encore terriblement fort concernant les bienfaits de l'alcool : l'apaisement du stress, la désinhibition, la convivialité... Pour Carr, tout cela n'est que mensonges et justifications d'un comportement (plus ou moins) addictif face à un produit-poison. Il donne pas mal d'exemples, de comparaisons et d'analogies assez intéressants pour étayer ses idées. Et ça marche assez bien.

Je pense vraiment que penser comme lui peut marcher et aider pas mal d'alcooliques à sortir de leur problème, certainement pas tous, mais certains oui.
Carr explique surtout le côté naturel de l'homme qui, naturellement (excusez ma répétition) n'aimerait pas l'alcool, se forcerait pour des tas de raison et tout buveur descendrait une pente dangereuse. Certains plus vite que d'autres. La différence entre un buveur "normal" et un alcoolique n'étant pas une différence de nature (excusez ma répétition), ni de structure (neurologique), mais de degré. Moi, j'aurais utilisé le mot continuum mais Carr ne l'emploie pas, mais c'est un peu la même idée.
Du coup, exit l'idée de tare génétique, neurologique, etc. On peut arriver à stopper sa consommation.

Au passage, le choix du titre est malheureux, car Carr (excusez ma répétition) pense qu'après lecture, les buveurs arrêteront toute consommation, et justifie de manière un peu bancale son titre. Une grande partie de son argumentaire vise à battre en brèche l'idée de consommation contrôlée, qui serait dans le fond si pas impossible, très risquée. Et il bat en brèche aussi l'idée d'abstinence à vie. Abstinence presque toujours synonyme de souffrance, alors que Carr parle de la fin de l'envie de boire. La fin de l'envie de s'abîmer avec un poison. Mais un titre comme "La méthode simple pour ne plus avoir envie de boire" ou encore plus direct : "... pour ne plus avoir envie de se détruire avec ce poison qu'est l'alcool" ce n'est pas des plus vendeurs sans doute... on touche ici des raisons d'édition ou plutôt de marketing (hélas souvent en collusion-collision)...

Pour en revenir à ce continuum, les personnes "alcooliques" sombrent plus vite, parce que sans doute au contraire, ils sont plus fins, plus sensibles, plus + que les autres et pas en raison d'un défaut quelconque ou un manque. C'est une idée de Carr que je partage. Et c'est justement une idée qu'il convient de partager et tout faire pour que les personnes qui souffrent se revalorisent, pour qu'elles reconstruire leur vie, tellement abîmée par ce produit qui... pour paraphraser l'auteur, n'apporte strictement rien de positif.

Bref, pour conclure, comme je le disais, ce livre, selon moi, peut aider certaines personnes, pas toutes mais certaines, faut les trier et leur suggérer cette lecture.
Ceci dit, tout le monde peut de toute façon le lire car il relève de l'humanisme.
Voilà c'est tout.
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