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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une biographie exceptionnelle par un auteur qui arrive par un savant mélange à parler de lui tout en continuant tranquillement à nous faire découvrir cet homme, cet halluciné génial, dont la vie tumultueuse est à l image de son oeuvre malheureusement inégale. Un plongeon chez Dick, ça laisse des traces..mais avec Emmanuel Carrère, ce sont ses empreintes que nous suivons..celles qui restent. Un vrai moment de lecture.
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De Philip K. Dick, je ne connais pas grand chose sauf les adaptations au cinéma de ces histoires : "Blade runner", "A scanner Darkly", "Minority report". Les titres des films n'ont pas forcément de rapport avec le nom du texte, mais bon, l'univers était étonnant et puis j'aime bien Emmanuel Carrère donc je me suis lancée dans cette biographie qui date quand même de quelques années. Derrière l'auteur de SF, j'ai découvert un homme totalement barré, halluciné et terriblement perdu. Aurait-il écrit ses livres si il avait été soigné ? pas sûr et donc ça aurait été dommage et je sais c'est un point de vue cynique. Emmanuel Carrère, amateur des romans et de l'auteur, a réussi à faire une bio aussi frappée que l'écrivain culte maintenant : on plonge dans la tête de Philip K. Dick et c'est terrifiant. Né avec sa soeur jumelle, morte petite, d'une mère pas orthodoxe et d'un père absent, l'écrivain SF a pleinement accompli son destin d'un homme en quête de sens auquel il manquera toujours son reflet dans le miroir (même féminin ...). Un biographie à lire pour son immersion totale dans l'univers Dickien.
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C'est l'histoire d'un homme qui avait peur du monde et qui a trouvé dans la science-fiction, les dystopies et le mouvement cyber-punk la meilleure façon de l'exprimer.
Cet homme, c'est l'immense Philip K. Dick. Écrivain prolifique, gentiment décalé dans sa jeunesse. Puis plus en plus freak, de plus en plus complotiste. Jusqu'à devenir une figure de la contre-culture, au moment où il virera totalement mystique.
L'accent est mis sur sa personnalité hors norme et son rapport pathologique à la réalité. Agoraphobe, paranoïaque, probablement schizophrène. Un fin connaisseur des maladies mentales, qui « créait autour de lui l'atmosphère de ses livres, dont les héros se croient persécutés par d'invisibles ennemis ».
Ces errements que d'aucuns qualifieraient de délires, il faut tout le talent de Carrère pour les rendre aisément compréhensibles.
C'est probablement un exploit de faire entrer le lecteur dans le cerveau si complexe de cet écrivain devenu fou - à moins que ce ne soit l'inverse. Bien sûr il y eu des moments de flottements, des longueurs mêmes. Mais dans l'ensemble, c'est une plongée dont je suis ressortie plus riche. Et heureuse.
Je me surprends souvent à sourire pendant ma lecture. Bluffée par le biographe, séduite par ce Dick dont je n'ai pourtant lu aucun livre encore, mais dont le processus d'écriture est largement décrit.
Car le dément était surtout un créatif qui a su faire oeuvre de ses obsessions. Porté par une envie sincère d'alerter l'humanité sur les menaces totalitaires qui pèsent sur elle.
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Grand admirateur de Philip K. Dick devant l'éternel, Emmanuel Carrère est encore meilleur, si cela est possible, quand il ne parle pas de lui. Il gagne clairement à se décentrer, et ce faisant, il nous livre une biographie aux petits oignons de Philip K. Dick, auteur culte de science-fiction, complètement barré. Nul doute que ces deux là font une sacrée paire d'écrivains, et ce livre va être pour moi une formidable porte d'entrée sur l'oeuvre de Philip K. Dick. Merci Emmanuel !
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Où l'on se rend compte que "Substance Mort" est une autobiographie. Effrayant, fascinant, passionnant de bout en bout.
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Emmanuel Carrère est l'un des plus grands auteurs français contemporains. Philip K. Dick est l'un des plus grands auteurs de SF contemporains. Quand le premier écrit une biographie du second, ce n'est pas un document universitaire et linéaire, mais un roman à part entière. Exercice d'admiration, de réflexion psychologique autour de la création et des névroses qui sont le meilleur terreau pour la création en général, Je suis vivant et vous êtes morts est le portrait d'un auteur extraordinairement intelligent, paranoïaque, bourreau de travail. Fasciné par son sujet, Carrère n'occulte cependant rien de sa part d'ombre et ses accès de maniaqueries délirants qui pousseront tous ses proches à le fuir, à commencer par ses compagnes (il se mariera trois fois: il obtiendra trois divorces). Il décortique les correspondances entre ses romans et sa vie, notamment ce qui le pousse à écrire de plus en plus sur sa paranoïa selon le mode de la vieille histoire de l'hôpital psychiatrique où les patients essaient d'expliquer à leurs visiteurs qu'ils sont en fait les véritables médecins et que ceux qui ont pris le contrôle sont des fous dangereux. Je suis vivant et vous êtes morts (une phrase tirée de Ubik) est une biographie aussi passionnante qu'un bon roman psychologique. Emmanuel Carrère a toujours eu ce pouvoir d'attraper un lecteur en quelques pages à peine, en conteur hors pair doublé d'un excellent auteur. Avec ce livre, on sait qu'il est aussi un génial biographe.
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Quel point commun y a-t-il entre Truman Show, Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Matrix, Blade Runer et Minority Report ? Réponse : ils sont tous tirés plus ou moins officiellement des écrits de l'écrivain américain Philip K Dick. Je n'ai pris ici que quelques exemples célèbres, mais les oeuvres qui ont été directement ou indirectement influencées par les romans de Dick sont si nombreuses qu'il serait presque impossible de les recenser de manière exhaustive.
Le maître de la science-fiction paranoïaque est le sujet de ce passionnant livre d'Emmanuel Carrère. Écrit en 1993, il est ressorti en poche il y a quelques mois. Est-il besoin de présenter Emmanuel Carrère ? Il est aujourd'hui l'un des écrivains les plus lus et commentés de notre pays. On lui doit des livres comme L'adversaire, D'autres vies que la mienne, Un roman russe, le Royaume ou plus récemment Yoga.
Je n'ai lu jusqu'à présent que très peu de biographies. Je me rangeais d'une certaine façon dans le camp de Marcel Proust tel qu'exposé dans son livre Contre Sainte-Beuve. Il y estimait qu'une oeuvre se lit, s'analyse et se juge pour et par elle-même, sans avoir à mettre en parallèle la vie de celui qui l'a rédigée. Il se plaçait ainsi en opposition complète avec le grand critique du XIXe siècle, Sainte-Beuve, qui estimait que le travail d'un écrivain était avant tout le reflet de sa vie et ne pouvait s'analyser sans les éléments biographiques de son créateur. Je continue à croire qu'un livre doit se suffire à lui-même et que la question des arrière-cuisines de sa fabrication est accessoire. Mais la curiosité peut pousser parfois à approfondir une oeuvre en s'intéressant à celui qui a sué sang et eau pour la pondre.
J'aime Dick depuis très longtemps. Ma lecture d'Ubik date de l'adolescence et son aura de génie prophétique tantôt drogué, tantôt mystique a exercé une certaine curiosité et fascination sur moi durant mes jeunes années. Aimant également les livres de Carrère (qui tournent d'ailleurs de plus en plus autour de la question biographique ), j'ai eu envie d'ouvrir ce livre au très beau titre, issu justement d'Ubik. Grand bien m'en a pris car il m'a passionné !
La vie de Dick, c'est d'abord l'histoire d'un homme qui se voue corps et âme à sa table d'écriture et lui sacrifie tout : son temps, sa santé, sa vie maritale, jusqu'à sa raison même. Dick se rêvait un grand auteur de littérature, mais alors que tous ses manuscrits « classiques » étaient refusés par les éditeurs, ses oeuvres de science-fiction, considérées à l'époque comme un genre mineur pour ados décérébrés, fonctionnaient. Mais pour en vivre, il fallait produire, énormément produire. Les récits de SF, mal aimés, se vendaient pour une bouchée de pain. Alors Dick s'est acharné, se bourrant d'amphétamines pour pouvoir écrire en continu et produire finalement plus de quarante romans et des milliers de nouvelles. Carrère fait une description très touchante et triste d'un homme rêvant de gloire littéraire, lui sacrifiant tout, mais restant la très grande majorité de sa vie un auteur obscur, peu reconnu, exerçant ses talents dans un genre déprécié.
Surtout, ce qui est passionnant ici et renvoie à la polémique Saint-Beuve vs Proust mentionnée plus haut, c'est à quel point les livres de Dick, aussi éloignés de la réalité, aussi fous et fantastiques fussent-ils, peuvent se lire comme une forme d'autobiographie de leur auteur. Derrière le bestiaire de la science-fiction, il y distillait ses propres angoisses et névroses et racontait ses drames intimes.
La fin de vie de Dick montre magistralement et terriblement comment un auteur peut se faire dévorer par son oeuvre. La paranoïa qui hantait ses écrits est ainsi venue ronger la vie même de celui qui les avait rédigés.
Le portrait de Dick est aussi le portrait d'une époque, celle de la Californie des années 1950 à 1970. de l'âge de l'insouciance des beatniks et hippies au retour de bâton de la guerre du Vietnam et de la déliquescence des utopies contestataires. Dick est un symbole de cette quête, de cet espoir et de cette désillusion.
Carrère, et c'est à la fois la grande force et la faiblesse du livre, nous plonge dans le quotidien de l'auteur et dans sa psyché la plus intime. Il permet ainsi de créer à partir de son oeuvre un lien étroit entre celui qui écrit et celui qui vit. Voilà qui rend l'ouvrage absolument passionnant ! Pourtant, je n'ai pu cesser de me demander à de multiples reprises comment Carrère pouvait savoir telle ou telle chose sur Dick, alors qu'il ne l'a même jamais rencontré. Même s'il s'est fondé sur d'autres biographies et des témoignages de proches, il entre à ce point dans l'intimité de l'auteur qu'il y a forcément une part d'extrapolation, d'hypothèses. Dit autrement, le Dick de Carrère n'est pas forcément le Dick qui a vécu. Il peut parfois s'en approcher, mais il est probablement autant un héros de fiction que le véritable auteur de Blade Runner.
Je ne sais si quelqu'un qui ne connaît pas ou n'apprécie pas les écrits de Philip K Dick pourra s'intéresser à cette biographie. Pour ma part, vu mes rapports avec l'auteur de Substance Mort et avec son biographe, je m'en suis délectée et je ne peux que chaudement le recommander !

Tom la Patate

NB : Michel Houellebecq en 1991, deux ans avant Carrère, publiait Lovecraft contre le monde, contre la vie, qui lui aussi avait pour tâche de mettre en lumière l'oeuvre d'un écrivain fantastique américain très longtemps déconsidéré et qui a pourtant marqué l'imaginaire collectif. Houellebecq, tout comme Carrère à l'époque, commençait sa carrière littéraire. Il est intéressant de noter, trois décennies plus tard, le statut que ces auteurs et leurs sujets ont dans le monde des lettres actuel. Coïncidence ? Pour Dick le paranoïaque, probablement pas.

Lien : http://coincescheznous.unblo..
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À la lecture de Je suis vivant et vous êtes morts, livre par ailleurs merveilleux à tous points de vue, je me suis souvent demandé comment Carrère avait-il fait pour passer à ce point à côté de lui-même, ou plus exactement, pour ne pas devenir, dès ce texte-là, l'écrivain qu'il serait avec *L'Adversaire* ?

Un passage de la biographie de K. Dick, faisant état du fameux cambriolage dont il a été victime, me touche particulièrement. « J'ai moi-même été cambriolé au moment où je commençais à écrire ce chapitre », confie Carrère. À partir de là, il y a tout pour que s'opère la métamorphose. le lecteur – celui, bien sûr, qui a lu les futurs livres de l'écrivain – retient son souffle, il sent que Carrère, à plusieurs reprises, se frôle lui-même, mais la magie retombe, l'écrivain passe comme à côté de lui-même.

C'est d'autant plus étonnant que Carrère semble s'être projeté dans Philip K. Dick plus que dans n'importe qui d'autre, et il semble même en avoir, plus ou moins consciemment, revécu en lui-même la trajectoire intime : mariage malheureux avec une femme nommée Anne, conversion au christianisme pour palier aux manques de l'écriture, etc.

Tous les ingrédients étaient donc réunis pour que l'écrivain connaisse sa grande conversion littéraire, dont témoigne *L'Adversaire*, mais non, comme il l'avoue d'ailleurs, bien plus tard, dans *Le Royaume* : « J'ai par la suite écrit sa biographie, et je suis aujourd'hui incapable de dire ce qui vient vraiment de lui et ce que j'ai projeté de ma propre expérience dans le chapitre consacré à ces années. »
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Les puissances de l'Axe ont gagné la guerre mais un écrivain de SF imagine un univers où l'Allemagne et le Japon ont été défaits. Son livre se propage et d'aucun(e)s se demandent, et si ce n'était pas de la SF, et si c'était la réalité, la vraie pas celle que l'on nous montre... Tel est l'argument du MAÎTRE DU HAUT CHÂTEAU.
Le livre le plus fameux de Dick, pas l'un de mes préférés, un dénouement incompréhensible, je défie quiconque de le comprendre car il n'y a strictement rien à comprendre. Mais ce bouquin est symptomatique du doute qui consuma Dick toute sa vie et dans lequel il finira par se perdre : et s'il n'était pas juste un écrivain de SF à l'imagination foisonnante (plus de 45 romans, 200 nouvelles) mais un prophète incompris, et s'il ce qu'il écrivait n'était pas de la SF mais la vérité vraie. Et si c'était la vie telle qu'on la mène nous autres qui serait de la SF ?
Ouch...
Tout commence avec la mort de la jumelle de Dick. Sa mère (bien bien barrée) emmenait son fils sur sa tombe et lui montrait sa pierre tombale à lui, déjà prête à coté de celle de sa soeur, la date de naissance gravée, un blanc pour celle à venir...
Des fois... On se dit... Qu'il y en a quelques un(e)s qui partent avec un handicap dans l'existence.
Dick se demandera (trop) souvent, si ce n'est pas lui qui est dans la tombe, s'il n'est pas le rêve de sa soeur, imaginant la vie de son frère jumeau décédé. Délire qu'il nous arrive parfois de conceptualiser (ah non ? Ahem...) et puis on zappe. Pas Dick, Phil ne zappe pas. Jamais. Il n'a pas la télécommande. Chez Dick le hasard n'existe pas.
Carrère par son écriture toujours précise et inimitable dessine avec empathie une vie tordue, laborieuse et intense. Pour une fois (la dernière), Carrère s'efface vraiment derrière son sujet. Attention tout de même, Emmanuel Carrere, pour illustrer son propos, déflore nombre d'intrigues des livres Dickien. Ce qui est dommageable car Dick c'est avant tout une inventivité furieuse en action.
Carrère nous donne à lire une quête, une traque ininterrompue d'un réel se dérobant, avançant masqué. Cette recherche éperdue de sens fera que Dick, après une consommation intensive de divers psychotropes (mais un seul one shot de LSD), tombera en religion. Il deviendra un catholique fervent. Puis un chrétien, un Chrétien de l'empire romain, un persécuté, en lutte contre un nouvel Empire mal défini. Les pages où il a sa révélation, en apercevant la collier d'une livreuse de médicaments, sont saisissantes. Dick sombre-t-il dans la folie ? On en saura davantage lors du festival de Metz en 1977, dont Philip K. Dick est l'invité. Devant un auditoire embarrassé, il explique, dans un long monologue, qu'en mars 1974 il a été contacté par une intelligence extra-terrestre divine et que depuis il reçoit régulièrement des messages... On imagine l'inquiétude de admirateurs de Dick qui l'entendirent développer très sérieusement sa thèse...
Dick était un homme compliqué, pas facile à vivre, psychotique, dépressif. généreux aussi. il distribuera la plus grande partie des dividendes reçus pour la vente des droits de BLADE RUNNER là où d'autres les planquent dans le sable chaud d'un paradis fiscal inaccessible.
Tout au long de son oeuvre, Dick alternera entre son versant Bigot mystique un peu chiant (surtout à la fin et son diptyque fumeux SIVA et L'INVASION DIVINE) et la pirouette sardonique du rat noir. Par exemple dans UBIK. Très grand livre. Dérangeant et blindé d'un humour absurde délicieux.
UBIK dont l'éditeur français considérait comme l'un des 5 plus grands livres jamais écrits selon son éditeur français. Attention pas l'un des 5 plus grands livres de SF jamais écrits, non l'un des 5 plus grands livres, point barre.
UBIK Où Dick ne peut s'empêcher de changer d'une phrase toute la perspective du roman et d'en retourner le dénouement comme un slip dans une centrifugeuse.
Je crois que Emmanuel Carrère préfère le rat au bigot.
Moi aussi.
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Un très bon Carrère, retraçant sur le mode du roman biographique la vie d'un immense auteur, visionnaire et fou : Philip K Dick.
La version poche a beau compter près de 400 pages, on ne s'ennuie pas une seconde. Carrère a un style qui peut sembler facile, mais c'est tout à son honneur car chaque paragraphe a une idée profonde, complexe, vertigineuse. On devient peu à peu aussi étrange que l'auteur d'Ubiq, doutant du monde où nous vivons, de la véracité du réel, du temps, de l'autre. Et même du livre que nous lisons : serait-ce un roman de plus ou un signal, un appel, le cri d'un auteur, au loin, qui veut nous extraire de la matrice ? Peut-être suis-je vivant, et vous êtes morts...
A lire.
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