C'est son premier roman, moi je l'ai lu après son deuxième, «
Une femme entre deux mondes », qui m'avait bouleversée.
Ici, la condition de la femme dans les pays où l'honneur de la famille a le goût du sang, et dépend surtout des femmes, bizarrement. Les fautives ! Même la simple suspicion d'adultère mène à l'enfer. Pas la peine de consommer, le simple fait de regarder un autre homme que son mari les rend plus que coupables. Pire encore, quand elles ont consommé de force, violées par l' inceste ou l'étranger, là encore elles sont coupables. Inconcevable, n'est-ce pas ? Mais pourtant, c'est la triste vérité, punies d'avoir été violées. Même la simple rumeur peut les mener au bûcher. Un jet de kérosène, une allumette, et le voile s'enflamme, leur visage fond sous la rage vengeresse de celui qui punit d'un crime non commis. Brulées vives, hôpital de l'horreur, elles sont soignées à l'abri, mais où vont-elles à leur sortie, quand elles n'en meurent pas ? Retour à l'envoyeur ?
La brûlure n'est qu'un exemple des nombreux moyens utilisés pour soi-disant laver l'honneur de la famille :
« Différents moyens sont utilisés pour assassiner ces jeunes filles, elles sont le plus souvent empoisonnées, égorgées, fusillées, étranglées, poignardées ou encore arrosées d'essences et brulées vives. le criminel, son forfait accompli, est accueilli comme un héros par sa famille, il se rend souvent lui-même à la police, qui encourage généralement son geste » Page 317.
( Et la lapidation).
Le PIRE :
« Malgré le fait que les victimes soient souvent innocentes de ce dont on les accuse (selon l'Institut jordanien de médecine légale, 80 % des jeunes filles tuées ont été retrouvées vierges au cours des autopsies), le nombre des assassinats au Moyen-Orient, au Pakistan et au Brésil est en augmentation.
Alors, ce livre est un roman, certes, mais il ne fait que dépeindre une des histoires plausibles de toutes ces femmes et rend compte de la réalité. de plus, Marina CARRÈRE D'ENCAUSSE pose également la question essentielle du lien de la mère à l'enfant issu d'un viol.
Comment aimer cet enfant qui n'est que le fruit de l'horreur ? Et pourtant ? Les mères ont des ressources insoupçonnées et une force incroyable. Pour un enfant, une femme se bat plus qu'une lionne. C'est la vie qui prend le dessus. Mais les marques des brûlures sur le visage et sur le corps resteront à vie. Ces femmes sont marquées au fer rouge, et une fois de plus, je vois rouge.
“Selon l'ONU, au moins 5000 femmes sont tuées chaque année au nom de l'honneur.
Une pratique d'origine babylonienne
Il s'agit d'une tradition particulièrement répandue dans les sociétés patriarcales du Moyen-Orient, au Pakistan et en Turquie”. Page 315.
Ce livre date de 2014, je le rappelle.
Pour aller plus loin, cliquez sur le lien ci-dessous, la fondation SURGIR lutte contre les violences faites aux femmes partout dans le monde.
Lien :
http://www.surgir.ch/