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EAN : 9782073033512
4 pages
Gallimard (25/01/2024)
4/5   3160 notes
Résumé :
Le 9 janvier 1993, Jean-Claude Romand a tué sa femme, ses enfants, ses parents, puis tenté, mais en vain, de se tuer lui-même.

L'enquête a révélé qu'il n'était pas médecin comme il le prétendait et, chose plus difficile encore à croire, qu'il n'était rien d'autre. Il mentait depuis dix-huit ans, et ce mensonge ne recouvrait rien.

Près d'être découvert, il a préféré supprimer ceux dont il ne pouvait supporter le regard. Il a été condam... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (301) Voir plus Ajouter une critique
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sur 3160 notes
A l'origine de cet ouvrage, un fait divers.

En 1993, Jean-Claude Romand va tuer son épouse, ses deux enfants et ses parents.

L'enquête va mettre à jour qu'il n'est pas médecin comme il le prétend depuis des années. La découverte de son secret le pousse au meurtre.
Emmanuel Carrère va se pencher sur cette histoire et entrer en contact avec Romand en prison afin d'écrire ce livre.

Et quel livre ! L'auteur tente de comprendre l'incompréhensible. Qu'est ce qui a mené au désastre cet homme ? Une vie de mensonge jusqu'au meurtre des personnes qu'il aime le plus au monde ?

L'auteur réfléchit sur ce qui le porte vers cette « histoire », soucieux de ne pas défendre l'indéfendable ou minimiser le geste. Il retrace le parcours, à la fois chronologique et psychologique de Romand.

Plus que raconter un fait divers, on assiste à une réflexion intéressante sur la mythomanie qui ici mène au désastre. Et tout au long de la lecture, l'auteur tente de se positionner, de comprendre le pourquoi de cet ouvrage.

Un très bon roman du réel.

Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les réalités sordides, les faits divers et les gens hors norme fascinent et inspirent Emmanuel Carrère, au point qu'il en fait des livres, créant même par là un genre littéraire à part. Ici, il s'attache, ou s'attaque, ou les deux, à Jean-Claude Romand, faux médecin qui a fait la une de tous les journaux en 1993, quand il a tué sa famille pour éviter qu'elle découvre ses impostures.

Bien plus qu'un documentaire, ce livre est à la fois une enquête approfondie sur la tragédie et tous les dérapages qui y ont conduit, une réflexion sur la mythomanie, mais aussi le journal d'un homme normal qui essaie de comprendre un fou. Chaque chapitre étudie un aspect particulier de l'Adversaire : son enfance, l'argent, le procès, sa vie amoureuse, son quotidien en prison, ses attitudes bizarres, les réactions de ses amis… Cela rythme le récit et permet, non pas de comprendre, mais de connaître et de réfléchir.

Officiellement neutre et en retrait, Emmanuel Carrère nous fait à mon sens passer beaucoup de choses de ses convictions et de ses émotions, et c'est ça que j'ai trouvé le plus intéressant. Ainsi quand il ironise sur le comportement aberrant de l'Adversaire la nuit du drame, raconte l'escalade délirante de ses mensonges ou s'étonne du peu de questions posées par ses proches ou les administrations. Dans son texte, cette histoire deviendrait presque drôle, si elle n'était si dramatique et bouleversante...

Selon les pourtant redoutables critiques du Masque et la Plume, Emmanuel Carrère aurait tort de retourner à la fiction, tant il est doué dans ces récits inspirés du réel… Et je suis bien d'accord avec eux !

Challenge Petits plaisirs 19/xx et challenge PAL
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Jean-Claude il est médecin. Jean-Claude il a un chouette poste à l'OMS. Jean-Claude il forme une gentille famille avec sa femme et ses deux jeunes enfants.

Mais Jean-Claude un beau jour il va péter les plombs et anéantir le tableau idyllique en assassinant père, mère, épouse et progéniture, après dix-huit longues années d'une inconcevable imposture. Si Jean-Claude (Dusse, avec un D comme Dusse) témoignait d'un indiscutable penchant mythomane, Jean-Claude (Romand), lui, rafle en prime et haut la main le trophée olympique de la mystification hors catégories.

On rigole on rigole mais l'histoire est véridique et bien sûr effroyable, et chacun de nous la connait de près ou de loin. Le talent d'Emmanuel Carrère nous la fait pourtant découvrir de façon particulière à travers une enquête intelligente et objective, dépassionnée et passionnante.

La psychologie pour le moins perturbante de Jean-Claude Romand n'en reste pas moins une énigme insondable mais L'Adversaire se lit véritablement comme un… roman, où un patronyme étonnamment prédestiné s'avère être l'un des rares détails authentiques épargnés par ce manipulateur pathologique.

Fascinant décidément.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Bien sûr ! je me rappelle de l'affaire Romand. Comment peut-on, si longtemps, s'inscrire dans le mensonge ? Dix-huit ans d'une vie fictive, enfin, en partie vraie seulement, une part infime. Partant à son travail, vers un bureau imaginaire et oeuvrant au sein d'un organisme de renommée mondiale, parmi d'illustres chercheurs où praticiens dont aucun, pourtant, n'a jamais entendu parler de lui. Jean-Claude Romand a tué sa femme et ses enfants, ses parents, puis tenté en vain, tenté tout de même, de se supprimer. Tout cela est vrai, en cela, il n'y a rien à démontrer, c'est bien la triste réalité. Ce qu'a tenté Emmanuel Carrère, c'est de rendre compte de l'incompréhensible. D'analyser le parcours forcément solitaire de cet homme, au quotidien engoncé dans un costume imaginaire et se ressourçant dans la forêt jurassienne, au coeur de laquelle il trouvait clémence et sérénité, n'ayant aucun compte à lui rendre, à elle. Difficile démarche que celle de cet auteur, quand il entre en contact avec Jean-Claude Romand, dans le contexte que l'on sait et afin d'établir un mode de communication. Une approche qui ne rend rien acceptable en dehors du seul jugement de procédure, mais qui nous ouvre une voie vers l'entendement.
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Cette histoire est absurde et terrifiante parce qu'elle est vraie.

Jean-Claude Romand est un menteur, un homme qui ne pouvait pas décevoir. Il devait, comme disait Céline, présenter toujours comme un petit idéal universel, un surhomme du matin au soir, le sous-homme claudiquant qu'on nous a donné.

Il s'était inventé très vite une vie brillante dans laquelle il était l'ami de Bernard Kouchner et le patient de Léon Schwartzenberg. Il ramenait de faux souvenirs de ses faux voyages au Japon, échafaudait une fausse carrière prestigieuse et un faux sale cancer contre lequel il luttait courageusement et pudiquement.

Jean-Claude Romand transpirait beaucoup dans son obstination permanente à berner le vrai monde. Un jour, à 39 ans, il a su que sa concentration suintante n'allait pas suffire à mentir plus avant. Alors cet homme gentil et si modeste a pris la 22LR de rigueur, celle de Dupont de Ligonnès et des drames domestiques. Il a tué Florence, sa femme, et Caroline et Antoine, ses enfants. Puis il a regardé la télévision, fait un peu de rangement, et il est parti déjeuner chez ses parents. Avec la 22LR de rigueur. Puis il a tiré sur sa mère, de face,sur son père, de dos. Il est allé voir sa maîtresse. Il a bien essayé de l'assassiner un peu aussi. Mais il a renoncé et il s'est excusé. Il est retourné à son domicile. A 4 heures du matin, il a mis le feu au grenier, et il a avalé une boite de médicaments. Comme ça coïncidait avec l'heure de passage des éboueurs et comme les médicaments étaient périmés, comme il était à la fenêtre et comme les pompiers sont arrivés très vite, Jean-Claude Romand est le seul membre de la famille Romand qui ait survécu à Jean-Claude Romand. Voila.

L'Adversaire se rapproche par son traitement sociologique de l'excellent Tout, Tout de Suite de Morgan Sportes. Il nous apporte des éclairages intéressants sur cette histoire, quand bien même on a tout vu, et tout revu : Faites entrer l'accusé, le Roman d'un Menteur de Gilles Cayatte, ou enfin le film avec Daniel Auteuil inspiré du présent livre.

Et c'est normal si Carrère nous éclaire de lumières absentes de ces documentaires : un livre s'adresse à un endroit de la réflexion inaccessible à la télévision ou au cinéma, qui ne laissent le temps de réfléchir à rien.

Au-delà du récit, l'auteur pose les bonnes questions, celles qui nous taraudent. Il explore les origines et les raisons du mensonge, son découpage , sa bascule, sa force. Il nous décrit les moments de sincérité possibles de Romand et nous amène à nous demander si le menteur croyait en ce qu'il avait commencé par feindre.

Le style de Carrère se prête aux beaux romans et conviendrait aux amateurs de citations ("""L'avocat général écoutait le témoin de la défense avec un sourire de chat qui digère.""" ou encore """Le destin avait voulu qu'il attrape le mensonge et ce n'était pas sa faute s'il l'avait attrapé."""). Cependant à aucun moment il n'en fait trop et l'ouvrage court reste très pudique.

Ce qui me bouleverse, ce n'est pas que tu aies menti, c'est que désormais je ne pourrais plus te croire, écrivait Nietzsche. Romand est devenu l'Incroyable au grand I. Il est libérable en 2014 et la question de la récidive se posera. Puis celle de sa réinsertion. Quel naïf au grand N est prêt à lui faire confiance ?
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Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
De façon assez peu flatteuse pour son ami, il considérait comme allant de soi une distribution des rôles où lui était le brave type guère expérimenté en amour et elle la sirène qui par pure malice, pour s’assurer de son pouvoir et détruire un foyer qu’elle enviait, l’enserrait dans ses filets. Voilà ce qui arrivait quand on n’avait pas fait les cent coups à vingt ans, on se retrouvait à bientôt quarante ans en pleine crise d’adolescence.
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Il se faisait penser au malheureux monstre de la Belle et la Bête, avec ce raffinement supplémentaire que la belle ne se doutait pas qu’elle dînait avec lui dans un château où personne avant elle n’avait pénétré.
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On nous parlera de compassion. Je réserve la mienne aux victimes.
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Quelques fois, la conscience de ce qu’il avait fait déchirait la torpeur où il se laissait glisser. Qu’est-ce qui aurait pu le tirer d’affaire ? Un incendie à la fac, réduisant en cendres toutes les copies ? Un tremblement de terre, détruisant Lyon ? Sa propre mort ? Je suppose qu’il se demandait pourquoi, pourquoi il avait foutu sa vie en l’air. Car de l’avoir foutu en l’air, il était persuadé.
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Face à l'évidence, il s'est défendu comme l'emprunteur de chaudron à qui, dans une histoire qu'aimait Freud, le prêteur reproche de le lui avoir rendu percé et qui fait valoir, d'abord que le chaudron n'était pas encore percé quand il l'a rend, ensuite qu'il l'était déjà quand on le lui a prêté, enfin qu'il n'a jamais emprunté de chaudron à personne.
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Vidéo de Emmanuel Carrère
Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/


Giuliano da Empoli est notre dernier invité. On se souvient, un an après, de son premier roman "Le mage du Kremlin", qui sortira en poche au mois de janvier et qui ne cesse de résonner avec l'actualité. le livre sera bientôt adapté au cinéma par Olivier Assayas et ce n'est autre qu'Emmanuel Carrère qui travaille à son scénario. Emmanuel Carrère et Giuliano da Empoli se retrouvent sur le plateau de la Grande Librairie pour nous parler de cette adaptation, mais aussi de la manière dont ils racontent la Russie à notre époque.
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