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Citations sur La Classe de neige (46)

[...] il se rendait compte que les liens les plus forts entre ses camarades s’établissaient surtout entre midi et deux heures, à la cantine et dans le préau où on vaquait après le repas. Pendant son absence, on s’était envoyé des petits suisses à la figure, on avait été puni par les surveillants, on avait conclu des alliances et chaque fois, quand sa mère le ramenait, c’était comme s’il avait été nouveau et devait reprendre à zéro les relations nouées le matin. Personne à part lui n’en gardait le souvenir : trop de choses s’étaient passées durant les deux heures de cantine.
p21
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Patrick rit et, [...] raconta que quand sa sœur et lui étaient petits, leur père punissait toujours l'un quand l'autre avait fait une bêtise, et inversement, afin de leur apprendre tôt qu'il y a de l'injustice dans la vie.
p23
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Les hommes de main, serviles, commencent déjà à rire tandis que le potentat cherche nonchalamment dans son imagination le plus raffiné des supplices.
p29
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C'était à elle, pas à lui, de prendre en charge la suite des événements, puisqu'il faudrait bien qu'il y ait une suite, que des gestes soient accomplis, des mots prononcés. Au moins des mots anodins, des mots qui ne serviraient qu'à donner le change et à faire comme si la vie continuait, comme si le coup de téléphone n'avait pas eu lieu.
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La neige recouvrait tout. Il en tombait encore, des flocons que le vent faisait doucement tournoyer. C’était la première fois que Nicolas en voyait autant et, du fond de sa détresse, il ressentit de l’émerveillement. L’air glacé de la nuit saisit sa poitrine à demi nue, contrastant avec la chaleur de la maison endormie derrière lui comme un gros animal repu, au souffle tiède et régulier. Il resta un moment sur le seuil, immobile, puis avança une main sur laquelle se posa légèrement un flocon, et sortit.
Enfonçant ses pieds nus dans la neige que personne n’avait encore foulée, il traversa le terre-plein. L’autocar aussi avait l’air d’un animal endormi, le petit du chalet, serré contre son flanc, dormant les yeux ouverts de ses gros phares éteints. Nicolas le dépassa, longea le chemin jusqu’à la route, couverte de neige aussi. Il se retourna plusieurs fois pour voir les traces de ses pas, profondes et surtout solitaires : il était seul dehors cette nuit, seul à marcher dans la neige, pieds nus, en pyjama mouillé, et personne ne le savait, et personne ne le reverrait. Dans quelques minutes, ses traces seraient effacées.
Passé le premier lacet, là où se trouvait la voiture de Patrick, il s’arrêta. Très loin, entre les branches des sapins, il aperçut une lumière jaune qui se déplaçait en contrebas, puis disparut : sans doute les phares d’une voiture roulant sur la grande route, dans la vallée. Qui voyageait si tard ? Qui, sans le savoir, partageait avec lui le silence et la solitude de cette nuit ?
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Chronique parue dans " Mémoire Online " Titrée : " L'art de la bifurcation , dichotomie , mythomanie et uchronie dans l'oeuvre d'Emmanuel Carrère " :
Dans " La classe de neige " , l'auteur va encore plus loin dans ce que l'on pourrait qualifier de mensonge pathologique . En effet , dans ce roman , le menteur , en l’occurrence un jeune garçon , n'arrive plus à faire la différence entre le réel et l'imaginaire . Le lecteur est amené à se plonger dans l'angoissante imagination du jeune Nicolas , dans un univers de fantasmes .........." la classe de neige " étant une sorte de préambule à ce que sera " L'adversaire " ...... Pourquoi Nicolas ment-il ? pourquoi s'invente-t-il un monde imaginaire ? Un fait demeure : "L'enfant qui se met à mentir et à fabuler , sans avoir le désir de mal faire ou de nuire .... risque d'avoir vécu antérieurement une situation traumatisante " ........
Selon Boris Cyrulnik : " L'enfant élevé dans la sécurité affective s'amuse en inventant une fiction , alors que le solitaire , l’abandonné , le mal-aimé , se défend grâce à la fiction , il est nécessaire qu'on le croie pour qu'il ne se sente plus en danger ; c'est même vital .... " ...........
Ainsi tout au long du roman , le jeune Nicolas , fabule , ment et trompe ; il devient l'acteur d'un scénario qu'il a élaboré afin de s’attirer sympathie et admiration ........
Finalement , pour clore l'analyse de ce roman , et bien comprendre la part importante du mensonge dans cette histoire , nous pouvons dire que " La classe de neige est un roman du non-dit . Carrère se sert du mensonge par omission , car tout au long du roman , il donne des indices , mais ne dévoile rien , laissant le lecteur perplexe . Nous savons que le père de Nicolas s’avère être le tueur recherché ... nous le découvrons presque en même temps que Nicolas ..... Ainsi l'intrigue se termine sans que la vérité soit dite de façon explicite .
Le livre " L'adversaire " avec le personnage de jean-Claude Romand aborde la même facette de la mythomanie .
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Ce que je propose , moi , c'est de prendre dans la caisse de la coopérative de quoi lui monter un trousseau minimum , pour qu'il puisse tout faire comme les autres .
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Leur conversation nocturne, ses propres inventions lui faisaient maintenant l'effet d'un crime, d'une participation inavouable, monstrueuse, au crime qui s'était déroulé pour de bon. Il revoyait le visage poupin de René, ses cheveux au bol, ses incisives trop écartées, ou sa dent de lait tombée. Il avait du la mettre sous son oreiller, attendre que la petite souris vienne la remplacer par un cadeau. Derrière les lunettes, ses yeux se noyaient d'épouvante, l'épouvante d'un petit garçon sur qui un inconnu se penche pour le tuer, et Nicolas sentait se coller sur son propre visage l'expression de René, sa bouche s'ouvrir sur un cri silencieux qui ne prendrait jamais fin. Il aurait presque aimé qu'à ce moment s'abatte sur son épaule, qu'un gendarme fouille son blouson et en sorte l'avis de recherche qui le dénonçait.
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La plupart des élèves déjeunaient habituellement à la cantine, mais pas Nicolas. Sa mère venait le chercher ainsi que son petit frère, encore à l’école maternelle, et ils prenaient tous trois le repas à la maison. Leur père disait qu’ils avaient beaucoup de chance et que leurs camarades étaient à plaindre de fréquenter la cantine, où l’on mangeait mal et où survenaient souvent des bagarres. Nicolas pensait comme son père, et si on le lui demandait se déclarait heureux d’échapper à la mauvaise nourriture et aux bagarres. Cependant, il se rendait compte que les liens les plus forts entre ses camarades s’établissaient surtout entre midi et deux heures, à la cantine et dans le préau où on vaquait après le repas. Pendant son absence, on s’était envoyé des petits suisses à la figure, on avait été puni par les surveillants, on avait conclu des alliances et chaque fois, quand sa mère le ramenait, c’était comme s’il avait été nouveau et devait reprendre à zéro les relations nouées le matin. Personne à part lui n’en gardait le souvenir : trop de choses s’étaient passées durant les deux heures de cantine.
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Patrick [...] raconta que quand sa soeur et lui étaient petits, leur père punissait toujours l'un quand l'autre avait fait une bêtise, et inversement, afin de leur apprendre tôt qu'il y a de l'injustice dans la vie.
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