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Critique de Poljack


Mon avis :
L'ange des ténèbres fait suite à L'aliéniste, mais il en est totalement indépendant. Ce qui tombe bien, je n'ai pas lu le précédent ! Je n'ai pas non plus vu la série tirée de ce roman, mais j'avoue qu'après la lecture du deuxième volet, j'ai envie de connaître le premier, autant sous forme de livre que de feuilleton télévisuel.
Dans ce roman, nous sommes au tournant du siècle, en 1897. C'est le balbutiement de l'utilisation de la science dans les affaires criminelles. Les empreintes digitales ne sont pas encore reconnues comme preuve irréfutable. du moins pas en Amérique. Pas plus que la balistique. Quant à la psychologie, elle est encore très loin d'avoir une réelle reconnaissance de l'administration juridique.
L'auteur s'intéresse particulièrement aux crimes commis par des femmes, et à leur impact sur la société. C'est donc très habile de sa part d'avoir formé ce petit groupe d'enquêteurs formé de deux flics, précurseurs de la police scientifique, une femme détective privée, engagée dans la lutte pour le droit des femmes et surtout, un psychiatre, ou plutôt, un aliéniste, comme on les appelait alors. Il y a également un journaliste qui cumule autant de qualités que de défauts (joueur, buveur, un peu macho et trouillard, mais généreux et entêté…), un grand noir balèze qui sait jouer du point, mais aussi du piano, et le narrateur, un gamin des rues que le docteur Kreizler a pris sous son aile. On a donc tout d'une véritable enquête policière, mais grâce à cette galerie de personnages, elle est abordée sous l'angle de la psychologie et sur un fond de critique sociale. Sans oublier, bien sûr, le contexte historique.
L'histoire à peine commencée, on connaît déjà la coupable… C'est donc sur la recherche de preuves que va se concentrer l'équipe d'enquêteurs. Et la compréhension de ce qui a poussé cette femme à commettre des crimes. le récit, agencé de main de maître, nous promène dans le New York de cette fin du XIXe et la province environnante, à la rencontre d'une société qui n'est pas tout à fait passée dans le siècle de la modernité. Les vieilles croyances y ont la vie dure, et la lumière de la science a encore du mal à percer les ténèbres des préjugés et des superstitions.
L'auteur gère parfaitement la progression de son histoire, à la façon américaine, c'est-à-dire en suivant la recette. le dosage des ingrédients (suspense/découvertes ; actions/descriptions…) est réalisé au quart de poil, le résultat est calibré dans les normes. Bien souvent, ce savoir-faire aboutit à un livre agréable à lire, mais un peu fade… Caleb Carr dépare légèrement dans ce lot, sans toutefois nous transporter vers les sommets de l'art littéraire. Ça reste quand même une peu trop lisse à mon goût. Il a surtout pour lui une belle galerie de portrait et une certaine originalité dans l'angle de vue, le tout dans une langue très dix-neuvième siècle où la verve du narrateur fait merveille.
Malgré mes réserves de lecteur exigeant, j'ai vraiment dévoré avec gourmandise ce pavé de 620 pages. Il est conçu pour plaire au plus grand nombre et réussit parfaitement sa mission, cependant, les qualités du récit l'emportent sur son côté « industriel », et après tout, avec ce genre de lecture, l'important n'est-il pas de se faire plaisir.
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