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3,39

sur 1070 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai été touchée par Isabelle Carré. À travers son histoire, ses rêves ses questionnements, ses mots simples nous parlent. Et avec quel talent ! Sa petite musique personnelle, si belle, humaine, juste, nous atteint au plus profond. Les émotions de ses héros déjantés et dépressifs, de ses rêveurs en quête de sens, sont les nôtres. Celles de tout un chacun qui a compris qu'on ne réussit jamais mieux que ses rêves.

« Pourquoi est-ce si difficile de les laisser, d'accepter qu'on ne pourra pas les revoir car ils ne nous appartiennent plus, la porte s'est claquée pour toujours, le temps ne fera que nous en éloigner, à moins d'être un bon rêveur, celui qui se souvient toujours de ses rêves, de rêves si clairs et précis qu'ils permettent de s'y attarder encore, d'entrer à nouveau dans ces pièces de l'enfance, sans autre clé que le désir constant d'y revenir. »


Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge PLUMES FÉMININES 2019
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La vie d'Isabelle Carré a certainement davantage occupé les médias depuis la parution de son livre que durant le reste de sa carrière.

Car, mise à part son talent qui fait l'unanimité dans le milieu du cinéma et auprès du public, on savait bien peu de chose sur la vie privée de l'une des actrices les plus discrètes du cinéma français.

En refermant ce livre, que l'on qualifie de roman, mais qui est davantage une autobiographie, je me pose la question des motivations qui ont poussé Isabelle Carré à lever le voile sur sa personnalité.
Besoin de se livrer pour se sortir d'un passé douloureux et encombrant où envie de pénétrer « en littérature » ?
Qu'importe au fond, même si pour ma part, j'aimerais bien retrouver cette plume délicate et élégante dans une histoire de pure fiction.

Mais, patience. Je reviens donc à ces rêveurs qui ont façonné la jeune femme.
Avec une grande franchise, oubliant toute chronologie, Isabelle Carré évoque avec pudeur son enfance, puis son adolescence au sein d'une famille post-soixante-huitarde.
Avec délicatesse, elle évoque cette mère fragile, pour laquelle, la moindre action devient un combat.
Son père mettra des années à s'accepter tel qu'il est et à s'assumer.

Elle-même nous confie ses angoisses existentielles, ses rêves contrariés qui l'ont conduite à faire une tentative de suicide. Révélant cette part d'ombre présente en chacun, qu'elle dissimule au quotidien sous un sourire.
J'ai beaucoup aimé ce texte particulièrement touchant, teinté d'une certaine nostalgie.

A bientôt, Isabelle, au cinéma et je l'espère en librairie.

Merci aux Editions Grasset et à NetGalley.


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J'ai entamé cette lecture en ronchonnant (gentiment)!
« Encore un livre intitulé roman et qui va sans doute s'apparenter à une autobiographie ».
Cette ambiguïté semble récurrente dans la production littéraire française et me procure autant d'agacement, par un voyeurisme imposé, que de plaisir quand le livre est bon.

Et c'est bien le cas ici, par la découverte d'un auteur niché derrière le talent de l'artiste connue et appréciée. Un premier livre au style fluide et généreux, qui démontre encore une fois que chaque histoire de famille peut être un roman et qu'il suffit de savoir la raconter.

Et elle raconte fort bien, Isabelle Carré.
Elle parle d'elle, de ses parents, de ses frères, du milieu familial étrange dont elle est issue. On croit voir son sourire un brin angélique derrière les pages, ce petit air mutin qui permet de tout dire, avec dérision et léger sarcasme, mais aussi simplicité et pudeur. Il y a bien sûr beaucoup à dire, à explorer et à comprendre dans cette famille dysfonctionnelle (ou au moins très singulière) et la catharsis est encore une fois une forme de reconstruction et de bilan personnel. Et honnêtement, elle admet inventer quand elle ne sait pas. Finalement, ce sont des souvenirs très littéraires dans leur forme expressive, sans excès de manche pour exprimer la fragilité et le doute.

J'ai lu avec plaisir en dépit de mon peu d'intérêt pour les confidences d'autrui par le biais de l'écrit. Enfant de son époque, trop tôt confrontée aux réalités sociales, Isabelle Carré s'interroge et réagit sur la famille, l'éducation, l'homosexualité et l'impact du contexte de vie dans la construction d'un individu. L'insolite s'invite derrière l'image bien lisse et souriante d'une belle actrice solaire, par tout un pan de miroirs brisés qui étonne et intrigue.

« Je suis une actrice connue que personne ne connaît »
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Toute la grâce lumineuse de l'actrice se retrouve dans ce premier roman autobiographique... Et ce n'est certes pas un livre de plus où l'auteur(e) se regarde le nombril. Pas du tout! Poétique et touchant, il m'a séduite dès le début.

J'évoque la lumière,et pourtant, quelle tristesse, quelle enfance angoissante! Je suis passée par différents sentiments: empathie, compassion, mais aussi colère et incompréhension devant l'irresponsabilité des parents, leur démission . Mais à aucun moment, comme Delphine de Vigan dans " Rien ne s'oppose à la nuit", l'adulte qu'elle est devenue ne fait de reproches, n'accuse. On sent une grande tendresse , en dépit de tout, pour sa mère, comme pour son père.

Les souvenirs de l'enfance et de l'adolescence nous sont rapportés de façon un peu anarchique, de même que la jeunesse de ses parents. Elle écrit :" Mon récit manque d'unité , ne respecte aucune chronologie, et ce désordre est peut-être à l'image de nos vies, en tout cas de la mienne ." Ce que je trouve tout à fait juste. Une famille atypique, borderline, où elle ne connaît aucun repère, entre une mère souvent dépressive ,absente ,et un père à la vie professionnelle en forme de montagnes russes,qui se libère soudain du joug familial en vivant au grand jour son homosexualité, Après une tentative de suicide à 14 ans, comment peut-on excuser les parents de l'avoir laissé habiter seule, pleine de peur et de vide, dans un appartement, à 15 ans?? J'en frémis encore!

Mais au-delà de la souffrance, de la solitude, il y a les mots, consignés dans un cahier. Il y a l'imagination débordante d'une enfant qui se réfugie dans ses rêves et va pouvoir s' exprimer dans un cours de théâtre,en étant autre, il y a ce sourire lisse qu'elle affiche face aux fracas des jours, aux peurs qui dévorent le corps,et comme je la comprends, ayant plaqué le même sourire sur le visage, pour cacher des tourments profonds...

Et surtout, il y a cette belle écriture, délicate, sensible, qui souffle avec légèreté sur le poids du passé, qui transcende et illumine. Lucide mais inspirée, renouant les fils de la mémoire, tentant de trouver sa voie intime. Elle explique qu'elle est enfin revenue à l'écriture de soi:" Je continue et je reviens à moi, dans un aller-retour heureux, enfin fluide."

Cette musique intérieure, ténue et nostalgique, ces accords vibrants et brisés de l'enfance continuent à résonner longtemps dans le coeur du lecteur...
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Sont-ils vraiment rêveurs ces parents qui n'entourent pas vraiment l'enfance d'Isabelle, lui permettant, à 15 ans, de vivre seule en appartement parisien, tout en allant au collège ?
Beaucoup auraient sombré avec de tels parents toxiques, même s'ils étaient babacool post soixante-huitards.
Fruit d'un malentendu, elle a quand même fait une tentative de suicide très jeune et s'est soignée à coup de séances de psychanalyse et grâce au goût du théâtre et de la culture en général.

Si Isabelle Carré nous accroche, c'est que l'écriture est attachante, sauf le premier chapitre, dû à l'atelier d'écriture de Philippe Djian !
C'est un récit sans pathos, sans analyse psychologique mais plein d'une tendresse plutôt amusée pour ces parents qui ne sont rêveurs que dans les yeux de leur fille.
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Entrée remarquée en littérature pour la très discrète comédienne française Isabelle Carré qui nous plonge dans son enfance un peu décalée, entre une mère lasse et border line et un père désigner qui avouera son homosexualité tardivement dans un geste libérateur

Isabelle Carré nous prend par la main et nous guide sur le fil de sa vie.; un fil tout en délicatesse tissé de souvenirs de sa famille pas comme les autres.

Isabelle se montre comme une enfant assez fragile et solitaire qui se réfugie dans la lecture et le cinéma avant que le théâtre ne la révèle lorsqu'elle a à une vingtaine d'années.

Difficile certes de déchiffrer la fiction de la réalité dans ce puzzle familial qui se joue de la chronologie, et qui essaie de trouver le meilleur moyen de transmettre des émotions.

Une narration un peu décousue, un peu bancale mais un roman qui distille au final un vrai charme et une belle plume fragile, incertaine et émouvante. Une romancière à suivre.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Une mère à la folie insupportable, un père qui tient plus que tout aux apparences. Un petit studio près de la clinique, loin de l’univers bourgeois de ses parents qui l’ont rejetée. Il ne faut pas que ses amies la voient, et surtout qu’elle signe bien le papier avant l’accouchement, une famille pourra accueillir son bébé.

Il est étudiant aux beaux-arts, il parle beaucoup, avec passion, il vient d’un milieu opposé au sien. Dès qu’il l'aperçoit, il lui trouve une grâce différente, elle capte toute la lumière, mais semble si lointaine, comme si elle ne fait que passer. Il l’aime telle qu’elle est, il lui propose de garder l’enfant, d’en devenir le père.

Une maman qui s’est approchée plusieurs fois du bonheur, mais à peine entrevu, il s’échappe déjà, imperceptiblement, ses yeux se perdent dans le vague, hésite sur les mots, ne terminent pas ses phrases.

Une adolescente qui veut vivre avec des parents classiques dans une famille classique et non pas dans une famille bordélique. Une chambre d’hôpital, une perfusion, un lavage d’estomac, une tentative de suicide à 14 ans.
Les souvenirs d’enfance s’égrainent dans l’insouciance, les jeux, les rires, les courses dans l’appartement, les feux dans la cheminée, le piano et le voisin qui se plaint, voler des fleurs dans un cimetière, les expositions à Beaubourg.

L’écriture est légère et fluide, mais le récit se fait plus grave quand Isabelle Carré évoque la séparation douloureuse de ses parents et son envie d’habiter une zone neutre, l’homosexualité de son père et sa maman, privée de tendresse depuis son enfance qui plus tard sculptera des femmes sans bras.

Isabelle est une personne discrète et lumineuse, une actrice connue que personne ne connait réellement, dans ce récit qui ne respecte aucune chronologie, dans ce désordre à l’image de sa vie, elle nous livre avec toute sa générosité et sa fragilité ses blessures et ses cicatrices, un premier roman autobiographique émouvant.

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C'est sûr ,j'aurai dû lire ce premier roman d'Isabelle Carrė, après "les larmes noires sur la terre"de S. Collette, cela m'aurait détendue et reposée malgré que.....Tout au long de ma lecture ,la chanson de Barbara :" le mal de vivre" m'a trottėe dans la tête, elle "colle" parfaitement a l'atmosphère du livre ainsi que la fin :"La joie de vivre",joie qu'Isabelle à trouvé grâce à son métier,car c'est un roman autobiographique.
L'auteur nous décrit son enfance,son adolescence,dans une famille où les parents rêveurs, souvent "borderlines",attachent plus d'importance à leur réussite qu'à la façon d'élever leurs enfants;des enfants élevés dans une totale liberté et inconscience,livrés à eux-mêmes, pas de barrières d'où la complexité de leur caractère. Et si Isabelle Carrė fait une tentative de suicide à 14ans,elle trouvera son équilibre, grâce au théâtre sa vraie famille!
J'ai admiré son courage d'avoir su retranscrire son histoire personnelle, elle a su me captiver par la légèreté et la finesse de son écriture.Une grande sensibilité et aussi beaucoup de pudeur au travers son témoignage en font un très bon roman à plébisciter. ⭐⭐⭐⭐
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C'est amusant comme les mots se frayent un chemin en nous... comme s'ils infusaient lentement avant que tous les arômes finissent par se fondre pour offrir le bon équilibre. Avant ça, un parfum prend le dessus sur les autres, puis se trouve chassé par celui que l'on n'avait pas encore remarqué. C'est cette sensation qu'a provoqué ma lecture de ce roman. J'ai d'abord aimé cette impression d'entendre la voix d'Isabelle Carré, actrice que j'aime beaucoup et qui appelle la sympathie immédiate ; j'ai ensuite été émue par ce récit touchant, cette tentative apparente de se livrer, j'ai aimé la petite musique gracieuse qui rythmait les pages. Et puis, les sensations se sont assemblées, les images se sont mises en ordre révélant une belle profondeur par-delà la délicatesse de l'ensemble.

Puissions-nous ne jamais perdre notre capacité à rêver... le rêve, c'est ce qui permet à chacun de vivre, d'initier des projets, d'espérer, et de recommencer. Toujours. Ce premier roman d'Isabelle Carré est une ode aux rêves, aux rêveurs, à ceux qui persistent à préserver leurs jardins secrets, à puiser dans leurs failles et leurs douleurs le matériau qui leur permet de décoller, de planer, de quitter cette terre trop terre à terre. Elle-même nous invite dans ce qu'elle nous expose comme son intimité... avant que nous nous apercevions que la porte n'est qu'à peine entrouverte et que le rêve là encore est omniprésent. Une enfance dans les années 70, une famille plutôt déglinguée, son propre chemin qu'il faut trouver alors que les références sont fragiles, précaires, totalement décalées. Une cellule familiale certes propice à éveiller l'imagination mais aussi périlleuse dans son déséquilibre et son manque de structure.

"Aujourd'hui encore j'éprouve une grande difficulté à décrire l'atmosphère, nommer un milieu, parler d'une éducation, définir les règles et le cadre de vie qui étaient les nôtres. Ni aristocrates, ni prolétaires, ni bourgeois, on aurait pu appeler ça un environnement pop-post-soixante-huitard-zen..."

Certains trouvent du réconfort et des réponses dans les livres ou dans la contemplation des oeuvres d'art. Notre héroïne puise sa force dans les vies qu'elle interprète à l'écran et sur scène parce que pour elle, la réalité est plus acceptable lorsqu'elle est transposée dans un film ; une autre façon de tordre le réel et de le rapprocher des rêves. Et c'est aussi ce qu'elle nous propose en utilisant l'écriture comme moyen d'explorer son histoire et de jouer avec son image, sans jamais oublier sa part de rêve.

"Je rêve surtout de rencontrer des gens. Je n'ai jamais trouvé simple de faire connaissance, ailleurs que sur un plateau. Mais on se quitte une fois le tournage ou la pièce terminé, et on ne se revoit jamais comme on se l'était promis... Alors je m'offre une seconde chance, j'écris pour qu'on me rencontre."

Eh bien c'est réussi... La rencontre fut jolie, touchante, pleine de grâce.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce roman très autobiographique m'a fait penser au magnifique livre de Delphine de Vigan, Rien ne s'oppose à la nuit, dans lequel elle racontait la vie sacrifiée de sa mère avec force et émotion. Isabelle Carré nous livre ici une part intime de sa vie en nous racontant l'histoire de ses parents, son père grand styliste révélant son homosexualité, sa mère aristocrate rejetée par sa famille et femme hypersensible blessée par les siens. Dans un style simple et chaleureux, Isabelle Carré, actrice reconnue par ses pairs et appréciée du grand public, produit un roman à son image, celle d'une femme fragile et décidée, discrète et charismatique. J'ai aimé la grande pudeur avec laquelle elle se raconte tout en montrant la réalité de sa vie. Les membres de sa famille sont tous des rêveurs, vivant à la frontière d'un monde neptunien dont ils s'inspirent souvent pour construire des personnages bien réels. J'appréciais déjà l'actrice, j'apprécie aujourd'hui la romancière. Une belle âme !
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