AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782221156100
234 pages
Robert Laffont (02/01/2015)
3.88/5   49 notes
Résumé :
Une immense plaine desséchée par des années sans pluie, un monde fermé sur lui-même et gouverné par la violence. Dans cet enfer, sous un soleil implacable, un petit garçon fuit. Le premier jour, il se cache dans un trou recouvert de branchages, tandis que des hommes le cherchent sans relâche. À la nuit, il sort et file. Autour de lui, il n'y a rien à boire, rien à manger. Et peu d'endroits où se cacher, si ce n'est les bois d'olivier. Mais l'enfant s'obstine à aller... >Voir plus
Que lire après IntempérieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,88

sur 49 notes
Comme le souligne la 4ème de couverture, ce livre a quelque chose du roman de Cornac Mc Carthy "la route" mais il m'a fait aussi souvent penser à celui d'Ivan Repila "Le puits". Dans ces trois livres, les relations humaines sont décrites avec une émotion très forte même si très particulières et très en retenue.
Beaucoup de pudeur se dégage de ce merveilleux roman. L'ambiance est sèche, aride, sombre et pourtant, en filigrane, on ressent le lien fort qui se tisse entre le petit garçon et le chèvrier. Leurs relations sont fortes tout en étant décrites avec une extrême pudeur qui pourrait même passer pour de la distance, de la froideur.
Au-delà des relations humaines, Jesus Carrasco nous livre un roman sur la quête de liberté. C'est un très beau roman qui mérite amplement le succès qu'il a apparemment eu en Espagne.
Commenter  J’apprécie          453
Un enfant fuit sa famille, son village. «… l'idée de la fuite avait germé en lui comme un espoir nécessaire pour pouvoir supporter l'enfer de silence  dans lequel il vivait», dans lequel l'ont contraint à vivre l'alguazil et son père complice.
Il s'éloigne de cet enfer pour tomber dans un autre, celui d'une longue fuite sous un soleil qui frappe comme un marteau, l'enfer de la soif. En effet, la région traverse une période de dérèglement climatique qui la plonge dans une sècheresse et une chaleur exceptionnelle.

Cette histoire rude d'un enfant qui va devoir affronter l'inconnu, lui qui ne s'est jusque-là pas aventuré plus loin que la lisière de son village natal, se déroule dans un lieu indéfini à une époque indéterminée.
Le mystère qui baigne ce livre et l'angoisse qui l'imprègne viennent de la peur de l'enfant qui se sait rechercher, mais aussi du silence, de tout ce qui est tu, qui pèse et étouffe comme la chaleur qui s'abat sur cette plaine aride. L'enfant va rencontrer un vieux chevrier qui se déplace accompagné de ses quelques chèvres, d'un âne et d'un chien. L'enfant et le vieil homme vont s'apprivoiser l'un l'autre et devoir se résoudre à des choix bien cruels parfois quand tout se ligue autour d'eux pour rendre leur survie de plus en plus dure.

Un beau récit âpre où le lien à la terre prédomine, où l'enfant se dit qu'il appartient à cette terre . «En fin de compte, il était fils de cette terre tout autant que les perdrix et les oliviers. ».
Il désire aussi même s'il n'en a pas vraiment conscience que le vieux soit fier de lui et pour cela va aller au bout de ses forces et s'endurcir, grandir, devenir autre grâce aux épreuves et au vieux chevrier qui , s'il ne peut lui donner les clefs du monde adulte que l'enfant espérait, s'efforce de lui transmettre tout ce qu'il sait comme les gestes nécessaires à la traite des chèvres par exemple, les gestes ancestraux de survie et le respect de toute vie qui seul peut préserver un peu de dignité face à la brutalité.
« Le berger lui attrapa les pouces et les plaça de sorte que ses ongles poussent les trayons contre l'intérieur des autres doigts. Il entoura de ses mains celles du garçon et, sans un mot, il manipula les trayons pour faire sortir le lait. Par cette imposition, le vieux transmit au garçon les rudiments du métier, lui concédant à cet instant la clé d'un savoir pérenne et essentiel. » p 126
Commenter  J’apprécie          331
Chaque mot formant une phrase tend vers le pessimisme, la désespoir, le malheur pour décrire la fuite d'un enfant dans la campagne victime de la sécheresse où il rencontrera un vieux berger un peu douteux. le problème c'est que lorsque les événements changent, violence ou injustice, le ton reste le même. de plus, pendant la première partie où le narrateur décrit le voyage de l'enfant, le discours n'est pas crédible car il met dans la tête du garçon des pensées d'adulte. C'est un roman d'ambiance où il ne se passe pas grand chose en définitive.
Commenter  J’apprécie          170
Intempérie est aussi une BD parue en 2016 et un film magnifique et dur de 2019, dirigé par Benito Zambrano. C'est L'échappée sauvage, le titre en français, film que j'ai vu et apprécié.

Ce livre a mis à la mode en Espagne un style narratif appelé néo-ruralisme qui a été ensuite suivi par d'autres auteurs : Oscar Esquivias, Sergio del Molino, Yván Repila, Pilar Adón, etc.

L'écriture de J. Carrasco est pleine de subtilités pour exprimer le pessimisme, la désolation, le désespoir de deux êtres en perdition. En même temps, il emploie un grand lyrisme dans sa prose pour narrer cette histoire humaine aux confins des plaines de Castille, une terre pelée et recuite par un soleil inclément. Cette écriture tellement tellurique m'a rappelé celle de F. Bouygues avec cette compénétration entre l'être et le paysage.

Le récit se veut intemporel dans un lieu peu défini, mais aisément identifiable sur les hauts lieux de la Meseta; la temporalité est située dans l'Espagne des années 50.
C'est cette géographie quasi inhumaine, la véritable protagoniste de cette histoire.
Quant aux deux personnages principaux, ils sont à la hauteur du paysage : durs, taiseux car ils circulent au milieu d'un néant si aride que l'on arrive à ressentir de la claustrophobie dans des espaces ouverts.
Au milieu de tant de désolation, certaines valeurs humaines perdurent comme l'amitié, la loyauté, la compassion, la soif de justice, une dignité humaine.
On a dit de ce livre qu'il est écrit comme un western et cela est un peu vrai; surtout dans la version filmée qui est très fidèle au texte, avec par moments, des images insoutenables.

LE LIVRE : un enfant de 10 ans décide de fuir sa maison parce que sa situation est insoutenable. Après s'être caché quelque temps, il se lance sur la vaste meseta sous un soleil de plomb. Presque à l'inanition, il tombe sur un vieux chevrier qui va le sauver de la mort.
L'enfant et le vieux. Deux extrêmes de la vie : la jeunesse sans défense et la vieillesse usée et malade par cette vie à l'intempérie. Tous les deux luttent pour survivre. L'enfant fuit son funeste sort car son père l'a quasiment vendu au shérif du village qui abuse de lui. Cet enfant est terrorisé, il ne sait pas l'exprimer, il manque d'expérience, d'éducation.
Le vieil homme va comprendre cette situation sans échange de paroles et le prendra sous son aile, bien qu'il soit un solitaire taiseux.
A partir de ce moment, le récit se transforme en roman de formation, car le chevrier va apprendre à l'enfant tout ce qu'il sait et qui pourra l'aider à survivre dans cet endroit.
Ici, fait irruption le shérif qui recherche cet enfant sans relâche, secondé par deux sbires, deux tueurs à sa solde. Ce shérif est le mal incarné, avec abus de pouvoir et cruauté. Les scènes qui se succèdent sont crues, insoutenables car l'auteur ne fait aucune concession au plus vil de l'âme humaine.
Dans ce roman prédomine une violence à l'état brut, par moments tacite, parfois explosive. le péril ronde autour de l'enfant et du vieux, un péril au milieu de nulle part dans un lieu de survivants. Ce sera la première leçon du vieux à cet enfant et cette fuite sera comme un voyage initiatique et sans retour.
La fin du livre rassure le lecteur parce qu'il comprend que la justice immanente existe et qu'alors, l'espoir peut exister aussi.
Commenter  J’apprécie          10
Un tout jeune garçon fuit pour échapper à une autorité violente et répressive. Il est complètement désarmé pour faire face à une telle situation mais il rencontre un vieil homme taciturne qui lui apportera l'aide dont il a besoin pour surmonter cette épreuve.
En compagnie d'un chien, d'un âne et de quelques chèvres, ils vont entreprendre un long et douloureux périple vers la liberté. Un voyage de la faim, de la soif, de la peur à travers un paysage désolé que la sécheresse a transformé en un environnement inhospitalier où survivre devient l'unique préoccupation. Il ne s'agit pas que de la survie physique en l'absence d'eau et de nourriture mais aussi de la survie de l'âme pour ne pas se transformer en véritable barbare, pour sauver ce qu'il reste d'humanité. Pour cela, l'enfant doit apprendre à faire confiance au vieil homme et celui-ci en retour lui apprend les sentiments d'amitié, de compassion, de solidarité et surtout de dignité malgré leur misère extrême.
Intempérie est un roman d'initiation d'un genre curieux, entre dystopie et western ibérique, quasiment sans dialogues et porté par une langue extrêmement précise jusqu'à en paraître parfois presque clinique. Mais curieusement et malgré tout le talent de l'auteur, je n'ai pas réussi à visualiser une plaine aride en toile de fond. Ce ne sont que des paysages verdoyants qui se sont imposés à mon esprit. Peut-être parce ce qu'il est trop terrifiant d'imaginer une telle situation qui malheureusement est le lot de nombreux pays en manque d'eau...
Malgré plusieurs scènes fort violentes, dont les descriptions peuvent soulever le coeur, c'est quand même une très belle histoire que nous conte là Jesús Carrasco, une de celles qui ne s'oublient pas facilement.
Commenter  J’apprécie          60


critiques presse (2)
ActuaBD
23 août 2017
Un gamin fuyant la violence paternelle est secouru par un vieux berger. Ils vont tenter d'échapper aux policiers locaux, s'adaptant jour après jour. Très belle adaptation d'un premier roman espagnol salué par les libraires dans son pays.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Telerama
25 février 2015
Elu livre de l'année par les librairies espagnoles en 2013, Intempérie ménage le suspens, et une fois clos, laisse un goût de cendre dans la bouche.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Ici, il n'y avait que des lévriers galgos. Efflanqués. Chairs essorées sur une ossature longue. Des animaux mystiques qui couraient à toute vitesse après les lièvres, sans jamais s'arrêter pour flairer, parce qu'ils avaient été jetés sur la Terre avec un unique mandement : traquer et déchiqueter. Des lignes rouges ondoyaient sur leurs côtes, vestiges de la cravache de leurs maîtres. De celle qui, sur la terre sèche, asservissait les enfants, les femmes et les chiens. p10
Commenter  J’apprécie          170
Le berger le reçut sans un mot, comme on accueille un pèlerin ou un exilè. Le garçon enlaça son torse au point d'arracher au berger meurtri une légère plainte. "Les côtes", dit-il, et le noeud se défit immédiatement. Ils s'écartèrent. Ce qui suivit ne fut pas de la honte. Peut-être simplement une distance mieux adaptée aux lois de cette terre et de ce temps. Et quoi qu'il en soit, la graine était semée.
Commenter  J’apprécie          140
Une ligne brisée sanguinolente jaillissait de la blessure ouverte par l'un des clous du fer. La violence de la scène irrita les nerfs du garçon, à moins que ce fût la pensée récurrente que cet homme partait le remettre aux mains de son bourreau. Il donna un coup de pied dans les reins du cul-de-jatte, ce qui eut pour effet tout à la fois de déplacer le corps dans une nouvelle position sur les cailloux du chemin et de lui arracher une plainte somnolente. La bouche entrouverte contre la terre, les lèvres couvertes d'une panure de sable, et un point rouge sur la poussière, là où le sang tombait.
Commenter  J’apprécie          40
Devant lui, la plaine dégageait une odeur de terre brûlée et de pâture desséchée, sa manière à elle d'évacuer la souffrance que lui avait infligé le soleil pendant la journée. Un hibou gris passa au-dessus de sa tête et alla se perdre tout en haut des oliviers. Le garçon se dit qu'il ne s'était jamais autant éloigner du village où il avait passé toute sa vie. Au bout de ses pieds s'étendait une terre inconnue, tout simplement.
Commenter  J’apprécie          50
Ils finirent la traite en quelques minutes et le garçon fut surpris du peu de lait que toutes avaient donné. Le vieux expliqua qu'à cette époque là de l'année, entre la chaleur, le peu d'eau et les aliments secs, les animaux devenaient radins.
(traduction du contributeur depuis le texte original)
Commenter  J’apprécie          50

Videos de Jesus Carrasco (17) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jesus Carrasco
Jesús Carrasco nos habla de "La tierra que pisamos"
autres livres classés : littérature espagnoleVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Jesus Carrasco (1) Voir plus

Lecteurs (119) Voir plus



Quiz Voir plus

Littérature espagnole au cinéma

Qui est le fameux Capitan Alatriste d'Arturo Pérez-Reverte, dans un film d'Agustín Díaz Yanes sorti en 2006?

Vincent Perez
Olivier Martinez
Viggo Mortensen

10 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : cinema , espagne , littérature espagnoleCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..